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Économie Publié le vendredi 12 février 2010 | Nord-Sud

Délestage, racket, incendies, blocage des élections… - Billon se révolte : “Trop, c’est trop"

Le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire et les opérateurs économiques en ont gros sur le cœur. Ils critiquent «l’insouciance» de l’Etat devant le drame social qui frappe les populations.

«10 ans de crise, c’est trop. Et nous ne voyons pas de sortie de crise imminente. Nous nous acquittons de nos obligations et nos droits sont ignorés. L’Etat doit assurer son rôle régalien. Les ministres mènent un trop grand train de vie», s’est écrié mercredi à Abidjan le président de la Chambre de commerce et d’industrie, Jean-Louis Billon qui avait à ses côtés les élus ainsi que l’ensemble des représentants du monde des affaires. En fait, les opérateurs économiques se sont déclarés excédés par les querelles byzantines de la classe politique et le manque de vision des membres du gouvernement. Ils ont unanimement condamné l’attitude de «ces fendeurs de fils en quatre» et exprimé leur dégoût devant l’enlisement d’une crise, artificiellement entretenue par un groupe de privilégiés. «La Côte d’Ivoire n’est pas le seul pays en crise. Elle n’est pas le seul pays où il y a eu une rébellion. D’autres pays ont connu les mêmes difficultés et sont sortis dans des délais très limités. Quelle est cette crise sans fin», s’est interrogé le président de la Chambre de commerce et d’industrie, déplorant le caractère trop onéreux du processus de paix. Jean-Louis Billon a révélé que la Côte d’Ivoire fait face à une profonde crise structurelle qui tire ses fondements dans la dégradation de son système judiciaire, scolaire et administratif. «L’économie va s’effondrer de plus en plus. Pourtant nous finançons par nos impôts le processus de sortie de crise», a-t-il souligné, dénonçant l’immobilisme des commis de l’Etat qui semblent se délecter de la souffrance et de la misère des populations. Le président de la Chambre consulaire a égrené une série de difficultés liées exclusivement à des problèmes de gouvernance. Primo, le délestage. Pour lui, les délestages sont d’autant révoltants qu’ils découlent d’une faute de prévoyance de l’Etat. En effet, les autorités ont péché par leur indolence sinon leur refus d’effectuer les parts d’investissements de l’Etat. «Nous les avons toujours alertés des risques. Mais, il y a d’énormes problèmes de gouvernance et de gestion de la chose publique. Autant avouer que les pannes dont on parle sont une sorte de prétextes pour masquer les incapacités», a déclaré M. Billon. «Les seules victimes sont les populations et les opérateurs économiques. Cette crise de l’électricité est pire que celle de 1984», a-t-il pesté, ajoutant que la réparation éventuelle des turbines endommagées n’arrangera pas la situation.

L’Etat est mort !

En attendant, les dégâts s’amoncellent. Plusieurs entreprises ferment, entraînant dans leur chute des milliers d’emplois. Celles qui ont essayé les groupes électrogènes se sont heurtées aux coûts élevés des produits pétroliers, le carburant à la pompe ayant subi encore la semaine dernière une nouvelle flambée. La solution, a-t-il dit, est de répondre aux besoins de financements du secteur électrique. Secundo, le racket, les tracasseries routières et administratives. Malgré la mise en place d’un comité technique, le phénomène résiste au temps. «Rien n’a changé », a dit M. Billon, énumérant les effets dévastateurs sur l’économie formelle et sur le coût de la vie. «La Banque mondiale a dit que nous perdons entre 150 milliards et 300 milliards Fcfa par an. Mais ça continue. Je ne vois pas une réelle volonté», insiste-t-il. Tertio, les incendies. Pour le président Billon, les incendies dans les marchés s’expliquent par l’état de vétusté des infrastructures. Bien plus, les casernes des pompiers manquent de moyens adéquats pour faire face aux sinistres. Quatro, le nouveau permis de conduire. Selon Jean-Louis Billon, le gouvernement a mis en route, un document illégal. «On ne peut pas rendre le renouvellement du permis obligatoire. La loi n’est pas rétroactive. En plus, on prend de l’argent aux usagers pour faire les pièces. Moi, je refuse de rentrer dans cette magouille», a-t-il indiqué, regrettant par ailleurs que les données du passeport biométrique ne sont pas sécurisées. En marge de la conférence, plusieurs corporations ont annoncé des mouvements de grève.

Lanciné Bakayoko
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