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Politique Publié le mercredi 30 décembre 2009 | Le Patriote

Identification et enrôlement électoral - Un parcours périlleux


Si l’année 2009 a enregistré un évènement sociopolitique majeur en Côte d’Ivoire, c’est bien la concrétisation de l’opération d’identification nationale doublée de celle du recensement électoral. Ce processus a pris fin le 30 juin 2009, avant de découler, le 25 octobre 2009, sur l’affichage de la liste électorale provisoire dans les 11000 centres répartis sur le territoire national. C’est un acquis majeur, en ce sens que cette opération est l’aboutissement d’un long parcours plein de péripéties. Débutéé le 15 septembre 2008, l’opération d’identification et d’enrôlement électorale était initialement prévue pour durer 45 jours. Mais au finish, elle a pris près d’une année. Ce, à cause des obstacles artificiels dressés ici et là par les partisans du chef de l’Etat Laurent Gbagbo. En effet, dès l’annonce du démarrage de l’opération, le FPI, parti au pouvoir, s’est braqué contre le mode opératoire pourtant adopté par les deux opérateurs techniques que sont l’Institut nationale de la statistique (INS) et la Sagem-Sécurité. Deux structures placées sous la supervision de la Commission électorale indépendante (CEI) et de la Primature. Comme exemple de blocage artificiel, notons-le fait que, contrairement au mode opératoire, le FPI a exigé que l’acte de naissance devant servir de pièce pour le recensement soit obligatoirement accompagné d’une photocopie. Pour quelle raison ? On ne le sait pas. Un détail banal qui, cependant, fera perdre plusieurs jours au processus. Aussi, chaque fois que la CEI décidait d’arrêter cette opération, pour expiration de délai, c’est encore le FPI qui exigeait la poursuite « jusqu’à l’enrôlement des derniers Ivoiriens de 16 et 18 ans ». Ainsi, le parti de Laurent Gbagbo a toujours voulu gagner du temps en retardant au maximum, le processus. A ces blocages artificiels, s’ajoutaient aussi les grèves que l’on enregistrait çà et là au niveau des agents recenseurs. Cependant, l’opération a bel et bien fini par se faire.

La réparation d’une injustice
à grande échelle

Il s’agissait là d’une grande étape qui a été franchie dans le cadre du règlement de la crise ivoirienne. Et par delà, dans le cadre de l’histoire de la Côte d’Ivoire. En effet, c’est au lendemain de la disparition du Président Félix Houphouet Boigny que la question de l’identité a commencé à devenir un problème en Côte d’Ivoire. Et cette situation va se transformer en une véritable gangrène avec le fameux concept de l’ivoirité. Un concept qui consistait à denier la nationalité ivoirienne à des pans entiers des populations, notamment du Nord, victimes expiatoires des délits de patronyme et de faciès. Dès lors, nombreux sont les observateurs qui affirmaient que ce slogan ouvrirait effectivement la boite de Pandore de la division et perdrait la Côte d’Ivoire. Malheureusement, l’on a continué, durant plusieurs années, à donner corps à ce concept. Et quand Laurent Gbagbo arrive au pouvoir en 2000, cette catégorisation entre Ivoiriens ne fera que s’accentuer. Là, des citoyens Ivoiriens vont même se voir arracher leur carte nationale d’identité par les forces de l’ordre actionnées par les tenants du régime en place. Et c’est d’ailleurs pourquoi la crise qui a éclaté en septembre 2002 a mis en exergue cette « tragédie » identitaire.
Aujourd’hui, il s’agissait de réparer cette injustice en faisant une identification claire et cohérente devant aboutir premièrement, à la délivrance de pièces administratives uniques attestant de l’identité et de la nationalité de tout ayant droit. Aussi pourra-t-on se doter d’une liste électorale crédible, qui permettra d’organiser des élections transparentes et équitables en février ou mars 2010.
Diawara Samou
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