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Société Publié le vendredi 12 février 2010 | Nord-Sud

Odienné : Le délestage coûte 84 mille Fcfa par jour au Chr

Les délestages ne sont pas sans conséquences pour les populations d’Odienné. Depuis les ménages jusqu’aux établissements publics et privés, chacun fait les frais de ces coupures d’électricité.

«La santé avant tout ». Pour constater les conséquences du délestage, nous commençons notre tournée par le Centre hospitalier régional(Chr) d’Odienné. Cet établissement a la chance de disposer d’un groupe électrogène offert par le Premier ministre lors de son séjour dans la cité du Kabadougou du 29 décembre 2009 au 2 janvier 2010. Ce qui permet à l’hôpital de fonctionner malgré les délestages qui ont débuté depuis quelques jours. Grâce à ce générateur, le chirurgien Dr Kané ne reprendra plus les torches qu’il utilisait dans ses interventions lors des coupures et pannes occasionnées par la foudre au mois de juillet 2009. Cependant, l’utilisation de cet appareil implique aussi des difficultés. En effet, son alimentation exige une consommation de gasoil qui atteint les 160 litres aux 16 heures. L’appareil est nécessaire la nuit, soit de 18 h à 6 h du matin et le jour, de 8 h à 12 h. M. Soro Siélé, directeur de cet hôpital, estime à 84 mille francs Cfa la facture de la consommation quotidienne. «Nous faisons des recettes moyennes qui tournent autour de 25 mille Fcfa par jour. Donc vous comprenez à quel point nous sommes inquiets. Nous ne pouvons pas compter sur ces recettes pour approvisionner notre moteur. » Dr Soro dit réfléchir déjà sur les dispositions à prendre pour rationner cette consommation. Malgré les charges que ce groupe électrogène exige, M. Soro se félicite de sa disponibilité. Car, dit-il, «cet appareil nous est très utile et nous trouverons les moyens pour nous y adapter, quitte à demander de l’aide aux autorités politiques de la ville ». A la question de savoir si cette charge supplémentaire n’entraînera pas une augmentation sur les tarifs du Chr, Dr Soro rassure les populations du Denguélé qu’il n’en sera rien. «Nous allons nous concerter entre nous (personnel de l’établissement) pour voir comment éviter toute incidence sur les tarifs. »

On se réveille la nuit pour tirer les devoirs

Au niveau de l’éducation, l’inquiétude est plus vive. Aucun établissement scolaire d’Odienné ne dispose de groupe électrogène. A la Direction de l’éducation nationale (Dren), il a été décidé qu’il faut donc réadapter les programmes de travail à la nouvelle donne. Lassana Diomandé révèle qu’ils ont eu recours à l’Onuci pour le tirage des rapports qui doivent servir à l’importante réunion de la carte scolaire ce mercredi 10 février. « Nos ordinateurs ne fonctionnent plus alors que tous nos fichiers importants y sont emmagasinés», regrette-t-il. « Aussi, nous attendons d’importants dossiers que les responsables des établissements de Minignan, Madinani et Samatiguila doivent nous acheminer. La coupure de courant nous plonge dans un retard. Dans les établissements scolaires, on reporte les séances de composition. Mme Degbegnon , comptable au groupe scolaire ‘’Mamadou Coulibaly’’, déclare que son établissement fait recours au groupe électrogène de l’église catholique. Elle parle de blocage total dans son travail. «Tout est informatisé chez nous. Je suis incapable désormais de dire à un parent d’élève sa situation quant au payement de sa scolarité. Je ne peux pas enregistrer les carnets de reçus de ceux qui viennent payer», regrette-t-elle. «Nous sommes perturbés au niveau des devoirs. Nous devons les saisir, et les tirer. Tout cela n’est plus possible. Comme le courant vient la nuit, nous sommes obligés de nous réveiller pour venir faire ce travail. Si ce travail doit s’ajouter aux cours que nous faisons le jour, on s’expose désormais au surmenage», affirme Koné Mamadou, professeur d’allemand au lycée moderne d’Odienné. Les services de l’administration payent aussi le tribut de cette panne. Bakayoko Sidiki Souleymane, secrétaire général de la mairie d’Odienné et son personnel restent souvent dans leurs bureaux jusqu’à 23 heures.

Les résultats des élèves en jeu

Mlle Bintou, élève en classe de 3ème au collège moderne, s’inquiète surtout pour ses études : «Ces derniers temps, l’électricité vient autour de 18 h30. Mais il y a des nuits entières où nous sommes plongés dans le noir. Malgré notre volonté, nous ne pouvons pas étudier. Quand les parents n’ont pu se procurer un groupe électrogène, on est contraint de se contenter des lampes-tempête ou de bougies. » Nombreux sont ceux qui pensent que ces quatre mois de délestage vont influencer négativement les résultats scolaires de cette année. « Les devoirs communs que nous organisons, sont compromis. Le samedi 06 janvier dernier, un devoir communal des élèves de troisième a été reporté faute d’énergie pour alimenter les machines de tirage des copies » explique Begnounou Guy du service courrier de la Dren.


Le commerce de la bougie est devenu florissant

Dans les ménages, les lampes-tempête ont refait surface. Les marchands de bougie se frottent les mains. «Mon stock de bougies est épuisé et j’ai fait une importante commande qui me sera livrée demain », se réjouit M. Diallo, un boutiquier du quartier Texas de la capitale du Denguélé. Toutefois, plusieurs activités économiques comptent subi des pertes dans cette situation de délestage. Certes, les petits artisans se sont dotés de groupes électrogènes. Les tôliers et autres soudeurs ont été très prévoyants. Les maçons, quant à eux, regrettent la pénurie d’eau causée par le délestage, car les turbines de pompe d’eau de la Sodeci fonctionnent grâce à l’énergie fournie par la Compagnie ivoirienne électrique (Cie). Tane Dély, entrepreneur qui a en charge la construction de la clôture de la cour de la mairie d’Odienné, tarde à finir les travaux. «Au début des travaux , nous utilisions l’eau d’une pompe. Mais, à cause du manque d’eau dans la ville, cette pompe est envahie par les femmes. Il ne nous reste qu’à faire le crépissage et la confection des portes et fenêtres. Nous allons certainement finir les travaux, mais avec un retard non prévu ». Oulaï G., responsable de l’entreprise ENSBT, chargée de reprofiler et de construire des ponts sur l’axe Tiémé-Kani, longue d’environ 150 km, s’inquiète. Il se demande s’il pourra respecter le délai de huit mois dont il dispose pour terminer les travaux. « Je n’arrive plus, dit-il, à faire mes rapports que je faisais parvenir par le net au maître d’ouvrage. » L’entrepreneur explique que c’est sur la base de ces rapports hebdomadaires et mensuels sur l’état d’avancement des travaux que les moyens financiers sont débloqués.

Tenin Bè Ousmane à Odienné
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