Engagée dans le processus de sortie de crise, la Côte d'Ivoire a plus que jamais besoin de ses médias de service public pour accompagner ce processus, en livrant aux populations des informations justes et équilibrées. Et surtout en traitant de façon équitable, les informations et activités des acteurs politiques et de la société civile. Mais le constat est tout autre, les médias d'Etat, notamment la télévision nationale faisant la part belle à ce qui est convenu d'appeler la majorité présidentielle avec la surmédiatisation des activités des structures proches de ladite majorité, comme le Cojep de Blé Goudé et autres. C'est cet état de fait qui a conduit la jeunesse proche du Rhdp à organiser hier une marche sur la Rti avec pour bouquet final la lecture d'une "motion de protestation contre la caporalisation des médias d'Etat par le clan du candidat Laurent Gbagbo". Mais ce qui trouble le citoyen face à cette grogne, cette vague de protestations contre la Rti, c'est l'attitude de la tutelle, notamment le ministre de la Communication, M. Sy Savané, qui observe un silence des plus inquiétants. Au lieu de laisser seulement le soin au Cnca de faire quelques sorties timides et sporadiques du genre " présentation du tableau du temps d'antenne ", le ministre de la Communication face à une telle vague de protestations des contribuables et usagers de la Rti devrait se sentir interpeller. Mais que non. Contrairement au ministre de la Jeunesse, des Sports et Loisirs Dagobert Banzio, qui est monté au créneau quand il y a eu le drame du stade Félix Houphouët-Boigny le 29 mars 2009, drame pendant lequel on a déploré 19 morts lors du match Côte d'Ivoire-Malawi comptant pour les éliminatoires combinées CAN et Mondial 2010, le ministre Sy Savané observe un mutisme troublant. Garderait-il cette attitude si la marche des jeunes houphouétistes avait dégénéré et conduit à des casses des installations de la Rti ? En sa qualité de responsable au plus haut niveau des médias d'Etat, le ministre de la Communication devrait, face à cette grogne populaire et légitime des consommateurs de la télévision nationale, se sentir interpellé et agir pour calmer sinon contenter ces nombreux Ivoiriens qui surcroît payent de l'argent (la redevance télé) et qui sont en droit d'attendre de cette même télévision des émissions de qualité et un traitement équitable des informations venant de toutes les chapelles politiques, gage d'une sortie de crise réussie.
Liah Ignace
Liah Ignace
