Sékou N’Diaye, imam de la grande mosquée de Grand-Bassam en colère : “Les dirigeants ne connaissent pas le délestage”

L’imam principal de la grande mosquée de Grand-Bassam n’est pas allé du dos de la cuillère, le week-end dernier, pour protester contre les délestages. Dans la nuit du vendredi au samedi, au cours d’une cérémonie commémorant le baptême du prophète Mohamed, organisée devant sa résidence, El hadj Sékou N’Diaye a estimé que si les dirigeants accomplissaient leur mission selon la droite ligne, rien n’aurait manqué à l’homme sur cette terre bénie de Dieu qu’est la Côte d’Ivoire. « Nous traversons des crises sans cesse. Cherté de la vie, hausse des prix, et maintenant délestages », a dénoncé le cheikh des imams du Sud-Comoé. Révolté par le cas préoccupant de l’ancienne capitale, l’homme de Dieu n’a pas été tendre avec les dirigeants. « Les dirigeants ne connaissent pas la cherté de la vie parce qu’ils sont les mieux nantis. Ils ne connaissent pas la hausse des prix du carburant parce qu’ils ont des bons de carburant. Ils ne connaissent pas non plus les délestages », a déclaré le conseiller spécial du Cheikh Boikary Fofana, président du Conseil supérieur des imams (Cosim). Il a invité les autorités à descendre un peu dans le quotidien des populations pour comprendre l’enfer que vivent celles-ci. Cela leur permettra de comprendre comment le délestage a fait des dégâts dans la vie des pauvres citoyens, tout comme la cherté de la vie ». Il a demandé au député-maire de Grand-Bassam, Jean Michel Moulod, présent à cette célébration, de transmettre son message à qui de droit, afin qu’une solution soit trouvée pour le bonheur des populations. Puis Sékou N’Diaye lui a dit ceci : «Si tu veux, il faut dire, si tu ne veux pas, ne dis pas un mot. Moi, je ne fais que transmettre le message de mes fidèles.» A cause des cours d’eau qui l’entourent, Grand-Bassam est une ville pleine de moustiques. Sans électricité, et donc sans possibilité d’utiliser des ventilateurs, les Bassamois sont livrés à ces insectes vecteurs du paludisme. Et malheureusement, depuis bien longtemps la ville n’a pas été démoustiquée. Ce que l’’imam a aussi fustigé. Aux fidèles musulmans ayant fait nombreux le déplacement pour cette célébration, il a prêché le courage et la foi en Dieu, le miséricordieux. « La période de la crise ne sera plus qu’un mauvais souvenir », a promis le guide spirituel. Il a prié pour le retour de la paix définitive dans le pays. Invitant ses pairs à ne pas céder aux chantages des hom­mes politiques. Encore moins de prendre le coran comme prétexte pour atteindre leur objectif partisan. « Ne vous laissez pas intimider par les hommes politiques. Je demande à mes frères imams, de ne pas utiliser le Coran pour leurs intérêts partisans. Pas de communiqués politiques dans les mosquées », a recommandé l’imam principal de Grand-Bassam. Plusieurs thèmes ont fait l’objet de conférences. Il s’agit entre autres de «la naissance du prophète et sa vie», « l’Islam face aux enjeux et réalités de demain.»

Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam