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Politique Publié le mardi 29 décembre 2009 | Le Patriote

Laurent Gbagbo n’est pas un homme nouveau

Incroyable Laurent Gbagbo ! On ne peut que s’écrier à la fin de la lecture de la dernière ligne des 213 pages du prétendu livre-programme du candidat du Front populaire ivoirien (Fpi). A dire vrai, Laurent Gbagbo est un artiste. Un vrai. Mais, pas de belle facture. « Côte d’Ivoire, Bâtir la paix sur la démocratie et la prospérité » est une littérature sur une plaisanterie de mauvais goût. L’auteur ( ?), candidat à la très prochaine présidentielle, s’est couvert d’une nouvelle virginité politique. On dirait que ce n’est pas le Laurent Gbagbo que les Ivoiriens connaissent. « Une œuvre d’art n’est supérieure que si elle est, en même temps, un symbole et l’expression exacte d’une réalité », précise pourtant Guy de Maupassant dans son œuvre « La Vie errante ». Parvenu au pouvoir en octobre 2000 dans des « conditions calamiteuses » (l’expression est de lui), Laurent Gbagbo n’a pu traduire en actes, ses grandes théories idéologiques. Neuf ans après, le régime est aux abois. Le pays est plongé dans une misère ambiante, les indicateurs de l’économie ne sont pas rassurants, quand le milieu des affaires est affecté par un appareil judiciaire des plus corrompus. Les réformes dans la filière café-cacao ont laissé un amer goût aux producteurs. Une flopée de structures (Arcc, Fdpcc, Bcc..) taillées sur mesure pour des pontes du régime ont, non seulement, déstructuré la filière mais surtout la gestion opaque a rendu les paysans nostalgiques de l’ère de la caisse de stabilisation. Conséquence, des dirigeants de ces structures séjournent depuis deux ans à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) pour détournement de deniers publics, abus de biens sociaux et attendent un hypothétique jugement. L’Assurance maladie universelle (Amu) annoncée en grande pompe comme une révolution planétaire est restée à l’étape théorique. Pis, jamais l’administration publique n’a été aussi destructurée, médiocre que sous la refondation. Les concours d’accès à la Fonction publique se monnaient au vu et au su de tout le monde. Sans exception, les écoles de police et de gendarmerie, l’Ecole nationale d’administration (Ena), l’École normale supérieure (Ens) sont ouvertes au plus offrant. Les médiocres ont pris le contrôle des secteurs névralgiques de la société ivoirienne. Les réseaux s’étendent jusqu’au cœur du Palais. Et comme le rappelait Jacques Brillant, « au banquet de la corruption, l’or vaut que la foi » !
L’affaire des déchets toxiques déversés dans la capitale économique et le simulacre du procès organisé est venue rappeler aux plus sceptiques que la messe est dite pour ce régime. La vie humaine n’a pas de sens pour ces nouveaux bourgeois, inutilement insolents et belliqueux.
Même l’école n’a pas été épargnée. Le drame se joue sous le regard de tout le monde. Les diplômes se déprécient au fil des ans. Aucune politique pour remettre les structures sur les rails. La jeunesse alors désorientée et désespérée, s’enfonce chaque jour dans la violence. Il avait dit que 10 milliards fcfa pourraient résoudre les problèmes de l’université. En 9 ans, aucun amphithéâtre n’a été construit, pourtant, chaque année, l’Etat lui alloue un budget de souveraineté de 75 milliards. Il pourrait résoudre au moins dix fois par an, les problèmes de l’école ivoirienne. Il n’a rien fait. Mieux les enseignants ont déserté les amphis et les salles de classe pour les cabinets ministériels et autres. L’évocation de la guerre ou de la crise militaro-politique (pour être plus sérieux) est un faux prétexte, une tartine qui ne prend plus. N’est –ce pas Laurent Gbagbo lui-même qui disait à qui voulait l’entendre qu’il avait sauvé l’essentiel de l’économie ivoirienne, « la Côte d’Ivoire utile » ? Mais pourquoi n’a-t-il pas expérimenté les théories qu’ils réservent, aujourd’hui, aux Ivoiriens ?
La petite Suisse de l’Afrique de l’Ouest, enviée et redoutée est devenue, aujourd’hui, la risée des voisins, la poubelle du monde. Le rêve brisé d’un peuple fantastique ! En définitive, la Refondation aura été une vaste escroquerie. Son chef ne saurait être un nouveau venu dans l’arène politique. Il doit rendre compte de ses dix ans de gestion des affaires publiques.
Coulibaly Brahima
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