Football : Non sélection de Romaric - Peut-on vouloir une chose et son contraire ?

A peine la liste des 23 Eléphants retenus pour la CAN Angola 2010 a-t-elle été rendue publique que la Côte d’Ivoire s’est mise à convulser. Les Ivoiriens sont déchirés dans un débat au sujet de l’absence du milieu gauche du FC Séville, N’Dri Koffi Romaric, dans le commando du franco-bosniaque, Vahid Halilhodzic. Pour des raisons disciplinaires, le patron du banc des pachydermes a choisi une option extrême. Se passer de son meilleur passeur et surtout son seul et unique milieu gauche. Vu la forme du moment du Sévillan, son expérience et ses qualités techniques, le choix de Vahid paraît suicidaire pour cette formation ivoirienne qui n’a autre objectif en Angola que de remporter la CAN. C’est en tout cas l’argument de tous ceux qui pensent que Vahid est devenu « fou » à tel point qu’il a décidé de sacrifier celui qui fut le meilleur Eléphant lors des éliminatoires combinées CAN et Mondial 2010. Ils ruminent leur colère et traitent coach Vahid et la FIF de tous les noms. Sans même laisser l’opportunité à l’entraîneur de s’expliquer sur ses choix et surtout sur le cas Romaric. Mais tous ceux qui sont au parfum de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire savent que depuis le dernier match des éliminatoires face à la Guinée, Romaric était dans la ligne de mire de Vahid. L’ancien académicien avait enfreint le nouveau code de conduite fraîchement établi par le sélectionneur. Au retour d’une nuit très arrosée, le Sévillan ne se serait pas présenté à la séance de décrassage. Un écart de comportement de trop que Vahid a voulu punir avec la manière. Romaric ne sera pas convoqué pour le match amical contre l’Allemagne. Mais décidé à diriger d’une main de fer son groupe pour y faire régner la discipline, coach Vahid a décidé de faire de Romaric un exemple pour tous ceux qui s’hasarderaient à violer le règlement intérieur. Les Ivoiriens devraient peut-être applaudir des quatre mains. Eux, qui au sortir de la grande humiliation de la CAN 2008, avaient pointé du doigt l’indiscipline qui régnait dans l’encadrement technique et dans le groupe Eléphants. Tous, comme un seul homme, ont réclamé que la discipline soit désormais le maître mot dans l’environnement de nos chers pachydermes. Ils ont souhaité une fédération plus regardante, un entraîneur qui ne laisse pas les joueurs faire la fête en pleine compétition, et ont prié pour que tous les joueurs soient logés à la même enseigne.
Et comme si Vahid avait entendu leurs doléances, il a commencé par mettre de la discipline au sein de son groupe. Des sanctions pécuniaires, aux suspensions en passant par des non convocations. Aujourd’hui le point focal de cette volonté d’instauration de l’ordre et la discipline est l’éviction de N’Dri Romaric du groupe de la CAN. Et ils se trouvent des Ivoiriens, soutenus par certains journalistes, qui s’élèvent contre cette décision. Il n’y a pas meilleur exemple pour démontrer qu’ils veulent une chose et son contraire. Pourtant tout le monde sait que l’ordre et l’indiscipline ne peuvent faire chemin ensemble. Il est vrai que Romaric est un très bon footballeur. C’est vrai qu’il peut, à lui tout seul ( ?), nous faire gagner la CAN comme le pensent certaines personnes. Mais il ne faut pas perdre de vue l’essentiel. Les Eléphants constituent un groupe et comme tout groupe, un seul élément peut créer la zizanie. Les exemples dans le monde sont légion. Certains pourront s’en prendre à Vahid si la Côte d’Ivoire ne gagne pas la CAN. Mais qu’ils n’oublient pas qu’en 2006 au Caire et en 2008 au Ghana la Côte d’Ivoire n’a rien gagné malgré la présence de Romaric. Si Romaric a été écarté simplement et purement pour une question d’indiscipline, quoique la sanction puisse paraître sévère, il faut louer le courage de Vahid au lieu de le vouer aux gémonies.

Koné Lassiné