Mme Coulibaly Aïchata, assistante sociale à la Sotra, initiatrice des mariages collectifs au sein de l’entreprise, explique ses motivations. .
Comment expliquez-vous la ruée vers le mariage civil en Côte d’Ivoire ?
Depuis l’avènement de la guerre, le peuple ivoirien a pris conscience de l’importance du mariage. Chacun s’est dit qu’il peut mourir à tout moment. Se préparer à cette mort était de créer une sécurité pour sa famille.
A combien se chiffrent les mariages célébrés à la Sotra ?
Le 16 décembre dernier, nous avons célébré la 19ème édition du mariage collectif. A ce jour 1.051 couples se sont unis par le biais du mariage collectif que nous organisons.
Quelle est la proportion de l’âge des candidats au mariage ?
Il y en a de tous les âges. Certains le font à une semaine de leur retraite. Pour le dernier mariage, il y avait un agent qui partait à la retraite le 22 décembre et qui s’est marié le 16 du même mois. Au mariage de février 2008, nous avons eu les plus jeunes couples. Ils avaient tous moins de 30 ans.
Qu’est-ce qui motive particulièrement ces unions dans votre entreprise?
En tant qu’assistante sociale, j’ai souvent été très interpellée par les agents malades, pour les aider à faire leur mariage quand ils connaissaient leur diagnostic et qu’ils avaient la crainte de mourir avant leur mariage. J’en avais organisé trois. Le troisième mariage du genre en 2003 m’a bouleversée. C’est à partir de celui-ci que j’ai pris la décision d’organiser les mariages collectifs à la Sotra pour éviter d’aller pleurer dans les hôpitaux au moment de ces mariages. J’ai informé la direction de ma volonté de marier des personnes en bonne santé plutôt que de le faire sur un lit de mourant. Et je remercie mon directeur général qui accepte les idées de la base. Il a soutenu les mariages collectifs et en a fait une institution.
N’est-ce pas les mariages collectifs des forces de défense et de sécurité qui vous ont également inspirée ?
Oui. Mais il faut reconnaître aussi que j’avais lu dans un journal qu’en Chine, les mariages collectifs se célébraient dans des églises. C’est de là qu’est partie mon inspiration. Le mariage collectif des forces de l’ordre m’a aidée dans la sensibilisation parce que c’est un modèle que nos collaborateurs avaient déjà vu. Mon idée de mariage collectif est partie certes de certains modèles, mais on peut le comprendre par mon amour pour mon prochain. J’ai moi-même bénéficié de la sécurité du foyer avec la pension de mon père. Je veux donc partager cette joie avec les autres.
Que gagne une entreprise dans le mariage de ses agents ?
L’entreprise gagne dans la stabilité des couples. Quand un agent n’est pas stable, cela a des répercussions sur son travail. Il est moins responsable lorsqu’il n’est pas marié. Il a moins peur de perdre son emploi parce qu’il se prend seul en charge et n’a pas de compte à rendre. Mais quand il est marié et il a une famille, il devient responsable. Il sait ce qu’on appelle un risque. Le risque n’est plus pour lui seul mais pour toute sa famille. En initiant ces mariages, nous avons surtout voulu créer un esprit de famille à la Sotra. Pour pénétrer au mieux les foyers de nos collaborateurs.
Quelles étapes franchissent les agents pour bénéficier de ces alliances ?
La première étape est la sensibilisation. Nous expliquons les bienfaits du mariage aux agents. Lorsqu’ils acceptent de se marier, ils déposent leur dossier chez l’assistante sociale. Ce dossier comporte l’extrait de naissance et les cartes d’identité des deux conjoints et des témoins. Ils participent à hauteur de quinze mille francs pour le cocktail. Le directeur général a voulu qu’ils participent en partie eux-mêmes à leur bonheur. La Sotra prend en charge les frais de dossiers au niveau de la mairie, la fanfare, le cocktail, le gâteau et offre des cadeaux à chaque couple. Et jusqu’à présent, nous n’avons pas entendu parler de divorce dans les couples que nous avons unis. A moins qu’ils ne fassent plus partie de notre effectif.
Comment se passe le suivi des couples unis ?
C’est vrai que cela nous manque. Notre objectif est justement de créer dans les jours à venir un véritable suivi des couples formés par les mariages collectifs. Il ne suffit pas de les marier et de ne plus les rencontrer ou d’ignorer leur problème. Quand le foyer se porte bien, nous devons également être avec eux pour les encourager. Nous souhaitons que la médiature de l’entreprise où deux assistantes sociales sont affectées, s’implique dans le règlement des conflits conjugaux ou dans le suivi des couples pour qu’il n’y ait pas de conflits conjugaux.
Quel incident s’est-il produit au cours de la célébration du premier mariage collectif de 2003 ? Un mariage aurait échoué…
C’était en mai 2003. Il y avait une série de 20 mariages ce jour-là. Et pour le premier couple qui devait se présenter devant le maire, l’agent n’avait pas prévu la séparation des biens avec son épouse, alors qu’il avait été sensibilisé à partager son régime matrimonial avec elle. Contre toute attente, lorsque le maire a demandé pour quel régime il optait, il a dit la séparation des biens. Et quand on a tendu le micro à la dame, elle a tout simplement dit qu’elle ne voulait plus se marier. C’est cela le scandale dont on parle. Sa tension est montée jusqu’à 22. Elle a estimé que la vie de couple était déjà dure pour elle. Et elle ne comprenait pas pourquoi son mari voulait le régime de la séparation. Il est revenu à de meilleurs sentiments et ils se sont mariés le même jour sous le régime de la communauté.
Confirmez-vous que les agents de la Sotra se marient entre eux ?
Mais la Sotra forme une famille. Si nous pourrions nous marier qu’entre nous, ce n’est pas condamnable. Nous sommes 4.600 personnes composées de femmes et d’hommes. On peut tomber amoureux les uns des autres. Le fait de vivre ensemble crée l’affection. Et le mariage civil est l’idéal pour des personnes qui s’aiment.
Interview réalisée par N.D
Comment expliquez-vous la ruée vers le mariage civil en Côte d’Ivoire ?
Depuis l’avènement de la guerre, le peuple ivoirien a pris conscience de l’importance du mariage. Chacun s’est dit qu’il peut mourir à tout moment. Se préparer à cette mort était de créer une sécurité pour sa famille.
A combien se chiffrent les mariages célébrés à la Sotra ?
Le 16 décembre dernier, nous avons célébré la 19ème édition du mariage collectif. A ce jour 1.051 couples se sont unis par le biais du mariage collectif que nous organisons.
Quelle est la proportion de l’âge des candidats au mariage ?
Il y en a de tous les âges. Certains le font à une semaine de leur retraite. Pour le dernier mariage, il y avait un agent qui partait à la retraite le 22 décembre et qui s’est marié le 16 du même mois. Au mariage de février 2008, nous avons eu les plus jeunes couples. Ils avaient tous moins de 30 ans.
Qu’est-ce qui motive particulièrement ces unions dans votre entreprise?
En tant qu’assistante sociale, j’ai souvent été très interpellée par les agents malades, pour les aider à faire leur mariage quand ils connaissaient leur diagnostic et qu’ils avaient la crainte de mourir avant leur mariage. J’en avais organisé trois. Le troisième mariage du genre en 2003 m’a bouleversée. C’est à partir de celui-ci que j’ai pris la décision d’organiser les mariages collectifs à la Sotra pour éviter d’aller pleurer dans les hôpitaux au moment de ces mariages. J’ai informé la direction de ma volonté de marier des personnes en bonne santé plutôt que de le faire sur un lit de mourant. Et je remercie mon directeur général qui accepte les idées de la base. Il a soutenu les mariages collectifs et en a fait une institution.
N’est-ce pas les mariages collectifs des forces de défense et de sécurité qui vous ont également inspirée ?
Oui. Mais il faut reconnaître aussi que j’avais lu dans un journal qu’en Chine, les mariages collectifs se célébraient dans des églises. C’est de là qu’est partie mon inspiration. Le mariage collectif des forces de l’ordre m’a aidée dans la sensibilisation parce que c’est un modèle que nos collaborateurs avaient déjà vu. Mon idée de mariage collectif est partie certes de certains modèles, mais on peut le comprendre par mon amour pour mon prochain. J’ai moi-même bénéficié de la sécurité du foyer avec la pension de mon père. Je veux donc partager cette joie avec les autres.
Que gagne une entreprise dans le mariage de ses agents ?
L’entreprise gagne dans la stabilité des couples. Quand un agent n’est pas stable, cela a des répercussions sur son travail. Il est moins responsable lorsqu’il n’est pas marié. Il a moins peur de perdre son emploi parce qu’il se prend seul en charge et n’a pas de compte à rendre. Mais quand il est marié et il a une famille, il devient responsable. Il sait ce qu’on appelle un risque. Le risque n’est plus pour lui seul mais pour toute sa famille. En initiant ces mariages, nous avons surtout voulu créer un esprit de famille à la Sotra. Pour pénétrer au mieux les foyers de nos collaborateurs.
Quelles étapes franchissent les agents pour bénéficier de ces alliances ?
La première étape est la sensibilisation. Nous expliquons les bienfaits du mariage aux agents. Lorsqu’ils acceptent de se marier, ils déposent leur dossier chez l’assistante sociale. Ce dossier comporte l’extrait de naissance et les cartes d’identité des deux conjoints et des témoins. Ils participent à hauteur de quinze mille francs pour le cocktail. Le directeur général a voulu qu’ils participent en partie eux-mêmes à leur bonheur. La Sotra prend en charge les frais de dossiers au niveau de la mairie, la fanfare, le cocktail, le gâteau et offre des cadeaux à chaque couple. Et jusqu’à présent, nous n’avons pas entendu parler de divorce dans les couples que nous avons unis. A moins qu’ils ne fassent plus partie de notre effectif.
Comment se passe le suivi des couples unis ?
C’est vrai que cela nous manque. Notre objectif est justement de créer dans les jours à venir un véritable suivi des couples formés par les mariages collectifs. Il ne suffit pas de les marier et de ne plus les rencontrer ou d’ignorer leur problème. Quand le foyer se porte bien, nous devons également être avec eux pour les encourager. Nous souhaitons que la médiature de l’entreprise où deux assistantes sociales sont affectées, s’implique dans le règlement des conflits conjugaux ou dans le suivi des couples pour qu’il n’y ait pas de conflits conjugaux.
Quel incident s’est-il produit au cours de la célébration du premier mariage collectif de 2003 ? Un mariage aurait échoué…
C’était en mai 2003. Il y avait une série de 20 mariages ce jour-là. Et pour le premier couple qui devait se présenter devant le maire, l’agent n’avait pas prévu la séparation des biens avec son épouse, alors qu’il avait été sensibilisé à partager son régime matrimonial avec elle. Contre toute attente, lorsque le maire a demandé pour quel régime il optait, il a dit la séparation des biens. Et quand on a tendu le micro à la dame, elle a tout simplement dit qu’elle ne voulait plus se marier. C’est cela le scandale dont on parle. Sa tension est montée jusqu’à 22. Elle a estimé que la vie de couple était déjà dure pour elle. Et elle ne comprenait pas pourquoi son mari voulait le régime de la séparation. Il est revenu à de meilleurs sentiments et ils se sont mariés le même jour sous le régime de la communauté.
Confirmez-vous que les agents de la Sotra se marient entre eux ?
Mais la Sotra forme une famille. Si nous pourrions nous marier qu’entre nous, ce n’est pas condamnable. Nous sommes 4.600 personnes composées de femmes et d’hommes. On peut tomber amoureux les uns des autres. Le fait de vivre ensemble crée l’affection. Et le mariage civil est l’idéal pour des personnes qui s’aiment.
Interview réalisée par N.D