Le personnel de santé a observé du 15 au 22 décembre dernier un arrêt de travail, qui a sérieusement perturbé le service dans les hôpitaux publics. Le mot d’ordre a été suspendu après une médiation des religieux. Dans cet entretien, Dr Atté Boka, porte-parole du collectif des syndicats, revient en long sur ces négociations.
Le Patriote : Dr Atté Boka, le personnel de la santé vient d’observer un arrêt de travail. Peut- on connaître les raisons de cette énième grève ?
Dr Atté Boka : Oui, nous avons observé à nouveau un arrêt de travail. Les raisons sont les mêmes. Il s’agit des problèmes de revendications salariales, de profil de carrière, de statut particulier. Et depuis le mardi 22 décembre, nous avons suspendu notre mot d’ordre.
LP : Et quel est le bilan de la grève ?
Dr AT : Au sortir de cette grève nous pouvons déjà saluer la mobilisation de nos camarades. C’est la première fois que tous les syndicats de la santé, en rang serré, observent un arrêt de travail. En ce qui concerne les acquis, il est vrai que nous ne pouvons pas les comptabiliser. Mais nous avons la médiation de l’Archevêque d’Abidjan. Et très bientôt, nous allons communiquer des informations crédibles, avec des actes à l’appui à nos camarades.
LP : Au vu de ce maigre bilan, n’avez-vous pas le sentiment d’avoir faire une grève pour rien et surtout d’avoir laissé mourir la population gratuitement. Avez-vous justement fait le compte des morts ?
Dr AT : On ne peut pas dire que c’est une grève pour rien. Déjà, ce mouvement a permis l’intégration à la Fonction publique des filles et garçons de salle. Ceci constitue un grand acquis pour ce groupe qui lutte depuis 15 ans. On ne peut pas dire non plus qu’il n’y a pas d’acquis. Parce que nous avons rejeté la commission interministérielle sur le statut particulier. Un nouveau cadre est entrain de se mettre en place pour les discussions. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu d’acquis quand on sait que pendant cette grève, les travaux préparatoires en ce qui concerne le profil de carrière des infirmiers et sages-femmes ont pris fin et qu’il ne reste qu’à signer le décret. En ce qui concerne les revalorisations salariales, avec la première dame, nous avons eu un accord. Donc pour nous, il y’a eu des acquis. Il reste à les matérialiser par écrit. Pour ce qui est de comptabiliser les morts, il faut dire que même quand nous travaillons, il y a des morts. Nous n’avons pas fait cette grève pour faire un décompte macabre. Ce n’était pas notre objectif. Il appartient au gouvernement d’assumer toutes les conséquences. Pour nous, la grève a eu lieu parce que le gouvernement n’a pas satisfait nos revendications. Nous n’avons même pas imaginé que le gouvernement allait laisser faire la grève, tellement cela concernait tout le personnel soignant. On pensait que le gouvernement allait être suffisamment responsable pour anticiper en résolvant les problèmes.
LP : Malgré les menaces et les sanctions du gouvernement, vous avez maintenu le mot d’ordre. Alors quelle garantie avez-vous eu de la part de l’Archevêque d’Abidjan pour finalement suspendre la grève ?
Dr AT : C’est la première fois que nous sommes devant le prélat. Et son langage nous a convaincu. Ce n’est pas nous qui sommes allés vers lui. Donc lorsque nous nous sommes rencontrés, le dimanche, il nous a dit : « faites en sorte que la pression tombe et que je puisse faire avancer les choses ». Le lendemain lundi, on a rencontré le forum religieux et le soir ils sont allés rencontrer le Président de la République. Il nous a fait le retour le mardi, lors de notre assemblée générale, pour dire que le Président de la République après cette rencontre, est disposé à résoudre les problèmes définitivement. Mais, seulement il faut qu’il y ait un gage de bonne foi de notre côté. C’est pourquoi, nous avons suspendu le mot d’ordre pour voir effectivement si les choses iront dans ce sens. Donc, nous avons suspendu parce que nous faisons confiance aux religieux. On ne peut penser un seul instant qu’un religieux va nous tromper.
LP : Le gouvernement a promis payer la moitié de vos indices dès la fin du mois de janvier. Si cela n’est pas respecté, quelle sera votre réaction ?
Dr AT : C’est vrai que l’AG a suspendu le mot d’ordre. Mais en même temps, elle a donné des balises claires. Les premiers résultats seront mesurables par rapport aux sanctions qui doivent être rapportés. Parce que certains de nos acquis sont bloqués dans les sanctions prises par le gouvernement. Il s’agit du processus sur le statut particulier et sur le profil de carrière qui ont été suspendus par le gouvernement. Pour nous, les sanctions pécuniaires et judicaires ne constituent pas de problème. Parce que nous aussi, nous avons des éléments confortés pour aller sur ce terrain. Donc le rapport de ces sanctions va nous situer sur la crédibilité de cette négociation. Mais en tout état de cause, nous sommes des syndicalistes et nous sommes vigilants. Si nous voyons un tâtonnement et que la médiation ne va pas dans le sens souhaité, nous aviserons.
LP : Fin février, début mars est la date donnée pour le premier tour de l’élection présidentielle. Au cas où les promesses ne seront pas respectées et que vous débrayez à nouveau, ne craignez-vous pas d’être accusé de retarder le processus électoral ?
Dr AT : Ce n’est pas nous qui avons envoyé la crise politique. Nous ne sommes pas des acteurs de la crise politique en Côte d’Ivoire. Donc on ne peut pas nous taxer de ralentir le processus. D’autant plus que ce n’est pas nous qui faisons les listes électorales, ni qui mettons le processus en place. Mais nous disons qu’un syndicat n’a ni de mois ni de jour pour faire ses revendications. En tout moment où les besoins se présentent, le syndicat fait des revendications. Cependant, nous disons que notre souhait n’est pas de faire une nouvelle grève, mais si le gouvernement nous contraint, on sera obligé d’y aller. Donc il appartient au gouvernement de résoudre les problèmes afin qu’il n’y ait plus de remous dans le monde de la santé.
LP : Vous venez de reprendre le travail, quel message avez-vous pour la population ?
Dr AT : Nous disons à la population que nous avons repris le travail par notre propre désir. Nous ne travaillons plus sous la pression de la réquisition. Donc elle peut fréquenter les hôpitaux, en toute quiétude. Nous lui demandons de venir, de ne pas avoir peur. Nous travaillons maintenant librement. Nous sommes là et nous les attendons.
Réalisée par Dao Maïmouna
Le Patriote : Dr Atté Boka, le personnel de la santé vient d’observer un arrêt de travail. Peut- on connaître les raisons de cette énième grève ?
Dr Atté Boka : Oui, nous avons observé à nouveau un arrêt de travail. Les raisons sont les mêmes. Il s’agit des problèmes de revendications salariales, de profil de carrière, de statut particulier. Et depuis le mardi 22 décembre, nous avons suspendu notre mot d’ordre.
LP : Et quel est le bilan de la grève ?
Dr AT : Au sortir de cette grève nous pouvons déjà saluer la mobilisation de nos camarades. C’est la première fois que tous les syndicats de la santé, en rang serré, observent un arrêt de travail. En ce qui concerne les acquis, il est vrai que nous ne pouvons pas les comptabiliser. Mais nous avons la médiation de l’Archevêque d’Abidjan. Et très bientôt, nous allons communiquer des informations crédibles, avec des actes à l’appui à nos camarades.
LP : Au vu de ce maigre bilan, n’avez-vous pas le sentiment d’avoir faire une grève pour rien et surtout d’avoir laissé mourir la population gratuitement. Avez-vous justement fait le compte des morts ?
Dr AT : On ne peut pas dire que c’est une grève pour rien. Déjà, ce mouvement a permis l’intégration à la Fonction publique des filles et garçons de salle. Ceci constitue un grand acquis pour ce groupe qui lutte depuis 15 ans. On ne peut pas dire non plus qu’il n’y a pas d’acquis. Parce que nous avons rejeté la commission interministérielle sur le statut particulier. Un nouveau cadre est entrain de se mettre en place pour les discussions. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu d’acquis quand on sait que pendant cette grève, les travaux préparatoires en ce qui concerne le profil de carrière des infirmiers et sages-femmes ont pris fin et qu’il ne reste qu’à signer le décret. En ce qui concerne les revalorisations salariales, avec la première dame, nous avons eu un accord. Donc pour nous, il y’a eu des acquis. Il reste à les matérialiser par écrit. Pour ce qui est de comptabiliser les morts, il faut dire que même quand nous travaillons, il y a des morts. Nous n’avons pas fait cette grève pour faire un décompte macabre. Ce n’était pas notre objectif. Il appartient au gouvernement d’assumer toutes les conséquences. Pour nous, la grève a eu lieu parce que le gouvernement n’a pas satisfait nos revendications. Nous n’avons même pas imaginé que le gouvernement allait laisser faire la grève, tellement cela concernait tout le personnel soignant. On pensait que le gouvernement allait être suffisamment responsable pour anticiper en résolvant les problèmes.
LP : Malgré les menaces et les sanctions du gouvernement, vous avez maintenu le mot d’ordre. Alors quelle garantie avez-vous eu de la part de l’Archevêque d’Abidjan pour finalement suspendre la grève ?
Dr AT : C’est la première fois que nous sommes devant le prélat. Et son langage nous a convaincu. Ce n’est pas nous qui sommes allés vers lui. Donc lorsque nous nous sommes rencontrés, le dimanche, il nous a dit : « faites en sorte que la pression tombe et que je puisse faire avancer les choses ». Le lendemain lundi, on a rencontré le forum religieux et le soir ils sont allés rencontrer le Président de la République. Il nous a fait le retour le mardi, lors de notre assemblée générale, pour dire que le Président de la République après cette rencontre, est disposé à résoudre les problèmes définitivement. Mais, seulement il faut qu’il y ait un gage de bonne foi de notre côté. C’est pourquoi, nous avons suspendu le mot d’ordre pour voir effectivement si les choses iront dans ce sens. Donc, nous avons suspendu parce que nous faisons confiance aux religieux. On ne peut penser un seul instant qu’un religieux va nous tromper.
LP : Le gouvernement a promis payer la moitié de vos indices dès la fin du mois de janvier. Si cela n’est pas respecté, quelle sera votre réaction ?
Dr AT : C’est vrai que l’AG a suspendu le mot d’ordre. Mais en même temps, elle a donné des balises claires. Les premiers résultats seront mesurables par rapport aux sanctions qui doivent être rapportés. Parce que certains de nos acquis sont bloqués dans les sanctions prises par le gouvernement. Il s’agit du processus sur le statut particulier et sur le profil de carrière qui ont été suspendus par le gouvernement. Pour nous, les sanctions pécuniaires et judicaires ne constituent pas de problème. Parce que nous aussi, nous avons des éléments confortés pour aller sur ce terrain. Donc le rapport de ces sanctions va nous situer sur la crédibilité de cette négociation. Mais en tout état de cause, nous sommes des syndicalistes et nous sommes vigilants. Si nous voyons un tâtonnement et que la médiation ne va pas dans le sens souhaité, nous aviserons.
LP : Fin février, début mars est la date donnée pour le premier tour de l’élection présidentielle. Au cas où les promesses ne seront pas respectées et que vous débrayez à nouveau, ne craignez-vous pas d’être accusé de retarder le processus électoral ?
Dr AT : Ce n’est pas nous qui avons envoyé la crise politique. Nous ne sommes pas des acteurs de la crise politique en Côte d’Ivoire. Donc on ne peut pas nous taxer de ralentir le processus. D’autant plus que ce n’est pas nous qui faisons les listes électorales, ni qui mettons le processus en place. Mais nous disons qu’un syndicat n’a ni de mois ni de jour pour faire ses revendications. En tout moment où les besoins se présentent, le syndicat fait des revendications. Cependant, nous disons que notre souhait n’est pas de faire une nouvelle grève, mais si le gouvernement nous contraint, on sera obligé d’y aller. Donc il appartient au gouvernement de résoudre les problèmes afin qu’il n’y ait plus de remous dans le monde de la santé.
LP : Vous venez de reprendre le travail, quel message avez-vous pour la population ?
Dr AT : Nous disons à la population que nous avons repris le travail par notre propre désir. Nous ne travaillons plus sous la pression de la réquisition. Donc elle peut fréquenter les hôpitaux, en toute quiétude. Nous lui demandons de venir, de ne pas avoir peur. Nous travaillons maintenant librement. Nous sommes là et nous les attendons.
Réalisée par Dao Maïmouna