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Société Publié le mardi 2 février 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Presse africaine : Vous avez dit «Médias d’Etat» ?

«Les médias d’Etat». Voilà une expression très ancienne à laquelle il n’existe pas véritablement un sens ‘’juridique’’ en Afrique. Depuis 1960, année des indépendances en Afrique, le rôle fonctionnel des ‘’médias d’Etat’’ n’a jamais été, ni une complexité, ni une version de divergence.

L’engagement des présidents africains, ceux qui avaient le statut de « père de la nation » a créé leur radios, télévisions, leurs journaux pour un seul rôle positif et fonctionnel : faire étalage des prouesses des actions de développement et l’addition du bon sens de la politique du président de la République, ou père de la nation ». Et partout en Afrique indépendante, les ‘’médias d’Etat » ont un seul rôle : promouvoir le pouvoir… au pouvoir. C’est par ce « droit » que Félix Houphouët-Boigny, Hamani Diori, Habib Bourguiba, Modibo Kéita, Sedar Senghor pour ne citer que ceux là, ont garanti leur pouvoir politique sans se soucier que l’opinion d’un homme vaut celle d’un autre. Qu’on ne se trompe pas : partout en Afrique, il y a 50 ans, le rôle des ‘’médias d’Etat’’ ne fait pas partie des libertés constitutionnelles, en guise de protestation. Félix Houphouët-Boigny a créé la radio télévision ivoirienne, Fraternité-Matin, l’agence ivoirienne de presse, comme de simples éléments vitaux, ‘’légitimement’’ reconnus par le seul pouvoir de Félix Houphouët-Boigny comme moyens d’expression de sa politique de 1960 à 1993. Les différents ministres de l’information étaient des hommes politiques. Loua Diomandé, Mathieu Ekra, Edmond Zegbehi Bouazo, Laurent Dona Fologo, Amadou Thiam. Mais aucun de ces cadres du Pdci n’a pu reprocher à Félix Houphouët-Boigny de faire une igne de démarcation entre ce qui relève de ‘’médias d’Etat’’ et une liberté d’accès à un ‘’médias d’Etat’’ appartenant à tout le monde. Depuis 50 ans, en Afrique, la gestion des « médias d’Etat » n’a jamais eu de sens juridique. Tout le monde pense avoir raison.

Tout le monde pense savoir tout connaître. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, cette controverse enlève toute sagesse aux Ivoiriens, d’interpréter leur droit. La théorie de ‘’Médias d’Etat’’ une simple déclaration passe-partout, contenue dans le cahier de charge de la radio télévision ivoirienne, est la même façon de gestion en Afrique. Ceux qui brandissent l’expression ‘’médias d’Etat’’ comme formule garantie, connaissent peu le cliché du processus historique de l’indépendance de l’Afrique. Et, la prééminence de cette ‘’méconnaissance historique’’ est partout en Afrique : on se bat parce que la radio ou la télévision sénégalaise, malienne, égyptienne, togolaise, burkinabé, tchadienne, s’appelle « médias d’Etat » et pourtant, depuis 1960, les diverses constitutions africaines, n’imposent l’expression « médias d’Etat’’, dans le vrai sens juridique. Qu’on ne se trompe pas. Ceux qui sont à l’origine de l’expression « médias d’Etat’’ c’est bien ceux-là mêmes qui ont fait les lois. Ils n’ont pas expliqué aux populations, les limites avec tous les correctifs de l’expression ‘’médias d’Etat’’. Aujourd’hui, on se bat pour les ‘’médias d’Etat’’ parce qu’on a rien compris. Pour ceux qui ne sont pas encore ‘’d’accord’’, « médias d’Etat » est une expression ambitieuse : faire aboutir son pouvoir. Et cela, seule. Toute l’Afrique est responsable du ‘’médias d’Etat’’, ce passé commun comme la présence des bases des armées françaises en Afrique. L’ambiance de ‘’médias d’Etat’’ est la même à Tripoli, N’djamena, Niamey, Malabo, Harare, Conakry, Dakar, Monrovia, ou tout s’arrange, selon les vœux du pouvoir… au pouvoir, parfois sans se soucier du déficit collectif, où l’effet d’annonce de « médias d’Etat’’ est transformé rapidement en affrontements. En Afrique on ignore que la politique est un métier. C’est pourquoi, il faut moins nourrir les ‘’frustrations’’ ressenties dans l’expression ‘’médias d’Etat’’ et se battre politiquement avec lucidité, loin d’une comptabilité statistique du passage de la caméra de la Télévision nationale. Il faut être honnête et féliciter Laurent Gbagbo, opposant politique à l’époque, ‘’chassé de la télévision ivoirienne ou ‘’médias d’Etat’’ par Félix Houphouët-Boigny. Mais après tout, Laurent Gbagbo humilié, la rue n’a pas pris vapeur. Laurent Gbagbo, opposant historique, professeur d’histoire, cruellement impuissant, savait le contenu fonctionnel historique de la télévision ivoirienne, « médias d’Etat ». En toute honnêteté, la classe politique africaine et l’opinion publique doivent savoir pour le moment que « médias d’Etat’’ n’a aucun sens juridique. Un faux débat tout court en Afrique. Et pourtant, à mon avis, il faut en parler. Mais pas dans la répression politique, et le refus de l’histoire. Dans le cas de la Côte d’Ivoire ceux qui veulent savoir le contenu de ‘’médias d’Etat’’ peuvent consulter le cahier de charge de la Radio Télévision ivoirienne.

Par Ben Ismaël
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