x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Showbizz Publié le mercredi 30 décembre 2009 | RFI

Awilo, l’héritage Longomba

Depuis plusieurs semaines, il reçoit sur son téléphone mobile de nombreux appels qu’il commente sur un ton enjoué : "Au Zénith, je vais revoir mes vieux amis d’enfance de Kinshasa" confie avec le sourire Awilo, 47 ans. Ils seront dans la salle et lui sur scène, mais cette distance-là n’existe guère pour lui.

Contrairement à quelques-uns de ses illustres compatriotes, il se produit rarement en France. Encore plus à Paris, où pourtant il réside. Sa dernière prestation dans la capitale française remonte à 1996 ! Le batteur venait juste de quitter le fond de la scène pour démarrer une carrière sous son prénom. Son nom, lui, appartient déjà au patrimoine de la musique congolaise : Vicky Longomba, son père, a d’abord été le chanteur de l’OK Jazz de Franco avant de fonder le groupe Lovy du Zaïre. Longtemps, il a essayé de tenir ses enfants éloignés de la musique "parce qu’à l’époque, c’était considéré comme un boulot de voyou qui ne nourrit pas son homme".

Le message parental est répété avec tant d’insistance que le jeune Awilo essaie de s’en convaincre, même s’il se sent habité par la musique. Sa grand-mère maternelle, auprès de laquelle il grandit, le laisse taper sur des bouts de bois avec ses copains. Ils n’ont pas d’instruments mais, très vite, le garçon se fait remarquer et rejoint certains groupes mieux équipés pour animer les bals de quartier… au risque de voir sa mère arriver en catimini derrière lui, le saisir et le disputer en public, mettant fin au concert de manière impromptue ! "J’allais toujours à l’école mais j’avais pris goût à la vie nocturne et à ce genre d’ambiance", se souvient-il.

Pas encore chanteur

Lorsque les vedettes du pays comme Papa Wemba commencent à faire appel à lui, un pas supplémentaire est franchi. Vicky Longomba l’a compris, et attend que son fils revienne de sa première tournée euro-asiatique avec Viva la Musica pour se montrer plus conciliant et lui souhaiter bonne chance.

Cantonné dans son rôle de batteur par les formations qui l’emploient, Awilo a rarement l’occasion de prendre le micro pour chanter. En revanche, on le demande souvent en studio pour intervenir dans ce style si particulier aux ambianceurs congolais, capables de dynamiser le morceau avec quelques mots ou expressions bien choisis et placés au bon endroit. "Quand j’ai fait mon premier album, c’était ma force. Mon premier succès, c’était mes animations, pas vraiment mon chant", reconnaît-il.

Le titre Moyen Te, véritable hymne à danser paru sur Moto Pamba en 1995, obtient un accueil auquel il ne s’attend pas, à la fois par son ampleur et par sa localisation. En Zambie, les promoteurs d’un concert de Tshala Muana, une compatriote qu’il lui arrivait d’accompagner, n’ont pas hésité à mettre abusivement sa photo sur l’affiche pour faire croire qu’il serait présent, s’attirant après coup la fureur du public.

Engagé à cette période comme batteur sur la tournée du chanteur afro-zouk Olivier N’Goma, Awilo comprend qu’il se passe quelque chose. Au Mozambique d’abord, où on lui demande à plusieurs reprises s’il n’est pas chanteur. En Ouganda ensuite, où on lui conseille de porter cagoule, lunettes et de ne pas dévoiler son identité. Son patron, qu’on devine agacé, décide de lever le secret au moment de la présentation des musiciens. Effet immédiat. "Tu m’as mangé la vedette, je ne t’inviterai plus", dira-t-il à son musicien en quittant la scène.

Une semaine plus tard, c’est sous son nom qu’on lui propose de venir jouer en Zambie. Deux shows sont prévus. Il en donne neuf ! Les pays voisins suivent le mouvement : Kenya, Tanzanie, Ouganda, Malawi… La techno-soukouss que revendique le chanteur-batteur a trouvé son public. "Avec l’expérience que j’avais, je savais que ce genre de musique pouvait accrocher en premier dans cette région", analyse aujourd’hui Awilo.

Succès sur l`ensemble du continent

Porté par la chanson Coupé Bibamba, en duo avec Jocelyne Béroard, l’album du même nom qui sort en 1998 l’inscrit encore davantage dans le paysage musical africain francophone et anglophone, du Sénégal aux rives de Madagascar. On le voit même en Libye en 2001 pour la création de l’Union africaine. Cette année-là, il est récompensé une troisième fois aux Kora Awards grâce à l’album Kafou Kafou.

Celui qui a choisi de s’autoproclamer "le propriétaire de tous les dossiers", adoptant cette tradition très congolaise des surnoms alambiqués, s’est transformé en Super man ("en deux mots"), titre de son dernier CD. L’humour, à ses yeux, ne doit pas être absent dans la musique. "Tout ça, c’est le spectacle", avance-t-il.

Mais au-delà du personnage qui s’abrite derrière cette image, l’homme avoue un penchant pour "tout ce qui est mélancolique". Il se dit "très nostalgique", écoute plus volontiers les anciennes rumbas de son père et des artistes de sa génération que les nouveautés, d’où qu’elles viennent. Pourquoi ne pas exploiter cette dimension qu’on ne soupçonne guère ? Il y pense, avec ce projet de reprises acoustiques des chansons écrites par Vicky Longomba. Et de glisser, en baissant la voix, comme pour confier un secret : "C’est dans la marmite."
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Showbizz

Toutes les vidéos Showbizz à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ