Show Biz / Antoinette Konan (artiste chanteuse) : “Je suis obligée de partir de la Côte d`Ivoire”

Antoinette Konan veut partir de la Côte d`Ivoire pour donner une autre chance à sa carrière musicale. Dans cette interview, l`artiste dit tout sur ses relations avec ses confrères, ce qu`elle pense des All stars for Gbagbo, de la crise politique et des chances de la Côte d`Ivoire à remporter la CAN.

Antoinette Konan, quelles sont vos attentes pour l`année 2010?

Je voudrais rester muette sur mes projets de 2010. Et vous inviter à les découvrir progressivement avec moi. J`en ai 3 ou 4, mais on ira par étape. Pour le moment, je souhaite une très bonne et heureuse année à toute la population ivoirienne, elle qui m`a adoptée et permis d`être encore là.

2009 a été marquée par des incompréhensions dans le milieu des artistes avec l`élection au Burida ?

2009 a été pour moi la dernière année que j`aurais à passer avec mes collègues artistes. J`ai été franche, j`ai manifesté un certain nombre de prises de position. J`ai dit mes projets. C`est fini, j`ai tourné cette page. Concernant le Burida, 2009 m`a permis de voir autour de moi ceux qui jouaient franc-jeu, ceux qui étaient très hypocrites avec moi. Dieu m`a permis de les voir se dévoiler. 2009 m`a permis de grandir, de savoir à quoi m`en tenir désormais par rapport à ma carrière artistique, de voir dans quelle mesure je peux me gérer individuellement pas de façon collective. J`ai compris les réalités du milieu. Cela m`a ouvert les yeux. Ça a été l`année pilote de ma carrière. Vous n`allez pas souvent me voir dans le milieu de la culture par ici parce qu`il y a beaucoup de choses qui restent à faire. Il faut avancer. J`ai une carrière à bâtir et je vais m`employer à cela.

Votre projet de création d`une association autre que le Burida tient-il encore ?

Le projet pourrait tenir si je me rendais compte que les artistes étaient matures dans l`esprit. Mais, pour le moment, ce n`est qu`une lucarne. J`ai d`autres projets immédiats pour le moment. Je ne rentre pas dans les détails. On va les découvrir au fur et à mesure.

Antoinette a-t-elle envie de démissionner avec tout ce qu`elle dit ?

Non, je ne démissionne pas. Je dis que je vais aller voir sous d`autres cieux ce qui se passe et voir comment les choses évoluent dans ces endroits. J`ai donné le meilleur de moi-même. Ça n`a servi à rien. J`ai perdu du temps par ici.

Est-ce que vous quittez la Côte d`Ivoire ?

Quitter, c`est trop dire, je serai à cheval entre la Côte d`Ivoire et d`autres régions. Ma carrière ne va pas s`arrêter ici. Je vais aller où les gens seront intéressés par ce que je fais. Mais je ne quitte pas mon pays. J`aime la Côte d`Ivoire, mais je suis obligée de partir pour les besoins de la cause

Vous aimez votre pays, il sort de la crise. On annonce les élections pour février début mars. Vous y croyez ?

Que j`y crois ou pas, là n`est pas la question .Mon souhait c`est qu`on y aille parce que les gens sont essoufflés. Je suis dans le peuple, il faut qu`on aille aux élections pour soulager ces personnes. Les gens ont faim, les gens sont fatigués, il n`y a pas de boulot. Il serait donc bon que nous allions aux élections cette année. Il faut que les choses reviennent à la normale, sinon on ne sait pas où on va.

Vos jeunes frères se sont constitués en un groupe appelé "All Stars pour Gbagbo ". Est-ce facile pour un artiste de chanter pour un homme politique ?

Je n`ai pas d`avis sur cette question. Ici, la culture a plusieurs colorations. Par rapport à cela, on a le droit de faire ce qu`on veut. Maintenant, c`est des risques à prendre. Si ton parti gagne, il n`y a pas de problème; il ne passe pas, c`est là qu`il faut se poser la question. C`est un risque à prendre. Dans le milieu de l`art on est tous majeurs.

Antoinette Konan a un parti politique ?

J`ai manifesté ma reconnaissance à Houphouët Boigny et je ne m`en cache pas. Parce que chaque fois qu`il a eu à poser un acte ça a été pour toute la population. Par reconnaissance, je lui ai manifesté beaucoup de choses et je ne regrette pas de l`avoir fait. Mais je dois beaucoup à toute la Côte d`Ivoire qui m`a fabriquée.

Avez-vous un message pour les leaders politiques ?

Je ne sais pas si ces messages servent. C`est nous qui ne nous comprenons pas. Or, ces leaders s`appellent, ils se rencontrent quand ils peuvent. Donc, je pense que c`est à la population qu`il faut adresser un message. Il faut grandir politiquement, chacun doit penser comme il l`entend. Mais il ne faut pas aller jusqu`à susciter des guerres tribales. Il ne faut pas qu`on en arrive là. Il faut qu`on avance. Ce qui va compter c`est le bulletin qu`on va mettre dans les urnes

La culture n`étant pas loin du sport, est-ce que vous pouvez faire votre pronostic par rapport à la CAN ?

Ne nous insultez pas. La culture n`a pas le tiers de ce que le sport a. Ici, les gens ont toujours pensé sport. Malheureusement, je suis désolée, le sport ne fait que nous humilier. C`est quelque rare fois qu`on a pu relever la tête. Si parallèlement au sport, on donnait le tiers à la culture, je pense que ce ne serait pas seulement le sport qui ferait rentrer de l`argent. Mais les Ivoiriens peuvent sortir vainqueur de cette CAN, si on rêve moins. Si on frime moins, si on se consacre au travail, on peut gagner. Il faut travailler.

Interview réalisée par DJE KM et Tade Dieusmonde