x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Showbizz Publié le jeudi 18 février 2010 | Notre Voie

Sam Fan Thomas (musicien camerounais) : “J’exhorte tous les politiciens ivoiriens à regarder dans la même direction”

26 ans après son premier concert à Abidjan, Sam Fan Thomas retrouve les Ivoiriens. C’était le 13 février dernier, à la faveur du Cabaret de la Saint-Valentin organisé à la Caistab, au Plateau, par Avant-garde production. Dans l’entretien qui suit, il parle de cette fête des amoureux, de sa carrière, du coupé-décalé, de la Côte d’Ivoire et de ses souvenirs.

N.V. : Sam Fan Thomas, quel regard portez-vous sur la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire, pays que vous retrouvez 26 ans après?

S.F.T. : Quand je suis arrivé en Côte d’Ivoire pour la première fois en 1984, j’ai trouvé un peuple uni, un peuple bien. Mais à un moment donné, on nous a appris qu’il y avait la guerre. Alors, j’ai dit à un journaliste ivoirien qui se trouvait au Cameroun que les gens n’ont pas le droit de s’entretuer parce que la Côte d’Ivoire est un pays de fraternité, un pays où l’intégration était facile, où le premier président a mis tout en œuvre pour avoir un beau pays. Heureusement, les gens se sont mis autour d’une table ! Il y a eu une réconciliation nationale, il y a la paix qui est revenue et j’espère que cela va durer car on souhaite que ça dure. C’est pourquoi, j’exhorte tous les politiciens de la Côte d’Ivoire à regarder dans la même direction. Qu’ils prônent la paix, la réconciliation et l’unité du pays pour que l’Afrique avance. Parce que si la Côte d’Ivoire ne marche pas, c’est toute l’Afrique qui ne marche pas. On ne peut pas dire qu’on n’est pas concerné par ce qui se passe dans ce pays parce qu’on n’est pas Ivoirien.

N.V. : Quels souvenirs gardez-vous de ce pays ?

S.F.T. : Un très bon souvenir de l’accueil qui m’a été réservé la première fois que je suis venu jouer à Abidjan, en 1984. C’était mon premier spectacle international. Mais il y a aussi la déception parce que mon billet d’avion retour, je l’ai payé de ma propre poche. En effet, à l’époque, il y avait parmi les organisateurs des gens véreux. Je n’ai jamais voulu le dire pace que j’ai été bien accueilli par le peuple ivoirien. Si je le dis aujourd’hui, c’est parce que je suppose que ces organisateurs ne sont plus dans le domaine du showbiz.

La musique ivoirienne a évolué. Il y a beaucoup d’engouement par exemple autour du coupé-décalé. Quel regard portez-vous sur ce style musical en vogue dans ce pays?

S.F.T. : C’est bien, le coupé-décalé. Ce sont les jeunes qui le font. Aujourd’hui, quand on parle de la jeunesse, c’est la fête. Et c’est toujours une autre façon de penser la musique. Mais en même temps, ce que j’ai remarqué, c’est qu’en Côte d’Ivoire, tous les anciens comme Aïcha Koné, Chantal Taïba, Bailly Spinto, sont restés dans les harmonies pour faire vivre la musique. Quand j’écoute feu François Lougah, j’écoute de la musique. La musique ne se limite pas simplement à la danse. Il faudrait aussi que les gens chantent, parce que la musique peut être porteuse de message. Si j’avais pensé seulement à la danse sans mettre aucune harmonie dans mes chansons, je ne serais pas invité en Côte d’Ivoire pour participer à une œuvre caritative.

N.V. : En 2005, vous confiiez à un confrère camerounais que vous vous retrouviez un peu dans le coupé-décalé. Comment expliquez-vous cela ?

S.F.T. : Mais c’est tout à fait normal que je me retrouve dans le coupé-décalé ! Si mes chansons ont marché en Côte d’Ivoire, c’est normal qu’un jeune qui a vécu avec ma musique se retrouve à faire de la musique en s’inspirant un peu de ce que j’ai fait. C’est comme moi, par le passé, je me suis ressenti dans la musique des Beatles, parce que c’est une musique qui m’a bercée.

N.V. : Vous revenez en Côte d’Ivoire dans le cadre du Cabaret de la Saint Valentin. Que pensez-vous de la célébration de cette fête des amoureux en Afrique ?

S.F.T. : La Saint-Valentin a été imposée en Afrique par les Blancs. Je ne dis pas que cela est une mauvaise chose mais que cette fête n’était pas dans nos mœurs. Il n’est pas coutume de dire : “Je t’aime’’ à son mari ou à sa femme. Puisque les Africains ont adopté le principe, il faudrait qu’on l’adapte aussi à notre façon de faire. C’est pourquoi je dis que l’Afrique doit savoir inventer certaines choses. La Saint-Valentin doit être aussi l’occasion pour nous, Africains, de manifester notre amour à nos proches, à notre prochain. Je pense que l’amour ne devrait pas être limité simplement au couple.

N.V. : Vous parlez de repenser la célébration de la Saint-Valentin en Afrique. Que pensez-vous alors du principe qui accompagne la soirée du Cabaret de la Saint-Valentin auquel vous avez pris part ?

S.F.T. : Je suis content d’être aujourd’hui en Côte d’Ivoire pour le cabaret de la Saint-Valentin parce qu’il est basé sur un principe qui sort un peu de l’ordinaire. C’est-à-dire qu’on profite de la fête de la Saint-Valentin pour tendre la main aux personnes en difficulté. C’est très bien pensé et c’est pourquoi je suis là. Pour que ce 13 février, on puisse tendre la main à ceux qui en ont besoin.

N.V. : Sam Fan Thomas aborde beaucoup le thème de l’amour dans ses chansons. Quels conseils pourrait-il donner aujourd’hui à la nouvelle génération africaine qui pense que les intérêts passent avant l’amour?


S.F.T. : L’amour est quelque chose qui doit venir du fond cœur. Il doit être un geste spontané et non fabriqué. Le seul conseil que je peux donner, c’est de demander à ces jeunes d’être eux-mêmes car l’amour peut s’exprimer de plusieurs façons. Par exemple, on peut offrir des fleurs, on peut inviter quelqu’un à manger ! C’est vrai que c’était un sujet tabou pour nos parents, mais l’amour se dit aujourd’hui en plein ciel. Seulement, que ces jeunes n’adoptent pas les habitudes des Blancs pour dire : “Je t’aime’’ alors qu’au fond d’eux-mêmes, ils ne sont pas sincères.


N.V. : Comment se porte aujourd’hui votre carrière et le makossa au Cameroun ?

S.F.T. : Ma carrière se porte très bien. C’est vrai que d’aucuns vont dire qu’il y a longtemps que je ne produis plus de disque mais ce n’est qu’un volet de ma carrière. Parce que je pense que j’ai fait assez de disques qui peuvent me permettre de continuer à vivre sans en faire d’autres. Mes fans en réclament encore ? J’en suis conscient et je les remercie parce qu’ils voudraient quand même danser à nouveau au rythme de ce que j’ai déjà fait ou en apportant des touches. Quant au makossa, il se porte très bien au Cameroun. Contrairement à ce que les gens disent, la musique qui marche au Cameroun, c’est bien le makossa. Je ne parle pas du makossa d’il y a 20 ans mais de celui d’une nouvelle génération qui a sa façon de penser la musique. Et je dis tant mieux, ça fait avancer la musique, ça fait évoluer le monde.

Entretien réalisé par
Anne-Marie Eba (Stagiaire)
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Showbizz

Toutes les vidéos Showbizz à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ