Cela fait huit mois que le Président Gbagbo vous a confié la mission de coordonner le transfert de la capitale à Yamoussoukro. Mais on ne vous sent pas beaucoup!
C’est vrai que je suis là depuis un bon bout de temps. Et le reproche fondamental que les journalistes me font est que je ne communique pas souvent. Lorsqu’on est investi d’une mission aussi délicate par le Président de la République lui-même, comme celle de transférer la capitale, il faut avancer prudemment. Parce que cette mission a une charge de responsabilité assortie d’une obligation de résultats, quels que soient les moyens dont vous disposez. Je veux donc mettre de mon côté, toutes les chances de mériter cette grande confiance que le Président Gbagbo a placée en moi. La délicatesse de cette mission ne peut pas s’accommoder de déclarations tonitruantes pour éviter que l’on vous prenne au mot et que l’on vous juge sur-le-champ. Parce que s’il n’y avait que le Président, les choses seraient plus faciles. Mais nous avons également les populations qui ont de réelles préoccupations qu’il faut satisfaire. Je suis donc un peu entre le marteau et l’enclume, comme on le dit.
Premier grand chantier que vous initiez, c’est l’adoption d’un plan d’urbanisme de détail pour Yamoussoukro. Quelle urgence y a-t-il à commencer par ce projet?
Je vous disais tantôt que je me suis donné le temps de me faire une opinion de ce que je devais faire. Cela passe nécessairement par un état des lieux. Donc je me suis rendu compte que dans ce transfert, la chose la plus fondamentale est le règlement des problèmes fonciers. Car on accueille le transfert sur les terres de Yamoussoukro. Alors, si cette terre n’est pas organisée en termes d’occupations, il est clair que ce facteur va constituer un obstacle majeur au transfert de la capitale. C’est pourquoi nous avons jugé prioritaire de commencer par les problèmes fonciers. Nous nous sommes rendu compte que depuis la loi de 1983 portant transfert de la capitale, le schéma directeur de Yamoussoukro n’a été approuvé qu’en 1997. Soit 14 ans après. Or de façon naturelle, un schéma directeur est immédiatement assorti d’un plan d’urbanisme de détail. Car comme vous le savez, le schéma directeur ne trace que les grandes lignes; et l’aménagement du territoire, c’est le plan de détail. Ce document, fondamental qui commande à son tour les lotissements, n’est pas disponible. Il faut donc vite régler cette situation. C’est pourquoi nous avons initié cet atelier d’approbation du plan de détail. Et des Plans existent, puisque le district autonome en avait commandés, le district de Yamoussoukro en a initiés et de même que le programme de transfert. Nous disposons donc de 8 plans. Pourquoi ne pas les confronter et faire rapidement adopter un plan consensuel afin de disposer d’un instrument capable de nous aider à organiser l’espace?
A travers la ville, nous assistons à des occupations anarchiques. Comment entendez-vous régler cette situation pour éviter que Yamoussoukro soit un «Abidjan bis»?
Nous sommes optimiste parce que nous osons croire qu’à défaut d’un plan de détail, les choses ont respecté le schéma directeur. Même si nous savons que c’est le plan de détail qui organise les occupations de sol. En tout cas, nous osons croire que là où le schéma directeur a prévu l’implantation d’un équipement, on n’a pas fait de lotissement. Nous osons y croire.
Et si c’était le cas?
Si c’était le cas, nous nous verrions dans l’obligation d’agir parce que notre rôle à nous, c’est de coordonner le transfert. Et l’on ne peut coordonner que par rapport à une norme. Nous nous sommes donné des références, des normes qu’il faut respecter. S’il y a eu du désordre, notre rôle, c’est de corriger ce désordre, de sorte que nous puissions avoir une capitale harmonieuse et cohérente en termes d’occupation du sol.
Nous assistons également à des lotissements qui se font à tour de bras, tant dans la ville que dans les villages. Au niveau des villages, nous savons qu’il y a eu la délimitation des terroirs villageois, ainsi que la parcellisation qui permettent aujourd’hui à chaque famille, de savoir les limites exactes de ses terres. Quelle est la valeur juridique de ces lotissements?
Pour le moment, je ne veux pas me prononcer sur le caractère anarchique des lotissements qui ont été faits. J’attends. En ce qui concerne le périmètre d’urbanisation dont j’ai la charge et qui couvre une superficie de 27.750 hectares, il ne peut y avoir de lotissements qui ne correspondent pas à leur destination conformément au plan. Car vous ne pouvez pas faire de lotissement là où le schéma directeur a prévu autre chose. C’est pourquoi lorsque nous aurons à disposition cet instrument de contrôle, c’est-à-dire le plan d’urbanisme de détail qui nous permet de vérifier la régularité des lotissements qui ont été faits, et pour être rigoureux avec nous-mêmes par rapport à ce transfert, nous serons obligé de faire des corrections. J’ose croire pour le moment, que ce sont des rumeurs. J’ose y croire, bien que j’ai pu constater des lotissements dans la zone administrative, en bordure de lac et même dans des zones marécageuses. Juriste et je me donne donc les moyens d’établir la véracité des faits, et de prendre à témoin tous ceux qui sont impliqués dans la gestion de Yamoussoukro, afin que nous corrigions ces anomalies. Et là-dessus, je compte sur tout le monde, car je ne suis pas exclusionniste. Je compte sur le préfet, sur le gouverneur, le maire, les directeurs régionaux de la construction et de l’urbanisme, pour effectuer ce travail de correction. Parce que si nous voulons d’une ville à la hauteur de la vision du Président de la République, nous sommes obligé d’être rigoureux avec nous-mêmes. Vous savez que le président Houphouet-Boigny a passé toute sa vie à penser cette ville. Cette vision est poursuivie et concrétisée par le Président Gbagbo qui veut aller au-delà, en construisant une capitale éternelle. Il a même souligné qu’il fera de telle sorte que tous ceux qui viendront après lui, poursuivent cette œuvre. Ainsi, il faut éviter de gâcher ce beau travail que ces grands hommes veulent faire. Parce que si ces lotissements sont réguliers, je les considère comme des mouvements à contre courant. Mais je ne peux pas comprendre que des techniciens aient planché sur des instruments relatifs à l’occupation des terres et que des autorités ou des individus décident de saboter ce qui a été fait. Je ne peux pas comprendre. Pour moi, les choses sont donc simples. Nous disposons d’éléments techniques et juridiques qui nous permettent de mesurer la réalité sur le terrain par rapport aux prévisions. Et nous aviserons.
Qu’en sera-t-il pour les lotissements initiés par les villageois? Puisque dans les conclusions de cet atelier que vous venez de terminer, il est question d’être regardant sur l’usage des terres situées à 8 ou 10 km autour du périmètre d’urbanisation de la capitale.
J’avoue que je suis un peu gêné par cette question parce que mon rôle premier, c’est de coordonner tous les mouvements sur le périmètre d’urbanisation qui est de 27.750 hectares. Mais cela dit, nous sommes très attentif à ces lotissements car en dehors du périmètre, il y a des choses qui se passent. C’est pour cela que nous avons commandé les travaux de délimitation des terroirs villageois, qui sont très avancés, même s’il y a encore quelques poches de difficultés. Il s’agit des villages de Zatta, Kikro, N’Gattakro, où des familles se discutent encore quelques mètres carrés. Nous pensons rapidement régler cette situation et faire comprendre que le plus important pour eux, ce ne sont pas ces mètres carrés. Mais nous sommes dans un processus de développement qui va leur être profitable Nous sommes très attentif à ce qui s’y passe parce que nous avons reçu les préoccupations du préfet de police par rapport au transfert. Et il entend développer tout un plan de sécurisation de la capitale, avec des écoles de formation. C’est un grand monsieur qui a des visons extraordinaires et qui a souhaité avoir de l’espace à Toumbokro. Voilà des exemples qui montrent que nous ne devons pas nous limiter au périmètre d’urbanisation de Yamoussoukro. Car il faut éviter les incidences négatives du voisinage immédiat sur la capitale. Mais une fois de plus, nous sommes regardant sur tout ce qui se passe à proximité du périmètre d’urbanisation. Je suis juriste et ne veux pas jouer les gendarmes là où je n’ai pas de compétence. Le périmètre d’urbanisation est déclaré d’utilité publique et donc j’y veille, parce que nous avons l’impression que tout le monde n’est pas au même niveau de compréhension de la notion d’utilité publique. Donc nous allons bientôt initier une campagne de sensibilisation pour expliquer à tous. Parce qu’il y a des personnes qui choisissent d’ignorer cette réalité. Je ne veux pas entrer dans les détails. En tant que coordonnateur de ce programme, j’ai une mission de sensibilisation qui va s’étendre aussi bien au périmètre d’urbanisation que dans les proximités immédiates. De sorte que nous ayons conscience que nous avons, nous populations de Yamoussoukro, une lourde responsabilité dans ce transfert. L’histoire nous jugera, car nous savons tous que la Côte d’Ivoire a décidé de transférer la capitale politique à Yamoussoukro. Mais nous persistons dans nos mauvais comportements. Nous faisons comme si nous ne savions pas. Le transfert, c’est l’installation des institutions de la République, mais aussi des mesures d’accompagnement car ces personnes qui arriveront doivent manger, se loger, se déplacer, se divertir, etc. Tout cela va donc profiter aux populations. C’est pourquoi chacun doit s’impliquer en favorisant ce transfert.
Vous l’avez dit, votre priorité, c’est le foncier sur lequel s’opère le transfert. Où en êtes-vous avec la purge des droits coutumiers du reste très attendue par les populations?
Je vous disais tantôt que le périmètre d’urbanisation de Yamoussoukro a été déclaré d’utilité publique. Lorsqu’en 1997, la Côte d’Ivoire entière a approuvé le schéma directeur de Yamoussoukro, il a pensé qu’il était opportun de sécuriser ce schéma directeur en déclarant d’utilité publique tout le secteur de sa mise en œuvre. Ainsi, le décret de 1997 approuvant le schéma directeur de Yamoussoukro a déclaré d’utilité publique le périmètre d’urbanisation qui est de 27.750 ha. Je vous le dis, lorsqu’un bien est déclaré d’utilité publique, il fait retour au domaine de l’Etat. Même si en Afrique il n’y a pas de terrains totalement vierges et que les terrains vierges appartiennent à une communauté. A plus forte raison lorsqu’une ville comme Yamoussoukro existe avec ses habitants, ses mœurs, avec ses occupations de sol. Il faut, de ce fait gérer un certain nombre de problèmes systématiquement, car tous les biens déclarés d’utilité publique font retour à l’Etat. Ainsi, si vous avez une lettre d’attribution ou un titre de propriété quelconque sur l’espace que vous occupez, force est de constater que cette parcelle-là fera retour à l’Etat, qui doit satisfaire des exigences publiques, pour les besoins de développement. Alors, lorsque tous les biens retournent à l’Etat, quel est le sentiment qu’ont les gens qui, entre temps, en sont propriétaires ? C’est là que se situe la purge des droits coutumiers. Il y a des détenteurs de droits coutumiers sur ces terres, il y a des gens qui ont des titres de propriétés sur ces terres qui font retour à l’Etat. Il faut bien les prendre en compte, car il ne suffit pas de dire que ces terres ont fait un retour à l’Etat. Il faut ménager toutes ces susceptibilités. Et opérer la purge des droits coutumiers pour ceux qui sont détenteurs de droit, en ce qui concerne les réalisations d’ouvrages sur ces terres. Force est de constater malheureusement que depuis 1997, que le périmètre d’urbanisation a été déclaré d’utilité publique, aucune purge de droit n’a été réalisée. Je me dis que l’Etat n’a certainement pas encore eu les moyens de faire face à ces problèmes qui existent et qui sont une réalité à prendre en compte. Parce qu’il ne faut pas non plus donner l’impression à toutes ces personnes à qui des compensations doivent être versées, qu’elles vont être des laissées-pour-compte. Malheureusement, c’est le sentiment que ces détenteurs de droits coutumiers ont. Regardez, par exemple, l’hôtel des Parlementaires construit sur les terres des parents de Nanan, et qui est aujourd’hui fonctionnel. Un village non loin de l’hôtel Président et qui, aujourd’hui, est presque devenu un quartier de la capitale. Lorsque je suis interpellé sur ce problème par les parents de Nanan, j’avoue que je suis un peu gêné. D’autant plus gêné qu’il s’agit de mes parents. Cela rend le dialogue quelque peu difficile, mais de l’autre côté, il faut comprendre. Car pour le seul hôtel des Parlementaires, il s’agit de purger des droits à hauteur de 160 millions de Fcfa. Maintenant, quand je vais au-delà de l’hôtel des députés et que je prends la Zone administrative et politique (Zap) qui couvre une superficie de 6000 ha, il me faut une somme de 60 milliards. Si nous faisons les mêmes calculs relativement aux 27.750 ha, nous avons 270 milliards de Fcfa à débourser, avant d’entreprendre quoi que ce soit. Il faut avouer que c’est beaucoup pour l’Etat de Côte d’Ivoire. Ainsi sans être opposé à l’idée des purges, je me dis qu’il faut que j’entre à nouveau en discussion avec mes parents afin que nous puissions trouver des solutions intermédiaires. Des solutions réalisables sur le terrain. C’est une très grosse mission parce que lorsque vous avez accepté de purger les premiers droits à hauteur de 1000 F le m2, qu’allez-vous dire après aux autres pour qu’ils acceptent un rabais? C’est pourquoi je compte beaucoup sur la compréhension et la collaboration de mes parents. C’est une mission qui va être difficile, mais je ne crois pas qu’elle soit impossible. Il faut donc que tout le monde soit sensibilisé à l’idée du transfert de la capitale.
M. le directeur, le Président Laurent Gbagbo a plusieurs fois indiqué que le transfert de la capitale à Yamoussoukro ne doit pas se faire au détriment des populations. D’où son intérêt pour la prise en compte des préoccupations des populations. Nous savons en effet qu’il existe deux villages qui posent problème parce qu’ils sont situés en plein cœur de la Zap. Il s’agit de Bézro et de Kpangbassou. Quel sort leur est-il réservé?
C’est une question qui me touche personnellement. Parce que Kpangbassou, ce sont mes parents paternels. Et Bézro, ce sont mes parents maternels. Ces villages, comme vous l’avez dit, sont situés au cœur même de la Zap. Et lorsque j’ai sillonné tous les 9 villages directement concernés par le transfert, tous ont demandé que nous soyons attentifs à leurs préoccupations. Immédiatement nous avons commandé auprès du Bnetd qui est notre soutien technique, un plan de déplacement et de recasement des populations de Kpangbassou et de Bézro. Ce plan va coûter autour de 5,6 milliards Fcfa, car lorsqu’on fait partir des populations de cette façon-là, il faut leur assurer un minimum de confort, en leur faisant des logements acceptables, avec le minimum d’équipements modernes afin qu’elles ne regrettent pas d’être parties. Aujourd’hui, nous recherchons les financements et je pense que nous sommes sur une bonne piste qui semble véritablement prospérer. J’ai donc espoir que nous déplacerons et recaserons nos parents de Bézro et de Kpangbassou dans les conditions les meilleures.
Cela fait huit mois que vous êtes à la tête du programme de transfert. Comment se porte-t-il de façon générale?
En ce qui nous concerne, nous pensons qu’après 6 ans de fonctionnement, il faut faire le bilan du programme puisqu’il a démarré en 2003. A ce stade, je voudrais franchement rendre un hommage appuyé à tous ceux qui ont conçu ce programme car, à y voir de près, ce n’est pas une chose facile. Beaucoup de choses ont été faites, mais il en reste encore beaucoup. Nous avons dit humblement notre compréhension de la notion de déclaration d’utilité publique. nous l’avons consigné dans un document qui a été suffisamment vulgarisé afin que chacun soit au même niveau de compréhension. Dans ce document, nous faisons également des propositions parce que sur le terrain, nous réalisons que l’application de la déclaration d’utilité publique pose quelques problèmes. Nous avons des propositions à faire de ce point de vue. C’est le premier chantier. Lors de notre dernière réunion de Cps, qui est notre conseil de gestion, on nous a demandé voire intimé l’ordre de mettre en place un guichet unique pour les investissements à Yamoussoukro. Ce, au regard du désordre constaté relativement aux opérations d’investissements à travers la ville. Et on nous a chargé de gérer ce guichet unique.
En quoi va-t-il consister?
Ce guichet unique va se comporter un peu comme le Cepici à Abidjan. Il va se charger de recevoir les déclarations d’investissements et les orienter vers les autorités de la ville, notamment le maire, le gouverneur, le préfet et tous les acteurs techniques. Ce qui nous permettra de contrôler la cohérence de tout ce qui se fait à Yamoussoukro. Nous ne sortons pas, de ce fait, de notre rôle de coordonnateur. Ce document est donc disponible. Mais en réfléchissant un peu, nous sommes allés au-delà, en nous disant que nous avons pour mission d’accélérer le processus de transfert de la capitale. Et nous nous sommes dit comment parvenir à accélérer le processus. Parce que rien n’oblige un investisseur qui descend à Port-Bouët, à Abidjan, de venir jusqu’à Yamoussoukro. Dans la mesure où c’est à Abidjan que se trouvent toutes les commodités, notamment le port, l’aéroport international. C’est pourquoi nous avons décidé de proposer un cadre incitatif relativement aux investissements. Nous avons donc entamé des discussions avec toutes structures compétentes qui peuvent nous accompagner dans cette réflexion en vue de la mettre en oeuvre de ce cadre incitatif. Mais au-delà, nous pensons à la mise en place d’une zone franche à Yamoussoukro. Ce sont des propositions que nous faisons. Pour ce faire, nous avons tout un plan de communication à mettre en oeuvre pour sensibiliser la Côte d’Ivoire entière, en particulier les populations de Yamoussoukro, à la nécessité d’accueillir la capitale. Car mes parents ont beaucoup à gagner.
Le transfert de la capitale à Yamoussoukro, ce sont au quotidien de nouvelles bâtisses qui sortent de terre sur les superficies de la Zap. Mais qu’en est-il du vieux Yamoussoukro qui progressivement perd l’un de ses plus grands atouts qui est la route?
Car à ce niveau, le confort de circulation est devenu un lointain souvenir eu égard au piteux état des voies.
Vous savez, pour que Yamoussoukro soit la belle ville dont nous rêvons tous, elle doit être construite dans tous ses compartiments. Aujourd’hui, le Président de la République, lui-même, est très pressé que le palais présidentiel soit achevé, tout comme l’hémicycle et le Sénat afin que la capitale vienne à Yamoussoukro. Ce faisant, il se bat comme il peut et avec les maigres moyens dont il dispose par ces temps difficiles. Tous ces chantiers sont prévus; mais tout est une question de temps et de moyens. Dès lors que toutes les institutions sont transférées, ainsi que tous les ministères, le reste suivra, soyez-en sûrs. Mais déjà, un plan de réhabilitation est en vue en ce qui concerne les axes principaux. C’est un programme d’urgence qui concerne un certain nombre de villes, dont Yamoussoukro. Mais la voirie au niveau de Yamoussoukro n’a pas été oubliée dans le transfert de la capitale. Car la route est un élément fondamental dans la construction d’une ville.
Je vais vous surprendre si je vous dis que Yamoussoukro n’est pas viabilisée. L’embryon de viabilisation se trouve au niveau du quartier Millionnaire, c’est tout. Yamoussoukro n’est pas non plus doté d’un réseau d’assainissement. Aujourd’hui, nous réalisons que toutes les stations d’épuration des eaux usées qui sortent des bâtiments modernes que le président Houphouet a construits pour loger les enseignants, ne sont plus fonctionnelles. Nous en avons nous-mêmes fait le constat car toutes les eaux de pluies sont directement drainées dans les lacs. Et lorsque vous les regardez, ils sont envahis de plantes vertes, parce que toutes ces eaux sont extrêmement polluées. Une mission chinoise a fait des prélèvements d’eau niveau de ces lacs et s’est posé la question de savoir comment nous pouvons cohabiter avec ces plans d’eaux si polluées. Ils se proposent donc de doter Yamoussoukro d’un plan d’assainissement. Ce sont autant de chantiers à embrasser. Mais tout le monde ne regarde que le foncier parce qu’il y a tout de suite à manger à ce niveau.
Pour revenir aux routes, il faut ajouter que chacun doit avant tout assumer ses responsabilités. Parce qu’en la matière, la mairie et le district ont leur rôle à jouer. C’est pourquoi j’en appelle à la responsabilité et à la collaboration de tous afin que nous construisions la capitale, car le transfert est l’affaire de tous.
Il faut souligner que le Président Houphouet a pensé la capitale et le Président Laurent Gbagbo, en républicain, est en train de traduire le rêve en réalité. Il appartient donc à tous les fils de Yamoussoukro de l’épauler. En se conformant aux règles établies. Nous en appelons à la collaboration de tous, car nous y gagnons tous.
J’ai entendu dire qu’Abuja a été construit en trois ans, parce que tous se sont mobilisés. J’ai entendu également dire que Brasilia est devenue un patrimoine mondial. Et donc pour enterrer Ertone Séna, une grande figure de tout le Brésil, il a fallu demander l’autorisation à l’Unesco. Pourquoi en même temps que nous acceptons le transfert, sur le terrain, faisons-nous autre chose? Pourquoi faisons-nous autre chose qui entrave et empêche l’aboutissement de ce projet? Pourquoi n’inscrivons, nous pas dans notre comportement de tous les jours, dans la vision de ces illustres présidents qui ont décidé de donner sa chance à Yamoussoukro?
Là-dessus, je serai ferme, car tout ce qui ira contre le transfert de la capitale, est un acte de vandalisme qui doit être immédiatement réprimé en tant que tel conformément à la loi en vigueur.
Interview réalisée par N’Dri Célestin
C’est vrai que je suis là depuis un bon bout de temps. Et le reproche fondamental que les journalistes me font est que je ne communique pas souvent. Lorsqu’on est investi d’une mission aussi délicate par le Président de la République lui-même, comme celle de transférer la capitale, il faut avancer prudemment. Parce que cette mission a une charge de responsabilité assortie d’une obligation de résultats, quels que soient les moyens dont vous disposez. Je veux donc mettre de mon côté, toutes les chances de mériter cette grande confiance que le Président Gbagbo a placée en moi. La délicatesse de cette mission ne peut pas s’accommoder de déclarations tonitruantes pour éviter que l’on vous prenne au mot et que l’on vous juge sur-le-champ. Parce que s’il n’y avait que le Président, les choses seraient plus faciles. Mais nous avons également les populations qui ont de réelles préoccupations qu’il faut satisfaire. Je suis donc un peu entre le marteau et l’enclume, comme on le dit.
Premier grand chantier que vous initiez, c’est l’adoption d’un plan d’urbanisme de détail pour Yamoussoukro. Quelle urgence y a-t-il à commencer par ce projet?
Je vous disais tantôt que je me suis donné le temps de me faire une opinion de ce que je devais faire. Cela passe nécessairement par un état des lieux. Donc je me suis rendu compte que dans ce transfert, la chose la plus fondamentale est le règlement des problèmes fonciers. Car on accueille le transfert sur les terres de Yamoussoukro. Alors, si cette terre n’est pas organisée en termes d’occupations, il est clair que ce facteur va constituer un obstacle majeur au transfert de la capitale. C’est pourquoi nous avons jugé prioritaire de commencer par les problèmes fonciers. Nous nous sommes rendu compte que depuis la loi de 1983 portant transfert de la capitale, le schéma directeur de Yamoussoukro n’a été approuvé qu’en 1997. Soit 14 ans après. Or de façon naturelle, un schéma directeur est immédiatement assorti d’un plan d’urbanisme de détail. Car comme vous le savez, le schéma directeur ne trace que les grandes lignes; et l’aménagement du territoire, c’est le plan de détail. Ce document, fondamental qui commande à son tour les lotissements, n’est pas disponible. Il faut donc vite régler cette situation. C’est pourquoi nous avons initié cet atelier d’approbation du plan de détail. Et des Plans existent, puisque le district autonome en avait commandés, le district de Yamoussoukro en a initiés et de même que le programme de transfert. Nous disposons donc de 8 plans. Pourquoi ne pas les confronter et faire rapidement adopter un plan consensuel afin de disposer d’un instrument capable de nous aider à organiser l’espace?
A travers la ville, nous assistons à des occupations anarchiques. Comment entendez-vous régler cette situation pour éviter que Yamoussoukro soit un «Abidjan bis»?
Nous sommes optimiste parce que nous osons croire qu’à défaut d’un plan de détail, les choses ont respecté le schéma directeur. Même si nous savons que c’est le plan de détail qui organise les occupations de sol. En tout cas, nous osons croire que là où le schéma directeur a prévu l’implantation d’un équipement, on n’a pas fait de lotissement. Nous osons y croire.
Et si c’était le cas?
Si c’était le cas, nous nous verrions dans l’obligation d’agir parce que notre rôle à nous, c’est de coordonner le transfert. Et l’on ne peut coordonner que par rapport à une norme. Nous nous sommes donné des références, des normes qu’il faut respecter. S’il y a eu du désordre, notre rôle, c’est de corriger ce désordre, de sorte que nous puissions avoir une capitale harmonieuse et cohérente en termes d’occupation du sol.
Nous assistons également à des lotissements qui se font à tour de bras, tant dans la ville que dans les villages. Au niveau des villages, nous savons qu’il y a eu la délimitation des terroirs villageois, ainsi que la parcellisation qui permettent aujourd’hui à chaque famille, de savoir les limites exactes de ses terres. Quelle est la valeur juridique de ces lotissements?
Pour le moment, je ne veux pas me prononcer sur le caractère anarchique des lotissements qui ont été faits. J’attends. En ce qui concerne le périmètre d’urbanisation dont j’ai la charge et qui couvre une superficie de 27.750 hectares, il ne peut y avoir de lotissements qui ne correspondent pas à leur destination conformément au plan. Car vous ne pouvez pas faire de lotissement là où le schéma directeur a prévu autre chose. C’est pourquoi lorsque nous aurons à disposition cet instrument de contrôle, c’est-à-dire le plan d’urbanisme de détail qui nous permet de vérifier la régularité des lotissements qui ont été faits, et pour être rigoureux avec nous-mêmes par rapport à ce transfert, nous serons obligé de faire des corrections. J’ose croire pour le moment, que ce sont des rumeurs. J’ose y croire, bien que j’ai pu constater des lotissements dans la zone administrative, en bordure de lac et même dans des zones marécageuses. Juriste et je me donne donc les moyens d’établir la véracité des faits, et de prendre à témoin tous ceux qui sont impliqués dans la gestion de Yamoussoukro, afin que nous corrigions ces anomalies. Et là-dessus, je compte sur tout le monde, car je ne suis pas exclusionniste. Je compte sur le préfet, sur le gouverneur, le maire, les directeurs régionaux de la construction et de l’urbanisme, pour effectuer ce travail de correction. Parce que si nous voulons d’une ville à la hauteur de la vision du Président de la République, nous sommes obligé d’être rigoureux avec nous-mêmes. Vous savez que le président Houphouet-Boigny a passé toute sa vie à penser cette ville. Cette vision est poursuivie et concrétisée par le Président Gbagbo qui veut aller au-delà, en construisant une capitale éternelle. Il a même souligné qu’il fera de telle sorte que tous ceux qui viendront après lui, poursuivent cette œuvre. Ainsi, il faut éviter de gâcher ce beau travail que ces grands hommes veulent faire. Parce que si ces lotissements sont réguliers, je les considère comme des mouvements à contre courant. Mais je ne peux pas comprendre que des techniciens aient planché sur des instruments relatifs à l’occupation des terres et que des autorités ou des individus décident de saboter ce qui a été fait. Je ne peux pas comprendre. Pour moi, les choses sont donc simples. Nous disposons d’éléments techniques et juridiques qui nous permettent de mesurer la réalité sur le terrain par rapport aux prévisions. Et nous aviserons.
Qu’en sera-t-il pour les lotissements initiés par les villageois? Puisque dans les conclusions de cet atelier que vous venez de terminer, il est question d’être regardant sur l’usage des terres situées à 8 ou 10 km autour du périmètre d’urbanisation de la capitale.
J’avoue que je suis un peu gêné par cette question parce que mon rôle premier, c’est de coordonner tous les mouvements sur le périmètre d’urbanisation qui est de 27.750 hectares. Mais cela dit, nous sommes très attentif à ces lotissements car en dehors du périmètre, il y a des choses qui se passent. C’est pour cela que nous avons commandé les travaux de délimitation des terroirs villageois, qui sont très avancés, même s’il y a encore quelques poches de difficultés. Il s’agit des villages de Zatta, Kikro, N’Gattakro, où des familles se discutent encore quelques mètres carrés. Nous pensons rapidement régler cette situation et faire comprendre que le plus important pour eux, ce ne sont pas ces mètres carrés. Mais nous sommes dans un processus de développement qui va leur être profitable Nous sommes très attentif à ce qui s’y passe parce que nous avons reçu les préoccupations du préfet de police par rapport au transfert. Et il entend développer tout un plan de sécurisation de la capitale, avec des écoles de formation. C’est un grand monsieur qui a des visons extraordinaires et qui a souhaité avoir de l’espace à Toumbokro. Voilà des exemples qui montrent que nous ne devons pas nous limiter au périmètre d’urbanisation de Yamoussoukro. Car il faut éviter les incidences négatives du voisinage immédiat sur la capitale. Mais une fois de plus, nous sommes regardant sur tout ce qui se passe à proximité du périmètre d’urbanisation. Je suis juriste et ne veux pas jouer les gendarmes là où je n’ai pas de compétence. Le périmètre d’urbanisation est déclaré d’utilité publique et donc j’y veille, parce que nous avons l’impression que tout le monde n’est pas au même niveau de compréhension de la notion d’utilité publique. Donc nous allons bientôt initier une campagne de sensibilisation pour expliquer à tous. Parce qu’il y a des personnes qui choisissent d’ignorer cette réalité. Je ne veux pas entrer dans les détails. En tant que coordonnateur de ce programme, j’ai une mission de sensibilisation qui va s’étendre aussi bien au périmètre d’urbanisation que dans les proximités immédiates. De sorte que nous ayons conscience que nous avons, nous populations de Yamoussoukro, une lourde responsabilité dans ce transfert. L’histoire nous jugera, car nous savons tous que la Côte d’Ivoire a décidé de transférer la capitale politique à Yamoussoukro. Mais nous persistons dans nos mauvais comportements. Nous faisons comme si nous ne savions pas. Le transfert, c’est l’installation des institutions de la République, mais aussi des mesures d’accompagnement car ces personnes qui arriveront doivent manger, se loger, se déplacer, se divertir, etc. Tout cela va donc profiter aux populations. C’est pourquoi chacun doit s’impliquer en favorisant ce transfert.
Vous l’avez dit, votre priorité, c’est le foncier sur lequel s’opère le transfert. Où en êtes-vous avec la purge des droits coutumiers du reste très attendue par les populations?
Je vous disais tantôt que le périmètre d’urbanisation de Yamoussoukro a été déclaré d’utilité publique. Lorsqu’en 1997, la Côte d’Ivoire entière a approuvé le schéma directeur de Yamoussoukro, il a pensé qu’il était opportun de sécuriser ce schéma directeur en déclarant d’utilité publique tout le secteur de sa mise en œuvre. Ainsi, le décret de 1997 approuvant le schéma directeur de Yamoussoukro a déclaré d’utilité publique le périmètre d’urbanisation qui est de 27.750 ha. Je vous le dis, lorsqu’un bien est déclaré d’utilité publique, il fait retour au domaine de l’Etat. Même si en Afrique il n’y a pas de terrains totalement vierges et que les terrains vierges appartiennent à une communauté. A plus forte raison lorsqu’une ville comme Yamoussoukro existe avec ses habitants, ses mœurs, avec ses occupations de sol. Il faut, de ce fait gérer un certain nombre de problèmes systématiquement, car tous les biens déclarés d’utilité publique font retour à l’Etat. Ainsi, si vous avez une lettre d’attribution ou un titre de propriété quelconque sur l’espace que vous occupez, force est de constater que cette parcelle-là fera retour à l’Etat, qui doit satisfaire des exigences publiques, pour les besoins de développement. Alors, lorsque tous les biens retournent à l’Etat, quel est le sentiment qu’ont les gens qui, entre temps, en sont propriétaires ? C’est là que se situe la purge des droits coutumiers. Il y a des détenteurs de droits coutumiers sur ces terres, il y a des gens qui ont des titres de propriétés sur ces terres qui font retour à l’Etat. Il faut bien les prendre en compte, car il ne suffit pas de dire que ces terres ont fait un retour à l’Etat. Il faut ménager toutes ces susceptibilités. Et opérer la purge des droits coutumiers pour ceux qui sont détenteurs de droit, en ce qui concerne les réalisations d’ouvrages sur ces terres. Force est de constater malheureusement que depuis 1997, que le périmètre d’urbanisation a été déclaré d’utilité publique, aucune purge de droit n’a été réalisée. Je me dis que l’Etat n’a certainement pas encore eu les moyens de faire face à ces problèmes qui existent et qui sont une réalité à prendre en compte. Parce qu’il ne faut pas non plus donner l’impression à toutes ces personnes à qui des compensations doivent être versées, qu’elles vont être des laissées-pour-compte. Malheureusement, c’est le sentiment que ces détenteurs de droits coutumiers ont. Regardez, par exemple, l’hôtel des Parlementaires construit sur les terres des parents de Nanan, et qui est aujourd’hui fonctionnel. Un village non loin de l’hôtel Président et qui, aujourd’hui, est presque devenu un quartier de la capitale. Lorsque je suis interpellé sur ce problème par les parents de Nanan, j’avoue que je suis un peu gêné. D’autant plus gêné qu’il s’agit de mes parents. Cela rend le dialogue quelque peu difficile, mais de l’autre côté, il faut comprendre. Car pour le seul hôtel des Parlementaires, il s’agit de purger des droits à hauteur de 160 millions de Fcfa. Maintenant, quand je vais au-delà de l’hôtel des députés et que je prends la Zone administrative et politique (Zap) qui couvre une superficie de 6000 ha, il me faut une somme de 60 milliards. Si nous faisons les mêmes calculs relativement aux 27.750 ha, nous avons 270 milliards de Fcfa à débourser, avant d’entreprendre quoi que ce soit. Il faut avouer que c’est beaucoup pour l’Etat de Côte d’Ivoire. Ainsi sans être opposé à l’idée des purges, je me dis qu’il faut que j’entre à nouveau en discussion avec mes parents afin que nous puissions trouver des solutions intermédiaires. Des solutions réalisables sur le terrain. C’est une très grosse mission parce que lorsque vous avez accepté de purger les premiers droits à hauteur de 1000 F le m2, qu’allez-vous dire après aux autres pour qu’ils acceptent un rabais? C’est pourquoi je compte beaucoup sur la compréhension et la collaboration de mes parents. C’est une mission qui va être difficile, mais je ne crois pas qu’elle soit impossible. Il faut donc que tout le monde soit sensibilisé à l’idée du transfert de la capitale.
M. le directeur, le Président Laurent Gbagbo a plusieurs fois indiqué que le transfert de la capitale à Yamoussoukro ne doit pas se faire au détriment des populations. D’où son intérêt pour la prise en compte des préoccupations des populations. Nous savons en effet qu’il existe deux villages qui posent problème parce qu’ils sont situés en plein cœur de la Zap. Il s’agit de Bézro et de Kpangbassou. Quel sort leur est-il réservé?
C’est une question qui me touche personnellement. Parce que Kpangbassou, ce sont mes parents paternels. Et Bézro, ce sont mes parents maternels. Ces villages, comme vous l’avez dit, sont situés au cœur même de la Zap. Et lorsque j’ai sillonné tous les 9 villages directement concernés par le transfert, tous ont demandé que nous soyons attentifs à leurs préoccupations. Immédiatement nous avons commandé auprès du Bnetd qui est notre soutien technique, un plan de déplacement et de recasement des populations de Kpangbassou et de Bézro. Ce plan va coûter autour de 5,6 milliards Fcfa, car lorsqu’on fait partir des populations de cette façon-là, il faut leur assurer un minimum de confort, en leur faisant des logements acceptables, avec le minimum d’équipements modernes afin qu’elles ne regrettent pas d’être parties. Aujourd’hui, nous recherchons les financements et je pense que nous sommes sur une bonne piste qui semble véritablement prospérer. J’ai donc espoir que nous déplacerons et recaserons nos parents de Bézro et de Kpangbassou dans les conditions les meilleures.
Cela fait huit mois que vous êtes à la tête du programme de transfert. Comment se porte-t-il de façon générale?
En ce qui nous concerne, nous pensons qu’après 6 ans de fonctionnement, il faut faire le bilan du programme puisqu’il a démarré en 2003. A ce stade, je voudrais franchement rendre un hommage appuyé à tous ceux qui ont conçu ce programme car, à y voir de près, ce n’est pas une chose facile. Beaucoup de choses ont été faites, mais il en reste encore beaucoup. Nous avons dit humblement notre compréhension de la notion de déclaration d’utilité publique. nous l’avons consigné dans un document qui a été suffisamment vulgarisé afin que chacun soit au même niveau de compréhension. Dans ce document, nous faisons également des propositions parce que sur le terrain, nous réalisons que l’application de la déclaration d’utilité publique pose quelques problèmes. Nous avons des propositions à faire de ce point de vue. C’est le premier chantier. Lors de notre dernière réunion de Cps, qui est notre conseil de gestion, on nous a demandé voire intimé l’ordre de mettre en place un guichet unique pour les investissements à Yamoussoukro. Ce, au regard du désordre constaté relativement aux opérations d’investissements à travers la ville. Et on nous a chargé de gérer ce guichet unique.
En quoi va-t-il consister?
Ce guichet unique va se comporter un peu comme le Cepici à Abidjan. Il va se charger de recevoir les déclarations d’investissements et les orienter vers les autorités de la ville, notamment le maire, le gouverneur, le préfet et tous les acteurs techniques. Ce qui nous permettra de contrôler la cohérence de tout ce qui se fait à Yamoussoukro. Nous ne sortons pas, de ce fait, de notre rôle de coordonnateur. Ce document est donc disponible. Mais en réfléchissant un peu, nous sommes allés au-delà, en nous disant que nous avons pour mission d’accélérer le processus de transfert de la capitale. Et nous nous sommes dit comment parvenir à accélérer le processus. Parce que rien n’oblige un investisseur qui descend à Port-Bouët, à Abidjan, de venir jusqu’à Yamoussoukro. Dans la mesure où c’est à Abidjan que se trouvent toutes les commodités, notamment le port, l’aéroport international. C’est pourquoi nous avons décidé de proposer un cadre incitatif relativement aux investissements. Nous avons donc entamé des discussions avec toutes structures compétentes qui peuvent nous accompagner dans cette réflexion en vue de la mettre en oeuvre de ce cadre incitatif. Mais au-delà, nous pensons à la mise en place d’une zone franche à Yamoussoukro. Ce sont des propositions que nous faisons. Pour ce faire, nous avons tout un plan de communication à mettre en oeuvre pour sensibiliser la Côte d’Ivoire entière, en particulier les populations de Yamoussoukro, à la nécessité d’accueillir la capitale. Car mes parents ont beaucoup à gagner.
Le transfert de la capitale à Yamoussoukro, ce sont au quotidien de nouvelles bâtisses qui sortent de terre sur les superficies de la Zap. Mais qu’en est-il du vieux Yamoussoukro qui progressivement perd l’un de ses plus grands atouts qui est la route?
Car à ce niveau, le confort de circulation est devenu un lointain souvenir eu égard au piteux état des voies.
Vous savez, pour que Yamoussoukro soit la belle ville dont nous rêvons tous, elle doit être construite dans tous ses compartiments. Aujourd’hui, le Président de la République, lui-même, est très pressé que le palais présidentiel soit achevé, tout comme l’hémicycle et le Sénat afin que la capitale vienne à Yamoussoukro. Ce faisant, il se bat comme il peut et avec les maigres moyens dont il dispose par ces temps difficiles. Tous ces chantiers sont prévus; mais tout est une question de temps et de moyens. Dès lors que toutes les institutions sont transférées, ainsi que tous les ministères, le reste suivra, soyez-en sûrs. Mais déjà, un plan de réhabilitation est en vue en ce qui concerne les axes principaux. C’est un programme d’urgence qui concerne un certain nombre de villes, dont Yamoussoukro. Mais la voirie au niveau de Yamoussoukro n’a pas été oubliée dans le transfert de la capitale. Car la route est un élément fondamental dans la construction d’une ville.
Je vais vous surprendre si je vous dis que Yamoussoukro n’est pas viabilisée. L’embryon de viabilisation se trouve au niveau du quartier Millionnaire, c’est tout. Yamoussoukro n’est pas non plus doté d’un réseau d’assainissement. Aujourd’hui, nous réalisons que toutes les stations d’épuration des eaux usées qui sortent des bâtiments modernes que le président Houphouet a construits pour loger les enseignants, ne sont plus fonctionnelles. Nous en avons nous-mêmes fait le constat car toutes les eaux de pluies sont directement drainées dans les lacs. Et lorsque vous les regardez, ils sont envahis de plantes vertes, parce que toutes ces eaux sont extrêmement polluées. Une mission chinoise a fait des prélèvements d’eau niveau de ces lacs et s’est posé la question de savoir comment nous pouvons cohabiter avec ces plans d’eaux si polluées. Ils se proposent donc de doter Yamoussoukro d’un plan d’assainissement. Ce sont autant de chantiers à embrasser. Mais tout le monde ne regarde que le foncier parce qu’il y a tout de suite à manger à ce niveau.
Pour revenir aux routes, il faut ajouter que chacun doit avant tout assumer ses responsabilités. Parce qu’en la matière, la mairie et le district ont leur rôle à jouer. C’est pourquoi j’en appelle à la responsabilité et à la collaboration de tous afin que nous construisions la capitale, car le transfert est l’affaire de tous.
Il faut souligner que le Président Houphouet a pensé la capitale et le Président Laurent Gbagbo, en républicain, est en train de traduire le rêve en réalité. Il appartient donc à tous les fils de Yamoussoukro de l’épauler. En se conformant aux règles établies. Nous en appelons à la collaboration de tous, car nous y gagnons tous.
J’ai entendu dire qu’Abuja a été construit en trois ans, parce que tous se sont mobilisés. J’ai entendu également dire que Brasilia est devenue un patrimoine mondial. Et donc pour enterrer Ertone Séna, une grande figure de tout le Brésil, il a fallu demander l’autorisation à l’Unesco. Pourquoi en même temps que nous acceptons le transfert, sur le terrain, faisons-nous autre chose? Pourquoi faisons-nous autre chose qui entrave et empêche l’aboutissement de ce projet? Pourquoi n’inscrivons, nous pas dans notre comportement de tous les jours, dans la vision de ces illustres présidents qui ont décidé de donner sa chance à Yamoussoukro?
Là-dessus, je serai ferme, car tout ce qui ira contre le transfert de la capitale, est un acte de vandalisme qui doit être immédiatement réprimé en tant que tel conformément à la loi en vigueur.
Interview réalisée par N’Dri Célestin