Le cœur est à la fête. Et les milliers de jeunes Ivoiriens y sont allés à cœur joie. Pour la célébration du passage à la nouvelle année 2010, les Ivoiriens qui ont envahi les rues et les espaces sonorisés d’Abidjan, sont entrés dans la nouvelle année aux pas et sur les sonorités du Zouglou et du Coupé- Décalé. Contrairement à il y a peu, en pareille occasion, les genres musicaux tels que la Rumba, le mayébo (RD Congo) ; le Makossa, le Bikutsi (Cameroun) et bien d’autres rythmes polarisaient l’attention des mélomanes. Mais, cette année, les deux styles musicaux devenus ceux identifiant la Côte d’Ivoire ont agréablement cadencé les périodes de fin d’année.
Le soir du 31 décembre 2009 dernier, c’est précisément à 22H 45 que notre équipe de reportage arrive à "la Rue des bars". Située dans le sous- quartier "Plaque I" de la commune d’Abobo, cette artère qui a vu pousser une multitude de réceptifs sonorisés de vente d’alcool et de restauration est en passe de rivaliser la célèbre "Rue Princesse" de Yopougon. Les maquis géants, les bars climatisés, la déambulation de la foule, bref, tout le dispositif des soirées chaudes donne à tout noctambule qui s’y aventure de se croire à "la Rue princesse". C’est surtout la diffusion, à outrance, des airs de musiques typiquement ivoiriennes que sont le Zouglou et le Coupé décalé qui renforce les similitudes des deux espaces. Tout au long du périple de deux heures, sur "la Rue des bars" nous avons effectivement constaté que le Zouglou et le Coupé Décalé restent indéboulonnables sur les platines des Disc Jockey (DJ). De l’avis de ces maîtres des platines et de certains clients interrogés, les Garagistes occupent le Hit parade de diffusion avec leur nouvel opus " Fauteuil présidentiel". Nos sources nous rassurent que le titre le plus prisé, par les mélomanes, reste "Azatouyé" (Enlevez le tronc d’arbre sur la route". Selon les explications, les jeunes ivoiriens se sont entichés de ce morceau pour la simple raison qu’il relate un pan de leur état d’esprit et de leur vie quotidienne. Croupissant sous le poids du chômage endémique, les jeunes ivoiriens trouvent dans ce morceau une véritable catharsis, en ce sens qu’il exhorte la classe politique ivoirienne à lever tous les obstacles qui freinent l’aboutissement du processus de sortie de crise, de réconciliation et de normalisation de la Côte d’Ivoire. Ce, pour que chacun d’eux puisse avoir au moins un emploi pour se réaliser. Nous avons vu des jeunes reprendre, en chœur, le refrain du morceau dans lequel Salif, l’un du quatuor des "mécaniciens du Zouglou" crie avec une hargne : « Oh ! Enlevez ce barrage sur la route… ! »
Les Garagistes au hit parade.
Au delà des Garagistes, le duo Yodé et Siro qui caracolent à la tête du classement de l’audimat, depuis 2008, arrivent fin 2009, en seconde position. Leur morceau "Pourquoi tu m’en veux" est le plus prisé de leur répertoire. Composé sur des notes langoureuses et des mots savamment choisis comme ils en ont le secret, le morceau est aussi repris en chœur, tant à l’intérieur que sur l’estrade du Maquis "le Présidium". A voix basse comme à tue tête, chacun y va selon ses sensations, sûrement en faisant le lien entre sa vie personnelle et ce dont parle l’artiste dans le chant : " Tu sais que la vie est dure, Dieu nous met à l’épreuve…La vie est un tourbillon qui tourne, qui tourne. Le bonheur n’est pas loin, il est chez ton voisin, demain ton tour va venir… » « Aujourd’hui, quand on vient dans un maquis, ce n’est plus pour écouter de la musique de tapage. Comme vous le constatez, le ton est doux et dansant, mais, c’est surtout une musique de conscientisation qui nous permet de penser un peu à nos problèmes, comme tout bon morceau Zouglou. Yodé et Siro ; les Garagistes, dans leurs derniers albums, nous donnent ce plaisir- là », rapporte Djékalé Jean Innocent, debout, comme plusieurs personnes, une cannette de bière importée en main, dansant avec douceur, derrière une tablette qui tient à peine sous le poids des bouteilles et cannettes d’alcool.
Apparu sur la scène ivoirienne à l’aune de la crise militaro- politique, éclatée le 19 septembre 2002, le Coupé Décalé qui a fini par se muer en un rythme musical dans lequel excellent les Disc Jokey (DJ), ce mouvement est aujourd’hui, avec le Zouglou, ceux là même qui forcent l’identité musicale de la Côte d’Ivoire sur le continent et dans le monde. Et à l’occasion du réveillon dernier, ce sont les chansons de DJ Arafat, Debordeau, DJ Mix et autres qui sont distillées pour rompre souvent avec avec le tempo langoureux. Et DJ Taguy Denone, le maître animateur du Maquis géant "l’Espace 2002" d’expliquer la domination de ces deux genres musicaux sur les autres : « le Zouglou et le Coupé Décalé sont aujourd’hui les musiques que la Côte d’Ivoire exporte. Magic System fait aujourd’hui le tour du monde avec le Zouglou ! L’avènement de Douk Saga, le créateur du Coupé Décalé, a imposé ce genre musical dans la sous région et en Afrique. Voyez comment les gens ne tiennent plus sur leurs sièges lorsqu’on joue soit le Zouglou soit le Coupé Décalé »
Le jeune ivoirien
devenu roi de la sape
Après Abobo, nous mettons le cap sur Yopougon. Le décor reste le même. La musique ivoirienne prend le dessus. Seulement les pas de danse accompagnant la chorégraphie est plus que admirable. Les jeunes ivoiriens reconnus pour leur ingéniosité dans la création chorégraphique apportent toujours de nouveaux pas danse au fil des concepts. En une seule année, plusieurs concepts musicaux et chorégraphiques sont créés pour le bonheur du public qui ne boude pas son plaisir. Le public du maquis grandeur nature, "le New Morning", à la Rue Princesse" s’extasiait, à notre arrivée, devant les glissades, les jeux de reins et l’agilité de corps de Salto Mona, Mister Junior et bien d’autres danseurs professionnels qui avaient monté une chorégraphie sur le morceau phare du dernier opus de DJ Arafat. Des pas de Kpangoh, Sanguêbê, tout y passe. Dans presque tous les maquis géants de la Rue princesse, la fête était aux mêmes sonorités et aux mêmes pas de danse. Pareil pour l’espace "Mille maquis" à Marcory où une coupure d’électricité de début de soirée a failli gâcher "le 31" des fêtards.
L’autre aspect qui attire l’attention de tout noctambule à Abidjan, ces derniers temps et surtout à l’occasion du dernier Réveillon de Saint Sylvestre, c’est l’accoutrement, très osé, des filles qui, pour la plupart font, à peine, leurs premiers pas dans la classe d’âge de la puberté. C’est le corps presque nu qu’elles déambulent dans les rues et dans les maquis. Quand aux jeunes garçons, s’ils ne s’endimanchent pas comme leurs aînés des années 80, qui portaient des vestes, des smoking ou des complet "trois pièces", ils faut noter la touche novateurs qu’ils apportent à leurs tenues vestimentaires. Des pantalons en tissu "jean", Sky, Soi, suffisamment étriqués et des chemises près du corps dessinant toute l’armature de leur corps les rendent élégants.
Jean- Antoine Doudou
Le soir du 31 décembre 2009 dernier, c’est précisément à 22H 45 que notre équipe de reportage arrive à "la Rue des bars". Située dans le sous- quartier "Plaque I" de la commune d’Abobo, cette artère qui a vu pousser une multitude de réceptifs sonorisés de vente d’alcool et de restauration est en passe de rivaliser la célèbre "Rue Princesse" de Yopougon. Les maquis géants, les bars climatisés, la déambulation de la foule, bref, tout le dispositif des soirées chaudes donne à tout noctambule qui s’y aventure de se croire à "la Rue princesse". C’est surtout la diffusion, à outrance, des airs de musiques typiquement ivoiriennes que sont le Zouglou et le Coupé décalé qui renforce les similitudes des deux espaces. Tout au long du périple de deux heures, sur "la Rue des bars" nous avons effectivement constaté que le Zouglou et le Coupé Décalé restent indéboulonnables sur les platines des Disc Jockey (DJ). De l’avis de ces maîtres des platines et de certains clients interrogés, les Garagistes occupent le Hit parade de diffusion avec leur nouvel opus " Fauteuil présidentiel". Nos sources nous rassurent que le titre le plus prisé, par les mélomanes, reste "Azatouyé" (Enlevez le tronc d’arbre sur la route". Selon les explications, les jeunes ivoiriens se sont entichés de ce morceau pour la simple raison qu’il relate un pan de leur état d’esprit et de leur vie quotidienne. Croupissant sous le poids du chômage endémique, les jeunes ivoiriens trouvent dans ce morceau une véritable catharsis, en ce sens qu’il exhorte la classe politique ivoirienne à lever tous les obstacles qui freinent l’aboutissement du processus de sortie de crise, de réconciliation et de normalisation de la Côte d’Ivoire. Ce, pour que chacun d’eux puisse avoir au moins un emploi pour se réaliser. Nous avons vu des jeunes reprendre, en chœur, le refrain du morceau dans lequel Salif, l’un du quatuor des "mécaniciens du Zouglou" crie avec une hargne : « Oh ! Enlevez ce barrage sur la route… ! »
Les Garagistes au hit parade.
Au delà des Garagistes, le duo Yodé et Siro qui caracolent à la tête du classement de l’audimat, depuis 2008, arrivent fin 2009, en seconde position. Leur morceau "Pourquoi tu m’en veux" est le plus prisé de leur répertoire. Composé sur des notes langoureuses et des mots savamment choisis comme ils en ont le secret, le morceau est aussi repris en chœur, tant à l’intérieur que sur l’estrade du Maquis "le Présidium". A voix basse comme à tue tête, chacun y va selon ses sensations, sûrement en faisant le lien entre sa vie personnelle et ce dont parle l’artiste dans le chant : " Tu sais que la vie est dure, Dieu nous met à l’épreuve…La vie est un tourbillon qui tourne, qui tourne. Le bonheur n’est pas loin, il est chez ton voisin, demain ton tour va venir… » « Aujourd’hui, quand on vient dans un maquis, ce n’est plus pour écouter de la musique de tapage. Comme vous le constatez, le ton est doux et dansant, mais, c’est surtout une musique de conscientisation qui nous permet de penser un peu à nos problèmes, comme tout bon morceau Zouglou. Yodé et Siro ; les Garagistes, dans leurs derniers albums, nous donnent ce plaisir- là », rapporte Djékalé Jean Innocent, debout, comme plusieurs personnes, une cannette de bière importée en main, dansant avec douceur, derrière une tablette qui tient à peine sous le poids des bouteilles et cannettes d’alcool.
Apparu sur la scène ivoirienne à l’aune de la crise militaro- politique, éclatée le 19 septembre 2002, le Coupé Décalé qui a fini par se muer en un rythme musical dans lequel excellent les Disc Jokey (DJ), ce mouvement est aujourd’hui, avec le Zouglou, ceux là même qui forcent l’identité musicale de la Côte d’Ivoire sur le continent et dans le monde. Et à l’occasion du réveillon dernier, ce sont les chansons de DJ Arafat, Debordeau, DJ Mix et autres qui sont distillées pour rompre souvent avec avec le tempo langoureux. Et DJ Taguy Denone, le maître animateur du Maquis géant "l’Espace 2002" d’expliquer la domination de ces deux genres musicaux sur les autres : « le Zouglou et le Coupé Décalé sont aujourd’hui les musiques que la Côte d’Ivoire exporte. Magic System fait aujourd’hui le tour du monde avec le Zouglou ! L’avènement de Douk Saga, le créateur du Coupé Décalé, a imposé ce genre musical dans la sous région et en Afrique. Voyez comment les gens ne tiennent plus sur leurs sièges lorsqu’on joue soit le Zouglou soit le Coupé Décalé »
Le jeune ivoirien
devenu roi de la sape
Après Abobo, nous mettons le cap sur Yopougon. Le décor reste le même. La musique ivoirienne prend le dessus. Seulement les pas de danse accompagnant la chorégraphie est plus que admirable. Les jeunes ivoiriens reconnus pour leur ingéniosité dans la création chorégraphique apportent toujours de nouveaux pas danse au fil des concepts. En une seule année, plusieurs concepts musicaux et chorégraphiques sont créés pour le bonheur du public qui ne boude pas son plaisir. Le public du maquis grandeur nature, "le New Morning", à la Rue Princesse" s’extasiait, à notre arrivée, devant les glissades, les jeux de reins et l’agilité de corps de Salto Mona, Mister Junior et bien d’autres danseurs professionnels qui avaient monté une chorégraphie sur le morceau phare du dernier opus de DJ Arafat. Des pas de Kpangoh, Sanguêbê, tout y passe. Dans presque tous les maquis géants de la Rue princesse, la fête était aux mêmes sonorités et aux mêmes pas de danse. Pareil pour l’espace "Mille maquis" à Marcory où une coupure d’électricité de début de soirée a failli gâcher "le 31" des fêtards.
L’autre aspect qui attire l’attention de tout noctambule à Abidjan, ces derniers temps et surtout à l’occasion du dernier Réveillon de Saint Sylvestre, c’est l’accoutrement, très osé, des filles qui, pour la plupart font, à peine, leurs premiers pas dans la classe d’âge de la puberté. C’est le corps presque nu qu’elles déambulent dans les rues et dans les maquis. Quand aux jeunes garçons, s’ils ne s’endimanchent pas comme leurs aînés des années 80, qui portaient des vestes, des smoking ou des complet "trois pièces", ils faut noter la touche novateurs qu’ils apportent à leurs tenues vestimentaires. Des pantalons en tissu "jean", Sky, Soi, suffisamment étriqués et des chemises près du corps dessinant toute l’armature de leur corps les rendent élégants.
Jean- Antoine Doudou