Nommée directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique le 21 février 2008, Mme Simone Djédjé Mama a été célébrée le 18 décembre dernier à Yao Kouassikro, dans la sous-préfecture de Guibéroua, pour ses actions en faveur du développement local. Notre Voie l’a rencontrée à la faveur de cet évènement. Notre Voie : Madame le directeur général du trésor et de la Comptabilité publique, vous venez d’offrir 40 km de route pour désenclaver les campements Baoulé, Tagbana,et Malinké à Guibéroua. Quel sens donnez-vous à cet acte ? Simone Djédjé Mama : Habituellement, c’est le conseiller spécial du président de la République, M. Aubert Zohoré qui fait faire le profilage des pistes villageoises dans le canton Krihiri. J’ai donc voulu m’associer à cette initiative en faisant en sorte que les campements Baoulé, Malinké, Tagbana et Burkinabé qui sont dans le canton Krihiri soient également rendus accessibles. C’est ainsi que je suis allée le voir pour poser le problème. Il n’a fait aucune difficulté puisqu’il m’a aidée avec le directeur général du budget à prendre en charge les bretelles des campements précitées. C’est donc une opportunité que j’ai exploitée pour aider nos parents. N.V. : Combien cela vous a-t-il coûté ?
S.D.M. : Le financement est pris en compte par le budget général de l’Etat. Ce n’est pas de l’argent que j’ai sorti de ma propre poche. Je n’ai pas cet argent. N.V. : Qu’est-ce que vous attendez des populations que vous avez désenclavées ? S.D.M. : C’est quand même dommage qu’on entende souvent des interprétations fantaisistes autour de ce genre d’actions. Parce que quand on est cadre d’une région, il faut aider les populations quand c’est possible. Moi, je m’inscris dans cette logique. Malheureusement, certains individus voient en ce genre d’actions des ambitions politiques. Non ! Je ne vise nullement les postes de député, de maire, ou de président de conseil général. Je suis à un poste très absorbant, un poste où je n’ai même pas le temps de lever la tête.
Tout le monde ne peut pas être sur le terrain en même temps. Chacun de nous a un talent. Au poste où le président de la République m’a mise, je dois aider les populations quand je peux, avec mes relations. Je n’attends rien en retour. N.V. : Vous n’êtes pas à votre première action en direction des populations, semble-t-il ? S.D.M. : Effectivement, quand je suis arrivée, j’ai eu l’opportunité de faire les routes. Par la suite, j’ai pris langue avec une ONG basée en France, qui m’a apportée des lits d’hôpitaux, des chaises roulantes, disons du matériel pour les centres de santé dont trois appareils d’hémodialyse que j’ai déposés à Gagnoa. Pour la rentrée scolaire en cours, la même ONG a apporté des tables-bancs et des kits scolaires. Je viens de recevoir de cette même structure dix lits d’hôpitaux. J’attends un appareil dentaire et une radio qui vont être destinés au dispensaire de Guibéroua. En tout cas, chaque fois que l’opportunité d’avoir quelque chose pour aider mes parents se présente, je le ferai. N.V. : Et si vous êtes sollicitée en dehors de Guibéroua, en dehors de votre zone ? S.D.M. : On ne nomme pas une personne pour une zone. Quand on est directeur général du Trésor, c’est le directeur général du Trésor de Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire tout entière. Donc, si j’ai des sollicitations, j’agirai quand c’est possible.
N.V. : Lors de la cérémonie de reconnaissance à Yao Kouassikro, vous avez fait une mise au point ferme à propos de votre nomination à la tête du Trésor et de la Comptabilité publique. Que s’est-il passé ? S.D.M. : Vous voyez, je suis beaucoup peinée. Parce que depuis que j’ai été nommée, j’ai entendu beaucoup de choses. Tantôt on dit, Mme Djédjé dit que ce n’est pas le président de la République qui l’a nommée, mais c’est Dieu qui l’a soulevée pour la déposer là. J’ai entendu beaucoup de choses et ça m’a beaucoup peinée. C’est pourquoi j’ai fait cette mise au point. Pour dire que je suis simplement reconnaissante à mon Dieu. C’est tout. Mais Dieu ne descend pas pour bénir quelqu’un. Dieu passe par les hommes. Un cadre de ce niveau ne peut pas soutenir que ce n’est pas le président de la République qui l’a nommé. Ce n’est pas juste. Je n’ai jamais dit cela. Mais je suis reconnaissante à Dieu. Parce qu’au Trésor, on était nombreux. Et je ne suis pas la plus qualifiée. Je ne suis pas la plus intelligente. Mais c’est Dieu qui a voulu que ce soit moi. Et je suis reconnaissante à Dieu. Je suis désolée. Tout être humain doit être reconnaissant à Dieu. Mais je n’ai jamais dit que ce n’est pas le président de la République qui m’a nommée. C’est Dieu qui touche les cœurs pour que la bénédiction arrive. Et c’est ce qui a été fait.
Je ne peux même pas dire que ce n’est pas mon ministre qui m’a fait nommer. Il a fallu que mon ministre me propose et que le président de la République accepte la proposition. On ne nomme pas n’importe qui à ce genre de poste. N.V. : Comment expliquez-vous votre nomination ?
S.D.M. : Cette question aurait dû être posée à ceux qui m’ont nommée. Mais, je pense que, quand on est à un poste, quel que soit le poste, il faut faire correctement son travail. Mon principe c’est cela. Quand on vous donne un travail à faire, il faut le faire correctement. Dans la transparence, éviter de tricher avec son chef. Peut-être que ce sont ces petites qualités que mes chefs ont vues en moi pour me choisir. Mais, c’est eux qui peuvent dire particulièrement ce qu’ils ont vu en moi. N.V. : Quelle est votre politique à la tête du trésor ? S.D.M. : L’objectif principal pour le trésor, c’est qu’il soit géré dans la transparence. C’est vraiment la réorganisation du Trésor. Faire en sorte que les agents du Trésor comprennent leur rôle et leur responsabilité. A l’époque, quand on était avec le ministre Diby Charles alors directeur général, le slogan, c’était prévarication zéro.
Je veux continuer dans ce sens-là. Parce qu’il ne faut pas disperser les fonds de l’Etat. Les fonds que nous gérons ne sont pas nos fonds. Ce sont les fonds de la Côte d’Ivoire, tout entière, de tous les Ivoiriens. Il ne faut pas confondre nos fonds privés, notre salaire et les fonds de l’Etat. L’objectif c’est la gestion des fonds de l’Etat dans la transparence, la bonne gouvernance.
N.V. : Vous parlez de bonne gouvernance, un curieux incendie avait ravagé, il y a quelque temps, l’ACCT (Agence centrale de la comptabilité et du trésor), un important service du Trésor public. Où en est-on avec l’enquête diligentée ? S.D.M. : Vous savez, dans ce pays, il faut que chacun joue son rôle. Il y a eu un incendie, le pouvoir judiciaire a été saisi. Des huissiers sont venus au Trésor et ont fait leur travail. Les constats ont été faits. Moi, je ne suis pas magistrat. Il faut que chacun fasse son travail. Très souvent, on voit dans les journaux, Mme Djédjé, silence coupable. Ecoutez, si les constats sont faits, que la plainte est portée, moi mon rôle s’arrête-là.
On a un agent judiciaire du Trésor qui a porté plainte régulièrement. Je ne suis pas policier pour mener des enquêtes. Donc, ce n’est pas à moi de trouver le coupable. Le Trésor a fait ce qu’il devrait faire. Le reste n’est plus de notre ressort. N.V. : Vous n’avez donc aucun écho de l’enquête ? S.D.M. : Pour le moment, on n’a aucun écho, on nous dit que l’enquête est en cours.
Donc on attend. N.V. : Des fournisseurs de l’Etat non payés ont par moments manifesté contre le Trésor? S.D.M. : Ce n’est pas la mal gouvernance. C’est parce que le pays entier a des difficultés. Ce sont les difficultés de trésorerie, qui font que les fournisseurs ne sont pas payés.
Le ministre de l’Economie et des Finances l’a toujours expliqué. Aujourd’hui, on a une poche de fonds et plusieurs poches de dépenses. Et cette seule poche de recettes ne suffit plus pour faire face à toutes les dépenses. C’est pourquoi les fournisseurs ne sont pas vite payés. Sinon, ce n’est pas une mauvaise gouvernance. Normalement, dans les textes, quand l’Etat donne du travail, 90 jours après, l’Etat devait pouvoir payer. Passé ce délai, les factures deviennent des arriérés. C’est la trésorerie qui fait défaut en pareilles circonstances. N.V. : Qu’attendez-vous de vos collaborateurs aujourd’hui ? S.D.M. : Le travail pour un Trésor dynamique, il faut bannir la paresse, avoir le sens de la responsabilité et la conscience professionnelle. N.V. : Nous sommes en fin d’année, les salaires vont-ils être payés avant le 25 décembre de la fête de Noël ?
S.D.M. : Les salaires seront payés. Notre souhait c’est de verser les salaires avant Noël. Tout dépend de la trésorerie. N.V. : La vie d’un pays ne se résume pas au paiement des salaires…
S.D.M. : N’oubliez pas que nous sommes en crise. Malgré la crise, un minimum d’investissement se fait. Par exemple, le transfert de la capitale. On parle aujourd’hui aussi du troisième pont. Les financements sont déjà bouclés. Vous les journalistes, vous en êtes informés. Puisque les journaux ont parlé de février 2010. Il y a le côté financier et le côté technique. Financièrement c’est bouclé. La recherche des fonds est bouclée. En terme de coût, je ne peux pas avancer de chiffres. N.V. : Des syndicalistes en son temps vous avaient accusée de procéder à des mutations anti-syndicales… S.D.M. : Non, je ne pense pas. Vous voyez, nous avons mis en place au Trésor une plate-forme de discussions avec les syndicalistes. C’est ce qui entraîne le calme au Trésor. Ce n’est pas par manque de syndicat fort. On a une plate forme de discussions qui nous permet de nous entendre. Non, je n’ai jamais fait de mutations arbitraires de syndicalistes. Au Trésor, tous les membres des bureaux des syndicats, sont à Abidjan. A un moment donné un cinquième syndicat a voulu se créer. Mais sur quelle base ? Sur la base de la division. Parce que ce syndicat ne prenait en compte que les agents qui ne sont pas passés par l’ENA. Ils étaient présentés comme des agents brimés, pas intégrés. Je me suis opposée à cela.
Parce qu’on ne pouvait pas créer un syndicat sur cette base. Parce qu’au Trésor, il y a toujours eu une cohésion entre les agents. Les agents ne sont pas catégorisés. L’attribution des postes aux travailleurs du Trésor n’est donc pas liée à une quelconque catégorisation. Il y a des statisticiens qui sont des comptables. Parce qu’avant que l’ENA ne forme le maximum d’administrateurs des services financiers ou des autres secteurs, il y avait des statisticiens, des informaticiens. Il y a toute sorte d’agents qui sont responsables actuellement. Mais ce syndicat avait vraiment voulu démarrer sur de mauvaises bases. N.V. : Vous êtes le patronat et vous appréciez la ligne de conduite d’un syndicat ? S.D.M. : Non, être syndicaliste ne veut pas dire qu’il faut semer le désordre. On dirige une maison et il faut que la maison soit dirigée. Si chacun fait n’importe quoi, c’est le désordre qui va s’installer. Je suis pour un syndicalisme citoyen. Ce n’est pas la barbarie. Ce n’est pas parce qu’on est syndicaliste qu’on peut faire ce qu’on veut. Le syndicat ne dirige pas le Trésor. Je vois le syndicat comme un contrôleur, pour attirer l’attention de l’administration sur certains de ses actes. C’est un contre-pouvoir. C’est nécessaire.
Interview réalisée à Guibéroua par Félix Téha Dessrait
dessrait@yahoo.fr
S.D.M. : Le financement est pris en compte par le budget général de l’Etat. Ce n’est pas de l’argent que j’ai sorti de ma propre poche. Je n’ai pas cet argent. N.V. : Qu’est-ce que vous attendez des populations que vous avez désenclavées ? S.D.M. : C’est quand même dommage qu’on entende souvent des interprétations fantaisistes autour de ce genre d’actions. Parce que quand on est cadre d’une région, il faut aider les populations quand c’est possible. Moi, je m’inscris dans cette logique. Malheureusement, certains individus voient en ce genre d’actions des ambitions politiques. Non ! Je ne vise nullement les postes de député, de maire, ou de président de conseil général. Je suis à un poste très absorbant, un poste où je n’ai même pas le temps de lever la tête.
Tout le monde ne peut pas être sur le terrain en même temps. Chacun de nous a un talent. Au poste où le président de la République m’a mise, je dois aider les populations quand je peux, avec mes relations. Je n’attends rien en retour. N.V. : Vous n’êtes pas à votre première action en direction des populations, semble-t-il ? S.D.M. : Effectivement, quand je suis arrivée, j’ai eu l’opportunité de faire les routes. Par la suite, j’ai pris langue avec une ONG basée en France, qui m’a apportée des lits d’hôpitaux, des chaises roulantes, disons du matériel pour les centres de santé dont trois appareils d’hémodialyse que j’ai déposés à Gagnoa. Pour la rentrée scolaire en cours, la même ONG a apporté des tables-bancs et des kits scolaires. Je viens de recevoir de cette même structure dix lits d’hôpitaux. J’attends un appareil dentaire et une radio qui vont être destinés au dispensaire de Guibéroua. En tout cas, chaque fois que l’opportunité d’avoir quelque chose pour aider mes parents se présente, je le ferai. N.V. : Et si vous êtes sollicitée en dehors de Guibéroua, en dehors de votre zone ? S.D.M. : On ne nomme pas une personne pour une zone. Quand on est directeur général du Trésor, c’est le directeur général du Trésor de Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire tout entière. Donc, si j’ai des sollicitations, j’agirai quand c’est possible.
N.V. : Lors de la cérémonie de reconnaissance à Yao Kouassikro, vous avez fait une mise au point ferme à propos de votre nomination à la tête du Trésor et de la Comptabilité publique. Que s’est-il passé ? S.D.M. : Vous voyez, je suis beaucoup peinée. Parce que depuis que j’ai été nommée, j’ai entendu beaucoup de choses. Tantôt on dit, Mme Djédjé dit que ce n’est pas le président de la République qui l’a nommée, mais c’est Dieu qui l’a soulevée pour la déposer là. J’ai entendu beaucoup de choses et ça m’a beaucoup peinée. C’est pourquoi j’ai fait cette mise au point. Pour dire que je suis simplement reconnaissante à mon Dieu. C’est tout. Mais Dieu ne descend pas pour bénir quelqu’un. Dieu passe par les hommes. Un cadre de ce niveau ne peut pas soutenir que ce n’est pas le président de la République qui l’a nommé. Ce n’est pas juste. Je n’ai jamais dit cela. Mais je suis reconnaissante à Dieu. Parce qu’au Trésor, on était nombreux. Et je ne suis pas la plus qualifiée. Je ne suis pas la plus intelligente. Mais c’est Dieu qui a voulu que ce soit moi. Et je suis reconnaissante à Dieu. Je suis désolée. Tout être humain doit être reconnaissant à Dieu. Mais je n’ai jamais dit que ce n’est pas le président de la République qui m’a nommée. C’est Dieu qui touche les cœurs pour que la bénédiction arrive. Et c’est ce qui a été fait.
Je ne peux même pas dire que ce n’est pas mon ministre qui m’a fait nommer. Il a fallu que mon ministre me propose et que le président de la République accepte la proposition. On ne nomme pas n’importe qui à ce genre de poste. N.V. : Comment expliquez-vous votre nomination ?
S.D.M. : Cette question aurait dû être posée à ceux qui m’ont nommée. Mais, je pense que, quand on est à un poste, quel que soit le poste, il faut faire correctement son travail. Mon principe c’est cela. Quand on vous donne un travail à faire, il faut le faire correctement. Dans la transparence, éviter de tricher avec son chef. Peut-être que ce sont ces petites qualités que mes chefs ont vues en moi pour me choisir. Mais, c’est eux qui peuvent dire particulièrement ce qu’ils ont vu en moi. N.V. : Quelle est votre politique à la tête du trésor ? S.D.M. : L’objectif principal pour le trésor, c’est qu’il soit géré dans la transparence. C’est vraiment la réorganisation du Trésor. Faire en sorte que les agents du Trésor comprennent leur rôle et leur responsabilité. A l’époque, quand on était avec le ministre Diby Charles alors directeur général, le slogan, c’était prévarication zéro.
Je veux continuer dans ce sens-là. Parce qu’il ne faut pas disperser les fonds de l’Etat. Les fonds que nous gérons ne sont pas nos fonds. Ce sont les fonds de la Côte d’Ivoire, tout entière, de tous les Ivoiriens. Il ne faut pas confondre nos fonds privés, notre salaire et les fonds de l’Etat. L’objectif c’est la gestion des fonds de l’Etat dans la transparence, la bonne gouvernance.
N.V. : Vous parlez de bonne gouvernance, un curieux incendie avait ravagé, il y a quelque temps, l’ACCT (Agence centrale de la comptabilité et du trésor), un important service du Trésor public. Où en est-on avec l’enquête diligentée ? S.D.M. : Vous savez, dans ce pays, il faut que chacun joue son rôle. Il y a eu un incendie, le pouvoir judiciaire a été saisi. Des huissiers sont venus au Trésor et ont fait leur travail. Les constats ont été faits. Moi, je ne suis pas magistrat. Il faut que chacun fasse son travail. Très souvent, on voit dans les journaux, Mme Djédjé, silence coupable. Ecoutez, si les constats sont faits, que la plainte est portée, moi mon rôle s’arrête-là.
On a un agent judiciaire du Trésor qui a porté plainte régulièrement. Je ne suis pas policier pour mener des enquêtes. Donc, ce n’est pas à moi de trouver le coupable. Le Trésor a fait ce qu’il devrait faire. Le reste n’est plus de notre ressort. N.V. : Vous n’avez donc aucun écho de l’enquête ? S.D.M. : Pour le moment, on n’a aucun écho, on nous dit que l’enquête est en cours.
Donc on attend. N.V. : Des fournisseurs de l’Etat non payés ont par moments manifesté contre le Trésor? S.D.M. : Ce n’est pas la mal gouvernance. C’est parce que le pays entier a des difficultés. Ce sont les difficultés de trésorerie, qui font que les fournisseurs ne sont pas payés.
Le ministre de l’Economie et des Finances l’a toujours expliqué. Aujourd’hui, on a une poche de fonds et plusieurs poches de dépenses. Et cette seule poche de recettes ne suffit plus pour faire face à toutes les dépenses. C’est pourquoi les fournisseurs ne sont pas vite payés. Sinon, ce n’est pas une mauvaise gouvernance. Normalement, dans les textes, quand l’Etat donne du travail, 90 jours après, l’Etat devait pouvoir payer. Passé ce délai, les factures deviennent des arriérés. C’est la trésorerie qui fait défaut en pareilles circonstances. N.V. : Qu’attendez-vous de vos collaborateurs aujourd’hui ? S.D.M. : Le travail pour un Trésor dynamique, il faut bannir la paresse, avoir le sens de la responsabilité et la conscience professionnelle. N.V. : Nous sommes en fin d’année, les salaires vont-ils être payés avant le 25 décembre de la fête de Noël ?
S.D.M. : Les salaires seront payés. Notre souhait c’est de verser les salaires avant Noël. Tout dépend de la trésorerie. N.V. : La vie d’un pays ne se résume pas au paiement des salaires…
S.D.M. : N’oubliez pas que nous sommes en crise. Malgré la crise, un minimum d’investissement se fait. Par exemple, le transfert de la capitale. On parle aujourd’hui aussi du troisième pont. Les financements sont déjà bouclés. Vous les journalistes, vous en êtes informés. Puisque les journaux ont parlé de février 2010. Il y a le côté financier et le côté technique. Financièrement c’est bouclé. La recherche des fonds est bouclée. En terme de coût, je ne peux pas avancer de chiffres. N.V. : Des syndicalistes en son temps vous avaient accusée de procéder à des mutations anti-syndicales… S.D.M. : Non, je ne pense pas. Vous voyez, nous avons mis en place au Trésor une plate-forme de discussions avec les syndicalistes. C’est ce qui entraîne le calme au Trésor. Ce n’est pas par manque de syndicat fort. On a une plate forme de discussions qui nous permet de nous entendre. Non, je n’ai jamais fait de mutations arbitraires de syndicalistes. Au Trésor, tous les membres des bureaux des syndicats, sont à Abidjan. A un moment donné un cinquième syndicat a voulu se créer. Mais sur quelle base ? Sur la base de la division. Parce que ce syndicat ne prenait en compte que les agents qui ne sont pas passés par l’ENA. Ils étaient présentés comme des agents brimés, pas intégrés. Je me suis opposée à cela.
Parce qu’on ne pouvait pas créer un syndicat sur cette base. Parce qu’au Trésor, il y a toujours eu une cohésion entre les agents. Les agents ne sont pas catégorisés. L’attribution des postes aux travailleurs du Trésor n’est donc pas liée à une quelconque catégorisation. Il y a des statisticiens qui sont des comptables. Parce qu’avant que l’ENA ne forme le maximum d’administrateurs des services financiers ou des autres secteurs, il y avait des statisticiens, des informaticiens. Il y a toute sorte d’agents qui sont responsables actuellement. Mais ce syndicat avait vraiment voulu démarrer sur de mauvaises bases. N.V. : Vous êtes le patronat et vous appréciez la ligne de conduite d’un syndicat ? S.D.M. : Non, être syndicaliste ne veut pas dire qu’il faut semer le désordre. On dirige une maison et il faut que la maison soit dirigée. Si chacun fait n’importe quoi, c’est le désordre qui va s’installer. Je suis pour un syndicalisme citoyen. Ce n’est pas la barbarie. Ce n’est pas parce qu’on est syndicaliste qu’on peut faire ce qu’on veut. Le syndicat ne dirige pas le Trésor. Je vois le syndicat comme un contrôleur, pour attirer l’attention de l’administration sur certains de ses actes. C’est un contre-pouvoir. C’est nécessaire.
Interview réalisée à Guibéroua par Félix Téha Dessrait
dessrait@yahoo.fr