Fermée depuis mars 2007, l’unique usine de fabrication d’huile alimentaire dans le nord de la Côte d’Ivoire rouvrira ses portes au début du mois de janvier.
Bouaké a trouvé son sauveur. Il s’appelle Alexandre Keita. Ce Français d’origine ivoirienne est un natif de la ville. De père malinké et de mère baoulé, il y a grandi et fait ses études avant de partir pour la France, à l’âge de 23 ans. Ingénieur de l’Institut catholique d’arts et métiers à Lille, il complétera sa formation à l’université américaine Georgetown et à l’École supérieure de commerce de Paris (ESCP). Aujourd’hui, l’ingénieur dirige une PME de 20 personnes au Havre, qui fait 2 millions d’euros de chiffre d’affaires dans la maintenance industrielle.
« Des employés de la société Trituraf et des autorités locales sont venus frapper à ma porte à l’automne 2007, explique le chef d’entreprise. L’usine était à l’abandon en plein fief rebelle, le personnel désespéré, la sortie de crise encore loin… » Keita hésite, mais le cœur l’emporte sur la raison. Il effectue un premier voyage, approfondit les contacts avec les syndicats, les partenaires, les autorités… L’affaire est compliquée. Le Malien Sidi Mohamed Kagnassi, le propriétaire, a fait faillite, l’usine est arrêtée depuis mars 2007, les salariés sont en procès contre leur employeur, les égreneurs ont des dettes impayées. Pour relancer la machine, l’industriel doit convaincre le Premier ministre, Guillaume Soro, le président de la République, Laurent Gbagbo, le ministre de l’Agriculture, Amadou Gon Coulibaly… Il monte un collectif de repreneurs avec des industriels français, dont Sofiproteol, et établit un plan de reprise, accepté par les salariés.
Mais il n’est pas le seul sur le dossier. Dans l’ombre, d’anciens dirigeants de Trituraf, avec des appuis politiques, agissent pour récupérer l’outil industriel. Alexandre Keita convainc le chef de l’État, qui demande à Albert K. Brou, le secrétaire de la cellule économique de la présidence, et au préfet Paul David N’Zi, son directeur de cabinet, de suivre le dossier.
Retrouver la pleine capacité
Le 18 septembre dernier, les repreneurs acquièrent les équipements auprès du commissaire-priseur. La priorité : réhabiliter les machines, à l’abandon. Des pièces sont commandées, et l’usine devrait redémarrer la première semaine de janvier 2010. L’investissement total s’élève à 4,7 millions d’euros. Une partie doit être débloquée par l’Agence française de développement (AFD) et par la Société belge d’investissement pour les pays en développement (BIO). Les discussions sont en cours de finalisation.
Fin août, les repreneurs ont reçu la promesse d’obtenir 55 000 tonnes de graines de coton des sociétés cotonnières du pays. « Les égreneurs avaient déjà pris des engagements et ne peuvent nous fournir plus. Mais le site a une capacité de traitement de 200 000 tonnes de graines sur une période allant du 15 décembre à la fin du mois d’avril », explique Keita. À ce jour, Olheol Industrie a repris 170 des 400 employés que comptait l’usine. L’objectif est d’embaucher à nouveau dès 2010 pour une pleine reprise de la production d’ici à trois ans.
Le marché de l’huile alimentaire et du tourteau (le déchet après l’extraction de l’huile) est porteur malgré l’état calamiteux de la filière coton. Actuellement, les populations du Nord et du Centre sont approvisionnées par les marchands locaux en huile de palme bon marché provenant d’Asie. Le litre d’huile est vendu aux alentours de 800 F CFA. « Nous resterons dans cette fourchette de prix », assure l’industriel.
Pour le premier exercice, les repreneurs prévoient de réaliser un chiffre d’affaires de 9,5 millions d’euros avec l’huile de coton et de 3 millions d’euros avec les tourteaux de coton et autres aliments pour le bétail et les volailles. Un exercice qui sera néanmoins déficitaire au regard du tonnage traité. Francis Tintori, ancien conseiller spécial du président de BP France, a été nommé directeur général. Ce retraité a pour mission de former les futurs cadres de la société. Keita ne souhaite pas s’arrêter là. Il envisage, si tout va bien, de relancer de façon active toute la filière agro-industrielle de la ville et de sa région. Avant la crise, Trituraf, la Filature Tissage Gonfreville (FTG) et la Compagnie ivoirienne de développement du textile (CIDT) assuraient les beaux jours de Bouaké.
Bouaké a trouvé son sauveur. Il s’appelle Alexandre Keita. Ce Français d’origine ivoirienne est un natif de la ville. De père malinké et de mère baoulé, il y a grandi et fait ses études avant de partir pour la France, à l’âge de 23 ans. Ingénieur de l’Institut catholique d’arts et métiers à Lille, il complétera sa formation à l’université américaine Georgetown et à l’École supérieure de commerce de Paris (ESCP). Aujourd’hui, l’ingénieur dirige une PME de 20 personnes au Havre, qui fait 2 millions d’euros de chiffre d’affaires dans la maintenance industrielle.
« Des employés de la société Trituraf et des autorités locales sont venus frapper à ma porte à l’automne 2007, explique le chef d’entreprise. L’usine était à l’abandon en plein fief rebelle, le personnel désespéré, la sortie de crise encore loin… » Keita hésite, mais le cœur l’emporte sur la raison. Il effectue un premier voyage, approfondit les contacts avec les syndicats, les partenaires, les autorités… L’affaire est compliquée. Le Malien Sidi Mohamed Kagnassi, le propriétaire, a fait faillite, l’usine est arrêtée depuis mars 2007, les salariés sont en procès contre leur employeur, les égreneurs ont des dettes impayées. Pour relancer la machine, l’industriel doit convaincre le Premier ministre, Guillaume Soro, le président de la République, Laurent Gbagbo, le ministre de l’Agriculture, Amadou Gon Coulibaly… Il monte un collectif de repreneurs avec des industriels français, dont Sofiproteol, et établit un plan de reprise, accepté par les salariés.
Mais il n’est pas le seul sur le dossier. Dans l’ombre, d’anciens dirigeants de Trituraf, avec des appuis politiques, agissent pour récupérer l’outil industriel. Alexandre Keita convainc le chef de l’État, qui demande à Albert K. Brou, le secrétaire de la cellule économique de la présidence, et au préfet Paul David N’Zi, son directeur de cabinet, de suivre le dossier.
Retrouver la pleine capacité
Le 18 septembre dernier, les repreneurs acquièrent les équipements auprès du commissaire-priseur. La priorité : réhabiliter les machines, à l’abandon. Des pièces sont commandées, et l’usine devrait redémarrer la première semaine de janvier 2010. L’investissement total s’élève à 4,7 millions d’euros. Une partie doit être débloquée par l’Agence française de développement (AFD) et par la Société belge d’investissement pour les pays en développement (BIO). Les discussions sont en cours de finalisation.
Fin août, les repreneurs ont reçu la promesse d’obtenir 55 000 tonnes de graines de coton des sociétés cotonnières du pays. « Les égreneurs avaient déjà pris des engagements et ne peuvent nous fournir plus. Mais le site a une capacité de traitement de 200 000 tonnes de graines sur une période allant du 15 décembre à la fin du mois d’avril », explique Keita. À ce jour, Olheol Industrie a repris 170 des 400 employés que comptait l’usine. L’objectif est d’embaucher à nouveau dès 2010 pour une pleine reprise de la production d’ici à trois ans.
Le marché de l’huile alimentaire et du tourteau (le déchet après l’extraction de l’huile) est porteur malgré l’état calamiteux de la filière coton. Actuellement, les populations du Nord et du Centre sont approvisionnées par les marchands locaux en huile de palme bon marché provenant d’Asie. Le litre d’huile est vendu aux alentours de 800 F CFA. « Nous resterons dans cette fourchette de prix », assure l’industriel.
Pour le premier exercice, les repreneurs prévoient de réaliser un chiffre d’affaires de 9,5 millions d’euros avec l’huile de coton et de 3 millions d’euros avec les tourteaux de coton et autres aliments pour le bétail et les volailles. Un exercice qui sera néanmoins déficitaire au regard du tonnage traité. Francis Tintori, ancien conseiller spécial du président de BP France, a été nommé directeur général. Ce retraité a pour mission de former les futurs cadres de la société. Keita ne souhaite pas s’arrêter là. Il envisage, si tout va bien, de relancer de façon active toute la filière agro-industrielle de la ville et de sa région. Avant la crise, Trituraf, la Filature Tissage Gonfreville (FTG) et la Compagnie ivoirienne de développement du textile (CIDT) assuraient les beaux jours de Bouaké.