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Politique Publié le jeudi 7 janvier 2010 | Le Nouveau Réveil

Laurent Gbagbo devant le corps diplomatique, hier : “Je n`augmenterai aucun salaire”

Face au corps diplomatique et en réponse au message délivré par le nonce apostolique, doyen du corps diplomatique, le chef de l`Etat Laurent Gbagbo s`est encore une fois prononcé sur les récentes grèves qui ont secoué tout récemment le front social. Alors qu`on croyait les différends avec les syndicats définitivement réglés avec la médiation engagée par les religieux, le président Laurent Gbagbo a marqué sa détermination à en découdre farouchement avec tous les travailleurs qui seraient tentés de réclamer une amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Il a soutenu avec hargne qu`il ne déboursera pas un seul centime pour un corps de métier. Par ailleurs, il s`est prononcé sur l`avancée du processus électoral en l`occurrence la gestion du contentieux électoral. Nous vous proposons de larges extraits de ses propos tenus hier.


Les récents remous sociaux

" (…) Cela fait bientôt dix ans que je suis président, nous avons eu 83 grèves et 18 mois non œuvrés. Si on totalise les jours de grève, ça fait 18 mois. Quand je prends des décisions, les grévistes sont un peu surpris. Je voudrais expliquer que la démocratie, c`est la liberté. Mais, il n`y a pas de liberté sans limite. La démocratie autorise les grèves, mais la démocratie autorise aussi le patron à couper les salaires de ceux qui décident d`aller en grève. Ce qui fait que quand on va en grève, qu`on sache qu`on va avoir le salaire coupé. La démocratie fait cela parce que s`il n`y pas d`instrument de rétorsion, il n`y aura pas de travail. Parce que chaque être humain aimerait bien rester tranquille à la maison sans travailler et être payé. J`ai rencontré un ami Européen qui me disait qu`il n`y a qu`en Afrique où les gens font la grève, ils ne travaillent pas et puis on les paye. Alors dans nos lois, celui qui fait la grève, on doit couper son salaire. Ici, quand on coupe le salaire de celui qui ne travaille pas, c`est comme si on est contre lui. Moi qui vous parle, j`ai participé à au moins 10 grèves quand je travaillais. Mais à chaque fois, on a coupé mon salaire. Et je n`ai jamais fait de dérogation pour aller demander qu`on rétablisse mon salaire. Parce que c`est en connaissance de cause qu`on entre en grève. Donc il faut que les Ivoiriens comprennent que le droit de grève est assorti du droit de ne pas avoir de salaire. Le salaire est la contrepartie du travail qu`on fait. Si on ne travaille pas, on n`est pas payé. Il faut que cela soit compris par tout le monde. "


Hausse des salaires

" Il y en a qui disent il faut qu`on augmente les salaires. Je n`augmenterai rien et je voudrais le dire très solennellement ici. Je n`augmenterai rien. Pourquoi ? Parce que j`ai trouvé un endettement excessif, 6400 milliards de dette de la Côte d`Ivoire, c`est trop. Nous étions amené à payer les services de la dette de 700 milliards par an. Nous travaillons aujourd`hui avec le gouvernement pour que cette dette soit réduite. Nous avons fini la première partie qui consistait à serrer la ceinture pour payer un peu à la Banque mondiale (108 milliards) et à la Bad (100 milliards). On a fait des efforts. Ils ont été très durs mais on a passé le cap. On a discuté, nous avons atteint le point de décision, mais cela ne veut pas dire qu`on a annulé la dette. Cela veut dire que maintenant, nous avons des efforts à faire pour qu`on annule la dette. Et on nous surveille. Notre masse salariale a doublé depuis que je suis au pouvoir. Tous les corps de l`administration ont vu leur pouvoir d`achat augmenter. Il n`y a pas un seul qui n`a pas vu son pouvoir d`achat augmenter. J`ai été juste et j`ai été généreux. J`ai été généreux parce que j`avais de quoi à être généreux. Maintenant, pour que je sois encore plus généreux, il faut qu`on me retire totalement de la dette, c`est-à-dire il faut que j`atteigne le point d`achèvement.


L`organisation des élections

" J`ai dit et je répète qu`il faut que nous aidions le président Beugré Mambé lui-même, mais toute la Cei à aller vite. Aujourd`hui, j`ajoute qu`il faut aller vite mais il faut aller bien. Dans la Constitution, le mandat présidentiel est de 5 ans. Moi, j`ai été élu une fois et ça fait 10 ans que je suis président. C`est qu`il y a quelque chose, qu`il y a eu problème. Si on ne tient pas compte de ce problème, on ne fait rien, on ne bouge pas. Dans la Constitution, un mandat normal est de 5 ans. Moi pour une élection, j`ai deux parts. Il y a un problème. Evidemment, ces deux parts sont constitutionnelles donc je ne les ai pas volées. Même si je ne les ai pas volées, il nous faut retomber dans la normalité. Mais, pourquoi il y a un problème. Il y a un problème parce que des Ivoiriens ont estimé qu`ils étaient laissés pour compte, qu`ils n`avaient pas de carte d`identité, qu`on ne s`occupait pas d`eux, qu`on ne les considérait comme des Ivoiriens. Moi-même, en tant que député et secrétaire général du Front populaire ivoirien à l`époque, je suis allé faire ma tournée dans le nord, plus précisément à Minignan, quelqu`un m`a dit dans son discours, "M Gbagbo, si vous pouvez nous aider, aidez-nous. Nous ne sommes pas des Guinéens mais la Côte d`Ivoire nous a oubliés". Je n`oublierai jamais cette phrase. C`est une interpellation et c`est l`un des fondements de la guerre que nous avons connue. Donc il ne faut pas se contenter de crier " on va aller aux élections, on va aux élections " mais ceux qui seront inscrits sur les listes électorales recevront en même temps leur carte d`identité. Donc les organisateurs des élections ont en même temps sans le vouloir une compétence d`état civil. Or ces derniers temps, partout, partout, partout des Ivoiriens se plaignent qu`ils ont été identifiés mais qu`ils ne sont pas inscrits sur les listes. Après le travail de la Sagem et de l`Ins, après que le premier ministre et moi-même nous leur avons demandé de faire un effort pour retrouver les Ivoiriens, ils ont fait un premier effort puis un deuxième, on a affiché 1 033 000 personnes qu`on n`arrivait pas à retrouver. On est passé au croisement physique, il marche bien. Et je crois qu`on aurait dû le commencer plus tôt. Mais il y a beaucoup d`Ivoiriens qui ne sont pas encore dessus. Si notre volonté, c`est que tous les Ivoiriens soient inscrits dessus, il faut qu`on le dise et moi je le dis. (...) Donc, il faut qu`on travaille vite mais qu`on travaille bien. Aujourd`hui, quand on fait le point avec les rapports de police, les rapports des préfets, les rapports des gendarmes que je reçois, on est dans certains coins à 40%, quand c`est beaucoup 45% peut-être, 30%, 15%. On ne va pas aller aux élections comme ça. Et on ne va pas régler le problème qui nous a amené la crise comme ça en adoptant une solution bancale. On a trop souffert. On a enduré beaucoup de temps, 10 ans. Et on a englouti des milliards. Ces milliards auraient dû servir à construire des dispensaires et des écoles. Mais on a payé, il faut que le travail se termine bien. Donc je voudrais dire à mes amis de la Cei, au premier ministre surtout qui est, au nom de l`exécutif, celui qui parle avec la Cei, de faire un dernier effort pour que la fin ne gâte pas le tout. Tous les Ivoiriens ont fait beaucoup d`efforts. Nous avons passé beaucoup de temps. Nous avons parlé beaucoup. Mais il faut absolument que la fin ne gâte pas le tout. Il faut que ce qui reste à faire soit bien fait. Il faut que les Ivoiriens soient inscrits pour qu`ils votent et pour qu`ils aient leur carte d`identité. Pour qu`un Ivoirien ne dise plus qu`on ne s`occupe pas de lui. Il faut que les étrangers sortent de la liste. (...) "

Propos recueillis par Paul Koffi
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