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Art et Culture Publié le mardi 9 février 2010 | Le Patriote

Interview / Denise Epoté (Directrice de TV5 Monde Afrique) - “Après 50 années d’indépendance, le bilan est mitigé”

Première femme africaine à diriger une chaîne de télé internationale, Mme Denise Epoté était récemment à Abidjan. Entre deux rendez-vous, elle a bien voulu lever un coin de voile sur les nouvelles ambitions de « sa » télé, TV5 Monde Afrique. De même, elle jette un regard critique sur le cinquantenaire des indépendances sur le continent. Entretien

Dix-huit après sa création, TV5 Monde Afrique a-t-il atteint ses objectifs ?
Oui. Le bilan est globalement positif. De 92 à 98, la chaîne émettait deux heures par jour sur le continent. Et en 98, elle a commencé à émettre 24h/24 en Afrique, avec des programmes spécifiques liés au continent. Et depuis l’année dernière, on a un sous-titrage en anglais pour l’Afrique australe. Depuis sa création, TV5 est restée une chaîne, qui parle de l’Afrique qui bouge. C’est aussi la seule chaîne internationale qui propose un journal consacré à l’Afrique. Je vous annonce déjà que cette année, deux événements vont marquer la vie de la chaîne : le lancement de la Web TV, qui offrira une tribune de diffusion planétaire sur la toile, et surtout d’un deuxième signal Afrique destiné aux francophones du sud de l’Afrique.TV5, c’est aujourd’hui 22 millions de téléspectateurs hebdomadaires. La chaîne a connu une évolution positive.

Mais aujourd’hui, vous disputez l’audience du continent avec d’autres chaînes notamment Africa 24 et 3A Telesud. Comment percez-vous cette concurrence ?
C’est vrai qu’on a été seuls pendant longtemps. Et aujourd’hui, il y a d’autres chaînes comme 3A Telesud et Africa 24 qui font la promotion de l’Afrique. D’ailleurs, ce que ce fait Africa 24 est une très bonne chose. La chaîne n’a qu’un an, elle aura le temps de grandir. Pour moi, cette concurrence est une émulation, qui fait évoluer…Ce sont des chaînes complémentaires. Cela dit, sur TV5, nous proposons des séries africaines, des productions de divers horizons du continent. Ces chaînes n’offrent pas cette diversité. De plus, nous offrons aussi les journaux de grandes chaînes européennes (France, Suisse, Belgique…) Ce que ne proposent pas ces chaînes. Cela dit, je pense que c’est une concurrence évolutive.

N’avez-vous quand même pas le sentiment que France 24 a étiolé votre part d’audience sur le continent ?
Pas dans tous les pays. France 24 est une chaîne d’infos. Nous, nous sommes une chaîne généraliste. Il y a donc un intérêt pour TV5.

Que pensez-vous des médias en Afrique ?
Il y a deux choses. D’abord, l’évolution technologique à laquelle on n’a pas échappé. Les journalistes africains utilisent aujourd’hui des dictaphones numériques et perfectionnés. Alors qu’il y a quelques années, ils devaient se déplacer avec des Nagra qui pèsent plusieurs kilos. Ensuite, il y a la formation. En Afrique, il y a un gros problème de formation notamment dans la presse écrite. On y note notamment de grosses dérives et lacunes. Elles pourraient être corrigées si les patrons formaient leurs employés. Il ne suffit pas de savoir écrire pour être un journaliste. Comme tout métier, il s’apprend. Il faut se former.

Beaucoup de pays sur le continent fêtent cette année le cinquantenaire de leur affranchissement du joug colonial. Comment jugez-vous le bilan de ces 50 années d’indépendance ?
Le bilan est politiquement mitigé. Cinquante années après, il y a encore des coups d’Etat comme au lendemain des indépendances. En revanche, sur le plan politique, il y a eu des avancées. Avant, les pays africains n’avaient des relations économiques qu’avec la puissance coloniale. Aujourd’hui, il y a une diversité de partenaires. Trois pays se distinguent par leur modèle de gouvernance : le Mali, le Bénin et le Sénégal. Ce sont aujourd’hui des exemples de démocratie sur le continent. Les changements sont venus de l’extérieur avec la pression de la société civile, les conférences nationales. Ce n’est pas encore parfait, mais les lignes ont bougé. Mon souhait, c’est que dans 50 ans, le bilan soit plus positif.

Quelle analyse faîtes-vous justement de la situation en Côte d’Ivoire ?
Je constate comme tout le monde le blocage du processus électoral. J’espère que ce sera juste un report et non, une remise en cause du processus électoral. Réalisée par Y. Sangaré
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