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Faits Divers Publié le mercredi 10 février 2010 | Nord-Sud

Rebondissement : Le cauchemar des victimes du préfet escroc

Me Ali Moussa Akora, greffier au tribunal de Yopougon, n’était qu’une victime chétive du sieur Bridji Kouéji Arsène, actuel secrétaire général de la préfecture de Niakara. Il lui a extorqué la somme d’un million de Fcfa, une broutille quoi. Après de longues et pénibles tractations où le directeur de cabinet du ministre Tagro est intervenu souventes fois, Arsène n’a versé à Moussa que 310.000 Fcfa. Ainsi, la vaste escroquerie orchestrée par cet administrateur civil et son épouse, Mme Yavo Félicienne, a fait plus d’une victime. En 2001, Diarrassouba Raphaël, gérant de la station Shell au quartier millionnaire à Yopougon, rencontre Arsène qui venait de sortir de l’Ecole nationale d’administration (Ena). Les rapports se consolident au point que les deux amis ne se lâchent plus. La sympathie et la familiarité aidant, l’énarque sollicite et obtient du gérant de station 2 millions Fcfa. « Selon lui, il devait s’installer en attendant qu’il reçoive son rappel. Je lui ai remis l’argent sans hésiter car je lui faisais confiance », affirme Raphaël, en précisant que le nouvel administrateur lui avait donné un délai de trois mois pour rembourser l’argent emprunté. « Nous étions en juin. A la date indiquée, il m’a expliqué qu’il a eu des imprévus. Il m’a donc demandé de lui accorder un nouveau délai d’un mois. Ce que j’ai accepté par amitié », ajoute le gérant. L’habitude est une seconde nature qui supplante en nous la raison, dit-on. Pour une fois encore Arsène roule dans la farine son créancier en lui racontant une histoire de fées. Il joue avec le temps car sa nomination à la sous-préfecture de Diébonoua est prise comme un prétexte pour justifier le fait qu’il ne peut pas honorer ses rendez-vous à Abidjan.

Des dizaines de millions escroqués

«Je lui ai plus d’une fois rappelé ses engagements. Mais, il me dit à chaque fois qu’il va régler le problème une fois qu’il viendrait à Abidjan. Quand bien même il vient, c’est impossible de le rencontrer. Il me tourne en bourrique. Imaginez-vous ! Cela fait neuf ans qu’il est incapable de me rembourser », confie Raphaël. Selon lui, le secrétaire général de la préfecture de Niakara est un homme qui ne tient pas parole. Mais, le gérant de station ne se décourage pas. Il veut rentrer dans ses fonds. « Je réclame mon argent. Quitte à enclencher une procédure judicaire pour me faire rembourser. J’ai été patient mais je note qu’il est de mauvaise foi. Je n’ai plus son contact car le numéro téléphonique par lequel je le joignais ne marche plus. Mais, je ne vais pas pourtant croiser les bras. S’il faut engager une poursuite judiciaire je le ferai», tranche-t-il. A la question de savoir si la fonction d’administrateur civil ne pouvait pas être un frein dans la procédure du fait qu’il bénéficie de quelque immunité. Raphaël estime que nul ne peut être au-dessus de la loi. « Si on peut poursuivre le président de la République, il n’y a pas de raison qu’un préfet soit couvert pour des crimes qu’il a commis », lance-t-il. Autre victime du couple escroc. Joint par téléphone, Dr. Koné Katina, chef de l’hôpital général de Dabou, ne souhaite pas révéler le montant de l’argent que ce duo d’arnaqueurs lui a soutiré. Cependant il confirme qu’il a été escroqué et entend régler l’affaire à l’amiable. «Ils m’ont pris de l’argent. C’est sa femme qui est venue me voir pour que je lui fasse un prêt. C’était, si mes souvenirs sont exacts, en 2003. Mais depuis lors, je n’ai rien vu venir. Je pense que c’est une question que nous allons régler à l’amiable. Je connais bien le couple », affirme-t-il. Pas si sûr ! Car selon une source bien informée, Mme Bridji, alors directrice de la librairie «Carrefour» à Saint Jean (Cocody), est licenciée suite à une malversation. Elle a soutiré des caisses de la librairie 47.429.997 Fcfa sans oublier un détournement en nature de centaines de livres d’une valeur de 300 millions Fcfa.

Silence coupable de la librairie Carrefour

«L’affaire a fait grand bruit. Cela a donné des insomnies au chef du clergé catholique à l’époque. Il s’agit du cardinal Bernard Agré. Il a exigé un silence absolu pour ne pas écorner l’image de l’église », soutient notre source. Nous nous sommes rendus à deux reprises à la librairie Carrefour pour rencontrer le directeur de cet établissement. « Il reçoit sur rendez-vous à part le mercredi. Ce jour-là, tout le monde peut venir pour être reçu. Mais, je vais arranger un rendez-vous», nous promet Mme Donga, secrétaire particulière de l’administrateur général de la librairie Carrefour. Nous sommes le mercredi 20 janvier. Avant de quitter les lieux, Mme Donga promet de nous joindre pour fixer l’entretien. Le coup de fil ne retentit pas ; nous prenons l’initiative de la rappeler. Peine perdue, personne ne prend notre appel. C’est ainsi que ce mercredi 3 février nous rencontrons de nouveau Mme Donga, à son bureau. Le discours est bien rôdé. «Le patron ne peut pas vous recevoir car son agenda de la semaine est bouclé. Je vais essayer de vous programmer le mercredi en huit », affirme-t-elle. Ainsi, les responsables de la librairie se sont refusés à nous accorder une interview. S’agissant du principal mis en cause dans cette affaire, M. Bridji, il est resté sourd à nos appels. Notre interlocuteur a fermé le contact téléphonique par lequel nous avons tenté de le faire réagir.

Le préfet attendu au tribunal !

Les efforts ont été vains car le secrétaire général de préfecture de Niakaramandougou s’est tout simplement barricadé. Ce refus catégorique serait-il la preuve que l’administrateur civil est bel et bien celui qui tire les ficelles de cette vaste escroquerie ? Concernant son épouse, Mme Bridji Yavo Félicienne, ex-directrice de la librairie Carrefour, un employé de là-bas soutient sous le sceau de l’anonymat qu’elle se trouverait au Bénin. Les victimes, à l’instar de Me Ali Moussa Akoro, greffier au tribunal de Yopougon, veulent intenter une action en Justice. Ils réclament réparation pour les préjudices causés. « Je saisis aujourd’hui le tribunal par le biais de mon huissier. Une injonction lui sera signifiée pour le contraindre à me rembourser mon argent. S’il refuse alors je suis prêt à engager le bras de fer », souligne-t-il.

Une enquête réalisée par Ouattara Moussa
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