Les délestages sont le fait de l’Etat et non de la CIE (Compagnie Ivoirienne d’Electricité). L’on ne le dira jamais assez. S’en prendre à la CIE, c’est aujourd’hui faire preuve de cécité intellectuelle. Adiaké, Divo (saccages) et Soubré, Gagnoa (marches pacifiques) et les villes ou quartiers, qui envisageraient de poser des actes irrépréhensibles, doivent comprendre que c’est l’Etat le premier responsable de la situation. Depuis 2005, la CIE a informé l’Etat des investissements à réaliser dans le secteur de l’électricité. Ce n’est pas une affabulation. Les opérateurs économiques n’ont également pas manqué de confirmer cette information de la CIE. La Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci) a marqué son indignation face au laxisme de l’Etat de Côte d’Ivoire qui a laissé pourrir la situation. M. Lakoun Ouattara, Directeur général de la Cgeci, au cours d’une rencontre d’échanges entre la Direction générale de l’Energie (Ministère des Mines et de l’Energie), la CIE et le secteur privé, n’a pas manqué, le 1er février dernier, de dénoncer l’attitude de l’Etat ivoirien qui a laissé pourrir la situation, alors que la CIE avait déjà tiré la sonnette d’alarme. Ce jour-là, Lakoun Ouattara a rappelé, sans faux-fuyants, que c’est le secteur électrique qui permet à l’économie de bien se porter puisque les entreprises qui fonctionnent à base d’électricité paient des impôts et taxes à l’Etat ivoirien. Lakoun Ouattara a déploré la mauvaise gestion du dossier relatif au déficit du secteur électrique. Précisant que cette rencontre devait se faire depuis longtemps, par groupes de travail et par zones avec l’Etat de Côte d’Ivoire.
Tano Angora, président de l'Union des grandes entreprises industrielles de Côte d'Ivoire (Ugeci), a également regretté que les décisions n’aient pas été prises à temps alors que la CIE avait averti du « danger », depuis des années. Selon lui, ‘‘si elles avaient été prises, l’on n’en serait pas là’’. Pour sa part, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, Jean-Louis Billon, a, le 11 février 2010, marqué sa révolte face aux délestages. Il estime que cela découle d’une faute de prévoyance de l’Etat. Pour lui, les autorités ont fait montre de leur indolence sinon leur refus d’effectuer les parts d’investissements de l’Etat. «Nous les avons toujours alertés des risques. La CIE avait même prévenu l’Etat depuis des années sur l’importance des investissements à faire dans le secteur électrique. Mais, il y a d’énormes problèmes de gouvernance et de gestion de la chose publique. Autant avouer que les pannes dont on parle sont une sorte de prétextes pour masquer les incapacités», a déclaré M. Billon. Il dénonce le manque de prévision de l’Etat et l’absence d’investissements de l’Etat. « Il y a d’énormes problèmes de gouvernance qui sont insultants et les répercussions du délestage sur nos activités sont de plus en plus graves. C’est pire que ce que nous avons connu en 1983 », avait dit Billon. Mieux, l’Etat lui-même a reconnu qu’il n’a rien fait pour sauver la situation. « Nous avions trois projets de construction de centrales thermiques en 2007. Mais nous n’avions pu réaliser qu’une seule centrale », avait souligné le 11 février dernier, au cours d’une émission télévisée, l’ancien ministre des Mines et de l’Energie, Léon-Emmanuel Monnet. A cela s’ajoute le barrage de Soubré que l’Etat n’a pas réalisé à partir de 2000 et dont les financements étaient bouclés depuis fin 1998. Et pourtant, ce n’est pas l’argent qui a manqué jusqu’à ce qu’on soit dans une telle situation en 2010. En effet, de 2000 à 2009, selon des experts, le secteur électrique a enregistré au moins 2000 milliards de Fcfa de chiffres d’affaires, à raison d’au moins 200 milliards de Fcfa par an. L’Etat a pu engranger 1300 milliards de nos francs. Mais, le seul investissement qui a été fait depuis 1999, c’est la mise en route de Ciprel II en décembre 2000. Encore que ce n’est pas l’Etat qui investit véritablement et immédiatement à ce niveau mais plutôt les producteurs indépendants (Ciprel, Azito), quitte à eux de se faire rembourser plus tard par l’Etat. Ce n’est donc pas un investissement direct de l’Etat. L’on n’a donc pas besoin d’un microscope polarisant pour savoir que c’est le pouvoir en place qui est le responsable des délestages.
Jean Eric ADINGRA
Tano Angora, président de l'Union des grandes entreprises industrielles de Côte d'Ivoire (Ugeci), a également regretté que les décisions n’aient pas été prises à temps alors que la CIE avait averti du « danger », depuis des années. Selon lui, ‘‘si elles avaient été prises, l’on n’en serait pas là’’. Pour sa part, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, Jean-Louis Billon, a, le 11 février 2010, marqué sa révolte face aux délestages. Il estime que cela découle d’une faute de prévoyance de l’Etat. Pour lui, les autorités ont fait montre de leur indolence sinon leur refus d’effectuer les parts d’investissements de l’Etat. «Nous les avons toujours alertés des risques. La CIE avait même prévenu l’Etat depuis des années sur l’importance des investissements à faire dans le secteur électrique. Mais, il y a d’énormes problèmes de gouvernance et de gestion de la chose publique. Autant avouer que les pannes dont on parle sont une sorte de prétextes pour masquer les incapacités», a déclaré M. Billon. Il dénonce le manque de prévision de l’Etat et l’absence d’investissements de l’Etat. « Il y a d’énormes problèmes de gouvernance qui sont insultants et les répercussions du délestage sur nos activités sont de plus en plus graves. C’est pire que ce que nous avons connu en 1983 », avait dit Billon. Mieux, l’Etat lui-même a reconnu qu’il n’a rien fait pour sauver la situation. « Nous avions trois projets de construction de centrales thermiques en 2007. Mais nous n’avions pu réaliser qu’une seule centrale », avait souligné le 11 février dernier, au cours d’une émission télévisée, l’ancien ministre des Mines et de l’Energie, Léon-Emmanuel Monnet. A cela s’ajoute le barrage de Soubré que l’Etat n’a pas réalisé à partir de 2000 et dont les financements étaient bouclés depuis fin 1998. Et pourtant, ce n’est pas l’argent qui a manqué jusqu’à ce qu’on soit dans une telle situation en 2010. En effet, de 2000 à 2009, selon des experts, le secteur électrique a enregistré au moins 2000 milliards de Fcfa de chiffres d’affaires, à raison d’au moins 200 milliards de Fcfa par an. L’Etat a pu engranger 1300 milliards de nos francs. Mais, le seul investissement qui a été fait depuis 1999, c’est la mise en route de Ciprel II en décembre 2000. Encore que ce n’est pas l’Etat qui investit véritablement et immédiatement à ce niveau mais plutôt les producteurs indépendants (Ciprel, Azito), quitte à eux de se faire rembourser plus tard par l’Etat. Ce n’est donc pas un investissement direct de l’Etat. L’on n’a donc pas besoin d’un microscope polarisant pour savoir que c’est le pouvoir en place qui est le responsable des délestages.
Jean Eric ADINGRA