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Art et Culture Publié le samedi 30 janvier 2010 | L’expression

Hassan Hyjazi (Homme d’affaires et écrivain) : "Le fétiche ne peut pas faire gagner de l’argent"

Après Kokoma et le Rendez-vous de Bassam, Hassan Hyjazi vient de mettre sur le marché du livre un manuel de préparation à la vie active intitulé l’Abécédaire. Dans cette interview, il explique ses motivations.

* Pourquoi avoir écrit l’Abécédaire ?

J’ai écrit l’Abécédaire parce que j’ai eu un jour l’envie de faire des recommandations à mes enfants qui viennent d’entrer dans la vie active. Il ne faut pas oublier que mes activités professionnelles me prennent assez de temps, je voyage beaucoup. Je voulais juste laisser un outil à mes enfants mais, je me suis retrouvé avec plein d’idées. C’est à partir de là que m’est venue l’idée d’écrire un ouvrage destiné à un large public.

Qu’est-ce qui fait la spécificité de l’Abécédaire par rapport aux deux précédents ouvrages ?

Je suis plus à l’aise avec l’Abécédaire parce que tout est véridique dedans. Il n’y a pas de fiction. Ce sont des expériences que j’ai vécues. Cet Abécédaire me colle à la peau. Le livre explique un peu ce que j’ai vécu. C’est un recueil que je mets à la disposition des jeunes pour qu’ils évitent de vivre ce que j’ai vécu.

D’où est venue cette passion que vous avez pour la littérature et la lecture ?

J’ai toujours eu une certaine gêne d’être en présence des gens qui peuvent dire qu’ils faisaient autre chose que travailler. Donc j’ai voulu combler cette chose depuis le début, dès l’âge de 19 ans. Je suis naturellement passionné de lecture. Je ne veux même pas utiliser les livres classiques de secrétaire, je préfère moi-même écrire mon courrier et le personnaliser à tous mes correspondants.

Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous avez des nègres de service pour écrire.

Cela ne me dérange pas. Chacun est libre de dire ce qu’il veut. Je n’ai pas fait de longues études.

Je soumets donc mes écrits à des universitaires pour la relecture.

Depuis la sortie de l’Abécédaire, avez-vous des satisfactions ?

Ce livre a provoqué un engouement auprès de nombreuses personnes. Le premier lot mis sur le marché est épuisé. Je suis souvent invité. Mais mon programme assez chargé ne me permet pas de répondre favorablement à ces toutes ces invitations. Autrement, ce livre a été apprécié dans les universités.

A lire l’Abécédaire, on constate que vous conseillez à vos enfants de ne pas paraître. Pourquoi ?
Je n’aime pas le boucan. S’il faut paraître pour se donner de la contenance comme le font certaines personnes, je déconseille cela. J’ai horreur des vantards qui se livrent à des trafics d’influence.

Quand on lit le livre, on découvre que vous avez pris beaucoup de coups. Ecrivez-vous pour régler des comptes ?

Je ne suis pas rancunier mais, je n’oublie pas non plus. Pour ne pas retomber dans les mêmes erreurs, je ne règle aucun compte. Je laisse à Dieu le soin de mener mon combat. Je laisse ceux qui m’ont fait du mal à leur triste sort.

Dans le livre, il y a beaucoup de places réservées à l’économie et aux finances, mais il y a assez de termes comme Dieu, cimetière qui ne relèvent pas du domaine des finances. Pourquoi ce choix ?

J’ai horreur de l’homme d’affaires sans scrupule, de l’homme d’affaires dur pour qui toutes les manières sont bonnes pour parvenir à ses fins. J’écarte totalement ces choses et j’invite mes enfants à beaucoup d’humanisme dans leur façon de faire les affaires et je les invite à traiter tous les sujets qui font de notre société ce qu’elle est avec beaucoup de respect. J’aimerais que ceux qui sont avec moi soient attachés à certaines valeurs.

Vous ne manquez pas de dénoncer l’action des Chinois en Afrique. Avez-vous des griefs contre eux ?

Je n’ai pas de griefs particuliers contre les Chinois. Mais, partout en Afrique, les opérateurs économiques ne sont pas protégés par les gouvernants. L’arrivée massive des produits manufacturés des pays asiatiques livre une concurrence déloyale aux opérateurs nationaux. Et jour après jour, nous assistons à la fermeture de certaines usines justement parce que ces usines ne peuvent plus produire sur place. Elles mettent au chômage du monde. C’est cela mon inquiétude.

Vous n’êtes pas tendre avec les banquiers. Avez-vous été victime d’une banque?

Pour être compétitif sur le marché, il faut vendre à des prix défiant toute concurrence. Les agios bancaires sont assez élevés et le banquier devient notre associé sans le vouloir puisqu’il prend une bonne partie de nos bénéfices. Pourtant cette part de bénéfice est celle qui aurait pu permettre à l’entreprise de devenir plus compétitive sur le marché et de vendre à moindre coût.

Avec les taxes à payer, on devient de moins en moins compétitif. Voilà ce que je décrie dans les relations avec la banque. Le loyer de l’argent est trop cher.

Que conseillez-vous à ceux qui veulent entrer dans les affaires et qui n’ont pas de moyens financiers. Peuvent-ils se passer de la banque ?

Le travail avec la banque est à prendre avec sérieux. On n’emprunte pas auprès de la banque de façon simpliste. Il faut être très avisé quand on emprunte avec une banque. Etre avisé sur tous les plans. Alors je préconise qu’on n’ait pas les yeux plus gros que le ventre. Et qu’on calme ses ardeurs, on ne va pas faire trois entreprises quand on ne peut même pas diriger une seule.


Est-ce à dire que les sociétés du groupe Hyjazi n’épargnent pas à la banque.
Malgré tout, nous travaillons beaucoup avec toutes les banques de la place. Nous évitons simplement d’être avalés par les sirènes qu’elles nous miroitent.

Vous n’empruntez pas donc ?
On emprunte. Mais, il faut être raisonnable.

Vous ne semblez pas croire au fétichisme et au charlatanisme.
Le charlatanisme, comme le mot l’indique très bien, est connoté négativement. Un féticheur ne peut pas à votre place vous faire gagner de l’argent. Autrement, le féticheur serait lui-même très riche.

Vous mettez en garde les futurs dirigeants contre les relations avec les femmes.
Pas avec les femmes. Toutes les relations. On ne fait pas entrer chez soi le premier ou la première venue. Parce qu’il y a de toutes les conséquences sur l’équilibre familial.

Vous faites la part belle à la Guinée. Quel lien avez-vous avec ce pays.

Je parle de la Guinée qui est un cliché de l’Afrique. C’est toute l’Afrique que j’aime. Je parle du Liban qui est le cliché du Moyen-Orient. Je parle de la France, c’est l’Occident. Or, il s’agit d’un ensemble de pays. Mais mon cœur bat pour l’Afrique.

Avec ce qui se passe en Guinée, avez-vous des conseils à donner ?
Je ne suis pas un homme politique. Mais je sais qu’il y a assez de choses et le peuple attend que les choses soient rétablies. Que l’Etat de droit revienne. Il y a beaucoup à faire en Guinée. C’est un pays qui est plein de richesses et le Guinéen n’attend que de travailler.

Dans le livre, on vous sent très optimiste. Pensez-vous que la Côte d’Ivoire puisse se relever.
Je suis très optimiste pour le pays. Le potentiel inexploité de la Côte d’Ivoire est immense. Il suffit que nous vivions en paix pour que tout démarre.

Y a-t-il un prochain livre en préparation ?
Alors il est important que je développe certains items de l’Abécédaire. Tel le prix d’un article et de ses ramifications. Le commercial, le comportement d’un commercial et toutes ses actions et la banque. Je vais parler de la banque et l’attitude d’un homme d’affaires vis-à-vis de la banque. Je suis en train de travailler dans ce sens.

Est-ce que le livre est commercialisé à l’extérieur.

Le Sénégal où j’ai distribué des livres aimerait que je mette sur place un réseau de distribution tout comme en Guinée, au Mali et au Liban. Pour le moment, je ne me suis pas trop investi dans le lancement de ce livre. Je suis très occupé par mon travail. Et malheureusement, je l’ai mis au second plan.

Vous ne faites pas la publicité du livre, alors ce n’est pas les moyens qui vous manquent.

Si je dois faire de la publicité, je dois gagner de l’argent. Or ce livre je l’ai distribué en partie et j’en ai commercialisé une partie. Il y a eu de l’engouement.

Interview réalisée par Traoré M. Ahmed.
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