Monsieur Ali Ouattara est le président de la coalition ivoirienne pour la cour pénale internationale. Dans son entretien avec le quotidien ‘’intelligent d’Abidjan’’ le président Ali n’a pas été tendre avec l’Union Africaine, la France. Ali Ouattara tient absolument que les droits humains soient une réalité partout dans le monde.
L’année 2009 a été pour vous une année très significative. Quel est l’événement qui a le plus marqué la Coalition Ivoirienne pour la Cour Pénale Internationale ?
L’évènement qui a le plus marqué la Coalition Ivoirienne pour Cour Pénale Internationale (CI-CPI) en 2009, est l’ouverture du procès de Germain Katanga et Mathieu Chui le 24 Novembre au siège de la CPI à la Haye. La CI-CPI, a travers ma modeste personne, a eu l’honneur et la chance d’assister à cette ouverture du procès aux Pays-Bas. Ces deux chefs de guerre congolais auraient commis conjointement par l’intermédiaire d’autres personnes, au sens de l’article 25-3-a du Traité de Rome, deux crimes contre l’humanité et six crimes de guerre. Ce procès prouve encore une fois l’effectivité de la Cour et confirme sa volonté de lutter contre l’impunité quel qu’en soit l’auteur.
Vous avez lancé une campagne pour sensibiliser le public et la jeunesse Ivoirienne. Peut-on savoir les actions spécifiques qu’on retrouve à l’intérieur de cette sensibilisation ?
Ce projet qui été lancé le Mercredi 03 Février 2010 au lycée Moderne de Treichville se situe dans le cadre de la lutte contre l’Impunité, la sensibilisation sur les Droits de l’Homme et la Non-Violence. La cible, ce sont les élèves de 12 lycées et collèges d’Abidjan, 10 lycées et collèges de Gagnoa et 10 de Daloa. En effet, depuis 1990, le monde estudiantin est en proie à une recrudescence de la violence. Les violences et crimes commis dans ce milieu sont restésimpunis jusqu’à ce jour. C’est donc pour prévenir de tels actes que la Coalition a initié cette campagne avec l’appui financier du Canada que nous ne cesserons jamais de remercier. Cette campagne sera une opportunité pour la CI-CPI de renseigner la population en général et les étudiants en particulier sur la CPI : son fonctionnement et sa compétence. La campagne se fera à travers des conférences-débats dans 32 établissements, soutenue par des supports à savoir l’adaptation vidéo de la pièce théâtrale « Dame CPI », des banderoles, des tee-shirts, des prospectus et des encarts.
Défendre les Droits de l’Homme c’est bien, mais accroitre leur compréhension, c’est autre chose. Que pensez-vous des événements du 28 Septembre en Guinée-Conakry ?
Les événements du 24Septembre 2009 en Guinée sont une honte pour l’être humain. C’est une cruauté, une bestialité qui dépasse la compréhension humaine. Nous avons été choqués et indignés par les violations graves des Droits Humains commises en Guinée. Nous l’avons dénoncé. Nous continuons de demander que justice soit rendue aux victimes. Nous avons bon espoir que notre demande soit exaucée. Car tôt ou tard les auteurs de ces crimes graves répondront devant la Justice Internationale eu égard à la règle de l’imprescriptibilité.
Les pays de l’Union Africaine à Addis-Abeba sont revenus sur leur décision, notamment l’affaire du Soudanais Omar El Béchir en demandant à la Cour Pénale Internationale de renoncer à sa demande de poursuite judiciaire contre le chef de l’Etat Soudanais. Qu’en pensez-vous, Monsieur Ali Ouattara ?
Les défenseurs des Droits Humains que nous sommes ne comprenons pas l’acharnement de l’UA à défendre vaille que vaille un chef d’état auteur de crimes graves. Ce qui choque, c’est l’indifférence de l’UA face aux nombreuses victimes du Darfour. Ces personnes tuées, ces personnes déplacées, ces femmes violées, ces orphelins abandonnés… Nous disons aux chefs d’états Africains de ne pas défendre aveuglément une personne qui n’a pas les mains propres, fut-il un collègue. Nous continuons de mener campagne pour l’arrestation du Président Soudanais. Et nous sommes certains que tout comme Charles Taylor, Pinochet et Karagiv, Omar El Béchir répondra de ses actes devant la justice internationale et surtout devant la CPI.
Mais pourquoi la Cour Pénale Internationale qui défend avec tant d’ardeur les Droits de l’Homme, n’a-t-elle jamais incriminé un pays de n’avoir jamais considéré l’égalité entre l’homme et la femme. Cet obstacle est-il un crime ou pas ?
Le mandat de la CPI est de juger les responsables de crimes les plus graves, à savoir les crimes de génocide (article 6), les crimes de guerre (article 8), les crimes contre l’humanité (article 7) et les crimes d’agression (lorsqu’ils seront définis). La Cour Pénale Internationale ne juge donc pas les pays, cela est du ressort de la C .I.J. (Cour Internationale de justice). Aujourd’hui avec l’EPU (l’Examen Périodique Universel), la possibilité est donnée aux Nations-Unies de reconnaitre et de dénoncer les pays qui ne respectent pas les droits de l'Homme et de la Femme.
Quelle leçon tirez-vousde la récente protestation publique de la jeunesse de l’opposition, contre la Radio-Télévision Ivoirienne appelée média d’Etat ?
La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, citée comme référence dans le préambule de la Constitution Ivoirienne, stipule en son article19 que tout individu a droit à la liberté d’expression et d’opinion. Ce qui implique le droit ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. Cette marche de protestation est donc un moyen d’expression reconnu par la Constitution de Cote d’Ivoire et les instruments internationaux.Je voudrais donc remercier l’Etat pour avoir permis et facilité cette marche et aussi félicité les jeunes pour avoir marché pacifiquement, sans aucune violence.
Monsieur Ouattara, faites-vous partie de ceux qui pensent que le Droit, c’est le Droit pour tout le monde. Peut-on vous demander si le ministère de l’Identité Nationale Française est un Droit ?
Tout pays est libre de créer le ministère de son choix. Ce que nous dénonçons, c’est le contenu de ce ministère, son mandat. Ce Ministère de l’Identité Nationale est décrié par les militants des Droits de l’Homme et par une grande partie des Français parce qu’il stigmatise les Français d’origine arabe et africaine, et surtout les Musulmans. Nous considérons que les pratiques de ce Ministère violent la Convention Internationale pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale en ses articles 1,2, 3 et 4. La France doit recadrer, réorienter le mandat de ce ministère ou le supprimer simplement. Dans la pratique, il divise et catégorise les Français.
Monsieur le Président, y a-t-il aujourd’hui et toujours une contradiction entre le texte constitutionnel de la Côte d’Ivoire et le Statut de Rome, texte constitutionnel de la Cour pénale Internationale ?
A ce niveau, c’est toujours le statut quo. Nous demandons aux autorités politiques et législatives de Côte d’Ivoire de prendre en compte les propositions faites par la Coalition Ivoirienne pour la CPI dans son document d’analyse comparative entre la Constitution Ivoirienne et le Statut de Rome créant la CPI. Nous encourageons donc l’Etat de Côte d’Ivoire à déposer son instrument de ratification. La Côte d’Ivoire a plus à gagner en devenant Etat-Partie. Il est bon de souligner que conformément à l’article 1 du Statut, la Cour est complémentaire des juridictions pénales nationales. Elle ne les remplace pas.
A mon avis, la position Ivoirienne ressemble étrangement à celle du Soudan. Vrai ou Faux.
Contrairement au Soudan, la Côte d’Ivoire reconnait la compétence juridictionnelle de la Cour pour les crimes commis sur son territoire depuis le 19 Septembre2002. Cette reconnaissance synonyme d’une ratification ad’ hoc, a été faite depuis 2003 par les autorités Ivoiriennes, conformément à l’article 12 alinéa 3 du Statut. Les deux situations ne sont donc pas similaires.
Finalement Monsieur Ouattara, les Droits de l’Homme ne sont pas les mêmes partout ?
Les Droits de l’Homme, doivent être les mêmes pour toutes et tous, partout et en tout temps. Les Droits Humains sont universels, indivisibles, naturels, inaliénables et inhérents à la personne humaine. Nous devons donc tous œuvrer à quelque niveau que ce soit, acteurs étatiques, acteurs non étatiques, militants des Droits Humains et autres acteurs pour que les Droits humains soient une réalité partout dans le monde.
Par Ben Ismaël
L’année 2009 a été pour vous une année très significative. Quel est l’événement qui a le plus marqué la Coalition Ivoirienne pour la Cour Pénale Internationale ?
L’évènement qui a le plus marqué la Coalition Ivoirienne pour Cour Pénale Internationale (CI-CPI) en 2009, est l’ouverture du procès de Germain Katanga et Mathieu Chui le 24 Novembre au siège de la CPI à la Haye. La CI-CPI, a travers ma modeste personne, a eu l’honneur et la chance d’assister à cette ouverture du procès aux Pays-Bas. Ces deux chefs de guerre congolais auraient commis conjointement par l’intermédiaire d’autres personnes, au sens de l’article 25-3-a du Traité de Rome, deux crimes contre l’humanité et six crimes de guerre. Ce procès prouve encore une fois l’effectivité de la Cour et confirme sa volonté de lutter contre l’impunité quel qu’en soit l’auteur.
Vous avez lancé une campagne pour sensibiliser le public et la jeunesse Ivoirienne. Peut-on savoir les actions spécifiques qu’on retrouve à l’intérieur de cette sensibilisation ?
Ce projet qui été lancé le Mercredi 03 Février 2010 au lycée Moderne de Treichville se situe dans le cadre de la lutte contre l’Impunité, la sensibilisation sur les Droits de l’Homme et la Non-Violence. La cible, ce sont les élèves de 12 lycées et collèges d’Abidjan, 10 lycées et collèges de Gagnoa et 10 de Daloa. En effet, depuis 1990, le monde estudiantin est en proie à une recrudescence de la violence. Les violences et crimes commis dans ce milieu sont restésimpunis jusqu’à ce jour. C’est donc pour prévenir de tels actes que la Coalition a initié cette campagne avec l’appui financier du Canada que nous ne cesserons jamais de remercier. Cette campagne sera une opportunité pour la CI-CPI de renseigner la population en général et les étudiants en particulier sur la CPI : son fonctionnement et sa compétence. La campagne se fera à travers des conférences-débats dans 32 établissements, soutenue par des supports à savoir l’adaptation vidéo de la pièce théâtrale « Dame CPI », des banderoles, des tee-shirts, des prospectus et des encarts.
Défendre les Droits de l’Homme c’est bien, mais accroitre leur compréhension, c’est autre chose. Que pensez-vous des événements du 28 Septembre en Guinée-Conakry ?
Les événements du 24Septembre 2009 en Guinée sont une honte pour l’être humain. C’est une cruauté, une bestialité qui dépasse la compréhension humaine. Nous avons été choqués et indignés par les violations graves des Droits Humains commises en Guinée. Nous l’avons dénoncé. Nous continuons de demander que justice soit rendue aux victimes. Nous avons bon espoir que notre demande soit exaucée. Car tôt ou tard les auteurs de ces crimes graves répondront devant la Justice Internationale eu égard à la règle de l’imprescriptibilité.
Les pays de l’Union Africaine à Addis-Abeba sont revenus sur leur décision, notamment l’affaire du Soudanais Omar El Béchir en demandant à la Cour Pénale Internationale de renoncer à sa demande de poursuite judiciaire contre le chef de l’Etat Soudanais. Qu’en pensez-vous, Monsieur Ali Ouattara ?
Les défenseurs des Droits Humains que nous sommes ne comprenons pas l’acharnement de l’UA à défendre vaille que vaille un chef d’état auteur de crimes graves. Ce qui choque, c’est l’indifférence de l’UA face aux nombreuses victimes du Darfour. Ces personnes tuées, ces personnes déplacées, ces femmes violées, ces orphelins abandonnés… Nous disons aux chefs d’états Africains de ne pas défendre aveuglément une personne qui n’a pas les mains propres, fut-il un collègue. Nous continuons de mener campagne pour l’arrestation du Président Soudanais. Et nous sommes certains que tout comme Charles Taylor, Pinochet et Karagiv, Omar El Béchir répondra de ses actes devant la justice internationale et surtout devant la CPI.
Mais pourquoi la Cour Pénale Internationale qui défend avec tant d’ardeur les Droits de l’Homme, n’a-t-elle jamais incriminé un pays de n’avoir jamais considéré l’égalité entre l’homme et la femme. Cet obstacle est-il un crime ou pas ?
Le mandat de la CPI est de juger les responsables de crimes les plus graves, à savoir les crimes de génocide (article 6), les crimes de guerre (article 8), les crimes contre l’humanité (article 7) et les crimes d’agression (lorsqu’ils seront définis). La Cour Pénale Internationale ne juge donc pas les pays, cela est du ressort de la C .I.J. (Cour Internationale de justice). Aujourd’hui avec l’EPU (l’Examen Périodique Universel), la possibilité est donnée aux Nations-Unies de reconnaitre et de dénoncer les pays qui ne respectent pas les droits de l'Homme et de la Femme.
Quelle leçon tirez-vousde la récente protestation publique de la jeunesse de l’opposition, contre la Radio-Télévision Ivoirienne appelée média d’Etat ?
La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, citée comme référence dans le préambule de la Constitution Ivoirienne, stipule en son article19 que tout individu a droit à la liberté d’expression et d’opinion. Ce qui implique le droit ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. Cette marche de protestation est donc un moyen d’expression reconnu par la Constitution de Cote d’Ivoire et les instruments internationaux.Je voudrais donc remercier l’Etat pour avoir permis et facilité cette marche et aussi félicité les jeunes pour avoir marché pacifiquement, sans aucune violence.
Monsieur Ouattara, faites-vous partie de ceux qui pensent que le Droit, c’est le Droit pour tout le monde. Peut-on vous demander si le ministère de l’Identité Nationale Française est un Droit ?
Tout pays est libre de créer le ministère de son choix. Ce que nous dénonçons, c’est le contenu de ce ministère, son mandat. Ce Ministère de l’Identité Nationale est décrié par les militants des Droits de l’Homme et par une grande partie des Français parce qu’il stigmatise les Français d’origine arabe et africaine, et surtout les Musulmans. Nous considérons que les pratiques de ce Ministère violent la Convention Internationale pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale en ses articles 1,2, 3 et 4. La France doit recadrer, réorienter le mandat de ce ministère ou le supprimer simplement. Dans la pratique, il divise et catégorise les Français.
Monsieur le Président, y a-t-il aujourd’hui et toujours une contradiction entre le texte constitutionnel de la Côte d’Ivoire et le Statut de Rome, texte constitutionnel de la Cour pénale Internationale ?
A ce niveau, c’est toujours le statut quo. Nous demandons aux autorités politiques et législatives de Côte d’Ivoire de prendre en compte les propositions faites par la Coalition Ivoirienne pour la CPI dans son document d’analyse comparative entre la Constitution Ivoirienne et le Statut de Rome créant la CPI. Nous encourageons donc l’Etat de Côte d’Ivoire à déposer son instrument de ratification. La Côte d’Ivoire a plus à gagner en devenant Etat-Partie. Il est bon de souligner que conformément à l’article 1 du Statut, la Cour est complémentaire des juridictions pénales nationales. Elle ne les remplace pas.
A mon avis, la position Ivoirienne ressemble étrangement à celle du Soudan. Vrai ou Faux.
Contrairement au Soudan, la Côte d’Ivoire reconnait la compétence juridictionnelle de la Cour pour les crimes commis sur son territoire depuis le 19 Septembre2002. Cette reconnaissance synonyme d’une ratification ad’ hoc, a été faite depuis 2003 par les autorités Ivoiriennes, conformément à l’article 12 alinéa 3 du Statut. Les deux situations ne sont donc pas similaires.
Finalement Monsieur Ouattara, les Droits de l’Homme ne sont pas les mêmes partout ?
Les Droits de l’Homme, doivent être les mêmes pour toutes et tous, partout et en tout temps. Les Droits Humains sont universels, indivisibles, naturels, inaliénables et inhérents à la personne humaine. Nous devons donc tous œuvrer à quelque niveau que ce soit, acteurs étatiques, acteurs non étatiques, militants des Droits Humains et autres acteurs pour que les Droits humains soient une réalité partout dans le monde.
Par Ben Ismaël