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Art et Culture Publié le jeudi 25 février 2010 | Nord-Sud

Roland Dagher dans : Si je peux me permettre…“Gbagbo-Houphouet, des similitudes troublantes”

Opérateur économique, Roland Dagher fait partie des personnes qui entretiennent de bons rapports avec tous les acteurs politiques ivoiriens. Dans son livre-témoignage, il fait ressortir des ressemblances entre Houphouet et Gbagbo, deux personnages que tout semble opposer.


Au soir de sa soixantaine révolue, Roland Dagher, Ivoirien d'origine libanaise, opérateur économique et conseiller économique et social, a transformé sa passion du livre en écriture. Cette expérience a permis la sortie de son tout premier bouquin : « Si je peux me permettre… Un témoignage pour la jeunesse ». Observateur averti de la vie sociopolitique de la Côte d'Ivoire, cet Afrique-trotter, né au Mali et naturalisé ivoirien, fait son devoir de mémoire. Il pense qu'il ne saurait rester en marge de ce moment crucial de l'histoire de la Côte d'Ivoire. D'où, son besoin de marquer d'une tache noire, la mémoire de la nouvelle génération à partir de son expérience personnelle. Introduit depuis le président Houphouet au sein des plus hautes sphères politiques du pays, ce self-made-man soutient dans son ouvrage, qu'au-delà des divergences, Gbagbo et Houphouet ont mené le même combat. Pour étayer ses idées, l'auteur parle de « contradictions qui s'attirent » et croit que la lutte effrénée du père de la refondation contre le père-fondateur de la nation, était « de bonne guerre ». « Finalement, pense-t-il, tout rapproche les deux hommes en dépit de leurs profondes divergences » (P.115). Dans le chapitre 1 de la quatrième partie de son livre, Dagher s'attelle à démontrer les points de convergence de ces deux hommes. C'est ainsi qu'il déterminera plusieurs similitudes dans les combats des deux politiciens, surtout, au niveau de leurs parcours, « leur conception de l'action politique, leur sens du patriotisme et enfin leur vision de l'Afrique ». Selon lui, les carrières politiques des deux hommes ont commencé par la lutte syndicale. Houphouet-Boigny en 1932 pour la défense des planteurs indigènes au sein du Syndicat agricole africain et Laurent Gbagbo par son engagement avec le Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d'Ivoire (Synesci), puis du syndicat national de la recherche et de l'enseignement supérieur (Synares). « Ils voulaient aussi l'amélioration des conditions de travail et de vie des corporations auxquelles ils appartenaient : les planteurs indigènes pour Houphouet, et le corps enseignant pour Gbagbo », soutient l'auteur. Au niveau de la démarche socialisante des deux hommes d'Etat, Roland Dagher parle de « destins croisés ». Car, pour lui, les premiers combats pour plus de justice et d'équité ont été menés sous la houlette du premier président (la marche des femmes de Grand-Bassam en 1946). Par analogie, l'opérateur économique perçoit les victimes du 26 octobre 2000 et du 19 septembre 2002 comme des martyrs du chef du Fpi dans sa lutte pour la démocratie et la dignité. Aussi, pense-t-il qu'« Houphouet n'a rien entrepris (au plan économique) qui ne fût pour l'intérêt de son peuple. Ce que Gbagbo entreprend aujourd'hui va dans le même sens ». Toujours dans sa logique, le conseiller économique et social sous l'ère Gbagbo présente le Woudy de Mama comme celui qui a pu ouvrir de grands chantiers bien que le pays étant en crise. Rejoignant ainsi le Bélier de Yamoussoukro dont le qualificatif « de grand bâtisseur », lui colle à la peau. Ce, grâce aux travaux entrepris à Yamoussoukro, le projet du Grand Abidjan et celui de l'extension du port d'Abidjan. Une volonté du chef de l'Etat actuel, selon lui, « de rester dans l'histoire de la Côte d'Ivoire comme celui qui a laissé des traces…du béton ». Mais, ce qui raccorde le plus les deux hommes est, pour Dagher, le fait que le président Gbagbo soit resté fidèle au dialogue avec ses adversaires, chose qu'appréciait Houphouet-Boigny, épris de paix et de justice. Pour lui, les deux hommes resteront à jamais, « les deux plus grands acteurs de l'histoire politique de notre pays ». En somme, Dagher soutient que : « Nous sommes, avec Laurent Gbagbo, dans la continuité de ce qu'il y a d'essentiel dans l'œuvre de Félix Houphouet-Boigny : construire la paix et remettre le pays sur les rails du développement » P.162. Seulement, l'auteur a lui-même mis un bémol à ses affirmations. Car, même si, comme il le dit, il y a des « similitudes troublantes », entre les deux hommes d'Etat, il n'en demeure pas moins des divergences. « Personne ne peut affirmer ce que Gbagbo aurait fait en 1958, lors du référendum en faveur ou non de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, organisé par la France. On sait depuis que s'il ne tenait qu'à Houphouet, il aurait souhaité que son pays appartînt à une communauté franco-africaine. Peut-être que Laurent Gbagbo aurait choisi la voie radicale de l'indépendance à la guinéenne ». Ces deux hommes sont-ils aussi semblables que ça ? En tout cas, Dagher le croit fermement.

Sanou Amadou (stagiaire)
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