Entre carrière et vie privée se pose chez les artistes la question du nom. Pendant que certains se trouvent des noms d’artistes, d’autres préfèrent évoluer sous leur identité véritable.
Posez la question autour de vous. Qui est Konan Guillaume ? Et Natacha Flora Sonloué Aka ? Bien malins ceux qui pourront vous répondre. Pourtant, sous ces noms se cachent des artistes connus en Côte d’Ivoire et ailleurs. Konan Guillaume, qui est devenu Kajeem, est un nom dans le milieu reggae made in Côte d’Ivoire. Quand Natacha Flora Sonloué Aka, ne cherchez plus loin, c’est tout simplement la rappeuse Nash, « La go cracra du djassa » (entendez la jeune fille-choc du ghetto), qui ne passe pas inaperçue avec son style de garçon manqué et ses textes à la sauce nouchi. Le pseudonyme est un nom d'emprunt que celui qui le porte utilise pour exercer une activité sous un autre nom que son identité officielle. Il peut être soit choisi par la personne qui le porte soit attribué par un tiers. Il permet de garder l'anonymat. Son usage est fréquent dans certains milieux, tels que le milieu artistique. Le nom est d’une grande importance. Son porteur l'aime autant que lui-même. Ces noms d’artistes marquent beaucoup plus en définitive que celui du père, le patronyme, qui, bien des fois, reste inconnu du grand public. Le choix d’un pseudo ou nom d’artiste ou encore nom de guerre, obéit à des mécanismes qui varient d’un artiste à un autre. Kajeem, par exemple, est formé à partir du vrai nom du chanteur. « C’est un nom que j’ai composé au moment où je faisais encore du rap », explique le chanteur. « Nous avions décidé à l’époque de nous choisir des noms d’artistes à consonance africaine pour nous démarquer de tout ce qui était américain. Kajeem, c’est d’abord le K. de Konan et le Gui de Guillaume que nous avons transformé pour le rendre plus facilement prononçable », ajoute-t-il. Nash n’a pas voulu trop compliquer les choses. « C’est tout simplement une contraction de mon prénom Natacha », décrypte la rappeuse. Si pour ces deux artistes – et pour plusieurs autres – l’explication est simple, il en va autrement pour d’autres dont le choix du nom se fonde sur une observation de la société. Yao Billy Serge, devenu Billy Billy le coq, fonde le choix de son pseudonyme sur un fait social. « En Afrique, l'on dit que c'est le coq qui chante pour réveiller le village. Et quand je prends le symbole du coq, c'est pour éveiller les consciences parce que c'est le coq qui chante pour que le village se réveille. Donc je chante pour que les consciences s'éveillent », justifie l’enfant de Wassakara. Houédji Brigitte dite Bétika ne savait pas, en choisissant ce pseudo parmi les dix proposés par Marcellin Yacé, qu’il avait un sens en Baoulé. « Je l’ai choisi parce qu’il m’a plus tout de suite », affirme-t-elle. Avant d’en donner le sens : « Bétika signifie qu’il faut prendre le temps de bien écouter avant de porter un jugement quel qu’il soit, de crainte de dire des contrevérités ». Et d’ajouter : « à travers ce nom, c’est un conseil à la retenue qui est donné aux uns et aux autres ». Le comédien Eboi Nestor alias Akowé, de son côté, renchérit pour dire qu’en la matière, aucun choix n’est ou ne doit être fortuit. « Le nom est important. Et celui qu’on se donne pour une carrière d’artiste doit avoir un sens », dit-il. « Akowé, affirme-t-il, est la mouche tsé-tsé, celle qui mort et qui souffle par la suite ». Et d’être plus explicité : « D’un autre côté, ça fait allusion à toutes les vérités que l’ont dit en plaisanterie ». A l’inverse de ces artistes qui ont choisi d’évoluer sous des noms d’emprunt, d’autres ont préféré garder leur identité propre. Chantal Taïba, par exemple, n’a pas voulu s’affubler d’un nom d’artiste. « Je trouve que mon nom est déjà beau comme ça », soutient-elle. Avant d’entrer dans des considérations d’ordre spirituel. « Il faut savoir exactement ce que signifie le nom que l’on se donne. Sinon, on se met sous le joug d’une puissance qu’on ignore et cela a forcément des répercussions sur nous », soutient la prêtresse du Matiko.
M’Bah Aboubakar
Légende :
Posez la question autour de vous. Qui est Konan Guillaume ? Et Natacha Flora Sonloué Aka ? Bien malins ceux qui pourront vous répondre. Pourtant, sous ces noms se cachent des artistes connus en Côte d’Ivoire et ailleurs. Konan Guillaume, qui est devenu Kajeem, est un nom dans le milieu reggae made in Côte d’Ivoire. Quand Natacha Flora Sonloué Aka, ne cherchez plus loin, c’est tout simplement la rappeuse Nash, « La go cracra du djassa » (entendez la jeune fille-choc du ghetto), qui ne passe pas inaperçue avec son style de garçon manqué et ses textes à la sauce nouchi. Le pseudonyme est un nom d'emprunt que celui qui le porte utilise pour exercer une activité sous un autre nom que son identité officielle. Il peut être soit choisi par la personne qui le porte soit attribué par un tiers. Il permet de garder l'anonymat. Son usage est fréquent dans certains milieux, tels que le milieu artistique. Le nom est d’une grande importance. Son porteur l'aime autant que lui-même. Ces noms d’artistes marquent beaucoup plus en définitive que celui du père, le patronyme, qui, bien des fois, reste inconnu du grand public. Le choix d’un pseudo ou nom d’artiste ou encore nom de guerre, obéit à des mécanismes qui varient d’un artiste à un autre. Kajeem, par exemple, est formé à partir du vrai nom du chanteur. « C’est un nom que j’ai composé au moment où je faisais encore du rap », explique le chanteur. « Nous avions décidé à l’époque de nous choisir des noms d’artistes à consonance africaine pour nous démarquer de tout ce qui était américain. Kajeem, c’est d’abord le K. de Konan et le Gui de Guillaume que nous avons transformé pour le rendre plus facilement prononçable », ajoute-t-il. Nash n’a pas voulu trop compliquer les choses. « C’est tout simplement une contraction de mon prénom Natacha », décrypte la rappeuse. Si pour ces deux artistes – et pour plusieurs autres – l’explication est simple, il en va autrement pour d’autres dont le choix du nom se fonde sur une observation de la société. Yao Billy Serge, devenu Billy Billy le coq, fonde le choix de son pseudonyme sur un fait social. « En Afrique, l'on dit que c'est le coq qui chante pour réveiller le village. Et quand je prends le symbole du coq, c'est pour éveiller les consciences parce que c'est le coq qui chante pour que le village se réveille. Donc je chante pour que les consciences s'éveillent », justifie l’enfant de Wassakara. Houédji Brigitte dite Bétika ne savait pas, en choisissant ce pseudo parmi les dix proposés par Marcellin Yacé, qu’il avait un sens en Baoulé. « Je l’ai choisi parce qu’il m’a plus tout de suite », affirme-t-elle. Avant d’en donner le sens : « Bétika signifie qu’il faut prendre le temps de bien écouter avant de porter un jugement quel qu’il soit, de crainte de dire des contrevérités ». Et d’ajouter : « à travers ce nom, c’est un conseil à la retenue qui est donné aux uns et aux autres ». Le comédien Eboi Nestor alias Akowé, de son côté, renchérit pour dire qu’en la matière, aucun choix n’est ou ne doit être fortuit. « Le nom est important. Et celui qu’on se donne pour une carrière d’artiste doit avoir un sens », dit-il. « Akowé, affirme-t-il, est la mouche tsé-tsé, celle qui mort et qui souffle par la suite ». Et d’être plus explicité : « D’un autre côté, ça fait allusion à toutes les vérités que l’ont dit en plaisanterie ». A l’inverse de ces artistes qui ont choisi d’évoluer sous des noms d’emprunt, d’autres ont préféré garder leur identité propre. Chantal Taïba, par exemple, n’a pas voulu s’affubler d’un nom d’artiste. « Je trouve que mon nom est déjà beau comme ça », soutient-elle. Avant d’entrer dans des considérations d’ordre spirituel. « Il faut savoir exactement ce que signifie le nom que l’on se donne. Sinon, on se met sous le joug d’une puissance qu’on ignore et cela a forcément des répercussions sur nous », soutient la prêtresse du Matiko.
M’Bah Aboubakar
Légende :