x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le samedi 2 janvier 2010 | Notre Voie

Vœux de Nouvel an du président de la République - Laurent Gbagbo : “Les élections viendront mettre fin à la guerre des héritiers”

Fidèle à la tradition républicaine, le président Laurent Gbagbo s’est adressé à la Nation à l’occasion de la présentation des vœux de Nouvel an. Nous vous proposons intégralement le message du président de la République du 31 décembre 2009. Ivoiriennes, Ivoiriens, Mes chers compatriotes, Chers amis de la Côte d'Ivoire L'année 2009 s'achève ce soir. Dans quelques heures, nous serons en 2010. Comme le veut la tradition républicaine, j'ai l'agréable devoir, dans cette atmosphère de fête, de souhaiter à chacune et à chacun de vous, ainsi qu'à tous les amis de la Côte d'Ivoire, une bonne et heureuse année 2010.

Je forme, pour la Côte d'Ivoire notre pays, au seuil de la nouvelle année qui s'annonce, les vœux les plus sincères de paix et de prospérité.

Pour nous, pour la Côte d'Ivoire, 2010 n'est pas une année ordinaire. Elle sera l'année d'événements importants qui marqueront l'histoire et la vie de notre nation. D'abord, 2010 sera l'année des élections générales. Ces élections que nous préparons depuis la fin de la guerre sont importantes pour au moins deux raisons : Premièrement, elles sont attendues non seulement par les Ivoiriens, mais aussi par l'ensemble de nos partenaires.

Les Ivoiriens attendent ces élections pour mettre fin à la situation exceptionnelle, instaurée du fait de la guerre. Nous voulons retrouver le rythme normal des échéances électorales et assurer le fonctionnement démocratique et régulier des institutions. Nous voulons bâtir la paix sur la démocratie. C'est pourquoi nous devons réussir le pari de sortir de la crise par les élections. Nos partenaires attendent également ces élections. Ils les attendent pour intensifier leur coopération avec la Côte d'Ivoire. Cette attente nous honore. Elle témoigne de l'intérêt que la communauté internationale, dans toutes ses composantes, porte à notre pays. Je rappelle qu'aucun de nos partenaires traditionnels ne nous a abandonnés dans la crise, bien au contraire ; malgré la situation difficile du pays, nous avons élargi les bases de notre coopération. Les uns et les autres nous ont soutenus dans nos efforts pour maintenir les fondamentaux de notre économie et préserver l'équilibre de notre société. Ils sont prêts à nous accompagner dans la reconstruction, dans le développement des infrastructures, dans l'exploitation et le développement de nos ressources, dans la lutte contre la pauvreté. Deuxièmement, ces élections sont importantes parce qu'elles viendront mettre fin à la longue crise née de la guerre des héritiers qui a débuté en 1993, à la mort du Président Houphouët-Boigny. Cette crise, dont nous avons subi la forme la plus aiguë, avec la guerre de septembre 2002, a longtemps couvé avant d'éclater ouvertement il y a dix ans, avec le coup d'Etat de décembre 1999. C'est une crise de la succession. Les élections à venir nous feront sortir définitivement du schéma de la dévolution du pouvoir par héritage ou par la voie des coups d'Etat. Elles permettront de fonder, une fois pour toutes, la légitimité du pouvoir sur la base du suffrage universel, c'est-à-dire sur la démocratie. Elles permettront, en un mot, de sortir de l'esprit et de la culture du parti unique. Elles ouvriront la voie à une révision de notre Constitution. Réviser la constitution veut dire, pour moi, modifier l'article 35. Un article «confligène», dont l'exploitation a fragilisé l'unité de notre nation. Réviser la Constitution veut dire également élargir les bases du débat démocratique, en créant une deuxième chambre parlementaire, le sénat. Alors 2010 va consacrer notre entrée dans la démocratie, pour bâtir la paix et construire la prospérité. C'est mon vœu le plus cher. Tout est prêt pour que les élections se tiennent en 2010. Les étapes les plus délicates du processus électoral sont derrière nous. La liste électorale provisoire est affichée et nous sommes à la vérification des inscriptions sur cette liste. Cette étape, dite du contentieux, vise trois objectifs :

- D'abord permettre à toutes les personnes enrôlées de vérifier leur inscription sur la liste.

- Ensuite donner la possibilité aux Ivoiriens régulièrement enrôlées mais qui, pour une raison ou une autre, ne figurent pas sur la liste, d'obtenir la validation de leur inscription.

- Enfin cette opération a pour but d'extraire de la liste les personnes indûment inscrites.

Afin de faciliter ces opérations de vérification, j'ai pris les décisions qui s'imposaient pour mettre fin à la grève des greffiers. Je n'ai pas voulu que le processus électoral prenne du retard à cause de revendications corporatistes. J'ai décidé par ailleurs l'exonération, à titre exceptionnel, de tous frais, droits et taxes, des actes de justice de toutes natures, établis pour les besoins du contentieux de l'inscription sur la liste électorale.

Dans le même temps, j'ai pris les principaux décrets réglant les questions militaires de l'Accord Politique de Ouagadougou. Ces décrets ont été signés à Mankono, pendant que j'y étais en visite d'Etat. Ils favorisent le déploiement des forces de défense et de sécurité sur l'ensemble du territoire national, conformément aux engagements pris dans l'Accord Politique de Ouagadougou.

D'ores et déjà, les Brigades mixtes de gendarmerie, tout comme les Commissariats mixtes de police, sont déployés dans les localités couvertes par les dix tribunaux des zones Centre, Nord et Ouest. Ces localités sont : Bouaké, Katiola, Korhogo, Boundiali, Vavoua, Seguela, Danané, Man, Touba, Odienné, et Bouna.

Cette opération marque le début de la sécurisation totale du pays. Elle va se poursuivre pour couvrir tous les chefs-lieux de circonscription ; la mission de l'Etat étant d'assurer la sécurité de tous les citoyens dans les mêmes conditions, partout où ils se trouvent.

En plus de ce dispositif permanent, des compagnies mixtes de sécurisation des élections sont prévues. Elles seront déployées durant la période électorale.

Mes chers compatriotes, Nous n'attendons plus que les élections. Mais 2010 ne sera pas seulement l'année des élections. Ce sera aussi l'année du cinquantenaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire. C'est le deuxième événement qui fait de 2010 une année particulière. Notre pays va célébrer les cinquante ans de son indépendance. Cinquante ans dans la vie d'une nation c'est beaucoup. C'est pourquoi nous devons nous réjouir. J'ai nommé une commission nationale qui est à pied d'œuvre pour faire de cet événement, un grand moment de notre vie nationale. Mais cinquante ans, c'est bien peu pour juger de la solidité des institutions. C'est pourquoi nous devons rester soudés autour de la République. N'oublions jamais que le chemin de la démocratie est long. Les pays qui comptent aujourd'hui parmi les plus démocratiques et les plus stables au monde ont mis du temps pour mettre en place les institutions dont ils ont raison d'être fiers. Notre pays aura mis cinquante ans à chercher la voie de la démocratie. A cet égard, l'année 2009 qui s'achève ce soir est une année aussi importante que l'a été l'année 1959 pour la Côte d'Ivoire. Nous sommes, dans les deux cas, à la veille d'événements importants pour le pays. Souvenez-vous que la République a été proclamée au sein de la Communauté, le 4 décembre 1958. Mais c'est en 1959 que les institutions de cette nouvelle République ont été mises en place. La Constitution est adoptée, le 26 mars 1959. L'Assemblée législative est élue le 12 avril 1959, et le premier gouvernement, dirigé par le Premier ministre Houphouët-Boigny, est formé le 30 avril 1959. Mais, à cette République qui avait toutes les apparences d'un Etat moderne, notamment un gouvernement et un parlement, il manquait l'indépendance et l'essentiel de ce qui constitue les attributs de la souveraineté : la gestion de la monnaie, la défense et les affaires étrangères. Ce n'est qu'un an plus tard, le 07 août 1960, que l'indépendance est proclamée et la souveraineté du pays reconnue. Cette phase de transition d'un monde qui finit, l'ère coloniale, vers un monde nouveau, celui de la souveraineté, a été marquée par de profondes divisions au sein de la classe politique. L'année 1959 a été alors l'année d'importantes négociations politiques ponctuées par des mouvements de grèves.

Le pays était face à trois défis : consolider les nouvelles institutions, veiller à la paix, et réussir la transition vers l'indépendance. C'est durant cette période que les dirigeants ont prit l'option du parti unique. C'est ce régime politique qui prend fin aujourd'hui, plaçant la Côte d'Ivoire au seuil d'une nouvelle ère. Hier, le pays négociait le passage de la colonisation à l'indépendance. Aujourd'hui, il passe de la culture du parti unique à celle de la démocratie. Depuis la signature de l'Accord Politique de Ouagadougou, les institutions du pays fonctionnent. Nous avançons résolument vers la paix. Mais les élections qui constituent l'événement essentiel, devant consacrer la fin de la crise, n'ont pas encore eu lieu.

Ce contexte, comme hier à l'approche de l'indépendance, explique la fébrilité qui gagne toute la classe politique, et la société avec toutes les grèves que nous observons.

Je voudrais appeler ce soir les Ivoiriens à la sérénité. La Côte d'Ivoire a déjà passé le cap le plus difficile. Et, contrairement à 1959, où beaucoup ignoraient que l'indépendance était imminente, nous savons aujourd'hui précisément où nous allons. Nous savons, de façon certaine, que dans deux mois, nous aurons les élections.

Nous devons être sereins. Nous devons appuyer et aider la Commission électorale indépendante (CEI) et tous les organismes publics et privés qui concourent à la préparation des élections. Mes chers compatriotes, Chers amis de la Côte d'Ivoire, Le monde change. En 2010, pour la première fois, le continent africain accueille la coupe du monde de football sur son sol en Afrique du Sud. Notre équipe nationale de football sera présente, pour la deuxième fois consécutive, à ce grand rendez-vous de la jeunesse mondiale. Nous en sommes fiers. Et, en votre nom à tous, je souhaite à nos jeunes une bonne campagne. En août dernier, l'équipe nationale de basket-ball, classée deuxième au championnat d'Afrique à Tripoli, est qualifiée pour la coupe du monde de basket-ball qui aura lieu en août 2010 en Turquie. Les joueurs et les encadreurs ont été distingués dans l'ordre du mérite ivoirien le 23 décembre.

Toujours dans le domaine du sport, en 2009, pour la première fois, un pays africain, le Ghana a remporté la coupe du monde de football des moins de 20 ans. Et cela sur le sol africain, en Egypte. C'est avec fierté qu'en votre nom j'ai décoré les joueurs de cette équipe qui ont fait honneur à tout le continent africain.

Le monde change. En cette même année 2009, les Nations unies viennent d'organiser à Copenhague, un sommet mondial sur le climat. Au-delà des résultats de cette rencontre, la première chose à retenir, c'est que les dirigeants du monde se sont retrouvés non pas pour partager un continent, comme à la conférence de Berlin en 1885, ou pour partager le monde, comme à Yalta en 1945. Aujourd'hui les grandes puissances, les pays émergents et les pays en développement se retrouvent pour constater que le monde est un et que toute nuisance faite au monde est une nuisance collective. «À notre époque en particulier, disait le pape Benoît XVI dans sa Lettre Encyclique publiée le 7 juillet 2009, la nature est tellement intégrée dans les dynamiques sociales et culturelles qu'elle ne constitue presque plus une donnée indépendante… La façon dont l'homme traite l'environnement influence les modalités avec lesquelles il se traite lui-même et réciproquement».

Ce constat du Pape doit nous amener à cultiver le sens de la solidarité universelle car, comme il le dit, « avoir en commun des devoirs réciproques mobilise beaucoup plus que la seule revendication des droits. » Mais la conscience écologique n'est pas le seul signe des changements observés dans le monde. Nous notons également l'importance grandissante des organisations régionales et sous- régionales dans le règlement des conflits. Nous sommes à la fois acteurs, témoins et bénéficiaires de cette nouvelle orientation des relations internationales, dont l'Accord Politique de Ouagadougou reste un symbole.

J'ai foi en la Côte d'Ivoire, j'ai foi en la capacité des Ivoiriens à surmonter leurs divergences pour se retrouver autour de la Côte d'Ivoire. Ce pays a résisté en 2002, en 2003, en 2004 et en 2006. La tempête est désormais derrière nous. Depuis 2002, le pays montre qu'il est capable de résister pour défendre l'essentiel. Ce n'est pas le moment de nous décourager. Retenons que pour beaucoup moins que ce qui s'est passé en Côte d'Ivoire, certains pays ont mis des décennies pour s'en remettre. D'autres ne s'en sont jamais remis. Nous avons gardé intacts nos atouts principaux pour mettre notre pays pleinement sur la voie de la modernisation, de la paix, de la démocratie et de la prospérité.

Gardons confiance en nous-mêmes, en notre pays. C'est nous et nous seuls qui pouvons le faire avancer. Soyons sereins. Préparons- nous à célébrer dans la paix, le cinquantenaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire. Bonne et heureuse année à toutes et à tous !

Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire !
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ