Le fameux livre-programme du candidat Gbagbo est tout, sauf un programme de gouvernement digne d’un Etat moderne avec tout ce que cela requiert comme exigences de modernité. Tout se résume en cette trilogie : « Je suis blanc comme neige », « l’enfer c’est les autres », « malgré tout, faites-moi confiance ». Un ramassis de vœux avec à la clé, la guerre comme alibi pour refuser d’assumer son bilan catastrophique à la tête du pays, depuis bientôt dix ans. Et pourtant, l’homme devrait rendre compte de son bilan d’une part et d’autre part, dire avec exactitude ce qu’il va faire sans rester au stade de la profession de foi et de la pure phraséologie. Malheureusement, dans ce livre autour duquel on fait tant de bruits, il n’y a rien qui puisse être un programme de gouvernement. D’ailleurs, dans ses pages introductives, l’auteur lui-même indique que ce livre trace simplement « les grandes lignes de son programme » Il laisse sur sa faim tout lecteur lucide qui aurait voulu en retenir quelque chose de concret. Il faudra peut-être attendre une autre production pour savoir concrètement ce que le candidat du FPI propose au pays. Sinon, le présent ouvrage n’est qu’une litanie sur la résistance ( !?) contre dit-il, « les forces rétrogrades qui ont attaqué la démocratie, la République, et l’Etat de droit ». C’est-à-dire, lui. Ainsi, laisse-t-il éclaté sa fierté : « les ivoiriennes et les ivoiriens sont comme tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire, voient les efforts que je ne cesse de déployer depuis le 19 septembre 2002 pour ramener la paix dans notre pays ». Quand on sait que depuis la fin de son mandat, Laurent Gbagbo déploie un trésor d’efforts pour retarder l’élection présidentielle, on mesure effectivement l’intensité de l’énergie qu’il utilise pour empêcher l’élection présidentielle, la vraie sortie de crise. On n’est donc pas loin d’une vraie forfaiture quand on tente de présenter ce bouquin comme un livre-programme. Gbagbo vient donc de nous servir un discours sur son programme. Maintenant, nous attendons son programme. Un vrai. Ce qu’il pense qu’il n’a pas fait en dix ans de pouvoir et qu’il va inventer pour les Ivoiriens. Surtout comment il va le faire. D’où il tirera ses financements et quelle sera sa méthode de gestion. Le peuple est impatient de savoir tout cela.
I. B. Kamagaté
I. B. Kamagaté