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Économie Publié le mardi 23 février 2010 | L’expression

Délestage - Une épreuve difficile pour les élèves et enseignants

Les coupures d’eau et d’électricité sont durement ressenties par le corps enseignant et les élèves. Mais certains arrivent à avoir la tête hors de l’eau.

Le délestage n’a pas fini de faire son lot de victimes. Dans l’enseignement, professeurs et élèves en subissent les conséquences. Kra Léontine, professeur de philosophie au Collège Adama Sanogo, ne cache pas son désappointement. «On a des calendriers de devoirs à respecter. On doit rédiger les devoirs et ensuite les donner à l’école pour faire des tirages. Le soir à la maison, il n’y a pas d’électricité, alors comment rédiger les devoirs. Les jours où nous avons la chance d’avoir de l’électricité, et qu’on rédige les devoirs, il n’y a souvent pas d’électricité à l’école et donc pas de tirages. Dans ce cas, il est évident que les calendriers de devoirs ne seront pas respectés», déplore-t-elle. Pour enfoncer le clou, cette dernière ajoute: « Pas plus tard que la semaine dernière, on avait un devoir de niveau, il pleuvait et la classe était très sombre au point que les élèves ne voyaient plus leurs copies. Comme il n’y avait pas d’électricité, nous avons été obligés de suspendre le devoir à la grande joie des élèves ». Bini S., professeur de physiques et mère de deux enfants, se dit très affligée par ces coupures intempestives. « A cause de la coupure d’électricité, mes feuilles de devoirs sont accumulées à la maison, je n’en ai pas corrigée une seule. Je n’ai pas de servante donc, je suis obligée de faire les cours dans la journée, et les après-midi de faire le ménage. Je n’ai pas le temps de m’occuper de mes copies. Avec les coupures d’eau, c’est aussi difficile. Je suis obligée de me réveiller parfois au milieu de la nuit ou le matin très tôt pour remplir les bassines et après je dois me rendre au cours. C’est pénible », se lamente-t-elle. Les élèves quant à eux ne sont pas bien lotis. Ainsi Atsé Cyrille, élève en classe de 1ère D, explique ses dernières mauvaises notes par les coupures d’électricité intempestives. «On ne peut pas travailler dans le noir. Hier par exemple, à Abobo, ils ont coupé l’électricité et c’est à deux heures du matin que le courant est revenu. Je ne pouvais plus travailler, j’avais trop sommeil. Alors c’est normal que je n’obtienne pas de bonnes notes», se justifie-t-il. Koffi Chiayé Patricia, élève en classe de troisième est du même avis. « Avec les coupures d’électricité, c’est difficile d’apprendre ses leçons. J’ai essayé d’étudier à la lueur de la bougie, mais c’est fatiguant pour les yeux. Tout ce que j’espère c’est que cela finisse très vite car je n’arrive pas à étudier convenablement, or il me faut de bonnes moyennes de classe pour pourvoir être sereine aux examens », explique-t-elle.

Ceux qui prennent leurs précautions
Pendant que de nombreux élèves et enseignants se plaignent de la situation précaire que leur fait vivre le délestage, certains d’entre eux ont pris des dispositions nécessaires. Isidore N’guessan, professeur de Français, confie qu’il a aménagé son emploi du temps pour ne pas connaître les difficultés qui devaient découler du délestage. « Je ne laisse plus traîner la correction de mes devoirs. Les samedis et les après-midi pendant lesquels je n’ai pas cours, je trouve un endroit calme et je corrige mes copies. De cette façon, je ne suis pas pris au dépourvu quand on « coupe » l’électricité », explique-t-il. A. Y, professeur de mathématiques, quant à lui ne voit que le côté bénéfique des coupures d’électricité. « Il y a certaines fois où je me dis que c’est une mesure salutaire. Avant, j’aimais accumuler les cahiers de textes pour les remplir à la maison. Pourtant je suis professeur principal dans une de mes classes. A cause du délestage, je remplis immédiatement mes cahiers de textes. Ce qui me sauve car les inspecteurs font maintenant des visites inopinées», révèle-t-il. Des élèves prennent également des dispositions pour que leurs résultats scolaires ne changent pas. Ainsi Ouattara Kopaly Sibiki, élève en classe de terminale D, confie qu’il a pris toutes les dispositions nécessaires pour ne pas ressentir le délestage. « Avec mon argent de poche, j’ai acheté une lampe moderne (veilleuse) pour pouvoir bosser comme il faut. Cette année je n’ai pas droit à l’erreur car je suis à ma deuxième tentative du baccalauréat », explique l’apprenant. Lou Evelyne, élève en classe de 6ème, confie qu’elle est venue habiter avec sa mère à Angré Manguiers 2. « J’habite Yopougon Zone industrielle avec mon papa et sa seconde épouse. Mais il y a trop de délestages là bas. Maman a insisté pour que je vienne passer au moins une semaine de temps à temps à cause des coupures de courant, elle dit que ça me permettra de travailler», révèle cette dernière.

Napargalè Marie
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