La Côte d’Ivoire connaît ces temps-ci des coupures d’électricité, surtout aux heures de pointe. Ce phénomène irrite même les populations qui n’hésitent pas à s’en prendre à la Compagnie ivoirienne d’électricité qu’elles jugent responsable de ces délestages. Comment en sommes-nous arrivés à ces interruptions d’électricité ? Il est bon de savoir qu’aujourd’hui, dans l’état actuel du parc de production, à savoir les centrales thermiques et hydroélectriques, la Côte d’Ivoire dispose d’une puissance de 859 MW (Mégawatt). Alors que la consommation nationale aux heures de pointe (18h à 23h) est estimée à 876 MW. Il y a donc une marge à combler qui est 17MW. Pire, des incidents peuvent également aggraver la situation quand un problème survient sur la chaîne de production ou de distribution (18 715 km pour le réseau de haute tension et 15 560 km pour le réseau basse tension). L’information en notre possession est que la Côte d’Ivoire aurait pu éviter cette situation si les investissements dans le secteur avait été faits convenablement. Les retards dans ces investissements ne sont pas aussi un adjuvant à la fourniture d’électricité. En effet, les outils étant devenus désuets, la maintenance devient non seulement coûteuse mais elle est aussi un véritable casse-tête chinois. « Suite à la croissance de la consommation et aux retards dans les investissements, de nombreux ouvrages électriques sont aujourd’hui exploités au-delà de leur capacité technique. Il s’agit des transformateurs de puissance qui sont saturés et de certains départs alimentant les quartiers qui sont surchargés. Mais la CIE, vu le coût élevé des matériels, a opté pour la sécurisation de la distribution de l’électricité », a indiqué récemment Kouassi Mathias, Secrétaire général de cette compagnie. Si les investissements avaient suivi convenablement, l’on n’en serait pas là. Il faudrait surtout faire la part des choses et ne pas jeter forcément la pierre à la CIE. C’est un contrat d’affermage que cette compagnie a, avec l’Etat de Côte d’Ivoire. La CIE pour caricaturer, travaille dans une plantation dont le propriétaire est l’Etat. Tant que l’Etat ne met pas à sa disposition les moyens pour ajouter des plants ou agrandir la plantation, elle est impuissante. La CIE ne fait que de la maintenance dans la plantation. Donc, s’il y a absence d’investissement, la CIE ne peut rien entreprendre. Il n’appartient donc pas à cette entreprise de faire les investissements mais plutôt à l’Etat de Côte d’Ivoire. Qui perçoit de l’argent de la CIE lors du règlement des factures par les consommateurs d’Abidjan et de l’intérieur du pays. Ainsi, sur une facture d’électricité, la CIE perçoit 1/3 du montant (33%) des recettes qu’elle utilise pour ses charges et la maintenance des installations. Les 2/3 reviennent à l’Etat qui doit rémunérer les producteurs indépendants (Azito, Ciprel) régler les problèmes d’investissements à travers le Fonds d’investissement qui existe et que l’Etat doit en principe alimenter. Mais comme c’est la CIE que le consommateur côtoie régulièrement, c’est elle qui est toujours exposée. Il importe donc à l’Etat de Côte d’Ivoire de jouer rapidement sa partition et de ne pas attendre que la situation soit dramatique pour agir. Mieux, l’Etat doit souvent monter en première ligne pour calmer la population lors des délestages et avoir l’honnêteté de dire que c’est lui le responsable.
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA