Qu’est-ce qui explique la prolifération des banques dans un pays en crise?
C’est certainement l’attrait de l’économie ivoirienne, qui a non seulement pu résister à la crise que le pays traverse, mais aussi et surtout pourrait connaître une véritable éclosion au sortir de cette crise. Cependant, il convient de faire la différence entre l’augmentation du nombre de banques en Côte d’Ivoire et la prolifération des agences bancaires. L’extension du réseau bancaire, c’est-à-dire la croissance des agences bancaires, répond à des orientations stratégiques définies par chaque banque. C’est bien qu’on ait une croissance du réseau. Mais, il faut aller plus loin et se demander si cette croissance pourra résoudre le problème de sous-bancarisation et les attentes de la clientèle, à savoir le problème de financement. Je me demande également si un pays comme la Côte d’Ivoire a besoin de tant de banques. Cela mérite réflexion.
Quel est votre avis sur ce sujet?
Pour moi, un pays comme la Côte d’Ivoire qui a un véritable vivier industriel n’a pas besoin de tant de banques. Il a plutôt besoin d’un réseau bancaire bien organisé. L’Etat, compte tenu de son poids et de ses démembrements dans l’économie ivoirienne, doit avoir un contrôle et une maîtrise de ce réseau. C’est primordial et extrêmement important pour moi.
Cela est-il possible dans un pays en crise?
C’est la preuve que les gens méconnaissent totalement le poids de l’Etat. La crise ne signifie pas qu’on ne va pas se relever ou qu’on est totalement absent. Tous les pays développés ont connu des crises. A preuve, la crise financière mondiale n’est pas née en Afrique. Elle n’a pas touché les banques africaines. Dans sa grande proportion, elle n’a touché que les banques des pays développés. D’une crise financière, elle s’est transformée en crise économique et sociale. Certes, la Côte d’Ivoire a connu une crise politique qui a touché l’économie et le social. Mais, les fondamentaux de l’économie ivoirienne sont restés intacts. C’est à partir de ces fondamentaux qu’il faut bâtir la Côte d’Ivoire, relancer son économie et concevoir un modèle approprié d’économie de développement.
Les banques présentes en Côte d’Ivoire contribuent-elles à cette relance?
Pour moi, elles ne sont pas allées au bout. Elles ont joué leur partition. Mais, elles doivent faire mieux. Pour faire mieux, il faut que l’Etat s’invite à la lutte contre la pauvreté.
Comment?
La banque est un métier d’intermédiation financière. Selon cette définition, il y a un intermédiaire qui recueille de l’argent et le transforme au profit d’un tiers. Cette illustration montre qu’on ne peut concevoir une banque sans ressources. L’Etat, dans notre économie, est un grand pourvoyeur de ressources. Il lui appartient de veiller à la distribution adéquate des ressources qu’il détient pour lutter contre la pauvreté.
Ce n’est pas le cas?
Ce n’est pas le cas. On constate aujourd’hui que l’initiative privée n’est pas financée. On parle du développement du secteur informel et du financement des Pme/Pmi. C’est à ce niveau que se trouve le combat de l’Etat. Le constat est simple. Il ne peut plus continuer à augmenter sa masse salariale. Dans une grande interview, le chef de l’Etat avait annoncé que la quasi moitié de nos ressources internes générées est allouée à la masse salariale de la fonction publique. C’est énorme. Un pays ne peut pas se développer de la sorte. On ne peut plus continuer à accroître cette masse salariale. Il faut que l’Etat crée les conditions de financement de l’initiative privée. Il faut qu’il motive ceux qui ont une expertise, une vision et des idées ingénieuses à créer des emplois. Ainsi, les personnes qui seront employées dans le secteur privé ne seront plus à la solde de l’Etat. C’est donc en créant des emplois qu’on peut aider l’Etat à baisser la masse salariale. C’est à cette condition que le pays pourra se construire et l’Etat pourra se consacrer résolument à d’autres secteurs aussi importants tels que la santé, l’éducation et les infrastructures économiques. C’est cela le rôle de l’Etat.
Le dernier rapport du «Doing Business» indique que l’accès au crédit est difficile en Côte d’Ivoire. C’est un frein à la création d’entreprise. Ne pensez-vous pas que les banques ont elles aussi un rôle important à jouer?
L’accès au crédit est difficile parce qu’on n’a pas encore trouvé des programmes de financement adéquats. Ce sont là les vrais enjeux. Le monde entier est confronté à un problème. Nombre de pays copient les modèles de financement des autres pays. Il faut plutôt des modèles de financement adaptés aux réalités ivoiriennes. Les ressources financières existent. Mais, il faut que l’Etat crée une saine émulation sur le marché bancaire et monétaire. Il faut que l’Etat incite à la compétition mais pas de manière arbitraire. Il faut faire progresser les choses vers le haut et non les tirer vers le bas. Il faut inciter les autres banques à participer au financement de l’économie ivoirienne et de l’initiative privée. Cela peut se faire. Nous disposons des moyens nécessaires, des canaux et des techniques adéquates pour y parvenir.
Quelles sont ces techniques?
Il s’agit des techniques de financement adaptées à nos attentes. Il faut prendre en compte les Pme/Pmi. En Côte d’Ivoire, le secteur informel a ses réalités. Les gens ont du savoir-faire dans ce secteur. C’est ce savoir-faire qu’il faut financer. Quand on parle de secteur informel, on fait allusion à la microfinance. Il faut pousser les réflexions et faire des études beaucoup plus approfondies à ce sujet. C’est un secteur qui est vaste. Je vous informe que c’est un secteur beaucoup plus important sur le plan économique et financier que le secteur formel. Il faut l’organiser, mobiliser les ressources pour les basculer vers un secteur formel et lutter ainsi contre la pauvreté et la relance de l’économie.
Le fait que la bancarisation ne fait pas partie de nos habitudes n’a-t-il pas contribué au développement de ce secteur ?
Non, il ne faut pas voir cela comme une fatalité. Si la bancarisation est un moyen de faciliter la vie des gens dans le commerce, il faut se demander pourquoi nous sommes encore à un taux de 6 à 8 % et songer à le faire progresser. On peut y arriver. La France avait un faible taux de bancarisation. Ce taux s’est accru aujourd’hui à plus de 97% parce que l’Etat a pris des mesures adéquates. C’est à travers des banques et des structures financières d’Etat qu’on a pu atteindre ce taux. En Côte d’Ivoire, il faut que chacun ait un compte en banque pour faciliter les opérations financières.
Mais, ce rôle ne revient pas uniquement à l’Etat…
Il ne revient pas uniquement à l’Etat. Mais, il a un grand rôle à jouer dans l’accroissement du taux de bancarisation. Dans les pays développés, c’est l’Etat qui a aidé à la bancarisation. L’Etat doit songer à la subvention et à la mise en place des stratégies pour amener la population à ouvrir des comptes bancaires. Ce sont les frais payés et les conditions exigées qui freinent certaines personnes à ouvrir un compte. L’Etat doit s’impliquer dans le financement. On a connu ces modèles d’accompagnement dans la filière café-cacao. On peut s’en servir. On n’a pas eu les résultats escomptés mais l’idée est bonne. Il faut l’appliquer au secteur bancaire. Certes la population va tirer profit de l’accroissement de la bancarisation. Mais, in fine, c’est l’Etat qui va le plus en profiter.
Comment?
L’Etat va avoir une meilleure lecture de ses agrégats macro-économiques. Il aura une meilleure lecture de ses flux financiers au niveau de l’économie nationale. Cela est extrêmement important. L’Etat ne maîtrise pas toutes ses opportunités de recettes. En dehors de la douane et des impôts, ne pensez-vous pas qu’il y a d’autres moyens pour accroître ces recettes ?
Des efforts sont faits par les hommes politiques pour organiser des élections en 2010.
Selon vous, que réserve la Côte d’Ivoire au monde des affaires à la sortie de crise?
La Côte d’Ivoire a un rôle extrêmement important à jouer. Pourquoi tous les regards sont rivés sur elle ? Elle pèse pour près de 40% au sein de l’Uemoa. Quand elle tousse, tous les pays enclavés toussent. Pour moi, c’est une bonne opportunité pour le pays de se refaire, de se reconstruire. Tous les pays qualifiés de développés, ont connu des crises. Mais, il ne faut pas s’arrêter là. La Côte d’Ivoire a des potentialités. La sortie de crise va lui permettre de renforcer les fondamentaux de son économie. Il faut qu’elle aille à la modernité et la modernisation, en assainissant son administration. La prospérité et l’efficacité du secteur public entraîneront inévitablement celles du secteur privé. Ce secteur pourra jouer pleinement son rôle si l’administration est assainie. Les deux sont liés. Il faut, de manière concertée, choisir un système de développement pour le pays. Je pense qu’il faut voir la Côte d’Ivoire gagnante à travers tous les systèmes qui seront mis en place.
Ce secteur auquel vous faîtes allusion souffre énormément du non paiement des arriérés que lui doit l’Etat…
Le secteur privé souffre parce que le pays va de dysfonctionnements en dysfonctionnements depuis plusieurs années. Comment peut-il se développer à cette allure? Je pense qu’il faut régler tous ces dysfonctionnements pour qu’on ait un développement harmonieux.
L’allègement de la dette extérieure dans le cadre de l’initiative Ppte a-t-il eu un impact sur les activités bancaires?
Les banques ont fonctionné en dehors de l’initiative Ppte. Lorsque la Côte d’Ivoire va atteindre le point d’achèvement, l’Etat ne va plus s’inviter au marché des capitaux, avec des émissions des obligations des bons du Trésor. Toute cette masse d’argent va permettre aux banques de se tourner vers d’autres sources de financement. Cela devra avoir un impact positif sur les activités bancaires.
Quelle est la position de Versus Bank dans le secteur bancaire ivoirien?
Versus Bank était au départ une banque privée. Le chef de l’Etat a décidé de la nationaliser parce qu’elle était sous administration provisoire. Je pense que c’est une grande vision. Les banques d’Etat n’existent pas seulement qu’en Côte d’Ivoire. La majorité des banques en Algérie appartiennent à l’Etat. Au Venezuela, Hugo Chavez en a fait de même, en nationalisant récemment certaines banques. Partout on voit la maîtrise du secteur bancaire par l’Etat. C’est important pour un pays comme la Côte d’Ivoire. Mais, cette maîtrise et ce contrôle par l’Etat du secteur bancaire doivent servir à la mise en place des règles financières et au respect des systèmes de gestion selon les standards internationaux.
Quels sont ces standards ?
Il s’agit de la bonne gouvernance, de la bonne gestion des ressources, pour permettre à ces banques de financer les Pme/Pmi ainsi que l’initiative privée. C’est à cette condition qu’elles pourront lutter contre la pauvreté.
Que fait Versus Bank dans ce sens ?
Elle joue un rôle important. Sa politique de financement fait la part belle aux Pme/Pmi et à l’initiative privée. Ainsi, plus de la moitié des financements accordés par Versus Bank est allouée aux Pme/Pmi.
Réalisée par N. Ba
C’est certainement l’attrait de l’économie ivoirienne, qui a non seulement pu résister à la crise que le pays traverse, mais aussi et surtout pourrait connaître une véritable éclosion au sortir de cette crise. Cependant, il convient de faire la différence entre l’augmentation du nombre de banques en Côte d’Ivoire et la prolifération des agences bancaires. L’extension du réseau bancaire, c’est-à-dire la croissance des agences bancaires, répond à des orientations stratégiques définies par chaque banque. C’est bien qu’on ait une croissance du réseau. Mais, il faut aller plus loin et se demander si cette croissance pourra résoudre le problème de sous-bancarisation et les attentes de la clientèle, à savoir le problème de financement. Je me demande également si un pays comme la Côte d’Ivoire a besoin de tant de banques. Cela mérite réflexion.
Quel est votre avis sur ce sujet?
Pour moi, un pays comme la Côte d’Ivoire qui a un véritable vivier industriel n’a pas besoin de tant de banques. Il a plutôt besoin d’un réseau bancaire bien organisé. L’Etat, compte tenu de son poids et de ses démembrements dans l’économie ivoirienne, doit avoir un contrôle et une maîtrise de ce réseau. C’est primordial et extrêmement important pour moi.
Cela est-il possible dans un pays en crise?
C’est la preuve que les gens méconnaissent totalement le poids de l’Etat. La crise ne signifie pas qu’on ne va pas se relever ou qu’on est totalement absent. Tous les pays développés ont connu des crises. A preuve, la crise financière mondiale n’est pas née en Afrique. Elle n’a pas touché les banques africaines. Dans sa grande proportion, elle n’a touché que les banques des pays développés. D’une crise financière, elle s’est transformée en crise économique et sociale. Certes, la Côte d’Ivoire a connu une crise politique qui a touché l’économie et le social. Mais, les fondamentaux de l’économie ivoirienne sont restés intacts. C’est à partir de ces fondamentaux qu’il faut bâtir la Côte d’Ivoire, relancer son économie et concevoir un modèle approprié d’économie de développement.
Les banques présentes en Côte d’Ivoire contribuent-elles à cette relance?
Pour moi, elles ne sont pas allées au bout. Elles ont joué leur partition. Mais, elles doivent faire mieux. Pour faire mieux, il faut que l’Etat s’invite à la lutte contre la pauvreté.
Comment?
La banque est un métier d’intermédiation financière. Selon cette définition, il y a un intermédiaire qui recueille de l’argent et le transforme au profit d’un tiers. Cette illustration montre qu’on ne peut concevoir une banque sans ressources. L’Etat, dans notre économie, est un grand pourvoyeur de ressources. Il lui appartient de veiller à la distribution adéquate des ressources qu’il détient pour lutter contre la pauvreté.
Ce n’est pas le cas?
Ce n’est pas le cas. On constate aujourd’hui que l’initiative privée n’est pas financée. On parle du développement du secteur informel et du financement des Pme/Pmi. C’est à ce niveau que se trouve le combat de l’Etat. Le constat est simple. Il ne peut plus continuer à augmenter sa masse salariale. Dans une grande interview, le chef de l’Etat avait annoncé que la quasi moitié de nos ressources internes générées est allouée à la masse salariale de la fonction publique. C’est énorme. Un pays ne peut pas se développer de la sorte. On ne peut plus continuer à accroître cette masse salariale. Il faut que l’Etat crée les conditions de financement de l’initiative privée. Il faut qu’il motive ceux qui ont une expertise, une vision et des idées ingénieuses à créer des emplois. Ainsi, les personnes qui seront employées dans le secteur privé ne seront plus à la solde de l’Etat. C’est donc en créant des emplois qu’on peut aider l’Etat à baisser la masse salariale. C’est à cette condition que le pays pourra se construire et l’Etat pourra se consacrer résolument à d’autres secteurs aussi importants tels que la santé, l’éducation et les infrastructures économiques. C’est cela le rôle de l’Etat.
Le dernier rapport du «Doing Business» indique que l’accès au crédit est difficile en Côte d’Ivoire. C’est un frein à la création d’entreprise. Ne pensez-vous pas que les banques ont elles aussi un rôle important à jouer?
L’accès au crédit est difficile parce qu’on n’a pas encore trouvé des programmes de financement adéquats. Ce sont là les vrais enjeux. Le monde entier est confronté à un problème. Nombre de pays copient les modèles de financement des autres pays. Il faut plutôt des modèles de financement adaptés aux réalités ivoiriennes. Les ressources financières existent. Mais, il faut que l’Etat crée une saine émulation sur le marché bancaire et monétaire. Il faut que l’Etat incite à la compétition mais pas de manière arbitraire. Il faut faire progresser les choses vers le haut et non les tirer vers le bas. Il faut inciter les autres banques à participer au financement de l’économie ivoirienne et de l’initiative privée. Cela peut se faire. Nous disposons des moyens nécessaires, des canaux et des techniques adéquates pour y parvenir.
Quelles sont ces techniques?
Il s’agit des techniques de financement adaptées à nos attentes. Il faut prendre en compte les Pme/Pmi. En Côte d’Ivoire, le secteur informel a ses réalités. Les gens ont du savoir-faire dans ce secteur. C’est ce savoir-faire qu’il faut financer. Quand on parle de secteur informel, on fait allusion à la microfinance. Il faut pousser les réflexions et faire des études beaucoup plus approfondies à ce sujet. C’est un secteur qui est vaste. Je vous informe que c’est un secteur beaucoup plus important sur le plan économique et financier que le secteur formel. Il faut l’organiser, mobiliser les ressources pour les basculer vers un secteur formel et lutter ainsi contre la pauvreté et la relance de l’économie.
Le fait que la bancarisation ne fait pas partie de nos habitudes n’a-t-il pas contribué au développement de ce secteur ?
Non, il ne faut pas voir cela comme une fatalité. Si la bancarisation est un moyen de faciliter la vie des gens dans le commerce, il faut se demander pourquoi nous sommes encore à un taux de 6 à 8 % et songer à le faire progresser. On peut y arriver. La France avait un faible taux de bancarisation. Ce taux s’est accru aujourd’hui à plus de 97% parce que l’Etat a pris des mesures adéquates. C’est à travers des banques et des structures financières d’Etat qu’on a pu atteindre ce taux. En Côte d’Ivoire, il faut que chacun ait un compte en banque pour faciliter les opérations financières.
Mais, ce rôle ne revient pas uniquement à l’Etat…
Il ne revient pas uniquement à l’Etat. Mais, il a un grand rôle à jouer dans l’accroissement du taux de bancarisation. Dans les pays développés, c’est l’Etat qui a aidé à la bancarisation. L’Etat doit songer à la subvention et à la mise en place des stratégies pour amener la population à ouvrir des comptes bancaires. Ce sont les frais payés et les conditions exigées qui freinent certaines personnes à ouvrir un compte. L’Etat doit s’impliquer dans le financement. On a connu ces modèles d’accompagnement dans la filière café-cacao. On peut s’en servir. On n’a pas eu les résultats escomptés mais l’idée est bonne. Il faut l’appliquer au secteur bancaire. Certes la population va tirer profit de l’accroissement de la bancarisation. Mais, in fine, c’est l’Etat qui va le plus en profiter.
Comment?
L’Etat va avoir une meilleure lecture de ses agrégats macro-économiques. Il aura une meilleure lecture de ses flux financiers au niveau de l’économie nationale. Cela est extrêmement important. L’Etat ne maîtrise pas toutes ses opportunités de recettes. En dehors de la douane et des impôts, ne pensez-vous pas qu’il y a d’autres moyens pour accroître ces recettes ?
Des efforts sont faits par les hommes politiques pour organiser des élections en 2010.
Selon vous, que réserve la Côte d’Ivoire au monde des affaires à la sortie de crise?
La Côte d’Ivoire a un rôle extrêmement important à jouer. Pourquoi tous les regards sont rivés sur elle ? Elle pèse pour près de 40% au sein de l’Uemoa. Quand elle tousse, tous les pays enclavés toussent. Pour moi, c’est une bonne opportunité pour le pays de se refaire, de se reconstruire. Tous les pays qualifiés de développés, ont connu des crises. Mais, il ne faut pas s’arrêter là. La Côte d’Ivoire a des potentialités. La sortie de crise va lui permettre de renforcer les fondamentaux de son économie. Il faut qu’elle aille à la modernité et la modernisation, en assainissant son administration. La prospérité et l’efficacité du secteur public entraîneront inévitablement celles du secteur privé. Ce secteur pourra jouer pleinement son rôle si l’administration est assainie. Les deux sont liés. Il faut, de manière concertée, choisir un système de développement pour le pays. Je pense qu’il faut voir la Côte d’Ivoire gagnante à travers tous les systèmes qui seront mis en place.
Ce secteur auquel vous faîtes allusion souffre énormément du non paiement des arriérés que lui doit l’Etat…
Le secteur privé souffre parce que le pays va de dysfonctionnements en dysfonctionnements depuis plusieurs années. Comment peut-il se développer à cette allure? Je pense qu’il faut régler tous ces dysfonctionnements pour qu’on ait un développement harmonieux.
L’allègement de la dette extérieure dans le cadre de l’initiative Ppte a-t-il eu un impact sur les activités bancaires?
Les banques ont fonctionné en dehors de l’initiative Ppte. Lorsque la Côte d’Ivoire va atteindre le point d’achèvement, l’Etat ne va plus s’inviter au marché des capitaux, avec des émissions des obligations des bons du Trésor. Toute cette masse d’argent va permettre aux banques de se tourner vers d’autres sources de financement. Cela devra avoir un impact positif sur les activités bancaires.
Quelle est la position de Versus Bank dans le secteur bancaire ivoirien?
Versus Bank était au départ une banque privée. Le chef de l’Etat a décidé de la nationaliser parce qu’elle était sous administration provisoire. Je pense que c’est une grande vision. Les banques d’Etat n’existent pas seulement qu’en Côte d’Ivoire. La majorité des banques en Algérie appartiennent à l’Etat. Au Venezuela, Hugo Chavez en a fait de même, en nationalisant récemment certaines banques. Partout on voit la maîtrise du secteur bancaire par l’Etat. C’est important pour un pays comme la Côte d’Ivoire. Mais, cette maîtrise et ce contrôle par l’Etat du secteur bancaire doivent servir à la mise en place des règles financières et au respect des systèmes de gestion selon les standards internationaux.
Quels sont ces standards ?
Il s’agit de la bonne gouvernance, de la bonne gestion des ressources, pour permettre à ces banques de financer les Pme/Pmi ainsi que l’initiative privée. C’est à cette condition qu’elles pourront lutter contre la pauvreté.
Que fait Versus Bank dans ce sens ?
Elle joue un rôle important. Sa politique de financement fait la part belle aux Pme/Pmi et à l’initiative privée. Ainsi, plus de la moitié des financements accordés par Versus Bank est allouée aux Pme/Pmi.
Réalisée par N. Ba