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Société Publié le mercredi 10 mars 2010 | Nord-Sud

Coupures d’électricité dans les mosquées et églises : Dieu victime de délestages

Grand-Bassam est l’une des villes les plus touchées par les délestages. Aucun lieu n’est épargné, y compris les églises et les mosquées.

Endroits privilégiés pour louer Dieu, on assiste impuissants à l’interruption intempestive de l’électricité dans les églises et mosquées. Une situation qui perturbe énormément la piété dans ces maisons de Dieu. Ce n’est plus l’affluence pendant les réunions, les prières et les répétitions de chorale. Les fidèles qui craignent pour leur sécurité préfèrent rester à la maison. La vieille cathédrale du «Sacré cœur» du quartier France, créée depuis l’époque coloniale subit cette pénurie d’électricité. Cette cathédrale abrite l’évêché du diocèse de l’ancienne capitale qui tient lieu de bureau à l’évêque d’autant que l’administration centrale du diocèse n’a pas de groupe électrogène. Les activités sont énormément perturbées. Aucun groupe électrogène pour ranimer cette bâtisse, souvenir d’un passé glorieux.

Des messes célébrées à la torche

Le père François Miessan, curé de la cathédrale Sacré-cœur de la ville est très inquiet : « On gère avec beaucoup de patience cette situation. La formation des catéchumènes devient un fardeau. Nous avons une adminis­tration et il est pénible de travailler correctement. Bientôt, c’est la Pâques, il faut évaluer les catéchumènes, ce qui don­ne beaucoup à réfléchir. Nous nous approchons de la semaine sainte, et ne savons pas comment nous allons nous y prendre. Nous comptons louer un groupe électrogène. Parce que payer cela nous ferait encore des dépenses. Or, nous gérons difficilement le personnel». Toutefois, on espère que les longues coupures prendront fin bientôt. Com­me cette paroisse, toutes les églises catholiques du Sud-Comoé sont dépourvues de groupe électrogène. Con­séquence, aux lon­gues heures de délestages, les paroisses vivent l’enfer. A la paroisse St François Xavier d’A­boisso, on n’est pas mieux loti : « On est obligé d’utiliser des lampes-tempêtes et des torches pour dire la messe.» Même son de cloche à la paroisse Sacré Stigmate de la même ville. Depuis trois semaines, les fidèles de la paroisse St François Xavier avec à leur tête, le curé Christophe Bamouni, s’organisent pour s’acheter un groupe électrogène. La cotisation initiée à cet effet a déjà permis de réunir une somme qui avoisine 400.000 Fcfa. Dans les églises évangéliques, ce n’est pas la quiétude non plus. On se débrouille comme on peut à la lueur des torches et bougies. On essaie de réaménager le programme pour se tirer d’affaire.
«Lorsque nous commençons la réunion les soirs, et que survient la coupure, les fidèles préfèrent rentrer chez eux. Et chaque fois, c’est le même constat », déplore A.K, un fidèle de l’église méthodiste unie du quartier France. Dans les mosquées, l’on n’est pas mieux logé. L’inquiétude est gran­de. Aucune des 34 mosquées que compte la localité n’a pu se doter d’un groupe électrogène. Aux heures de prières, c’est le noir. L’obscurité totale. La chaleur s’invite aussi à la prière. On utilise, là aussi, parfois des bougies et des torches pour s’éclairer devant Allah. Une situation difficile à supporter.

Un groupe électrogène salvateur

Dramé Moussa, imam principal de la mosquée Fatima Zahra est a­mer : «Moi personnellement, je n’apprécie pas cette situation. Elle nous plonge dans une position inconfortable. Nous sommes plongés dans le noir. La prière de 6 heures du matin est dérangée, il en est de même des deux dernières prières du soir à savoir 18 heures et 19 heures. Nous prions avec des lampes dans la chaleur, déplore-t-il. Soulignant que ces coupures se font de façon exagérée. Au point où le 25 février, jour où le mawlid a été célébré sur toute l’étendue du territoire, les Bassamois ont été privés d’électricité. Sa mosquée a dû louer un groupe électrogène pour commémorer la naissance du prophète Mohamed. « Malgré la coupure, nous avons reçu plus de 1.500 fidèles. Mais, ça s’est passé dans la misère. Nous sommes en train de nous organiser pour acheter un groupe électrogène au cas où il n’y aurait pas de solution au problème de délestage d’ici la fin de ce mois», con­fie-t-il. Le guide a appelé les autorités à prendre leurs responsabilités dans un délai raisonnable. Quelques rares lieux de culte qui ont pu s’offrir un groupe électrogène pour poursuivre leur dévotion dans les conditions habituelles. C’est le cas de la paroisse Cœur immaculé de Marie au quartier Impérial, située au centre-ville. C’est l’église catholique qui a le plus grand nombre de fidèles. Environ 3.000 âmes. Elle serait la seule parmi les paroisses chrétiennes à être équipée d’un groupe électrogène. Malheureusement, la capacité du générateur n’arrive pas à répondre aux besoins prolongés du lieu de culte. Ce qui a amené le curé, le père Daniel Kassi Bouah, à décrier les délestages. Il en appelle toutefois à l’aide de bon­nes volontés, afin de doter la paroisse d’un groupe électrogène plus puissant, notamment de 5 kva. « Nous avons pu avoir ce groupe électrogène grâce à la générosité d’un fidèle paroissien. Au début, nous n’avons vraiment pas souffert des délestages par­ce que, très tôt, un paroissien nous a offert ce grou­pe. Mais ce groupe est de faible capacité parce que nous avons besoin de plus en plus d’énergie en raison du nombre de fidèles. Nous demandons aux personnes de bon­nes volontés de nous venir en aide », souhaite-t-il. Des trois églises des assemblées de Dieu que compte la ville, seule celle de l’impérial, la plus gran­de, elle aussi, a pu sortir du lot. Elle possède un groupe électrogène depuis 4 ans. Là-bas, les hom­mes de Dieu ont été prévoyants.

Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
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