De sa première tournée des théâtres et des festivals, de la Cigale au Palais des Congrès, Grand Corps Malade rapporte un bouquet de souvenirs et de nouvelles envies d’écrire. Que d’émotions pour le slameur porté par des marées humaines, attentives, silencieuses, amoureuses : « De mes envies à mon réel / De Saint-Denis à Montréal / 120 dates de concerts / Avec un public aux petits soins » (Du côté chance). 600 000 exemplaires de son premier album, Midi 20, se sont écoulés et l’artiste a reçu deux Victoires de la Musique en 2007 : Album Révélation de l’année et Artiste révélation scène de l’année. Il a fait découvrir le slam en France, cet art démocratique qui consiste à déclamer des vers a capella. Il était jusque-là le domaine réservé d'un cercle d'initiés. Fabien Marsaud, le poète du bitume, le Villon du 9-3, n’en attendait pas tant. Il ne boude pas son plaisir de voir sa poésie urbaine retourner d'où elle vient : de la rue. Justement.
Son deuxième album s'intitule Enfant de la Ville et il contient seize nouveaux titres réalisés par Feed Back (Patrick Ferbac) l’homme percussionniste qui l’accompagnait déjà sur scène. Il pourrait se résumer par ce slam, J’écris à l’oral, accompagné par une formation réduite à un piano et un accordéon. Grand Corps Malade revient sur sa découverte du slam un soir d’octobre 2003, au Theranga, un bar africain situé près de la place de Clichy. Le slam n’a pas changé sa vie, mais l’a considérablement embellie : « A la recherche de ces ambiances / Dans tout Paris je vais zoner / C’est décidé ma voie est libre / Et son timbre va raisonner ».
En guise de préambule et à grand renfort de cordes - avec l’immense Gérard Daguerre aux arrangements et à la direction d’orchestre-, Grand Corps Malade slame Mental. Le texte rappelle ça peut chémar, où l'auteur livre l'une de ses philosophies de vie, de celles qui font le sel de sa jeune existence : l’idée que tout est possible à condition d'être doté d' "un mental de résistant". « Je fais partie de ceux qui pensent qu’il n’y a pas de barrières infranchissables / Il faut y croire un peu y’a bien des fleurs qui poussent dans le sable ». Un peu plus loin, il scande Je viens de là, le pendant de Saint-Denis et de Vu de ma fenêtre. Il s'agit d'une ode à la banlieue, un hommage à ses habitants bigarrés et débonnaires que la presse caricature par facilité : « Je viens de là où on échange / Je viens de là où on se mélange / Moi c'est l'absence de bruit et d'odeur qui me dérange ».
Enfant de la ville est un disque à la fois personnel et concerné, un réjouissant mélange d'histoires vécues et de réflexions sur le monde. Il est personnel quand il attaque, en évitant soigneusement les lieux communs, le délicat sujet de l'amour. Après de longs Voyages en train, voilà notre homme arrivé à destination. La trompette, la flûte, le piano, la basse sont là pour évoquer la rencontre : « Moi, si un jour je suis un couple / Je voudrais être nous deux » (Comme une évidence). Il est personnel, aussi, quand vient le moment de jeter un oeil dans le Rétroviseur et d'y voir son adolescence défiler. Elle renaît avec sa bande originale à fond ; dans le walkman. "Authentik", le premier album d'NTM repasse en boucle jusqu'à l'usure : « Je ne sais pas si c'est normal, on peut trouver ça tragique / Mais putain j'ai pas trente ans et je suis déjà nostalgique ». NTM, un groupe mythique aux yeux de Grand Corps Malade pour qui le rap est la forme artistique la plus proche du slam. Rien d’étonnant, donc, de le voir se lier artistiquement à Oxmo Puccino et Kery James le temps d’un morceau hybride à trois plumes et trois voix : A la recherche.
Enfant de la Ville est concerné aussi, comme l'est parfois la chanson et souvent le rap. Grand Corps Malade entre dans la peau d'un maître d'école en proie au spleen. Au son d'une guitare rehaussée de percussions, il dit Le Blues de l'instituteur qui constate, impuissant et consterné, les ravages du terroriste, des extrémismes, de la famine... Aux misères du monde, Grand Corps Malade oppose les malheurs des proches au quotidien, les seuls sur lesquels on a un peu prise - J'ai pas les mots. Dans ce cas, quoi de plus efficace que d'écouter l'ami se confier, s'épancher, au son d'une seule guitare et de la voix, chaude et déjà familière du slameur. L'amitié est une constante dans le quotidien de Fabien autant que dans l'oeuvre de Grand Corps Malade. Il convoque un trio d'inséparables, guitare-basse-batterie pour raconter, avec John Pucc'Chocolat, leurs histoires de potes : « Avec eux j'ai moins de failles / Avec eux je me sens de taille » (Avec eux).
Enfant de la Ville passe par toutes les humeurs. Il est contemplatif quand vient La nuit . Un piano suffit alors, au moment de « passer du côté obscur de la terre ». Il est poétique et philosophique quand il s’agit d’égrainer les 4 saisons de l’existence. Là, c’est Alain Lanty qui a composé la musique de ce slam dont on se souviendra longtemps. Mélancolie de la nuit, cruauté de la vieillesse... Grand Corps Malade parle de tout, il s’amuse aussi énormément. Enfant de la Ville, le slam qui donne son titre à l’album, débute comme un hymne écologique, aux grands espaces, au silence, à la nature. C’est un leurre. L’artiste livre ici un hommage appuyé au bitume, à la ville, à la foule. « J’suis un enfant de la ville / j’suis un enfant du bruit / j’aime la foule quand ça grouille / j’aime les rires et les cris ». Il y a de la malice, chez Grand Corps Malade, il y a beaucoup d’humour aussi. On l’avait perçu sur Ma tête, mon cœur, mes couilles, du temps de Midi 20. Il renaît avec L’appartement qui est presque un sketch. Il invite au fou rire sur Underground, ce texte loufoque inspiré par le succès et ses aléas. Grand Corps Malade affirme ne pas avoir changé : « J’connais plein de monde / Mais mes vrais amis sont tous des gens de télé / Si tu peux rien m’apporter / Sois cool arrête de m’appeler ». Le message est passé ?
Son deuxième album s'intitule Enfant de la Ville et il contient seize nouveaux titres réalisés par Feed Back (Patrick Ferbac) l’homme percussionniste qui l’accompagnait déjà sur scène. Il pourrait se résumer par ce slam, J’écris à l’oral, accompagné par une formation réduite à un piano et un accordéon. Grand Corps Malade revient sur sa découverte du slam un soir d’octobre 2003, au Theranga, un bar africain situé près de la place de Clichy. Le slam n’a pas changé sa vie, mais l’a considérablement embellie : « A la recherche de ces ambiances / Dans tout Paris je vais zoner / C’est décidé ma voie est libre / Et son timbre va raisonner ».
En guise de préambule et à grand renfort de cordes - avec l’immense Gérard Daguerre aux arrangements et à la direction d’orchestre-, Grand Corps Malade slame Mental. Le texte rappelle ça peut chémar, où l'auteur livre l'une de ses philosophies de vie, de celles qui font le sel de sa jeune existence : l’idée que tout est possible à condition d'être doté d' "un mental de résistant". « Je fais partie de ceux qui pensent qu’il n’y a pas de barrières infranchissables / Il faut y croire un peu y’a bien des fleurs qui poussent dans le sable ». Un peu plus loin, il scande Je viens de là, le pendant de Saint-Denis et de Vu de ma fenêtre. Il s'agit d'une ode à la banlieue, un hommage à ses habitants bigarrés et débonnaires que la presse caricature par facilité : « Je viens de là où on échange / Je viens de là où on se mélange / Moi c'est l'absence de bruit et d'odeur qui me dérange ».
Enfant de la ville est un disque à la fois personnel et concerné, un réjouissant mélange d'histoires vécues et de réflexions sur le monde. Il est personnel quand il attaque, en évitant soigneusement les lieux communs, le délicat sujet de l'amour. Après de longs Voyages en train, voilà notre homme arrivé à destination. La trompette, la flûte, le piano, la basse sont là pour évoquer la rencontre : « Moi, si un jour je suis un couple / Je voudrais être nous deux » (Comme une évidence). Il est personnel, aussi, quand vient le moment de jeter un oeil dans le Rétroviseur et d'y voir son adolescence défiler. Elle renaît avec sa bande originale à fond ; dans le walkman. "Authentik", le premier album d'NTM repasse en boucle jusqu'à l'usure : « Je ne sais pas si c'est normal, on peut trouver ça tragique / Mais putain j'ai pas trente ans et je suis déjà nostalgique ». NTM, un groupe mythique aux yeux de Grand Corps Malade pour qui le rap est la forme artistique la plus proche du slam. Rien d’étonnant, donc, de le voir se lier artistiquement à Oxmo Puccino et Kery James le temps d’un morceau hybride à trois plumes et trois voix : A la recherche.
Enfant de la Ville est concerné aussi, comme l'est parfois la chanson et souvent le rap. Grand Corps Malade entre dans la peau d'un maître d'école en proie au spleen. Au son d'une guitare rehaussée de percussions, il dit Le Blues de l'instituteur qui constate, impuissant et consterné, les ravages du terroriste, des extrémismes, de la famine... Aux misères du monde, Grand Corps Malade oppose les malheurs des proches au quotidien, les seuls sur lesquels on a un peu prise - J'ai pas les mots. Dans ce cas, quoi de plus efficace que d'écouter l'ami se confier, s'épancher, au son d'une seule guitare et de la voix, chaude et déjà familière du slameur. L'amitié est une constante dans le quotidien de Fabien autant que dans l'oeuvre de Grand Corps Malade. Il convoque un trio d'inséparables, guitare-basse-batterie pour raconter, avec John Pucc'Chocolat, leurs histoires de potes : « Avec eux j'ai moins de failles / Avec eux je me sens de taille » (Avec eux).
Enfant de la Ville passe par toutes les humeurs. Il est contemplatif quand vient La nuit . Un piano suffit alors, au moment de « passer du côté obscur de la terre ». Il est poétique et philosophique quand il s’agit d’égrainer les 4 saisons de l’existence. Là, c’est Alain Lanty qui a composé la musique de ce slam dont on se souviendra longtemps. Mélancolie de la nuit, cruauté de la vieillesse... Grand Corps Malade parle de tout, il s’amuse aussi énormément. Enfant de la Ville, le slam qui donne son titre à l’album, débute comme un hymne écologique, aux grands espaces, au silence, à la nature. C’est un leurre. L’artiste livre ici un hommage appuyé au bitume, à la ville, à la foule. « J’suis un enfant de la ville / j’suis un enfant du bruit / j’aime la foule quand ça grouille / j’aime les rires et les cris ». Il y a de la malice, chez Grand Corps Malade, il y a beaucoup d’humour aussi. On l’avait perçu sur Ma tête, mon cœur, mes couilles, du temps de Midi 20. Il renaît avec L’appartement qui est presque un sketch. Il invite au fou rire sur Underground, ce texte loufoque inspiré par le succès et ses aléas. Grand Corps Malade affirme ne pas avoir changé : « J’connais plein de monde / Mais mes vrais amis sont tous des gens de télé / Si tu peux rien m’apporter / Sois cool arrête de m’appeler ». Le message est passé ?