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Politique Publié le jeudi 7 janvier 2010 | Le Nouveau Réveil

Grâce présidentielle : Gbagbo maquille la libération de sa secrétaire

Le quotidien gouvernemental Fraternité Matin a ouvert son édition d'hier 6 janvier 2010 avec cette exaltation : " Justice : Grâce présidentielle pour 100 femmes ". Et à l'intérieur du journal, à la page 7 : " Gbagbo libère une centaine de femmes en détention ". En effet, à travers le décret n°2010-01 du 4 janvier 2010, l'omni-président a grâcié son ex-secrétaire particulière, madame Bléhon Emilienne épouse Gomé Gnohité Hilaire. Lequel époux est un conseiller de l'omni-président Laurent Gbagbo. Petit rappel des faits : le mercredi 11 février 2009, le tribunal des flagrants délits d'Abidjan, sur plainte personnelle du président Gbagbo, a déclaré coupable, des faits d'escroquerie portant sur la somme de 65 millions, dame Gomé Hilaire et en répression, l'a condamnée à 5 ans d'emprisonnement ferme, 300 mille francs d'amende, trois ans d'interdiction de paraître sur le territoire du district d'Abidjan, 10 ans de privation des droits civiques. Les mêmes peines avaient été prononcées pour sa complice, une collaboratrice extérieure de la présidence de la république, dame Metté Elise. Les 65 millions en question avaient été malicieusement soutirés à l'ex-directeur général de MTN-CI. Cette scabreuse affaire, on s'en souvient, avait fait grand bruit en début d'année dernière. Certaines personnes y avaient vu dans cette sévère condamnation, un message fort envoyé par l'omni-président à tous ceux qui, autour de lui, s'adonnaient au racket et à l'escroquerie sur son dos, en monnayant ses audiences. Et patati patata… le tout enrobé dans une exploitation à but électoraliste. Mais voilà… par la magie d'un décret, l'omni-président vient de libérer son-ex secrétaire. Il dispose de la prérogative de la grâce et il en use à sa guise. Pour libérer sa secrétaire qui n'a même pas encore passé un an en détention. Exit donc l'émotion créée dans le pays par cet acte commis à la présidence de la république. Mais pour ne pas choquer le peuple, la décision est élargie aux autres détenus et spécialement aux détenues de sexe féminin. Pourquoi seulement aux détenues de sexe féminin ? Et pourquoi pas aux détenus des deux sexes ? Quand on lit le décret, on ne peut s'empêcher de sourire devant le maquillage. Article 1er : " La remise gracieuse de la totalité de la peine privative de liberté est accordée à toute personne de sexe féminin, détenue en exécution d'une condamnation devenue définitive à la date du présent décret. ". Les avocats de dame Gomé ont fait appel de sa condamnation. "Je vais faire appel tout à l'heure de cette décision que j'estime excessive… ". Avait déclaré à la presse, l'un de ses avocats, maître Félix Bobré, quelques minutes après le prononcé de la condamnation. Depuis quand dame Gomé Hilaire a-t-elle renoncé à cet appel au point d'être libérée dans les minutes qui ont suivi la publication du décret, comme nous l'ont signifié des sources à la Maca? Et les mêmes sources précisent que depuis le samedi 2 janvier, tout le monde dans cette prison savait que dame Gomé Hilaire allait être libérée. Certes, l'omni-président a le droit d'accorder sa grâce à qui il veut. Mais en libérant seulement 27 femmes à la maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) alors que plus d'un millier de détenus de sexe masculin ayant commis des infractions autrement moins graves que celle de son ex-secretaire et qui ont purgé plus de la moitié de leur peine, croupissent encore dans cette prison et dans celles de l'intérieur du pays, il commet une sorte d'injustice, de discrimination. En libérant son ex-secrétaire à qui il restait encore 4 ans à purger alors qu'il y a des prisonniers ayant commis la même infraction, ou qui sont en prison pour des vols de portable, pour fraude à un examen, et à qui il ne reste que un an ou quelques mois à purger, il démontre aux yeux de tous que son décret n'a été pris que pour faire libérer la femme de son conseiller. Rien d'autre. Et c'est bien dommage que l'omni-président ait loupé là l'occasion de désengorger les prisons ivoiriennes surpeuplées, en graciant tous les détenus des deux sexes qui ont commis la même infraction ou des infractions moins graves que celle de son ex-secrétaire. Laquelle vient de reconnaître par son empressement à sortir de la Maca, qu'elle est bel et bien coupable des faits qui lui sont reprochés. Eh oui, la grâce présidentielle, contrairement à l'amnistie, n'efface pas l'infraction. Elle demeure. Oui, madame, c'est comme ça… !
ASSALE TIEMOKO
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