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Société Publié le vendredi 15 janvier 2010 | Le Nouveau Réveil

Indiscipline des chauffeurs, téléphone au volant, obstruction des voies - Désiré Echui, Dg de l`Oser : “Nous n`allons plus tolérer certains comportements”

L'Office de sécurité routière (Oser) décrète "zéro accident" en 2010. Et y travaille. Son directeur général, Echui, dénonce, ici, l'indiscipline et les autres facteurs, sources des accidents de la circulation en Côte d'Ivoire.


Peut-on espérer un taux réduit des accidents de la circulation en 2010?

Notre objectif à l'Oser, c'est le zéro accident. Cette année 2010 doit être meilleure que 2009, en termes d'accident de la circulation, pour nous.


Comment comptez-vous relever ce défi ?

C'est très simple parce que les analyses que nous avons eu à faire concernant les statistiques d'accident nous ont permis de déceler un certain nombre de dysfonctionnements au niveau de la circulation routière. Cela nous a permis de mieux comprendre le phénomène d'accident.


Quels sont ces dysfonctionnements?

Nous avons des dispositifs qui ne sont pas conformes à la règle de la circulation, concernant notamment le code de la route. Les dysfonctionnements sont à trois niveaux : les hommes et les conducteurs, les véhicules et l'infrastructure et son environnement. A ces trois niveaux, il y a quelques éléments qui constituent des facteurs importants d'accident. Nous avons donc identifié les facteurs d'accidents par rapport à ces facteurs. Nous menons des campagnes de sensibilisation.


Comment comptez-vous rendre efficaces ces actions auprès des usagers ?

Il faut être clair. Notre objectif n'est pas de faire savoir que l'Oser fait de la sensibilisation. L'objectif, c'est que les usagers sachent que nous avons des actions de proximité. Nous allons vers les usagers, comme on l'a fait récemment pour les fêtes de Noël et du nouvel an. Nous nous sommes adressés directement aux usagers sans répression pour leur donner des conseils. Nous le faisons aussi à travers des spots qui passent dans les médias.


C'est la sensibilisation tous azimuts, comme vous dites, surtout quand on sait quand on connait l'indiscipline notoire des usagers, à quel niveau utilisez-vous le bâton ?

La mission de l'Oser, ce n'est pas de faire de la répression. C'est plutôt de sensibiliser pour que les usagers respectent les règles de circulation et fassent preuve de prudence.
La réglementation qui concerne la circulation de la route, c'est du ressort des Forces de l'ordre (gendarmerie, police).

Lorsque la réglementation ne fait pas l'objet d'une application effective, cela devient complètement la dérive. Personne ne respecte la réglementation et comme c'est la circulation sur la voie publique, vous voyez le désordre que cela peut créer avec tous les risques d'accident.


N'est-il pas nécessaire de créer une synergie entre les Forces de l'ordre et l'Oser pour faire respecter le code de la route ?

Vous avez parfaitement raison parce que la mission de l'Oser nécessite une efficacité sur le terrain. Nous avons des patrouilles avec la police, la gendarmerie pour réaliser certains aspects de notre mission. Je reviens sur la répression pour dire qu'aujourd'hui, après 32 ans de mission, en matière de prévention et de sécurité routière, la Côte d'Ivoire doit véritablement prendre le taureau par les cornes. On ne doit pas jouer quand il s'agit de la sécurité des usagers de la route, piétons et automobilistes. Il s'agit de passer maintenant à une autre phase. Je pense qu'on doit aller aujourd'hui vers une tolérance zéro, par rapport à la liberté que certains usagers prennent à l'encontre des règles de la conduite pour que les gens soient découragés et reviennent à des comportements plus responsables.


Avez-vous déjà entrepris des démarches auprès des autorités sécuritaires pour susciter ce déclic chez les usagers ?

Nous avons identifié un facteur parce qu'il faut le faire par touches successives et aller progressivement vers "le zéro accident". On ne peut pas le faire de façon concomitante.
Donc, nous avons lancé une campagne pour que les usagers puissent utiliser les accessoires de sécurité. Nous avons également constaté que dans les embouteillages, il y a des usagers impatients et qui ne veulent pas respecter la ligne et qui se permettent de rouler sur le trottoir en renversant des gens. La police a identifié ces mauvais comportements.


Souventes fois, les policiers se sont montrés plus indisciplinés que les usagers civils. C'est un sérieux problème, quelle solution y apportez-vous ?

Je n'ai pas constaté cela et je vais vous dire pourquoi j'émets des réserves sur cette affirmation. Quand vous prenez la gendarmerie, la police, l'armée, je dirai que ce sont des champions de la discipline. Ils sont les dépositaires de la discipline en Côte d'Ivoire. C'est inscrit dans notre devise : Union-Discipline-Travail. C'est-à-dire union et travail encadrent la discipline. Ces deux mots font de la discipline, une valeur tellement importante que dans leur milieu, ça ne badine pas.


Vous émettez des réserves sur ce problème, mais nous le constatons quotidiennement. Ils créent souvent des embouteillages et sont souvent plus indisciplinés que les automobilistes. C'est un constat…

Un policier peut être un usager. S'il se met dans une situation de non-respect de la situation, il peut être sanctionné comme n'importe quel automobiliste. Par contre, j'insiste pour dire qu'en tant qu’automobiliste, nous devons connaître l'importance des policiers dans la gestion de la circulation, dans la régulation et faire preuve d'un peu plus de discipline pour que dans les carrefours lorsqu'on voit les policiers qui sont en train de réguler la circulation, leur tâche soit facilitée.


Il y a aussi le problème des radars. Comment savoir qu'on est en erreur?

Nous avons une organisation qui fonctionne dans le cadre de ce qu'on appelle les unités-radars. L'unité-radar comprend deux gendarmes, deux policiers et des agents en civil de l'Oser qui sont chargés de faire la mission de contrôle des vitesses des automobilistes.
Sur le terrain, vous avez un agent de l'Oser qui veille sur le radar, vise et mesure les vitesses. Et plus loin à 500m, vous avez les gendarmes et les policiers qui interceptent les véhicules qui ont été signalés.

Les radars sont numériques et fiables. Le problème, c'est que l'organisation que nous avons en Côte d'Ivoire, contrairement à ce qui se passe en France, par exemple, ne nous permet pas de laisser partir les véhicules et leur envoyer ensuite un avis pour qu'ils paient…Nous sommes donc obligé d'arrêter les usagers, de leur signaler leur faute pour qu'ils paient. Celui qui conteste se rend au siège où nous avons une station de lecture. On récupère la carte mémoire sur laquelle les images des infractions sont enregistrées et on peut les visionner.


Le téléphone au volant est à la base de beaucoup d'accidents. Quelle est à ce niveau la position de l'Oser qui, il y a quelque temps, voulait l'interdire au cours de la conduite ?

Je voudrais rappeler que l'Oser avait introduit en son temps, un texte pour effectivement interdire le téléphone au volant. Entre-temps, la technologie a beaucoup évolué et il y a un petit débat qui consiste à se poser la question de savoir si ce n'est pas tant la manipulation du téléphone qui est source d'accidents ou le fait de parler. Ailleurs, le kit mains-libres est accepté par contre dans certains pays, tout cela est totalement interdit. A notre niveau, nous sommes en train de regarder un certain nombre de comportements facteurs d'accidents. Par exemple, quand on conduit et qu'on n'a pas les deux mains sur le volant, on perd quand même une bonne capacité de maîtrise du volant du véhicule. Nous sommes donc en train de voir ce qu'il faut retenir.


Revenons sur l'affaire du portable au volant. Selon vous, doit-on l'interdire ou pas ?

Je dis que nous sommes en train de rechercher effectivement la bonne décision. Admettons qu'on l'interdise. Comment on l'applique effectivement dans la réglementation pour faire la répression ? Doit-on se contenter du fait que le policier arrête tout simplement ? C'est sa parole contre la vôtre. Ce sont des éléments qui, comme le radar, nécessitent la production d'une preuve matérielle. Ce sont des choses qu'il faut voir de façon globale avant de mettre la réglementation en place.


Une dernière adresse à l'endroit des usagers ?

On ne doit pas arrêter d'utiliser la prudence. Notre mission repose sur la parole, la communication, les messages et en donnant ces messages, nous sommes persuadés que nous finirons par toucher les cœurs et les esprits des usagers. Il y a un certain nombre de facteurs qui nous préoccupent. Il y a la vitesse, il faut donc aller doucement. Le 2e facteur, ce sont les dépassements dangereux. Il y a aussi les stationnements dangereux. Je demande aux usagers d'être plus conscients du facteur risque. Chaque fois que quelqu'un prend son véhicule, il doit savoir que le risque routier l'accompagne. Nous voulons "zéro accident", mais le risque n'est pas zéro. Le risque est toujours là. Lorsqu'on en a conscience, on conduit avec prudence et on respecte les règles…Nous avons estimé que la sécurité routière commence par la formation des conducteurs, c'est-à-dire ceux qui vont passer le permis de conduire.

Interview réalisée par Parfait Tadjau
Coll : Cinthia R. Aka
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