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Société Publié le mercredi 13 janvier 2010 | L’expression

Mois de janvier : Comment les Ivoiriens vivent la galère

Après les fêtes de fin d’année qui ont occasionné d’importantes sorties d’argent, certaines personnes joignent difficilement les deux bouts.

Après les fêtes de fin d’année, Noël et Saint Sylvestre, célébrées avec faste, certains Ivoiriens ont du mal à joindre les deux bouts. Comme le dit l’adage, après la fête, la défaite. En effet, nombre de personnes ne lésinent pas sur les moyens pour se faire plaisir en cette période. Cadeaux coûteux, nouveaux vêtements, nourriture, boisson et virée nocturne entraînent d’importantes sorties d’argent. Mais après, commencent les difficultés. «Janvier est le mois le plus long de l’année. Savez-vous pourquoi on dit cela alors que ce mois compte trente-et-un jours? Après avoir dépensé nos maigres revenus, nos poches sont vides. C’est le mois où on les dépenses sont réduites au plus strict minimum: nourriture, frais de transport. Les week-ends deviennent tristes. On ne fréquente pas les maquis», confie B. Alexis, enseignant dans une école privée. Comme lui, bien d’autres personnes passent des moments difficiles pendant le mois de janvier.

C’est le cas de Stéphane Obou, un jeune étudiant. Selon lui, il ne parvient pas à subvenir à certains besoins du fait des difficultés financières auxquelles il fait face en cette période. Cet étudiant qui vit en cité universitaire raconte qu’il est devenu un grand consommateur de garba (attiéké accompagné de poisson thon) et d’alloco (banane frite). «Avec seulement 300 Fcfa on peut s’offrir un plat. Dans les maquis, il faut débourser entre 600 et 800 Fcfa pour un plat de riz ou de foutou. Le choix est vite fait», s’explique Stéphane. Et de préciser : « la carte scolaire de bus nous facilite les choses. On peut se déplacer sans débourser un sou».

Un impact sur les activités commerciales

Outre les personnes qui ont dépensé sans hésiter pendant les fêtes de fin d’année, la galère frappent aussi à la porte de certaines personnes qui exercent des activités libérales. Conducteurs de taxis compteurs, vendeurs de vêtements, coiffeuses et tenanciers de maquis et bars sont confrontés à des difficultés financières. Baba Koné, commerçant de jeans et de bodies à Adjamé, explique que pendant ce mois, ses ventes ont considérablement baissé. «Chaque année, la situation est identique à cette période surtout que depuis quelques années, les fêtes musulmanes et chrétiennes se déroulent à la même période. C’est difficile pour des pères de famille. Je n’ai pas l’habitude de célébrer les fêtes de fin d’année. Je n’effectue aucune dépense. Mais, je vis des moments difficiles à cause de la baisse de mes recettes. Je peux passer toute une semaine sans écouler une seule marchandise. Les gens n’ont pas d’argent », affirme Koné. Siaka T., conducteur de taxi compteur, lui aussi parvient difficilement à faire les recettes demandés par son employeur. Selon lui, depuis le déclenchement de la crise de septembre 2002, les activités des chauffeurs de taxis sont en baisse. «Les gens préfèrent emprunter le bus, les gbakas ou les wôro-wôro. Ils n’ont pas d’argent. La situation se détériore à partir du 10 janvier. Après avoir effectué beaucoup de dépenses, ils n’ont plus assez de sous. Les rares personnes qui empruntent les taxis ne veulent pas qu’on mette le compteur en marche. Ils discutent le prix du transport. Nous sommes obligés d’accepter leurs propositions pour ne pas rentrer les poches vides», explique-t-il avec regret. Et de fustiger le comportement de ceux qui effectuent des dépenses folles justes à la fête de Noël et à la Saint Sylvestre. « Certains finissent par s’endetter ou brader des objets de valeur tout juste pour ne pas mourir de faim», déplore-t-il.

Réduire et planifier les dépenses

Siaka s’étonne que malgré les difficultés auxquelles sont confrontés ces fêtards, ils ne manquent pas chaque année de dilapider toutes leurs économies. Certaines personnes comme Dossongui, entrepreneur, ont mis fin à «ces habitudes dépensières qui ne causent que des soucis». Il estime que les Ivoiriens doivent avoir de nouvelles habitudes en période de crise. «Il faut réduire ses dépenses et songer à l’après-fête. Certaines dépenses ne sont pas nécessaires. On peut passer d’agréables moments en famille et éviter de jeter de l’argent par la fenêtre. Rien ne justifie leur attitude », soutient-il. Il affirme qu’il se contente d’offrir des présents à ses quatre enfants. «Je préfère aller à l’église et rendre grâce au seigneur. Je passe le reste de la journée en famille», explique Dossongui. Gueï, un agent de la fonction publique, fait savoir qu’il préfère planifier les dépenses. D’ailleurs, indique le jeune fonctionnaire, « la fête se prépare pendant toute l’année. Quand on épargne un peu d’argent à la fin de chaque mois, on ne peut pas avoir de problème. Il ne faut pas se contenter de son salaire de décembre. Même si on nous paye la gratification, le salaire de décembre est insuffisant pour faire face à toutes ces dépenses». Selon lui, les fêtes de Noël et de Saint Sylvestre sont si importantes qu’il est inévitable d’effectuer des dépenses.

Nimatoulaye Ba
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