Le 1er février, les prix des prestations vont changer dans toutes les cliniques privées agréées de Côte d’Ivoire. Le président de l’Association des cliniques privées de Côte d’Ivoire explique dans une interview les raisons de ce changement.
Selon l’arrêté interministériel n° 390 Mic/Mspas/ du 27 septembre 1995, le nouveau barème des honoraires devait être en vigueur en 1998. Pourquoi avoir attendu 12 ans après pour l’appliquer ? Est-ce une question de choix ?
Nous n’avons pas choisi. A cette époque les sociétés chargées de la couverture maladie nous avaient demandé d’accepter de faire un rabais sur les coûts. Dans le souci de favoriser l’accessibilité aux soins des populations nous avons décidé de consentir à faire ce sacrifice à condition de bénéficier de l’appui de l’état par des subventions, des facilités fiscales etc. Malheureusement nous avons accepté de réduire les prix et nous n’avons reçu aucune mesure incitative nous permettant de soutenir dans le long terme cet effort envers la population. Pire nous avons assisté progressivement à l’instauration d’un marchandage dégradant sur les tarifs des prestations médicales au détriment de la qualité des soins et de la sécurité des malades. C’est ainsi qu’après la dévaluation du Cfa, nous nous sommes retrouvés à -30% voire – 40% des prix négociés auparavant. Nous sommes aujourd’hui dans un contexte de dumping et de concurrence déloyale n’autorisant qu’une médecine au rabais. Nous avions fait cet effort pour permettre à la population de se soigner, mais aujourd’hui face à l’inflation constante du coût de la vie les entreprises de santé privées ne peuvent être seules à assumer les problèmes liés à la santé des populations. La santé relève des prérogatives de l’Etat tout comme l’éducation nationale. Dans le secteur de l’éducation, il y a des dispositions prises pour les établissements privés alors que dans celui de la santé, rien n’est fait.
Pensez-vous que cette nouvelle grille est à la portée des Ivoiriens ?
Les entreprises privées de la santé comme toute entreprise sont soumises aux mêmes règles de gestion. Elles doivent s’adapter aux changements infligés par le marché et répondre promptement à toute fluctuation à la hausse. Il y va de leur survie. Vous conviendrez avec nous que si vous achetez une marchandise à 2000 F Cfa, vous ne pouvez pas la revendre à 1800 F. Si vous êtes contraints de le faire ou vous mettez fin à votre activité ou vous bénéficiez d’une subvention auquel cas vous n’avez aucun problème. Cela n’étant pas le cas vous n’avez d’autre choix que de vendre votre marchandise à 2200f. Vous dégagez ainsi au moins un bénéfice de 200f vous permettant de faire face à vos charges. Nous sommes à un stade où la question est de savoir si nous fermons ou non les entreprises de santé en Côte d’Ivoire. Ces établissements sont les seuls à avoir concédé une telle baisse depuis la dévaluation du Cfa. Si tout le monde veut qu’on tienne compte des capacités de la population à accéder aux soins, nous devons prendre conscience qu’il s’agit d’un problème national dont on ne peut attendre la solution que des seules entreprises de santé qui ne décident pas de la politique nationale de la santé du pays.
Quelle stratégie avez-vous mis en place pour que toutes les cliniques respectent ces nouveaux tarifs ?
La santé n’est pas un produit commercial. Lorsqu’un médecin pose un acte, il est payé sur ce qu’on appelle des honoraires. Les honoraires sont régis par les lois. Et le Conseil national de l’Ordre des médecins est là pour veiller à ce que ces prix soient respectés. Si vous devez choisir entre le Dr X et le Dr Y pour vous soigner, il faut que ce soit uniquement sur la compétence des deux médecins ; vous ne devez pas aller chez l’un ou chez l’autre à cause du prix. Les prix sont fixés par des groupements professionnels de santé qualifiés. Les prix font l’objet d’une publication et le Conseil de l’Ordre veille à leur respect. C’est ce que dit la loi. Un médecin qui ne les respecte pas peut passer en conseil de discipline pour concurrence déloyale condamnée par le code de déontologie médicale. Il s’agit tout simplement de faire appliquer les textes de loi qui régissent l’exercice de la profession en Côte d’Ivoire et de demander au Conseil de l’Ordre des médecins de jouer le rôle que lui confère l’Etat. L’Ordre est là pour veiller aux intérêts de l’Etat et donc pour protéger les populations des comportements non conformes que peuvent avoir des professionnels de la santé.
Où en êtes-vous avec la situation des cliniques clandestines qui vous font la concurrence ?
Il ne nous revient pas de faire la police. La police est le rôle de l’Etat. C’est lui qui a les prérogatives de police. L’Etat a fixé les règles du jeu. Il nous revient de respecter ces règles. A notre tour, nous disons à l’Etat de jouer son rôle. Nous dénonçons à l’Ordre des médecins nos collègues qui ne respectent pas les lois établies. Seul l’Etat peut faire la police aux cliniques clandestines.
Interview réalisée par Adélaïde Konin (stagiaire)
Selon l’arrêté interministériel n° 390 Mic/Mspas/ du 27 septembre 1995, le nouveau barème des honoraires devait être en vigueur en 1998. Pourquoi avoir attendu 12 ans après pour l’appliquer ? Est-ce une question de choix ?
Nous n’avons pas choisi. A cette époque les sociétés chargées de la couverture maladie nous avaient demandé d’accepter de faire un rabais sur les coûts. Dans le souci de favoriser l’accessibilité aux soins des populations nous avons décidé de consentir à faire ce sacrifice à condition de bénéficier de l’appui de l’état par des subventions, des facilités fiscales etc. Malheureusement nous avons accepté de réduire les prix et nous n’avons reçu aucune mesure incitative nous permettant de soutenir dans le long terme cet effort envers la population. Pire nous avons assisté progressivement à l’instauration d’un marchandage dégradant sur les tarifs des prestations médicales au détriment de la qualité des soins et de la sécurité des malades. C’est ainsi qu’après la dévaluation du Cfa, nous nous sommes retrouvés à -30% voire – 40% des prix négociés auparavant. Nous sommes aujourd’hui dans un contexte de dumping et de concurrence déloyale n’autorisant qu’une médecine au rabais. Nous avions fait cet effort pour permettre à la population de se soigner, mais aujourd’hui face à l’inflation constante du coût de la vie les entreprises de santé privées ne peuvent être seules à assumer les problèmes liés à la santé des populations. La santé relève des prérogatives de l’Etat tout comme l’éducation nationale. Dans le secteur de l’éducation, il y a des dispositions prises pour les établissements privés alors que dans celui de la santé, rien n’est fait.
Pensez-vous que cette nouvelle grille est à la portée des Ivoiriens ?
Les entreprises privées de la santé comme toute entreprise sont soumises aux mêmes règles de gestion. Elles doivent s’adapter aux changements infligés par le marché et répondre promptement à toute fluctuation à la hausse. Il y va de leur survie. Vous conviendrez avec nous que si vous achetez une marchandise à 2000 F Cfa, vous ne pouvez pas la revendre à 1800 F. Si vous êtes contraints de le faire ou vous mettez fin à votre activité ou vous bénéficiez d’une subvention auquel cas vous n’avez aucun problème. Cela n’étant pas le cas vous n’avez d’autre choix que de vendre votre marchandise à 2200f. Vous dégagez ainsi au moins un bénéfice de 200f vous permettant de faire face à vos charges. Nous sommes à un stade où la question est de savoir si nous fermons ou non les entreprises de santé en Côte d’Ivoire. Ces établissements sont les seuls à avoir concédé une telle baisse depuis la dévaluation du Cfa. Si tout le monde veut qu’on tienne compte des capacités de la population à accéder aux soins, nous devons prendre conscience qu’il s’agit d’un problème national dont on ne peut attendre la solution que des seules entreprises de santé qui ne décident pas de la politique nationale de la santé du pays.
Quelle stratégie avez-vous mis en place pour que toutes les cliniques respectent ces nouveaux tarifs ?
La santé n’est pas un produit commercial. Lorsqu’un médecin pose un acte, il est payé sur ce qu’on appelle des honoraires. Les honoraires sont régis par les lois. Et le Conseil national de l’Ordre des médecins est là pour veiller à ce que ces prix soient respectés. Si vous devez choisir entre le Dr X et le Dr Y pour vous soigner, il faut que ce soit uniquement sur la compétence des deux médecins ; vous ne devez pas aller chez l’un ou chez l’autre à cause du prix. Les prix sont fixés par des groupements professionnels de santé qualifiés. Les prix font l’objet d’une publication et le Conseil de l’Ordre veille à leur respect. C’est ce que dit la loi. Un médecin qui ne les respecte pas peut passer en conseil de discipline pour concurrence déloyale condamnée par le code de déontologie médicale. Il s’agit tout simplement de faire appliquer les textes de loi qui régissent l’exercice de la profession en Côte d’Ivoire et de demander au Conseil de l’Ordre des médecins de jouer le rôle que lui confère l’Etat. L’Ordre est là pour veiller aux intérêts de l’Etat et donc pour protéger les populations des comportements non conformes que peuvent avoir des professionnels de la santé.
Où en êtes-vous avec la situation des cliniques clandestines qui vous font la concurrence ?
Il ne nous revient pas de faire la police. La police est le rôle de l’Etat. C’est lui qui a les prérogatives de police. L’Etat a fixé les règles du jeu. Il nous revient de respecter ces règles. A notre tour, nous disons à l’Etat de jouer son rôle. Nous dénonçons à l’Ordre des médecins nos collègues qui ne respectent pas les lois établies. Seul l’Etat peut faire la police aux cliniques clandestines.
Interview réalisée par Adélaïde Konin (stagiaire)