L'ancien président du Socraf de Dabou, de la Fédération ivoirienne de football et ancien ministre des sports n'a toujours pas digéré l'élimination précoce des Eléphants à la Can angolaise. Pour lui, le seul responsable a un nom : Vahid Halilhodzic. Dans cet entretien, bien que gêné par une crise d'asthme, il rappelle la belle aventure de Sénégal 1992 et assure que Mel Théodore peut réussir au ministère des sports.
Vous ne faites plus signe de vie dans le domaine du sport… Pourquoi ?
Je suis désormais plus chef de village qu'autre chose. Je suis le chef du village de Lopou et le représentant des chefs de village du département de Dabou. J'ai plusieurs cordes à mon arc (rires). Je pense aussi que le sport est en ce moment bien géré et cela ne sert à rien de critiquer ce qui se fait.
Avez-vous été surpris par la nomination de Mel Théodore comme nouveau ministre des sports ?
Il est jeune. C'est un domaine difficile. Mel Théodore le sait. Il prendra beaucoup de coups. Il y a des patates chaudes dans ce ministère. J'en sais quelque chose. Il devra savoir encaisser et faire preuve de dextérité.
Peut-il réussir ?
Oui. C'est un jeune plein de pugnacité. Il faudrait seulement qu'il arrive à se maîtriser.
Que voulez-vous dire ?
Dans ce milieu, il arrive des fois où on vous pose des questions qui vous font bondir…
Comment expliquez-vous la débâcle angolaise ?
L'environnement et le mental interviennent pour 50°/° au moins dans un match de football. Regardez le match des quarts de finale contre les Algériens. Dès qu'ils ont su que nous étions prenables, ils ont attaqué. Nos joueurs doivent se ressaisir.
Jacques Anouma a-t-il joué sa partition ?
Absolument ! Il a mis les structures et les moyens qu'il faut. Je ne sais pas ce qui arrivait aux joueurs. J'étais surpris de les voir démotivés. Nous avons des étoiles mais la constellation ne vient pas. Nos étoiles sont éparses et cela ne permet pas de concentrer nos actions. C'est dommage.
Jacques Anouma sera face aux Ivoiriens ce samedi à la faveur d'un débat télévisé bilan de la Can angolaise. Quel message doit-il donner?
Jacques Anouma, je le répète, a joué sa partition. Même quand on n'aime pas le lièvre, il faut reconnaître qu'il court vite. Jamais les moyens n'ont été autant mis pour permettre aux Eléphants de remporter le trophée. Je ne crois donc pas que Jacques Anouma soit responsable de notre débâcle.
Avec quel budget avez-vous gagné la Can 1992 au Sénégal ?
Je suis allé au Sénégal avec un budget de 220 millions. Aujourd'hui, ce sont des milliards qu'il faut. Nos joueurs sont mis dans les meilleures conditions. Ce n'est pas Jacques Anouma qui ira jouer…
A quel niveau se situe le vrai problème des Eléphants ?
Il y a une rupture entre le football que nos internationaux pratiquent dans leurs clubs et celui qu'ils pratiquent en sélection. Quand je prends l'exemple du jeune Max Britto qui est paralysé à vie après un match de rugby où il défendait les couleurs de son pays et que la Côte d'Ivoire a pratiquement oublié, je comprends. Mais je me rends compte que nos joueurs, une fois en sélection, ne prennent pas trop de risques. Ils ne veulent pas compromettre leurs carrières. Voyez que ce n'est pas la même rage de jouer qu'ils offrent quand ils évoluent en sélection. Il faudrait donc peut-être qu'ils aient des assurances. Et puis pour des milliardaires, lorsqu'on leur propose des primes de 10 millions de francs Cfa, c'est dérisoire.
Que faut-il faire alors ?
Les primes ne doivent pas primer. Il faut que nos joueurs aient l'amour de la patrie. Ils doivent se battre pour leur pays. Il y a une mentalité à changer. Les responsables du football doivent leur parler. Je ne comprends pas comment ils peuvent marcher sur le terrain… J'ai éteint mon poste téléviseur parce que je n'avais pas envie de mourir pour des gens qui n'avaient visiblement pas envie de jouer.
Quelles différences faites-vous entre la génération 1992 et celle d'aujourd'hui?
A Sénégal 92, nos joueurs n'étaient pas aussi brillants que ceux d'aujourd'hui. Mais c'était un tout. Nous étions tous ensemble. J'ai laissé ma toge de ministre. Jacques Anouma même y était avec Dieng Ousseynou et tous les autres. Nous formions un groupe soudé. Nous avons fait croire aux joueurs qu'ils étaient les plus forts. Contre la Zambie, ce n'était pas facile mais nous avons gagné. Je rappelle que nous n'avions pas fait de grands scores au Sénégal. Et nous n'avions encaissé aucun but durant toute la compétition. Avec Yéo Martial, nous ne prenions pas de buts. Je ne parle pas des tirs aux buts. L'essentiel, c'est le résultat final.
Faut-il garder Vahid Halilhodzic ?
Je suis cartésien. Il y a une certaine logique à voir. Nous avons de très bons joueurs. Et si l'équipe ne tourne pas correctement, le problème ne peut venir que de l'encadrement technique. C'est une déduction logique. Il ne faut pas se voiler la face. Même si Vahid Halilhodzic est encore sous contrat et que son limogeage peut coûter cher à la Fif, je comprends. Mais qu'il ne soit pas impliqué dans la défaite, je dis non. Nous n'avons pas de défense. Nos joueurs qui jouent bien dans leurs clubs, ne foutent rien sur le terrain quand ils sont en sélection. Qui donne le système de jeu ? Qui les fait jouer ? Qui doit les motiver ? Si ça ne fait pas plaisir aux gens, tant pis mais moi je ne dis que la vérité.
Entretien réalisé par Sanou Amadou (stagiaire)
Vous ne faites plus signe de vie dans le domaine du sport… Pourquoi ?
Je suis désormais plus chef de village qu'autre chose. Je suis le chef du village de Lopou et le représentant des chefs de village du département de Dabou. J'ai plusieurs cordes à mon arc (rires). Je pense aussi que le sport est en ce moment bien géré et cela ne sert à rien de critiquer ce qui se fait.
Avez-vous été surpris par la nomination de Mel Théodore comme nouveau ministre des sports ?
Il est jeune. C'est un domaine difficile. Mel Théodore le sait. Il prendra beaucoup de coups. Il y a des patates chaudes dans ce ministère. J'en sais quelque chose. Il devra savoir encaisser et faire preuve de dextérité.
Peut-il réussir ?
Oui. C'est un jeune plein de pugnacité. Il faudrait seulement qu'il arrive à se maîtriser.
Que voulez-vous dire ?
Dans ce milieu, il arrive des fois où on vous pose des questions qui vous font bondir…
Comment expliquez-vous la débâcle angolaise ?
L'environnement et le mental interviennent pour 50°/° au moins dans un match de football. Regardez le match des quarts de finale contre les Algériens. Dès qu'ils ont su que nous étions prenables, ils ont attaqué. Nos joueurs doivent se ressaisir.
Jacques Anouma a-t-il joué sa partition ?
Absolument ! Il a mis les structures et les moyens qu'il faut. Je ne sais pas ce qui arrivait aux joueurs. J'étais surpris de les voir démotivés. Nous avons des étoiles mais la constellation ne vient pas. Nos étoiles sont éparses et cela ne permet pas de concentrer nos actions. C'est dommage.
Jacques Anouma sera face aux Ivoiriens ce samedi à la faveur d'un débat télévisé bilan de la Can angolaise. Quel message doit-il donner?
Jacques Anouma, je le répète, a joué sa partition. Même quand on n'aime pas le lièvre, il faut reconnaître qu'il court vite. Jamais les moyens n'ont été autant mis pour permettre aux Eléphants de remporter le trophée. Je ne crois donc pas que Jacques Anouma soit responsable de notre débâcle.
Avec quel budget avez-vous gagné la Can 1992 au Sénégal ?
Je suis allé au Sénégal avec un budget de 220 millions. Aujourd'hui, ce sont des milliards qu'il faut. Nos joueurs sont mis dans les meilleures conditions. Ce n'est pas Jacques Anouma qui ira jouer…
A quel niveau se situe le vrai problème des Eléphants ?
Il y a une rupture entre le football que nos internationaux pratiquent dans leurs clubs et celui qu'ils pratiquent en sélection. Quand je prends l'exemple du jeune Max Britto qui est paralysé à vie après un match de rugby où il défendait les couleurs de son pays et que la Côte d'Ivoire a pratiquement oublié, je comprends. Mais je me rends compte que nos joueurs, une fois en sélection, ne prennent pas trop de risques. Ils ne veulent pas compromettre leurs carrières. Voyez que ce n'est pas la même rage de jouer qu'ils offrent quand ils évoluent en sélection. Il faudrait donc peut-être qu'ils aient des assurances. Et puis pour des milliardaires, lorsqu'on leur propose des primes de 10 millions de francs Cfa, c'est dérisoire.
Que faut-il faire alors ?
Les primes ne doivent pas primer. Il faut que nos joueurs aient l'amour de la patrie. Ils doivent se battre pour leur pays. Il y a une mentalité à changer. Les responsables du football doivent leur parler. Je ne comprends pas comment ils peuvent marcher sur le terrain… J'ai éteint mon poste téléviseur parce que je n'avais pas envie de mourir pour des gens qui n'avaient visiblement pas envie de jouer.
Quelles différences faites-vous entre la génération 1992 et celle d'aujourd'hui?
A Sénégal 92, nos joueurs n'étaient pas aussi brillants que ceux d'aujourd'hui. Mais c'était un tout. Nous étions tous ensemble. J'ai laissé ma toge de ministre. Jacques Anouma même y était avec Dieng Ousseynou et tous les autres. Nous formions un groupe soudé. Nous avons fait croire aux joueurs qu'ils étaient les plus forts. Contre la Zambie, ce n'était pas facile mais nous avons gagné. Je rappelle que nous n'avions pas fait de grands scores au Sénégal. Et nous n'avions encaissé aucun but durant toute la compétition. Avec Yéo Martial, nous ne prenions pas de buts. Je ne parle pas des tirs aux buts. L'essentiel, c'est le résultat final.
Faut-il garder Vahid Halilhodzic ?
Je suis cartésien. Il y a une certaine logique à voir. Nous avons de très bons joueurs. Et si l'équipe ne tourne pas correctement, le problème ne peut venir que de l'encadrement technique. C'est une déduction logique. Il ne faut pas se voiler la face. Même si Vahid Halilhodzic est encore sous contrat et que son limogeage peut coûter cher à la Fif, je comprends. Mais qu'il ne soit pas impliqué dans la défaite, je dis non. Nous n'avons pas de défense. Nos joueurs qui jouent bien dans leurs clubs, ne foutent rien sur le terrain quand ils sont en sélection. Qui donne le système de jeu ? Qui les fait jouer ? Qui doit les motiver ? Si ça ne fait pas plaisir aux gens, tant pis mais moi je ne dis que la vérité.
Entretien réalisé par Sanou Amadou (stagiaire)