. le Directeur général, tout part en fumée principalement à Abidjan depuis quelque temps. Que fait l’Office national de la protection civile face à ces catastrophes répétées ?
Depuis notre prise de service, nous nous sommes efforcé de faire mieux connaître à la population ivoirienne l’existence et le rôle de l’Office national de la protection civile. C’est une structure créée par l’Etat de Côte d’Ivoire en 1962. L’Onpc est chargé de prévenir les catastrophes d’où quelles viennent, d’organiser les secours, d’informer le gouvernement sur les modalités pratiques d’assistance à la population.
Il est classé comme un établissement public national (Epn) à caractère administratif avec un conseil de gestion, un directeur qui a rang de directeur général d’administration, six chefs de département ayant rang de directeurs centraux d’administration,14 sous-directions. Et ce, depuis la modification du 28 février 2008 qui est le dernier texte fixant l’organigramme et les attributions de l’Onpc.
Ce décret prévoit la création de 11 antennes à l’intérieur du pays qui seront couplées avec ce qu’on pourrait appeler des centres de secours et d’incendie. Nous n’avons pas encore commencé la mise en œuvre mais les dossiers sont très avancés pour décider de l’implantation d’au moins trois cette année.
Venons-en à votre mission sur le terrain.
L’Onpc agit par lui-même et avec ses partenaires. Ce que nous appelons les bras armés de la protection civile, c’est le groupement des sapeurs-pompiers militaires. Au plan de leur carrière, les pompiers, en tant que militaires, relèvent du chef d’état-major des armées. Le décret qui crée ce groupement en 1974, met cette structure à la disposition du ministre de l’Intérieur pour emploi au niveau de la protection civile.
C’est pour cette raison que nous avons des relations très étroites avec le groupement des sapeurs-pompiers militaires. Dites-vous, donc, que la protection civile est là chaque fois que les pompiers interviennent. En dehors du groupement des sapeurs-pompiers militaires, nous travaillons avec d’autres structures dont l’Institut national d’hygiène publique (Inhp), le ministère de la Construction (nous vérifions les normes de sécurité dans les bâtiments), le ministère de l’Environnement et des Eaux et Forêts. Il y a également des structures privées comme Petroci, la Sir, le Port autonome d’Abidjan, etc. L’Onpc est sur le terrain à travers les différentes actions que nous venons d’énumérer et qui sont menées par nous-mêmes ou par les pompiers militaires.
S’agissant des incendies qui surviennent ici et là à Abidjan, dès que les sapeurs-pompiers sont alertés, ils nous donnent l’information et nous détachons nos collaborateurs qui participent à l’opération d’extinction et de secours aux côtés de leurs collègues, les sapeurs-pompiers. C’est le lieu de préciser que 95% du personnel de l’Onpc est composé de sapeurs-pompiers. A titre d’exemple, lorsqu’il y a eu l’incendie à Bernabé en Zone 4, j’y étais moi-même avec le colonel Adama Coulibaly, commandant du Gspm. Mes collaborateurs m’y avaient précédé avec du matériel de la Protection civile. Nous travaillons donc ensemble avec le Gspm avec qui nous entretenons de très bonnes relations, de sorte que chaque fois qu’il y a un incendie, nous conjuguons nos efforts pour venir à bout de la catastrophe.
Le Groupement des sapeurs-pompiers militaires, sur qui vous vous appuyez, n’a pas de grands moyens. Le peu dont il dispose est vétuste. Que faites-vous ?
Notre rôle, comme je l’ai dit tantôt, est d’appuyer le groupement des sapeurs-pompiers militaires à la disposition de qui nous mettons le matériel que nous avons. Depuis trois ans, nous menons une politique d’acquisition de ce qu’on appelle le « lot de catastrophes » qui nous permet de porter secours au Gspm sur le terrain. Ce sont les sapeurs-pompiers qui sont nos outils d’intervention. Vous verrez dans notre cour à l’arrière-plan, du matériel mobile, que nous allons leur offrir. Nous avons pu obtenir cela avec nos partenaires français.
Au-delà des actes que vous posez sur le terrain aux côtés des sapeurs-pompiers, il est clair que l’une de vos principales missions est la prévention, la sensibilisation au sein de la population. Cela est-il fait comme il se doit ?
Nous sommes, comme vous le dites, une structure d’audit et de conseil. A l’issue de chaque visite d’installation, nous dressons un procès-verbal. Le Forum des marchés d’Abidjan a fait l’objet d’une visite de sécurité de la commission sécurité que nous présidons au nom de M. le ministre de l’Intérieur. Un état des lieux a été fait de concert avec les pompiers, le ministère de la Santé publique, celui de la Construction et toutes les structures techniques qui interviennent dans la construction d’un bâtiment (Cie, Sodeci, Sécurel, les assureurs, les entrepreneurs).
Ce marché, qui a été livré en bon état avec un certificat délivré à la fin des travaux, est-il encore en règle vis-à-vis des normes de sécurité après des années d’exploitation ? C’est à ce niveau que la responsabilité de tous est engagée. Au cours de la visite, il a été relevé les observations suivantes : encombrement des quatre voies isolant le marché des constructions voisines ; elles sont obstruées par l’occupation anarchique des commerçants et les dépôts sauvages des ordures ménagères ; encombrement permanent des accès au rez-de-chaussée et de toutes les allées de circulation ; insuffisance, en nombre et en largeur, des escaliers.
A l’issue des observations, nous faisons ce qu’on appelle des prescriptions. Nous en avons fait une cinquantaine. Et en conclusion, nous avons écrit ceci : «La Commission nationale de sécurité émet un avis défavorable». Cela veut dire que cet établissement ne devrait plus recevoir du public. En un mot, il doit être fermé. Nous envoyons une copie du procès-verbal à notre ministre de tutelle qui est le ministre de l’Intérieur.
Dans le cas du Forum des marchés, une copie a été envoyée au maire d’Adjamé. C’est cela notre rôle et je pense que nous faisons notre travail. Notre objectif, c’est d’amener les uns et les autres à se mettre en règle. Nous pouvons vous citer beaucoup de cas de ce type où nous avons eu à interpeller des propriétaires à conformer leurs structures aux normes de sécurité. C’est le cas d’Orca Deco après l’incendie qui l’a ravagé il y a quelques années.
A l’évidence, vous abattez du bon boulot qui, hélas, n’a aucun impact sur les personnes concernées, faute de moyens de coercition. Cela ne vous préoccupe-t-il pas ?
L’un des principaux problèmes auxquels l’Onpc est confronté est celui que vous venez de soulever. L’Office national de la protection civile doit être doté d’un pouvoir de coercition pour contraindre les opérateurs économiques et l’ensemble des populations à s’exécuter et se conformer aux normes de sécurité et aux prescriptions que nous faisons. Il y va de notre efficacité. Si nous prenons le cas de l’immeuble Pyramide au Plateau, nous avons à plusieurs reprises tiré la sonnette d’alarme pour dire que ce bâtiment, qui fait partie du patrimoine de l’Etat, est aujourd’hui dans un état de délabrement tel qu’il doit être vidé. Jusqu’à présent, des personnes y demeurent.
Nous faisons notre travail et nous demandons aux décideurs de faire le leur. C’est pourquoi je voudrais inviter les maires et les présidents de Conseils généraux à construire dans leurs localités des centres de secours, des casernes de sapeurs-pompiers et de recruter ce qu’on appelle «les pompiers volontaires». Ce sont ceux recrutés par les collectivités décentralisées et formées au métier de secourisme et de protection civile pour travailler aux côtés des sapeurs-pompiers militaires.
Cela se fait dans les pays développés et permet de pratiquer une protection civile de proximité par la multiplication des centres de secours. Au moins une caserne de sapeurs-pompiers par région administrative en Côte d’Ivoire. Telle est notre aspiration majeure car il est inconcevable qu’on n’ait que trois casernes de sapeurs-pompiers dans le grand Abidjan de près de 5 millions d’habitants avec un total d’environ 900 pompiers militaires. C’est peu. D’où notre appel à la formation de «pompiers volontaires» ou «pompiers communaux». Nous devons mettre en place une vraie politique de sécurité civile en Côte d’Ivoire.
Est-il normal que San-Pedro qui dispose d’un port, n’ait pas une caserne de sapeurs-pompiers ? Nous sommes en train de mener une étude avec les autorités du port de San-Pedro pour y implanter une caserne. En accord avec la Petroci, nous envisageons la construction d’une caserne à N’Zianouan (environ 140 km d’Abidjan sur l’autoroute) pour gérer les cas d’accidents sur cette partie.
C’est en multipliant les casernes de pompiers et en formant des pompiers volontaires que nous pourrons relever le défi de la sécurité civile qui est notre principale mission.
Interview réalisée par Abel Doualy
Depuis notre prise de service, nous nous sommes efforcé de faire mieux connaître à la population ivoirienne l’existence et le rôle de l’Office national de la protection civile. C’est une structure créée par l’Etat de Côte d’Ivoire en 1962. L’Onpc est chargé de prévenir les catastrophes d’où quelles viennent, d’organiser les secours, d’informer le gouvernement sur les modalités pratiques d’assistance à la population.
Il est classé comme un établissement public national (Epn) à caractère administratif avec un conseil de gestion, un directeur qui a rang de directeur général d’administration, six chefs de département ayant rang de directeurs centraux d’administration,14 sous-directions. Et ce, depuis la modification du 28 février 2008 qui est le dernier texte fixant l’organigramme et les attributions de l’Onpc.
Ce décret prévoit la création de 11 antennes à l’intérieur du pays qui seront couplées avec ce qu’on pourrait appeler des centres de secours et d’incendie. Nous n’avons pas encore commencé la mise en œuvre mais les dossiers sont très avancés pour décider de l’implantation d’au moins trois cette année.
Venons-en à votre mission sur le terrain.
L’Onpc agit par lui-même et avec ses partenaires. Ce que nous appelons les bras armés de la protection civile, c’est le groupement des sapeurs-pompiers militaires. Au plan de leur carrière, les pompiers, en tant que militaires, relèvent du chef d’état-major des armées. Le décret qui crée ce groupement en 1974, met cette structure à la disposition du ministre de l’Intérieur pour emploi au niveau de la protection civile.
C’est pour cette raison que nous avons des relations très étroites avec le groupement des sapeurs-pompiers militaires. Dites-vous, donc, que la protection civile est là chaque fois que les pompiers interviennent. En dehors du groupement des sapeurs-pompiers militaires, nous travaillons avec d’autres structures dont l’Institut national d’hygiène publique (Inhp), le ministère de la Construction (nous vérifions les normes de sécurité dans les bâtiments), le ministère de l’Environnement et des Eaux et Forêts. Il y a également des structures privées comme Petroci, la Sir, le Port autonome d’Abidjan, etc. L’Onpc est sur le terrain à travers les différentes actions que nous venons d’énumérer et qui sont menées par nous-mêmes ou par les pompiers militaires.
S’agissant des incendies qui surviennent ici et là à Abidjan, dès que les sapeurs-pompiers sont alertés, ils nous donnent l’information et nous détachons nos collaborateurs qui participent à l’opération d’extinction et de secours aux côtés de leurs collègues, les sapeurs-pompiers. C’est le lieu de préciser que 95% du personnel de l’Onpc est composé de sapeurs-pompiers. A titre d’exemple, lorsqu’il y a eu l’incendie à Bernabé en Zone 4, j’y étais moi-même avec le colonel Adama Coulibaly, commandant du Gspm. Mes collaborateurs m’y avaient précédé avec du matériel de la Protection civile. Nous travaillons donc ensemble avec le Gspm avec qui nous entretenons de très bonnes relations, de sorte que chaque fois qu’il y a un incendie, nous conjuguons nos efforts pour venir à bout de la catastrophe.
Le Groupement des sapeurs-pompiers militaires, sur qui vous vous appuyez, n’a pas de grands moyens. Le peu dont il dispose est vétuste. Que faites-vous ?
Notre rôle, comme je l’ai dit tantôt, est d’appuyer le groupement des sapeurs-pompiers militaires à la disposition de qui nous mettons le matériel que nous avons. Depuis trois ans, nous menons une politique d’acquisition de ce qu’on appelle le « lot de catastrophes » qui nous permet de porter secours au Gspm sur le terrain. Ce sont les sapeurs-pompiers qui sont nos outils d’intervention. Vous verrez dans notre cour à l’arrière-plan, du matériel mobile, que nous allons leur offrir. Nous avons pu obtenir cela avec nos partenaires français.
Au-delà des actes que vous posez sur le terrain aux côtés des sapeurs-pompiers, il est clair que l’une de vos principales missions est la prévention, la sensibilisation au sein de la population. Cela est-il fait comme il se doit ?
Nous sommes, comme vous le dites, une structure d’audit et de conseil. A l’issue de chaque visite d’installation, nous dressons un procès-verbal. Le Forum des marchés d’Abidjan a fait l’objet d’une visite de sécurité de la commission sécurité que nous présidons au nom de M. le ministre de l’Intérieur. Un état des lieux a été fait de concert avec les pompiers, le ministère de la Santé publique, celui de la Construction et toutes les structures techniques qui interviennent dans la construction d’un bâtiment (Cie, Sodeci, Sécurel, les assureurs, les entrepreneurs).
Ce marché, qui a été livré en bon état avec un certificat délivré à la fin des travaux, est-il encore en règle vis-à-vis des normes de sécurité après des années d’exploitation ? C’est à ce niveau que la responsabilité de tous est engagée. Au cours de la visite, il a été relevé les observations suivantes : encombrement des quatre voies isolant le marché des constructions voisines ; elles sont obstruées par l’occupation anarchique des commerçants et les dépôts sauvages des ordures ménagères ; encombrement permanent des accès au rez-de-chaussée et de toutes les allées de circulation ; insuffisance, en nombre et en largeur, des escaliers.
A l’issue des observations, nous faisons ce qu’on appelle des prescriptions. Nous en avons fait une cinquantaine. Et en conclusion, nous avons écrit ceci : «La Commission nationale de sécurité émet un avis défavorable». Cela veut dire que cet établissement ne devrait plus recevoir du public. En un mot, il doit être fermé. Nous envoyons une copie du procès-verbal à notre ministre de tutelle qui est le ministre de l’Intérieur.
Dans le cas du Forum des marchés, une copie a été envoyée au maire d’Adjamé. C’est cela notre rôle et je pense que nous faisons notre travail. Notre objectif, c’est d’amener les uns et les autres à se mettre en règle. Nous pouvons vous citer beaucoup de cas de ce type où nous avons eu à interpeller des propriétaires à conformer leurs structures aux normes de sécurité. C’est le cas d’Orca Deco après l’incendie qui l’a ravagé il y a quelques années.
A l’évidence, vous abattez du bon boulot qui, hélas, n’a aucun impact sur les personnes concernées, faute de moyens de coercition. Cela ne vous préoccupe-t-il pas ?
L’un des principaux problèmes auxquels l’Onpc est confronté est celui que vous venez de soulever. L’Office national de la protection civile doit être doté d’un pouvoir de coercition pour contraindre les opérateurs économiques et l’ensemble des populations à s’exécuter et se conformer aux normes de sécurité et aux prescriptions que nous faisons. Il y va de notre efficacité. Si nous prenons le cas de l’immeuble Pyramide au Plateau, nous avons à plusieurs reprises tiré la sonnette d’alarme pour dire que ce bâtiment, qui fait partie du patrimoine de l’Etat, est aujourd’hui dans un état de délabrement tel qu’il doit être vidé. Jusqu’à présent, des personnes y demeurent.
Nous faisons notre travail et nous demandons aux décideurs de faire le leur. C’est pourquoi je voudrais inviter les maires et les présidents de Conseils généraux à construire dans leurs localités des centres de secours, des casernes de sapeurs-pompiers et de recruter ce qu’on appelle «les pompiers volontaires». Ce sont ceux recrutés par les collectivités décentralisées et formées au métier de secourisme et de protection civile pour travailler aux côtés des sapeurs-pompiers militaires.
Cela se fait dans les pays développés et permet de pratiquer une protection civile de proximité par la multiplication des centres de secours. Au moins une caserne de sapeurs-pompiers par région administrative en Côte d’Ivoire. Telle est notre aspiration majeure car il est inconcevable qu’on n’ait que trois casernes de sapeurs-pompiers dans le grand Abidjan de près de 5 millions d’habitants avec un total d’environ 900 pompiers militaires. C’est peu. D’où notre appel à la formation de «pompiers volontaires» ou «pompiers communaux». Nous devons mettre en place une vraie politique de sécurité civile en Côte d’Ivoire.
Est-il normal que San-Pedro qui dispose d’un port, n’ait pas une caserne de sapeurs-pompiers ? Nous sommes en train de mener une étude avec les autorités du port de San-Pedro pour y implanter une caserne. En accord avec la Petroci, nous envisageons la construction d’une caserne à N’Zianouan (environ 140 km d’Abidjan sur l’autoroute) pour gérer les cas d’accidents sur cette partie.
C’est en multipliant les casernes de pompiers et en formant des pompiers volontaires que nous pourrons relever le défi de la sécurité civile qui est notre principale mission.
Interview réalisée par Abel Doualy