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Société Publié le vendredi 5 février 2010 | Nord-Sud

Occupation anarchique du boulevard Nangui Abrogoua : Une journée avec “les chasseurs” de commerçants

Après notre reportage sur la traque des pollueurs de l'environnement publié le 30 juillet 2009, Nord-Sud Quotidien est reparti sur le terrain avec la brigade de salubrité, l'Agence nationale de la salubrité urbaine (Anasur). Cette fois, la mission avait pour cible les vendeurs qui occupent le boulevard Nangui Abrogoua de façon anarchique.


''Obé nana''. C'est le cri d'alerte en malinké qui signifie ''ils arrivent''. La débandade est totale ce mardi 2 février sur le boulevard Nangui Abrogoua d'Adjamé. Hommes, femmes et enfants fuient dans tous les sens avec leurs marchandises sur la tête ou dans les bras. Comme tous les jours depuis trois semaines, la brigade de salubrité de l'Agence nationale de la salubrité urbaine (Anasur) vient d'arriver sur les lieux pour déguerpir tous ceux qui occupent illicitement le trottoir, voire la chaussée. Le projet est conduit conjointement par l'Anasur et la mairie d'Adjamé afin d'assainir cette voie empruntée par les bus de la Société de transport abidjanais(Sotra) et plusieurs autres automobilistes. Nous suivons la voiture de patrouille de la brigade qui fait les allers-retours sur le boulevard.

Des commerçants obstinés

Au niveau du pont de la gare nord de la Sotra, la vingtaine de policiers et gendarmes affectés, agents à l'Anasur, détruisent hangars et parasols installés sur le trottoir. Les propriétaires partis se réfugier un peu plus loin les regardent faire, sans mot dire. La mesure est appliquée à tous sans exception, même cette femme d'environ 60 ans qui était devant ses tas de noix de palme non loin de la gare de train. La nappe sur laquelle elle a exposé sa marchandise est arrachée de force par trois agents. « Pardon, mon fils donne-moi », supplie-t-elle. Mais tout son commerce est rapidement jeté dans le véhicule de type 4X4 utilisé par la patrouille. L'équipe continue sa besogne. Nous sommes à présent devant la grande mosquée d'Adjamé.
Soudain, quatre hommes en tenue descendent du véhicule et se lancent à la poursuite d'un groupe de jeunes filles. Renseignements pris, les agents restés dans la voiture affirment que ce sont des vendeuses qui n'exposent pas leurs marchandises. Elles les dissimulent dans des sachets pour tromper la vigilance des agents. Ils regagnent la voiture avec des lots de foulards, des tabliers des bijoux de pacotille, de la viande (patte de bœufs), des serviettes etc, etc. La prise est envoyée valdinguer dans la voiture qui poursuit son mouvement. Avec à sa trousse, les propriétaires de ces marchandises saisies. « Donnez-nous nos bagages. On ne va plus vendre ici. Pardon chef, pardon …», promettent-ils. Elles essaient de retirer ce qu'elles peuvent de la voiture, mais très habiles, les forces de l'ordre s'interposent. La patrouille progresse. La même scène se reproduit avec le même type de commerçants devant la pharmacie Gbédé. Cette fois-ci, ils sont plus rapides que les forces de l'ordre.

Complicité entre commerçants ambulants et propriétaires de magasins

Les ayant aperçus, ils ont disparu en un clin d'œil avec leurs marchandises. Cap sur le forum des marchés. Ici, la bataille est plus rude. Presque toute l'équipe participe à l'assaut. Les hommes en tenue pourchassent les vendeurs ambulants. Jeunes et vieux courent dans tous les sens. Certains se dirigent vers le marché d'argile (caolin), tandis que d'autres, les mauvais coureurs se refugient dans des magasins avoisinants. Les agents de la brigade de l'Anasur mettent en garde les propriétaires de magasins complices.« Ne les laissez plus se cacher ici, sinon vous aurez affaire à nous », menace un agent sur un ton de colère. La patrouille arrive aux abords du commissariat de police du 3ème arrondissement. Des vendeuses de friperies se cachent avec leurs balluchons dans les premiers magasins qu'elles atteignent. Un vendeur ambulant de boissons gazeuses, surpris en train de servir un client, n'a pas pu fuir. Il est pris. Les militaires vident sa charrette qui contenait des bouteilles de boisson. Tout le contenu est mis dans le véhicule. « Chefs, pardon. Pardon, rendez-moi mes boissons», implore-t-il. Mais ses supplications semblent tombées dans des oreilles de sourd. La voiture de patrouille redémarre suivie de tous ceux qui y ont leurs affaires. Le vendeur de sucrerie se met dans le groupe avec sa charrette. Tous suivent religieusement la voiture à pas mesuré. « Chefs pardon, on fait ça pour manger. Pardon, donnez-nous nos bagages», crient-ils à l'endroit des forces de l'ordre. A 100 mètres environ, devant un magasin de pagnes, un vendeur ambulant de brochettes, communément appelé ''kankankan'' connaît le même sort que le charretier de boissons. Sa casserole de brochettes de foie de bœuf lui est dérobée sans ménagement par deux agents. Pendant ce temps, un autre groupe tente d'arracher un plateau à une vendeuse de pâte de maïs (donkounou). « Laisse ça », ordonne l'homme en tenue. La vendeuse d'environ 40 ans réplique : « Pardon mon fils, ne fais pas ça. Soudain, il tire le plateau qui tombe. Tout se renverse. La sauce, les poissons, la pâte. La voiture reprend son chemin. Direction, le service technique de la mairie situé non loin de là. La sarabande de commerçants fautifs s'aligne derrière le véhicule où sont parquées leurs marchandises. Dès que la voiture pénètre dans l'enceinte du service technique, les commerçants sont refoulés par les agents de la police municipale. « Sortez, sortez, n'entrez pas ici. Quand on vous parle, vous n'écoutez jamais», lance avec ironie Mory, un agent de la police municipale.

Adélaïde Konin
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