Les artisans ont commencé à voir leurs affaires baisser du fait des coupures d’électricité. Nombre de ces petits opérateurs ne parviennent plus à faire face à leurs charges et s’apprêtent à mettre la clé sous le paillasson.
Elle est assise, comme interdite dans l’atelier, derrière la machine. Le regard fixé sur la voie. Une jupe à moitié terminée, traîne sur la machine à coudre. Thérèse K. attend sans trop y croire que l’électricité interrompue depuis 8 h se rétablisse afin qu’elle puisse achever, enfin, son travail entamé la veille. Depuis que les habitants de la commune de Williamsville sont soumis à la dure réalité du délestage électrique, les journées de cette couturière sont devenues, dit-elle, un calvaire. Elle qui pouvait confectionner deux à trois vêtements dames par jour n’en est réduite désormais qu’à un seul. Des fois, il lui faut deux jours pour terminer une commande. Et cela naturellement préoccupe la jeune femme. «C’est difficile vu que toutes mes machines à coudre fonctionnent à l’électricité. Le courant est interrompu à partir de 8 h du matin et il faut attendre 19 h voire 20 h pour qu’il soit rétabli. Quand vous n’avez rien fait toute la journée et que vous devez commencer à travailler à 19 heures, comprenez qu’il n’est pas facile de s’asseoir derrière une machine à cette heure-là. Et d’ailleurs qu’est-ce qu’on peut faire en une heure, vu que je ferme l’atelier à 20 h », déplore Thérèse. Cette situation, a l‘en croire, crée d’autres problèmes. Selon elle, certains clients sans autre forme de procès refusent de comprendre ce malheureux contexte. Ils exigent que leurs habits soient livrés dans les délais. «Les clients nous traitent même de menteur quand nous leur faisons savoir qu’à défaut d’électricité nous n’avons pu finir leur travail », souligne-t-elle avec un sourire qui cache mal sa désolation. Amidou T, un autre tailleur situé en face de l’atelier de Thérèse, essaye lui de ne pas se laisser handicaper par le délestage. Une aiguille à la main, il rapièce un pantalon. Ses apprentis au nombre de quatre font également du mieux qu’ils peuvent pour se passer du courant parce qu’il faut respecter les délais au risque de perdre les clients. «Nous sommes obligés de faire certaines choses à la main pour gagner du temps», souligne le patron de l’atelier. Pour ce ressortissant nigérian, c’est la première fois qu’il est soumis à un tel régime depuis son installation à Williamsville qui remonte à cinq ans. Il dit perdre 8 à 12. 000 Fcfa par jour avec la pénurie de courant. «Quand il n’y a pas d’électricité, le travail est bloqué. Alors qu’en une journée normale, on peut finir quatre camisoles de 2.000 ou 3.000 Fcfa. Ce qui n’est plus possible », regrette le tailleur.
Menace de fermeture
Mais une autre inquiétude tout aussi sérieuse le ronge. C’est son loyer. Amidou. T se demande comment il arrivera à le régler pendant les quatre mois que va durer le délestage. « Est-ce que le propriétaire du magasin acceptera d’attendre le temps que j’ai l’argent pour le payer ?», s’intérroge-t-il. On le voit, les conséquences de ce délestage annoncé pour quatre mois (février, mars, avril et mai). Et qui aux dernières nouvelles risque de s’étendre jusqu’en juin seront sans doute dramatiques. Les petits entrepreneurs devront faire face à une baisse de leur chiffre d’affaires qui aura pour certains une sérieuse répercussion sur la survie de leurs activités. C’est le cas de Blaise, un réparateur de télévision à Williamsville. « Moi je me débrouille avec les petites réparations de télévision et de radio. Mais avec cette histoire de courant, je passe toute la journée sans pouvoir toucher à un appareil.», regrette-t-il. Et de s’inquiéter : « Si cela continue je ne sais pas comment je ferai. C’est avec ce que je gagne en exerçant ce métier que je subviens à mes besoins». Sangaré Brahima est lui très amer contre la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) qui, selon lui, est à la base de ce régime draconien de distribution du courant. Son garage de ferronnerie situé aux 220 Logements à Adjamé est au ralenti. Ses clients sont contraints d’aller dans d’autres quartiers où le courant n’est pas interrompu tous les jours. Le mécanicien semble attendre de pied ferme les agents de Cie qui viendront lui remettre sa facture dans quelques semaines. Menaçant, il se plaint et accuse : «Ils sont pressés de venir tendre des factures alors qu’ils nous privent de courant ».
K. Anderson
Elle est assise, comme interdite dans l’atelier, derrière la machine. Le regard fixé sur la voie. Une jupe à moitié terminée, traîne sur la machine à coudre. Thérèse K. attend sans trop y croire que l’électricité interrompue depuis 8 h se rétablisse afin qu’elle puisse achever, enfin, son travail entamé la veille. Depuis que les habitants de la commune de Williamsville sont soumis à la dure réalité du délestage électrique, les journées de cette couturière sont devenues, dit-elle, un calvaire. Elle qui pouvait confectionner deux à trois vêtements dames par jour n’en est réduite désormais qu’à un seul. Des fois, il lui faut deux jours pour terminer une commande. Et cela naturellement préoccupe la jeune femme. «C’est difficile vu que toutes mes machines à coudre fonctionnent à l’électricité. Le courant est interrompu à partir de 8 h du matin et il faut attendre 19 h voire 20 h pour qu’il soit rétabli. Quand vous n’avez rien fait toute la journée et que vous devez commencer à travailler à 19 heures, comprenez qu’il n’est pas facile de s’asseoir derrière une machine à cette heure-là. Et d’ailleurs qu’est-ce qu’on peut faire en une heure, vu que je ferme l’atelier à 20 h », déplore Thérèse. Cette situation, a l‘en croire, crée d’autres problèmes. Selon elle, certains clients sans autre forme de procès refusent de comprendre ce malheureux contexte. Ils exigent que leurs habits soient livrés dans les délais. «Les clients nous traitent même de menteur quand nous leur faisons savoir qu’à défaut d’électricité nous n’avons pu finir leur travail », souligne-t-elle avec un sourire qui cache mal sa désolation. Amidou T, un autre tailleur situé en face de l’atelier de Thérèse, essaye lui de ne pas se laisser handicaper par le délestage. Une aiguille à la main, il rapièce un pantalon. Ses apprentis au nombre de quatre font également du mieux qu’ils peuvent pour se passer du courant parce qu’il faut respecter les délais au risque de perdre les clients. «Nous sommes obligés de faire certaines choses à la main pour gagner du temps», souligne le patron de l’atelier. Pour ce ressortissant nigérian, c’est la première fois qu’il est soumis à un tel régime depuis son installation à Williamsville qui remonte à cinq ans. Il dit perdre 8 à 12. 000 Fcfa par jour avec la pénurie de courant. «Quand il n’y a pas d’électricité, le travail est bloqué. Alors qu’en une journée normale, on peut finir quatre camisoles de 2.000 ou 3.000 Fcfa. Ce qui n’est plus possible », regrette le tailleur.
Menace de fermeture
Mais une autre inquiétude tout aussi sérieuse le ronge. C’est son loyer. Amidou. T se demande comment il arrivera à le régler pendant les quatre mois que va durer le délestage. « Est-ce que le propriétaire du magasin acceptera d’attendre le temps que j’ai l’argent pour le payer ?», s’intérroge-t-il. On le voit, les conséquences de ce délestage annoncé pour quatre mois (février, mars, avril et mai). Et qui aux dernières nouvelles risque de s’étendre jusqu’en juin seront sans doute dramatiques. Les petits entrepreneurs devront faire face à une baisse de leur chiffre d’affaires qui aura pour certains une sérieuse répercussion sur la survie de leurs activités. C’est le cas de Blaise, un réparateur de télévision à Williamsville. « Moi je me débrouille avec les petites réparations de télévision et de radio. Mais avec cette histoire de courant, je passe toute la journée sans pouvoir toucher à un appareil.», regrette-t-il. Et de s’inquiéter : « Si cela continue je ne sais pas comment je ferai. C’est avec ce que je gagne en exerçant ce métier que je subviens à mes besoins». Sangaré Brahima est lui très amer contre la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) qui, selon lui, est à la base de ce régime draconien de distribution du courant. Son garage de ferronnerie situé aux 220 Logements à Adjamé est au ralenti. Ses clients sont contraints d’aller dans d’autres quartiers où le courant n’est pas interrompu tous les jours. Le mécanicien semble attendre de pied ferme les agents de Cie qui viendront lui remettre sa facture dans quelques semaines. Menaçant, il se plaint et accuse : «Ils sont pressés de venir tendre des factures alors qu’ils nous privent de courant ».
K. Anderson