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Showbizz Publié le mardi 9 mars 2010 | Le Mandat

Interview Nayanka Bell (Artiste- chanteuse) - On a cherché à faire de moi une criminelle

Dans cette dernière partie de l’entretien, elle nous parle de sa carrière musicale, de ses activités extra-professionnelles,de sa vie conjugale et du problème de métissage.

Une fois sur pied, poursuivrez-vous cette affaire ?
J’avais fais 10 hectares de pépinières de palmiers qui n’ont jamais été plantés parce qu’au niveau du tribunal d’Agboville, les choses ont traîné. Je crois qu’on a cherché à me condamner, à faire de moi une criminelle. Mes terres étaient exploitées par mes accusateurs. Ils allaient gagner si je mourais dans l’accident. Aujourd’hui, ils sont confrontés à la réalité. Celle de Dieu.

Jusqu’où ira Nayanka ?
Ce qui est sûr, après le référé, on leur interdira de mettre les pieds dans mes plantations. S’ils ne respectent pas cela, ce sera une insubordination à la justice. Après une insubordination à la justice, il y a le fait que moi je peux les attaquer par où ils m’avaient attaqué. On voulait me condamner à la peine de prison mais moi, aujourd’hui, je peux les attaquer en disant qu’ils ont exploité injustement les biens d’autrui. Ils ont coupé des plantes faites de mains d’hommes. A partir de ce moment, je vais demander leur expulsion et demander qu’on me restitue mes terres. C’est un autre combat que je vais mener auprès du président du Tribunal et du procureur d’Agboville.

Nayanka et la musique ?
J’ai un projet de grand album. Je crois que ce sera mon album de fin de parcours dans le métier de la musique. Mais en tant qu’artiste qui tourne dans les pays, les préjudices que m’a causés cet accident ne me permettront pas d’avoir la force de me tenir longtemps débout, avoir la tranquillité d’esprit pour aller chanter. Cet album va me permettre de me retirer et ceux qui voudront me voir chanter, viendrons à ma résidence où ils pourront me voir chanter en live. Depuis mon jeune âge jusqu’aujourd’hui, il y a eu beaucoup de titres qui ne sont pas sortis et avant l’accident, j’avais déjà un album qui était prêt ; mais qui est malheureusement resté en attente. Il y a également certaines choses que j’ai vécues et que j’aimerais chanter et composer encore quelques titres. On a à peine vu quelques clips de moi sur un album. Je faisais un ou deux clips pas plus. Je vais donc faire des clips pour tous ces albums ; même les albums passés. On va faire un mélange. Quand j’étais jeune et maintenant. Bon, j’essaierai de rester jeune encore. (Elle éclate de rires) et si je ne suis pas trop jolie, je mettrais Aya, ma fille, dans le clip. Elle va défendre le drapeau de sa maman. (Elle se remet à rire de plus belle)

Peut-on dire tout de go, que Nayanka a eu une carrière musicale bien remplie ?
Oui ! J’ai eu une carrière musicale bien remplie entre 1980 à 1986. ça été très fort pour moi. Au- delà du supportable ! Je ne vivais que dans les hôtels en ce temps.là J’étais une artiste, une chanteuse appréciée de toute l’ Afrique. La demande était énorme ; donc je ne chantais pas dans les salles je chantais dans les stades. Quand je chantais dans les salles, j’étais obligée de faire deux concerts. Je suis quelqu’une d’assez solitaire ce qui a fait de moi une artiste. Parce que quand je suis seule, ma tête n’arrête pas de tourner. Même quand je ne chante pas, j’écris des livres. Je compte les finir et les sortir. De l’autre côté, quand on ne me voit pas, je suis sur mes terres en train de planter du piment, du gombo. Pour moi, c’est fantastique. J’adore également pêcher. Je suis différente ; au-delà de ce que Dieu m’a donné physiquement, vous me verrez avec la daba. Mais sur scène, je suis différente, maquillée. On dira ah ! C’est une femme sophistiquée ; mais en fait, non je ne le suis pas. A longueur de journée, on me verra à la maison avec un pagne attaché (Rires) pour dire que la femme que je suis a beaucoup de visages. Et pour me connaître, il faut vivre auprès de moi.

Vous parlez souvent de solitude, n’est –ce pas pour cacher votre timidité ?
Non ! La solitude c’est ma nature ; autant je suis joviale parmi les gens et que j’apporte de la gaieté autour de moi, autant j’apprécie cette solitude lorsque je me retire.

Vous avez eu un passage à vide, dans votre carrière. Qu’est-ce qui explique cela ?
Effectivement, il y a eu un passage à vide .Tout cela est dû à la crise que notre pays a traversée. Hormis cette raison, j’étais également à pied -d’œuvre pour la réalisation de ma maison. Ce qui m’a pris beaucoup de temps et d’argent ; mon album’’ Mots Magiques’’ est sorti en 1999 à Paris, et la sortie a coïncidé avec le coup d’Etat. Je devais faire l’album avec Edgar Yongue, mais il m’a plutôt aidée sur tout ce qui est rythmique. Le reste a été fait par moi-même. J’ai choisi le style mandingue. Malheureusement, je n’ai donc pas pu faire la promotion, je vivais ici, cachée et suivais la construction de ma maison. Mais il faut dire, qu’il a été beaucoup aimé des gens. Depuis 2005, je n’ai plus continué. J’ai plutôt opté pour l’achèvement de ma construction. Rassurez-vous, il ne saurait tarder.

Les enfants assureront alors la relève ?
Ah ! On ne sait jamais avec les enfants. Mon souhait est qu’ils continuent leurs études d’abord. Je sais par exemple que ma fille a un grand talent dans l’art. Elle est attirée par l’art, la peinture et les tableaux. Moi, j’étais plutôt attirée par le dessin mais je ne l’ai pas travaillé. Elle compte faire de l’art après la Bac. Mais, on ne sait pas avec les enfants d’aujourd’hui. On ne sait pas où va la musique. Dans le passé, nous étions à la recherche de la technologie pour aller plus loin dans la musique. Maintenant, que nous avons atteint cet objectif, c’est un peu comme si nous avons pris un poignard et l’avons retourné contre nous mêmes. Nous avons les ordinateurs qui nous épargnent de grosses dépenses et nous permettent d’économiser en temps. Mais cette technologie, loin de nous aider, est en train de nous détruire. Jadis, il fallait débourser 20 à 30 Millions de frs pour sortir un album. Aujourd’hui, enfermer dans une chambre, on copie, pirate. C’est sûr que les maisons de disques vont s’effondrer. Pour éviter cette situation, il va falloir avoir à chaque coin de rue, des lieux où les artistes pourront chanter. Aujourd’hui, je fais partie des artistes ivoiriens tel Alpha Blondy, à posséder un espace pour des prestations musicales.

Nayanka fait partie d’une des rares artistes, qui, malgré l’instabilité de la Côte d’Ivoire, a cette rage de s’y installer.
Mon père a eu des filles avec ma mère. Je me considère donc, comme le garçon de la famille. Mes sœurs sont mariées et presque toutes en Europe. C’est moi qui ai épousé un blanc et pourtant, c’est moi qui dois rester ici. Sinon, nous n’avons pas une mauvaise vie en France. Seulement, je ne peux pas fuir mon destin. Enfant, je courrais avec des bottes dans les champs de mon père. Je suis Abbey-Agni. Mon père est mort. Je suis dans ce pays et je dois y rester pour que mes enfants, bien que leur père soit un blanc, puissent aimer ce pays et s’y marier.

Et ce problème de métissage qui a fait couler tant d’encre et de salive, au point que Nayanka a failli être jetée à la vindicte populaire ?
Parlant dans le temps de métissage, je voulais parler de culture. En disant, le monde appartient aux métisses, je ne faisais pas allusion à la couleur de la peau. Le métissage, c’est le Bété, l’Agni, le Baoulé, l’Attié etc. Tout ça, c’est la culture, le brassage culturel. Ce serait merveilleux de savoir qu’il existe des lebels en Côte d’ivoire. Mon fils porte le nom Orsoh, un nom Abbey. C’est notre famille ; nous sommes nombreux. La mort de mon grand-frère m’a inspiré ‘’Iwassado’’. Il est mort à l’âge de 24 ans. J’allais juste commencer à chanter.

Nayanka et la vie conjugale
Je suis mariée légalement et mère de deux enfants (une fille et un garçon). Ils vont à l’école ici (Ndlr : en Côte d’Ivoire). Mon mari est quelqu’un de très haut d’esprit. Il est généreux et bien.

Comment gérez-vous cet éloignement ?
Il n’y a pas d’éloignement. Mon mari vient nous voir tout le temps. Il veut être avec nous tous les jours. Et ça, il n’arrête pas de me le signifier.

Vous parlez souvent de votre père et non de votre mère. Y ‘a –t-il une préférence ?
J’aime mon père tout comme ma mère. Je n’ai pas de préférence. Je les adore tous deux. Ma mère vit en France, mais vient souvent en Côte d’Ivoire. Elle s’est investie dans la construction de tombes et de caveaux pour ses beaux -parents décédés. Elle est en train d’achever ce que mon père n’a pas pu terminer.

Un appel à lancer ?
Que l’Etat appelle à l’unisson tous les hommes qui se battent pour que notre pays retrouve la paix. Que chacun puisse remplir sa mission sur terre et apprécier le Paradis qui nous est offert ici bas. Nous repartions sans rien emporter. Nous finirons tous en terre. Seule la paix de notre peuple importe. Que les hommes essaient de faire le bonheur de chacun de nous, de nous apprendre autre chose. L’amour, c’est ce que nous recherchons. Que la paix soit pour que nous puissions faire un album. Pour que les enfants puissent aller à l’école, puissent être élevés dans l’amour.
Réalisée par
Opportune Bath
opportunebath@ yahoo.fr
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