Le nouvel album de Fadel Dey est depuis le 1er février sur le marché. " Mea culpa" malheureusement suscite beaucoup de polémiques. Dans cette interview, l`artiste reggaeman reprécise sa pensée et interpelle ceux qui ont vilipendé, hier, le président Houphouët à se repentir.
Comment se comporte votre album sur le marché?
L`album se porte très bien mais malheureusement nous sommes piraté et même très piraté. Mais on ne va pas se laisser abattre par les pirates. On est dans la lutte, le combat continu.
Dans "Mea culpa", vous chantez " Houphouët voleur " Qu`est-ce qu`il vous a volé ?
Je ne souhaite pas qu`on joue les titrologues en matière de musique. Il faut écouter toute la chanson. Vous avez dit que la chanson s`appelle "Mea culpa "Quelqu`un qui fait son mea culpa est celui qui, à un moment donné de sa vie, reconnaît son tort et demande pardon. C`est cela le plus important. En 1990, j`étais parmi ceux qui ont crié" Houphouët voleur " et 20 ans après, je constate que ce sont les mêmes acquis d`Houphouët qui existent. C`est-à-dire les mêmes ponts, les mêmes Chu, les mêmes universités, les mêmes routes. Alors je me suis dit que j`ai eu tort de traiter Houphouët de voleur. Parce que tous ceux qui sont venus après lui, personne n`a fait mieux que lui. Moi, j`ai fait mon mea culpa en lui demandant pardon.
C`est un album à polémique. Tout de même ?
Il faut que les gens l`écoutent. Il ne faut pas écouter seulement" Houphouët voleur " parce qu`à la fin de la chanson, Houphouët lui-même intervient en disant que le vrai bonheur, on ne l`apprécie que lorsqu`on l`a perdu. Aujourd`hui, je constate que l`ère Houphouët n`à rien à voir avec celui que nous vivons aujourd`hui.
Certains titres de votre album ont été censurés. C`est ce qu`on apprend, est-ce que c`est vrai ?
La partie "Houphouët voleur" a été censurée. Lorsque nous sommes arrivés avec le spot à la télévision, on nous a fait savoir que cette partie ne peut pas passer. Ils ont monté le spot à leur goût.
Et pourquoi ?
Mais à cause de la partie "Houphouët voleur".
Vous comprenez donc que votre album est sujet à polémique ?
Quand on l`écoute jusqu`à la fin, on comprend le message de l`album.
Il y a aussi "Prisonniers de la guerre". A qui faites-vous allusion ?
Mais aux prisonniers de la guerre.
Lesquels ?
Mais ceux qui sont dans les prisons dorées. Ceux qui mangent dans la guerre. La guerre les arrange. Ils ne souhaitent pas que la guerre finisse
Vous parlez de qui, soyez courageux?
Les prisonniers de la guerre se reconnaissent à travers la ville d`Abidjan. A travers toute la Côte d`Ivoire, il y a beaucoup de prisonniers. L`inspiration de cette chanson est partie en 2007. Lors de la fête du travail, un syndicaliste a dit au chef de l`Etat de libérer les prisonniers de la guerre. Ce sont ceux qui se promènent à Abidjan avec des gardes du corps, des militaires de l`Etat ivoirien qu`on paye avec l`argent du contribuable. Ils ne sont rien mais ce sont eux qui ont les grandes faveurs de la République. Au nord comme au sud, il y a des prisonniers de la guerre. Lorsqu`on fait un pas en avant, ils nous ramènent deux pas en arrière. Tout simplement parce qu`à la fin de la guerre, ils n`existeront plus. Je souhaite qu`ils pensent à la grande souffrance de la population ivoirienne qui veut aller à la paix.
A vous entendre, vous attaquez les jeunes patriotes ?
Moi-même, je suis patriote. Je n`attaque personne. Le patriotisme, c`est l`amour de sa patrie. J`ai une seule nationalité, c`est la nationalité ivoirienne et j`aime la Côte d`Ivoire. Je n`attaque personne
Mais c`est quand même un album très engagé qui ne fait pas de cadeau au parti au pouvoir ?
Moi, je suis un éternel opposant. Je ne m`oppose pas à un individu mais à un système. Lorsque j`ai sorti mon premier album avec des titres comme gouvernants chauve-souris, je demandais qu`on applique la démocratie parce que le parti unique d`alors ne doit pas s`accrocher au pouvoir contre la volonté du peuple, cette chanson, avait été récupérée par le Fpi qui la jouait à tous ses meetings. Ma ligne éditoriale n`a pas changé, je suis constant dans ce que je dis. Donc si le pouvoir en place estime qu`il est indexé à travers ma chanson, alors qu`il change de système.
A vous écouter, vous êtes déçu de ce pouvoir ?
Le pouvoir dont le président de la République a rêvé, ce n`est pas ce pouvoir qu`il a aujourd`hui. Gbagbo doit faire beaucoup attention. Avant, on partait au marché avec des paniers mais aujourd`hui, c`est avec des sachets noirs. Il y a des Ivoiriens qui mangeaient une fois par jour, aujourd`hui, ils mangent une fois tous les deux (02) jours. C`est grave. Pourtant, avant, lors des meetings, beaucoup de promesses ont été faites à la population. Aujourd`hui, ces promesses n`ont pas été tenues. Il y a eu beaucoup de déceptions au niveau de la population.
Et vous, vous n`avez pas peur de dénoncer toutes ces situations dans cette Côte d`Ivoire d`aujourd`hui ?
La liberté d`expression est inscrite dans notre Constitution. Je n`insulte personne, tout ce que je dis n`est pas contre la morale. Alors pourquoi avoir peur de dénoncer certaines situations ? Les gens doivent comprendre que le président de la République est l`employé du peuple. Moi, je n`ai pas peur de critiquer mon employé. Il y en a qui renvoient l`employé. Si aujourd`hui, le peuple descend dans la rue pour dire qu`il ne veut plus de lui, qu`est-ce qu`il devient ? Moi, je fais partie du peuple, c`est mon employé et donc j`ai le droit de dire ce qui ne va pas.
On ne vous a pas encore menacé ?
Pour le moment, non ! Je souhaite que je ne sois pas menacé quand on apporte une critique, c`est pour le changement. Nous, nous sommes la voix des sans voix en tant que reggaeman. Le reggae n`épouse pas le pouvoir. Je vais vous le dire, tout reggaeman qui compose avec le pouvoir tombe.
Et pourtant, Alpha Blondy compose avec le pouvoir.
(Rire). Faites un sondage en ville pour voir aujourd`hui la cote de popularité d`Alpha Blondy. Le reggae qui compose avec le pouvoir n`est plus le reggae. C`est la musique des pauvres qui doit se mettre du côté du bas peuple pour dénoncer.
La situation sociopolitique est en ce moment très tendue. Est-ce qu`elle ne donne pas raison à votre nouvel album ?
En ville, on se demande si je ne suis pas un prophète. Lorsqu`on écoute les prisonniers de la guerre, on se rend compte que quand on avance d`un pas vers la paix, ils nous ramènent toujours de deux (02) pas en arrière. Je reçois des coups de fil qui me félicitent par rapport à cet album. C`est dire que les Ivoiriens sont fatigués. On est fatigués. On veut aller aux élections dans la sincérité, dans la vraie paix.
Croyez-vous qu`on ira un jour aux élections ?
Nous ne sommes pas maudits .Il faut qu`on y arrive. Mais le problème est le fait d`un manque encore de sincérité. Il faut que les gens pensent à la souffrance des populations. Trop c`est trop ! Cessons ces petits jeux avec ces populations qui souffrent.
Revenons à votre album. Combien vous a-t-il coûté ?
(Il respire fort). C`est une question qui est bien venue. Aujourd`hui, nous sommes à près de 25 millions d`investissement. Permettez-moi donc de lancer un message à nos autorités politiques à propos de la piraterie. L`album est piraté partout en Côte d`Ivoire alors que nous payons toutes les taxes à l`Etat de ce pays. Il est piraté à la Sorbonne, non loin de la Présidence, sur le campus. Dans la rue, le Cd se vend aussi facilement. Je souhaite que le président de la République réagisse. Il faut qu`il réagisse parce qu`il est, lui aussi, un artiste .Il a sorti un livre. S`il ne le fait pas, aucun investisseur ne va investir dans la musique en Côte d`Ivoire. Ce n`est pas possible.
En attendant, que font les artistes eux-mêmes ?
L`Unarci a réuni nos doléances et les a remises à la Présidence. On nous a dit que le président aurait signé un décret condamnant le pirate. Si c`est vrai, il faut que ça soit appliqué sur le terrain.
Pour terminer, est-ce que vous pouvez lever toutes les équivoques qui entourent votre album ?
J`ai décidé de faire mon mea culpa. Parce que j`ai insulté un vieil homme en 90. J`étais jeune, je ne savais pas ce que je faisais. Je me suis retrouvé dans la rue sans le savoir en criant "Houphouët voleur". Ceux qui m`ont poussé à le faire sont là et se reconnaissent. Aujourd`hui, 20 ans après, j`estime que personne n`a fait mieux que lui. Je lui demande pardon et je souhaite que ceux qui nous ont poussé à le faire, fassent aussi leur mea culpa pour que nous ayons une vraie paix
Interview réalisée par DJE KM
Cathycelio@yahoo.fr
Comment se comporte votre album sur le marché?
L`album se porte très bien mais malheureusement nous sommes piraté et même très piraté. Mais on ne va pas se laisser abattre par les pirates. On est dans la lutte, le combat continu.
Dans "Mea culpa", vous chantez " Houphouët voleur " Qu`est-ce qu`il vous a volé ?
Je ne souhaite pas qu`on joue les titrologues en matière de musique. Il faut écouter toute la chanson. Vous avez dit que la chanson s`appelle "Mea culpa "Quelqu`un qui fait son mea culpa est celui qui, à un moment donné de sa vie, reconnaît son tort et demande pardon. C`est cela le plus important. En 1990, j`étais parmi ceux qui ont crié" Houphouët voleur " et 20 ans après, je constate que ce sont les mêmes acquis d`Houphouët qui existent. C`est-à-dire les mêmes ponts, les mêmes Chu, les mêmes universités, les mêmes routes. Alors je me suis dit que j`ai eu tort de traiter Houphouët de voleur. Parce que tous ceux qui sont venus après lui, personne n`a fait mieux que lui. Moi, j`ai fait mon mea culpa en lui demandant pardon.
C`est un album à polémique. Tout de même ?
Il faut que les gens l`écoutent. Il ne faut pas écouter seulement" Houphouët voleur " parce qu`à la fin de la chanson, Houphouët lui-même intervient en disant que le vrai bonheur, on ne l`apprécie que lorsqu`on l`a perdu. Aujourd`hui, je constate que l`ère Houphouët n`à rien à voir avec celui que nous vivons aujourd`hui.
Certains titres de votre album ont été censurés. C`est ce qu`on apprend, est-ce que c`est vrai ?
La partie "Houphouët voleur" a été censurée. Lorsque nous sommes arrivés avec le spot à la télévision, on nous a fait savoir que cette partie ne peut pas passer. Ils ont monté le spot à leur goût.
Et pourquoi ?
Mais à cause de la partie "Houphouët voleur".
Vous comprenez donc que votre album est sujet à polémique ?
Quand on l`écoute jusqu`à la fin, on comprend le message de l`album.
Il y a aussi "Prisonniers de la guerre". A qui faites-vous allusion ?
Mais aux prisonniers de la guerre.
Lesquels ?
Mais ceux qui sont dans les prisons dorées. Ceux qui mangent dans la guerre. La guerre les arrange. Ils ne souhaitent pas que la guerre finisse
Vous parlez de qui, soyez courageux?
Les prisonniers de la guerre se reconnaissent à travers la ville d`Abidjan. A travers toute la Côte d`Ivoire, il y a beaucoup de prisonniers. L`inspiration de cette chanson est partie en 2007. Lors de la fête du travail, un syndicaliste a dit au chef de l`Etat de libérer les prisonniers de la guerre. Ce sont ceux qui se promènent à Abidjan avec des gardes du corps, des militaires de l`Etat ivoirien qu`on paye avec l`argent du contribuable. Ils ne sont rien mais ce sont eux qui ont les grandes faveurs de la République. Au nord comme au sud, il y a des prisonniers de la guerre. Lorsqu`on fait un pas en avant, ils nous ramènent deux pas en arrière. Tout simplement parce qu`à la fin de la guerre, ils n`existeront plus. Je souhaite qu`ils pensent à la grande souffrance de la population ivoirienne qui veut aller à la paix.
A vous entendre, vous attaquez les jeunes patriotes ?
Moi-même, je suis patriote. Je n`attaque personne. Le patriotisme, c`est l`amour de sa patrie. J`ai une seule nationalité, c`est la nationalité ivoirienne et j`aime la Côte d`Ivoire. Je n`attaque personne
Mais c`est quand même un album très engagé qui ne fait pas de cadeau au parti au pouvoir ?
Moi, je suis un éternel opposant. Je ne m`oppose pas à un individu mais à un système. Lorsque j`ai sorti mon premier album avec des titres comme gouvernants chauve-souris, je demandais qu`on applique la démocratie parce que le parti unique d`alors ne doit pas s`accrocher au pouvoir contre la volonté du peuple, cette chanson, avait été récupérée par le Fpi qui la jouait à tous ses meetings. Ma ligne éditoriale n`a pas changé, je suis constant dans ce que je dis. Donc si le pouvoir en place estime qu`il est indexé à travers ma chanson, alors qu`il change de système.
A vous écouter, vous êtes déçu de ce pouvoir ?
Le pouvoir dont le président de la République a rêvé, ce n`est pas ce pouvoir qu`il a aujourd`hui. Gbagbo doit faire beaucoup attention. Avant, on partait au marché avec des paniers mais aujourd`hui, c`est avec des sachets noirs. Il y a des Ivoiriens qui mangeaient une fois par jour, aujourd`hui, ils mangent une fois tous les deux (02) jours. C`est grave. Pourtant, avant, lors des meetings, beaucoup de promesses ont été faites à la population. Aujourd`hui, ces promesses n`ont pas été tenues. Il y a eu beaucoup de déceptions au niveau de la population.
Et vous, vous n`avez pas peur de dénoncer toutes ces situations dans cette Côte d`Ivoire d`aujourd`hui ?
La liberté d`expression est inscrite dans notre Constitution. Je n`insulte personne, tout ce que je dis n`est pas contre la morale. Alors pourquoi avoir peur de dénoncer certaines situations ? Les gens doivent comprendre que le président de la République est l`employé du peuple. Moi, je n`ai pas peur de critiquer mon employé. Il y en a qui renvoient l`employé. Si aujourd`hui, le peuple descend dans la rue pour dire qu`il ne veut plus de lui, qu`est-ce qu`il devient ? Moi, je fais partie du peuple, c`est mon employé et donc j`ai le droit de dire ce qui ne va pas.
On ne vous a pas encore menacé ?
Pour le moment, non ! Je souhaite que je ne sois pas menacé quand on apporte une critique, c`est pour le changement. Nous, nous sommes la voix des sans voix en tant que reggaeman. Le reggae n`épouse pas le pouvoir. Je vais vous le dire, tout reggaeman qui compose avec le pouvoir tombe.
Et pourtant, Alpha Blondy compose avec le pouvoir.
(Rire). Faites un sondage en ville pour voir aujourd`hui la cote de popularité d`Alpha Blondy. Le reggae qui compose avec le pouvoir n`est plus le reggae. C`est la musique des pauvres qui doit se mettre du côté du bas peuple pour dénoncer.
La situation sociopolitique est en ce moment très tendue. Est-ce qu`elle ne donne pas raison à votre nouvel album ?
En ville, on se demande si je ne suis pas un prophète. Lorsqu`on écoute les prisonniers de la guerre, on se rend compte que quand on avance d`un pas vers la paix, ils nous ramènent toujours de deux (02) pas en arrière. Je reçois des coups de fil qui me félicitent par rapport à cet album. C`est dire que les Ivoiriens sont fatigués. On est fatigués. On veut aller aux élections dans la sincérité, dans la vraie paix.
Croyez-vous qu`on ira un jour aux élections ?
Nous ne sommes pas maudits .Il faut qu`on y arrive. Mais le problème est le fait d`un manque encore de sincérité. Il faut que les gens pensent à la souffrance des populations. Trop c`est trop ! Cessons ces petits jeux avec ces populations qui souffrent.
Revenons à votre album. Combien vous a-t-il coûté ?
(Il respire fort). C`est une question qui est bien venue. Aujourd`hui, nous sommes à près de 25 millions d`investissement. Permettez-moi donc de lancer un message à nos autorités politiques à propos de la piraterie. L`album est piraté partout en Côte d`Ivoire alors que nous payons toutes les taxes à l`Etat de ce pays. Il est piraté à la Sorbonne, non loin de la Présidence, sur le campus. Dans la rue, le Cd se vend aussi facilement. Je souhaite que le président de la République réagisse. Il faut qu`il réagisse parce qu`il est, lui aussi, un artiste .Il a sorti un livre. S`il ne le fait pas, aucun investisseur ne va investir dans la musique en Côte d`Ivoire. Ce n`est pas possible.
En attendant, que font les artistes eux-mêmes ?
L`Unarci a réuni nos doléances et les a remises à la Présidence. On nous a dit que le président aurait signé un décret condamnant le pirate. Si c`est vrai, il faut que ça soit appliqué sur le terrain.
Pour terminer, est-ce que vous pouvez lever toutes les équivoques qui entourent votre album ?
J`ai décidé de faire mon mea culpa. Parce que j`ai insulté un vieil homme en 90. J`étais jeune, je ne savais pas ce que je faisais. Je me suis retrouvé dans la rue sans le savoir en criant "Houphouët voleur". Ceux qui m`ont poussé à le faire sont là et se reconnaissent. Aujourd`hui, 20 ans après, j`estime que personne n`a fait mieux que lui. Je lui demande pardon et je souhaite que ceux qui nous ont poussé à le faire, fassent aussi leur mea culpa pour que nous ayons une vraie paix
Interview réalisée par DJE KM
Cathycelio@yahoo.fr