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Économie Publié le samedi 26 décembre 2009 | L’expression

Economie ivoirienne: Ces événements qui ont marqué 2009

Tout comme les années précédentes, depuis le déclenchement de la crise ivoirienne, l`exercice 2009 qui s`achève dans quelques jours a été émaillé par une série de difficultés, mais ponctué d’espoir par des propositions et des perspectives.

Les douze derniers mois riches en événements. Ils ont été surtout marqués, entre autres, par des remous sociaux. Il ya ceux de la filière café-cacao, la grève des dockers, la crise dans les filières fruitières et l’interdiction de vente de l’huile de palme ivoirienne au Sénégal. Des remous qui ne sont pas sans conséquence sur l’économie ivoirienne. Avec un budget de près de 2 529,5 milliards Fcfa s’appuyant sur une prévision de croissance du Produit intérieur brut (Pib) de 3,9%, l’Etat a mis un accent particulier sur le service de la dette publique. En dépit des efforts pour apurer une partie de la dette intérieure, les fournisseurs de l’Etat, notamment le Synafeci (Syndicat national des fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire), dirigé par Faustin Gré, ont organisé un sit-in devant le siège de la Banque mondiale le 23 septembre. Ces créanciers exigent le payement intégral de leurs arriérés estimés à 200 milliards Fcfa, l’annulation de la titrisation des créances, la suppression de l’acompte de 10% au paiement des factures des contribuables qui sont à l’impôt synthétique, l’annulation des arriérés d’impôt de 2000 à 2008, de l’attestation de régularité fiscale exigée pour la régularisation des factures et des pénalités de retard sur les impôts de 2009.

Beaucoup de remous…

Outre cet événement, l’année 2009 a été marquée par des blocages au Port autonome d’Abidjan et des douanes ivoiriennes. Alors que l’Etat envisageait d’alimenter son budget pour 79,5% par des ressources générées à travers la mobilisation de ses recettes fiscales et douanières, une grève des dockers a paralysé le port d’Abidjan. Le poumon de l’économie nationale a été paralysé pendant dix jours par la Coordination nationale des dockers et dockers transit pour la défense de leurs droits (Cndd) qui revendique la révision du taux horaire et des primes de cadence et de passage de navire. Ce syndicat est entré en débrayage dans la nuit du 1er juin. Ce blocage des activités pendant dix jours n’a pas été pas sans conséquence sur les entrées de l’Etat quand on sait que le port génère environ 90% des recettes douanières. La situation du port d’Abidjan est beaucoup plus alarmante qu’on ne le pense. En effet, des entreprises franches sont menacées de fermeture. Déjà, Pêche et froid Côte d’Ivoire (Pfci) et Scodi a mis au chômage technique leur personnel, soit 1425 employés le 3 octobre pour une durée de deux mois renouvelables. «La décision se justifie par des problèmes de trésorerie liés essentiellement aux difficultés d’application de la loi N° 2005-556 du 2 décembre 2005 instituant le régime d’entreprise franche de transformation de produits halieutiques dont nous sommes bénéficiaires ». La fermeture temporaire de ces deux entreprises franches représente une réelle menace pour 150.000 employés des entreprises de fabrication de cartons, de boîtes de conserves vides et d’étiquettes ainsi que les sociétés de nettoyage et de fabrication d’aliments de bétail et de volaille qui utilisent les déchets de thon. Comme si cela ne suffisait pas, les agents des douanes, une importante régie, observent un arrêt de travail toute la journée du 5 octobre dans les corridors de Yamoussoukro, Abidjan et San Pedro. Ce mouvement du Collectif des syndicats des douanes ivoiriennes faisait suite à la bastonnade de l’adjudant-chef Toho Tieugbeu, le 24 septembre à Yamoussoukro. Même si les conséquences engendrées par cet arrêt de travail ne sont pas comparables à celles de la grève des dockers, le mécontentement des soldats de l’économie a sûrement engendré d’énormes pertes. D’où l’empressement du chef d’état-major, le général Philippe Mangou de résoudre la crise au plus tôt. Si le Port autonome d’Abidjan a connu des soubresauts au cours de cette année qui s’achève, certaines filières du secteur agricole n’ont pas été épargnées. Notamment la filière café-cacao qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. On s’en souvient au mois de juin 2008, dans le cadre des enquêtes en cours dans ladite filière, le doyen des juges d'instruction du tribunal d'Abidjan Plateau, inculpait une vingtaine de responsables et les plaçait en détention préventive. Depuis lors, ceux-ci croupissent en prison sans jugement. Cela a suscité la colère des parents des détenus qui ont manifesté leur mécontentement le 24 novembre devant le Palais de justice et la cathédrale Saint Paul du Plateau. Une manifestation violemment réprimée comme celle des employés du Fonds de garantie des coopératives de café-cacao qui s’est tenue mercredi dernier devant le périmètre présidentiel. Les filières fruitières qui font face à un déficit de 7 milliards Fcfa du fait de la crise ont aussi été secouées par des mouvements. Une guerre sans merci pour le contrôle de l’Organisation centrale des producteurs, exportateurs d’ananas et de banane (Ocab) oppose depuis le 2 avril Gnui Michel, le nouveau président de la structure, et son prédécesseur, N’Gouan Mathias, qui dit avoir été débarqué illégalement. L’affaire est pendante en justice au moment où cette filière est sérieusement affaiblie par la baisse des exportations engendrée par la non présentation de navires, l’abandon de fruits en route et sur le quai et les fruits non récoltés.

…des perspectives aussi

Le secteur des transports a aussi fait parler de lui. Même si aucun mouvement de protestation n’a été enregistré comme en 2008, les transporteurs ont, à maintes reprises, répercuté la hausse du coût du carburant sur le prix de leurs services. L’autre fait marquant en 2009 a été l’institution d'une nouvelle norme, par les autorités sénégalaises, fixant le taux d'acides gras saturés dans l'huile de palme raffinée à un maximum de 30 %. Si les autorités ivoiriennes ne trouvent aucune solution à ce problème, l’industrie oléagineuse va certainement enregistrer de grosses pertes étant donné que l’essentiel de l’huile importée au Sénégal provient de la Côte d’Ivoire. L’exercice 2009 n’a pas été émaillé que par des événements tristes. Le budget 2010 s'équilibre en ressources et en dépenses à 2.481 milliards Fcfa. Il est en hausse de 16,7 milliards Fcfa, soit 0,7%, par rapport au budget initial, mais en baisse de 48,5 milliards Fcfa, soit 1,9%, par rapport au budget 2009 modifié". Le budget est également marqué par une augmentation de la part des « dépenses pro-pauvres », qui représentera 39% du budget contre 15,6% cette année. Une initiative salutaire quand on sait qu’en Côte d’Ivoire la pauvreté a atteint un seuil critique de 48, 9% en 2009. En s’engageant à une série de réformes, notamment en matière de lutte contre la pauvreté, le pays espère ainsi décrocher un allègement de sa dette de la part des institutions financières internationales. Des premières réductions ont été faites par les institutions de Bretton Woods, le Club de Paris et l’Union européenne. En effet, après avoir atteint le point de décision, il reçoit un allégement intérimaire sur le service de la dette qui est exigible. Le gouvernement fait main et pied afin qu’il atteigne le point d'achèvement. C’est à cette condition que les créanciers pourront lui accorder l'allégement intégral de la dette promis au point de décision. Pour l’heure, la totalité des arriérés de la dette multilatérale envers la Banque européenne d’investissement, estimée à 8,4 milliards Fcfa a été apurée. Enfin, pour la première fois dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, le patronat a initié des rencontres avec les principaux candidats à l’élection présidentielle de 2010. Ceux-ci ont expliqué dans le détail leur vision de l’économie aux créateurs d’emplois.

Nimatoulaye Ba
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