Depuis son album ‘’Black System’’ sorti en 2000, Ismaël Isaac n’a plus mis de disque sur le marché. Annoncé pour fin 2009, le nouveau bébé de celui qui se fait appeler le ‘’Gangaba de Treich’’, n’a pas vu le jour. A cœur ouvert, Ismo raconte les circonstances de ce rendez-vous manqué et donne les raisons de sa neutralité au plan politique.
Comment va Ismaël Isaac ?
Je suis là, ça va. Je me porte bien par la grâce de Dieu. C’est vrai que cela fait dix ans que l’album ‘’Black system’’ est sorti. Vous savez, j’aime prendre tout mon le temps pour sortir mes albums. Je veux faire un album international. Avec toutes les démarches que j’ai effectuées, je crois que tout va bien maintenant et que l’album pourra voir le jour bientôt. Je pense que dans deux ou trois mois, l’album sera sur le marché.
Ce qui signifie que la carrière d’Ismaël Isaac est relancée, surtout avec son récent passage au Café de Versailles d’Alpha Blondy où, il a fait une bonne prestation ?
Non. Ne voyons pas les choses comme cela. Actuellement je joue au moins deux fois dans le mois dans les salles reggae. C’est surtout pour permettre au reggae ivoirien de maintenir l’image qu’on a de lui. Aussi, les salles dans lesquelles je joue sont-elles toujours pleines lors de mes passages. Il y a, à chaque fois, du monde. Disons aussi que les organisateurs de ces spectacles me font confiance malgré la longue période pendant laquelle je n’ai pas sorti de disque. A cela, il faut ajouter le fait que les Ivoiriens aiment bien le live.
Les reggaemen ivoiriens ne sortent plus d’album. Tiken Jah Fakoly qui le fait, vit désormais au Mali. Ne craignez-vous pas qu’Abidjan perde sa place de troisième capitale mondiale du reggae après Kingstown et Londres ?
La Côte d’Ivoire a toujours sa troisième place et elle ne peut pas la perdre. Les artistes sont toujours forts. Et le reggae ivoirien résiste bien au temps.
Seulement vous ne sortez plus d’album…
Oui. Mais ça vient. Même si nous sommes silencieux, je ne vois aucun pays africain qui peut nous ravir notre place. Avant, on parlait de Lucky Dube en Afrique du Sud. Le problème, c’est qu’il était le seul vrai reggaeman de ce pays. Lorsqu’il est décédé, comment se comporte le reggae sud-africain ? Il n’y a plus personne. Nous conserverons notre place tant que moi, Alpha et Tiken seront là. Il y a des personnes qui me suivent comme moi j’ai suivi Alpha Blondy. La relève est assurée. Pour la mise sur le marché de mon album, c’est moi-même qui constitue l’obstacle. Ismaël Isaac a aujourd’hui plus de 70 chansons qui ne sont pas encore arrangées. C’est comme un accouchement. Quand une femme est à terme, elle accouche forcement. Soyez patient.
Que fait Ismaël Isaac à part la chanson ?
Actuellement je voyage beaucoup. Je tourne en Afrique et à travers le monde. Durant ces dix ans, en plus de faire des tournées, je me suis aussi lancé dans les affaires. J’ai d’abord mon studio d’enregistrement qui est ouvert aux artistes. Je m’essais aussi à l’élevage de moutons. J’aime bien ces animaux. J’ai également investi dans l’immobilier.
Peut-on savoir de quoi parle Ismaël dans cet album ?
Il y a plusieurs thèmes. Les plus dominants sont l’amour et la paix. Je parle de la souffrance. J’ai eu la même inspiration que lors de mes anciens albums. Seulement, c’est la mélodie qui change. Ce sera du grand Ismaël Isaac. Je ne peux pas vous communiquer le titre de l’album parce que tous les enregistrements ne sont pas finis. Je n’aime pas trop donner les titres des chansons. Parce que lorsqu’ils (les pirates) entendent les titres, on ne sait jamais ce qui peut arriver.
Est-ce qu’on pourra entendre des chansons un peu plus engagées politiquement ?
De toute façon, je ne suis pas un politicien. Je ne suis qu’un simple chanteur. C’est vrai qu’on peut faire de la politique sans s’en rendre compte. Ce qui est distinctif chez moi, lorsque je chante, je m’efforce de donner des conseils. J’essaie de montrer ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Je suis un rassembleur, je n’aime pas diviser. Les politiciens ivoiriens sont des frères entre eux. La seule chose que je leur demande, qu’ils se donnent la main. Cela va du bonheur du pays.
Cette position ne joue-t-elle pas sur votre carrière ? Surtout que les artistes qui dénoncent les coups bas des politiciens sont beaucoup appréciés…
Dans la musique, les thèmes politiques sont les plus faciles en inspiration. Pour être dans le bain, il suffit de suivre l’actualité. A partir des informations recueillies, tu prends deux phrases que tu mets en chanson et tu déranges. Mais, s’inspirer à partir des thèmes sociaux, ce n’est pas permis à tout le monde. Pour moi, celui qui chante des morceaux engagés, se sent bien dans ce domaine. Car c’est de là qu’il tire son inspiration. Je remercie Dieu de n’avoir pas choisi d’être un artiste engagé.
Pourquoi ?
Si j’étais engagé, peut-être que je serais mort. Pour la seule raison que je ne sais pas faire de l’à-peu-près. Si c’est rouge, je dis que c’est rouge. C’est pourquoi, je me mets de côté et c’est mieux ainsi.
Ismaël Isaac avait annoncé que tant que la piraterie existerait il ne sortirait plus d’album. Avec la finition de cet opus, doit-on penser qu’il a trouvé une solution à la piraterie ?
On verra ce qu’on peut faire. Sinon, avec l’ampleur actuelle de ce phénomène, lutter contre est trop compliqué. Ce que je dis à mes fans, c’est d’acheter mes CD originaux lorsque le disque va sortir. Car, c’est prouver qu’ils aiment vraiment Ismaël. Il y a des CD originaux et piratés. Si un fan me croise dans la rue avec un CD piraté et me demande de le dédicacer, je ne le ferai pas. Et je pense que quelqu’un qui croit être un vrai fan de ma musique, ne fera pas cela.
Un artiste est à la tête du Burida. Croyez-vous qu’il pourra lutter efficacement contre cette piraterie en expansion ?
Gadji Céli est un homme du showbiz. Dieu merci, il est à la tête du Burida. Donc, je pense qu’il a de nombreuses idées. Il connaît bien les problèmes des artistes. Je le soutiens et j’ai foi qu’il pourra efficacement lutter contre les pirates.
Aussi aviez-vous annoncé de tout arrêter. Qu’en est-il réellement ?
C’est vrai que j’y ai songé un moment. Mais il faut comprendre cela autrement. Je voudrais arrêter de chanter avant 60 ans. Aujourd’hui, j’en ai 40. Si je mets dix ans pour sortir un album, combien d’album ferais-je avant la fin de ma carrière ? Vous voyez qu’il ne reste plus beaucoup.
Du 17 au 19 juin 2009 à Grand-Bassam, un séminaire a été organisé sur le nouchi par le ministère de la Culture et de la Francophonie. En tant que l’un des précurseurs de ce mode d’expression populaire, quel sentiment vous anime aujourd’hui ?
C’est une très bonne initiative et moi je suis heureux. Je suis, en quelque sorte, un témoin de l’histoire. Au début, nous les artistes qui nous exprimions à travers ce langage de la rue, étions trois. Tangara Speed Goda, Bony (Power) du groupe RAS et moi. Aujourd’hui, Tangara n’est plus, Bony vit en France, c’est donc moi seul qui suis là. Il y a des personnes qui nous marginalisaient. Mais aujourd’hui, lorsqu’on va sur internet, les Ivoiriens et même d’autres personnes, s’expriment en nouchi. On a surtout l’exemple de l’expression ‘’premier gaou’’. Le mot ‘’gaou’’ est du nouchi et ça a pris en Europe. Chez nous ici, les politiciens au cours des meetings parlent quelquefois en nouchi. C’est un langage codé né du parlé des enfants de la rue.
Ne pensez-vous pas que cette initiative tend à intellectualiser le nouchi, quand on sait que de nouveaux mots se créent chaque jour dans les rues ?
Non. Je ne le pense pas. Nous avions un ‘’vieux père’’ (aîné), du nom de Serge Daï qui avait pensé mettre sur pied un dictionnaire. Malheureusement, il est décédé. Je pense que ce projet aboutira un jour.
Ismaël a chanté pour Nelson Mandela lorsqu’il était en prison. A sa sortie de prison il l’a encore fait. Pourquoi vous n’êtes pas allé le rencontrer ?
Je chante Mandela par amour. J’ai aimé son combat et je l’ai soutenu. Le voir ou ne pas le voir, ce n’est pas une priorité pour moi. Au contraire, c’est à distance que je l’aime bien.
Interview réalisée par Sanou Amadou (stagiaire)
Comment va Ismaël Isaac ?
Je suis là, ça va. Je me porte bien par la grâce de Dieu. C’est vrai que cela fait dix ans que l’album ‘’Black system’’ est sorti. Vous savez, j’aime prendre tout mon le temps pour sortir mes albums. Je veux faire un album international. Avec toutes les démarches que j’ai effectuées, je crois que tout va bien maintenant et que l’album pourra voir le jour bientôt. Je pense que dans deux ou trois mois, l’album sera sur le marché.
Ce qui signifie que la carrière d’Ismaël Isaac est relancée, surtout avec son récent passage au Café de Versailles d’Alpha Blondy où, il a fait une bonne prestation ?
Non. Ne voyons pas les choses comme cela. Actuellement je joue au moins deux fois dans le mois dans les salles reggae. C’est surtout pour permettre au reggae ivoirien de maintenir l’image qu’on a de lui. Aussi, les salles dans lesquelles je joue sont-elles toujours pleines lors de mes passages. Il y a, à chaque fois, du monde. Disons aussi que les organisateurs de ces spectacles me font confiance malgré la longue période pendant laquelle je n’ai pas sorti de disque. A cela, il faut ajouter le fait que les Ivoiriens aiment bien le live.
Les reggaemen ivoiriens ne sortent plus d’album. Tiken Jah Fakoly qui le fait, vit désormais au Mali. Ne craignez-vous pas qu’Abidjan perde sa place de troisième capitale mondiale du reggae après Kingstown et Londres ?
La Côte d’Ivoire a toujours sa troisième place et elle ne peut pas la perdre. Les artistes sont toujours forts. Et le reggae ivoirien résiste bien au temps.
Seulement vous ne sortez plus d’album…
Oui. Mais ça vient. Même si nous sommes silencieux, je ne vois aucun pays africain qui peut nous ravir notre place. Avant, on parlait de Lucky Dube en Afrique du Sud. Le problème, c’est qu’il était le seul vrai reggaeman de ce pays. Lorsqu’il est décédé, comment se comporte le reggae sud-africain ? Il n’y a plus personne. Nous conserverons notre place tant que moi, Alpha et Tiken seront là. Il y a des personnes qui me suivent comme moi j’ai suivi Alpha Blondy. La relève est assurée. Pour la mise sur le marché de mon album, c’est moi-même qui constitue l’obstacle. Ismaël Isaac a aujourd’hui plus de 70 chansons qui ne sont pas encore arrangées. C’est comme un accouchement. Quand une femme est à terme, elle accouche forcement. Soyez patient.
Que fait Ismaël Isaac à part la chanson ?
Actuellement je voyage beaucoup. Je tourne en Afrique et à travers le monde. Durant ces dix ans, en plus de faire des tournées, je me suis aussi lancé dans les affaires. J’ai d’abord mon studio d’enregistrement qui est ouvert aux artistes. Je m’essais aussi à l’élevage de moutons. J’aime bien ces animaux. J’ai également investi dans l’immobilier.
Peut-on savoir de quoi parle Ismaël dans cet album ?
Il y a plusieurs thèmes. Les plus dominants sont l’amour et la paix. Je parle de la souffrance. J’ai eu la même inspiration que lors de mes anciens albums. Seulement, c’est la mélodie qui change. Ce sera du grand Ismaël Isaac. Je ne peux pas vous communiquer le titre de l’album parce que tous les enregistrements ne sont pas finis. Je n’aime pas trop donner les titres des chansons. Parce que lorsqu’ils (les pirates) entendent les titres, on ne sait jamais ce qui peut arriver.
Est-ce qu’on pourra entendre des chansons un peu plus engagées politiquement ?
De toute façon, je ne suis pas un politicien. Je ne suis qu’un simple chanteur. C’est vrai qu’on peut faire de la politique sans s’en rendre compte. Ce qui est distinctif chez moi, lorsque je chante, je m’efforce de donner des conseils. J’essaie de montrer ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Je suis un rassembleur, je n’aime pas diviser. Les politiciens ivoiriens sont des frères entre eux. La seule chose que je leur demande, qu’ils se donnent la main. Cela va du bonheur du pays.
Cette position ne joue-t-elle pas sur votre carrière ? Surtout que les artistes qui dénoncent les coups bas des politiciens sont beaucoup appréciés…
Dans la musique, les thèmes politiques sont les plus faciles en inspiration. Pour être dans le bain, il suffit de suivre l’actualité. A partir des informations recueillies, tu prends deux phrases que tu mets en chanson et tu déranges. Mais, s’inspirer à partir des thèmes sociaux, ce n’est pas permis à tout le monde. Pour moi, celui qui chante des morceaux engagés, se sent bien dans ce domaine. Car c’est de là qu’il tire son inspiration. Je remercie Dieu de n’avoir pas choisi d’être un artiste engagé.
Pourquoi ?
Si j’étais engagé, peut-être que je serais mort. Pour la seule raison que je ne sais pas faire de l’à-peu-près. Si c’est rouge, je dis que c’est rouge. C’est pourquoi, je me mets de côté et c’est mieux ainsi.
Ismaël Isaac avait annoncé que tant que la piraterie existerait il ne sortirait plus d’album. Avec la finition de cet opus, doit-on penser qu’il a trouvé une solution à la piraterie ?
On verra ce qu’on peut faire. Sinon, avec l’ampleur actuelle de ce phénomène, lutter contre est trop compliqué. Ce que je dis à mes fans, c’est d’acheter mes CD originaux lorsque le disque va sortir. Car, c’est prouver qu’ils aiment vraiment Ismaël. Il y a des CD originaux et piratés. Si un fan me croise dans la rue avec un CD piraté et me demande de le dédicacer, je ne le ferai pas. Et je pense que quelqu’un qui croit être un vrai fan de ma musique, ne fera pas cela.
Un artiste est à la tête du Burida. Croyez-vous qu’il pourra lutter efficacement contre cette piraterie en expansion ?
Gadji Céli est un homme du showbiz. Dieu merci, il est à la tête du Burida. Donc, je pense qu’il a de nombreuses idées. Il connaît bien les problèmes des artistes. Je le soutiens et j’ai foi qu’il pourra efficacement lutter contre les pirates.
Aussi aviez-vous annoncé de tout arrêter. Qu’en est-il réellement ?
C’est vrai que j’y ai songé un moment. Mais il faut comprendre cela autrement. Je voudrais arrêter de chanter avant 60 ans. Aujourd’hui, j’en ai 40. Si je mets dix ans pour sortir un album, combien d’album ferais-je avant la fin de ma carrière ? Vous voyez qu’il ne reste plus beaucoup.
Du 17 au 19 juin 2009 à Grand-Bassam, un séminaire a été organisé sur le nouchi par le ministère de la Culture et de la Francophonie. En tant que l’un des précurseurs de ce mode d’expression populaire, quel sentiment vous anime aujourd’hui ?
C’est une très bonne initiative et moi je suis heureux. Je suis, en quelque sorte, un témoin de l’histoire. Au début, nous les artistes qui nous exprimions à travers ce langage de la rue, étions trois. Tangara Speed Goda, Bony (Power) du groupe RAS et moi. Aujourd’hui, Tangara n’est plus, Bony vit en France, c’est donc moi seul qui suis là. Il y a des personnes qui nous marginalisaient. Mais aujourd’hui, lorsqu’on va sur internet, les Ivoiriens et même d’autres personnes, s’expriment en nouchi. On a surtout l’exemple de l’expression ‘’premier gaou’’. Le mot ‘’gaou’’ est du nouchi et ça a pris en Europe. Chez nous ici, les politiciens au cours des meetings parlent quelquefois en nouchi. C’est un langage codé né du parlé des enfants de la rue.
Ne pensez-vous pas que cette initiative tend à intellectualiser le nouchi, quand on sait que de nouveaux mots se créent chaque jour dans les rues ?
Non. Je ne le pense pas. Nous avions un ‘’vieux père’’ (aîné), du nom de Serge Daï qui avait pensé mettre sur pied un dictionnaire. Malheureusement, il est décédé. Je pense que ce projet aboutira un jour.
Ismaël a chanté pour Nelson Mandela lorsqu’il était en prison. A sa sortie de prison il l’a encore fait. Pourquoi vous n’êtes pas allé le rencontrer ?
Je chante Mandela par amour. J’ai aimé son combat et je l’ai soutenu. Le voir ou ne pas le voir, ce n’est pas une priorité pour moi. Au contraire, c’est à distance que je l’aime bien.
Interview réalisée par Sanou Amadou (stagiaire)