Contrairement au grand public qui s’amuse bien quand ils sont sur scène, les parents des artistes comédiens, eux, souffrent parfois des rôles que ceux-ci sont amenés à interpréter.
Il est difficile de démarquer un artiste comédien de son personnage. Surtout, lorsque le personnage qu’il interprète est le même dans tous ses jeux scéniques. De nombreux observateurs, bien que conscients de la supercherie, ont du mal à voir l’artiste sous sa vraie personnalité. Sans son costume de scène, en train de vivre normalement. Si ce qui est une mise en scène au départ, devient un problème, ce sont pour la plupart du temps, les proches des créateurs qui en souffrent le plus. Comment s’accommoder au fait que son mari se transforme-t-il en travesti en tout genre ? Où encore voir sa fille devenir folle, pour le besoin d’une scène ? Comment marcher tranquillement dans la rue avec son homme ou sa femme, sans que quelqu’un ne voie en lui l’amuseur public ? Des situations qui, loin des rires en sanglot, décontenancent les proches de ces personnes..
Quand ça ne fait pas rire
«Je ne savais pas qu’il allait jouer. Sinon, je ne l’aurai pas suivi », a déclaré S., une jeune fille venue accompagner un humoriste à un spectacle. En effet, au moment où le monde accourait pour suivre la prestation de l’artiste après que le maître de cérémonie l’a annoncé, elle se frayait un chemin pour se tenir à l’écart. «Je ne sais pas. Mais ça me fait bizarre. Ça fait rire les autres mais pas moi», explique-t-elle. Cette tristesse de la jeune fille, nombreux sont les parents de comédiens qui la partagent. Ils n’arrivent pas à supporter la bouffonnerie de leurs proches. Les sketchs de Manan Kampess (Doh Kanon) et Félicia (Jimmy Danger de son vrai nom Ibo Laurent), sont, en la matière, les plus controversés. Les deux jeunes acteurs, miment les rôles de deux camarades (filles) à la recherche d’un lendemain meilleur. Leur dada, les hommes. De ce fait, les garçons devenus ‘’copines’’ se déguisent en femmes pour mieux coller à leurs personnages. Ensemble pagne, chaussures haut-talons pour Doh Kanon. Et, une robe moulante pour Jimmy Danger. Sans oublier maquillage et accessoires féminins. Les images qu’ils projettent, peinent souvent leurs attenants. Pour M. Guédé, manager et ami des comédiens, ce qu’ils font, bien que rencontrant beaucoup de succès, lui fait parfois sourire. « Souvent je leur dit : de grands garçons comme vous, des pères de famille qui imitent des femmes », reconnaît-il, avant d’ajouter que, ce que réalisent les « copines » est excentrique. « Le plus choquant, c’est lorsque dans la rue en leur compagnie, certaines personnes leur lancent : les deux pédés là », avoue-t-il. Les artistes eux-mêmes sont souvent acculés par leurs amis ou parents. Et, c’est ce qui leur ôte la joie qu’ils expriment par leur mécontentement. « Faut pas jouer les pédés», ou, «ça m’énerve quand tu fais ça », admet Doh Kanon, qui entend souvent ces mots, des moins courtois, de ses proches.
Un rôle est un rôle
« Certains comédiens traînent le pas dans leurs rôles. Et cela devient de la bouffonnerie », explique Oméga David, artiste comédien du téléfilm satirique ‘’Faut pas fâcher’’. Pour lui, il n’est pas intéressant pour un acteur de toujours jouer un rôle de méchant. Car, c’est à partir de cela que le public juge l’acteur. « Ce n’est pas toujours le rôle qui gêne les proches. Mais, c’est l’environnement. Surtout l’attitude du public après qu’on a été identifié à un personnage lors d’un tournage », justifie Oméga. Le public est-il capable de faire la différence entre Ibo Laurent et Félicia ? Ou encore départir Kouman Ignace de l’ambassadeur Agalawal ? De toute façon, le public, lui, voit toujours le comédien en face de lui, sur scène et hors de la scène. « C’est le comédien lui-même qui peut amener son proche à se gêner. Moi, avant de sortir, j’explique la situation à ma femme. A savoir, qu’en tant qu’homme public, il faut parler à tout le monde. Et très souvent, ces personnes ont affaire au comédien et non au mari que je suis », explique Kôrô Abou, célèbre humoriste. Mais, c’est souvent d’autres comédiens qui sont à l’origine de la souffrance du proche. « Quand je me suis nouvellement marié, relate Kôrô Abou, une collègue comédienne moins connue, est allée demander après moi à ma femme. Lorsqu’elle lui a fait savoir que j’étais sorti, elle lui a sorti ceci : c’est donc toi qu’il est allé chercher au village là ? Retourne d’où tu viens parce que c’est mon mari. A mon arrivée à la maison le soir, j’ai trouvé ma femme presque en larme. Elle était tellement peinée, qu’elle voulait retourner chez ses parents ».
Difficile de comprendre
Comme s’il n’était pas déjà difficile de passer inaperçu, les parents des comédiens doivent faire face à la raillerie populaire. Une chose qui n’est pas toujours facile à accepter. A ce niveau, ce sont les enfants qui sont le plus souvent concernés : « Ton papa est bête deh ! » « Il fait trop rire », sont entre autres des remarques que reçoivent de nombreux enfants d’acteurs. « Ce sont les enfants qui tombent le plus souvent dans le jeu. Quand ils nous rencontrent dans la rue, ils nous disent : vilain là », explique Guéi veh, humoriste et comédien de ‘’Faut pas fâcher’’. « Lorsque la Radio télévision ivoirienne (Rti) a diffusé, pour la première fois, la pièce de théâtre ‘’L’os de Mor Lam’’, une mise en scène du conte écrit par Birago Diop, écrivain sénégalais, dans lequel j’ai participé, j’ai été surpris en rentrant chez moi, de voir toute ma famille en pleure. Pour la seule raison que, dans la pièce, je meurs à la fin. Donc, mes enfants ont cru que j’étais réellement mort», se souvient David Oméga. Pour lui, rien ne doit arrêter un comédien professionnel malgré les difficultés qu’il rencontre.
Plusieurs visages
« Un acteur, c’est sa capacité à incarner un et mille rôles. C’est un être arc-en-ciel. Il doit avoir la capacité de se fondre dans plusieurs rôles », peint le comédien. « Le propre d’un artiste, c’est de bien rendre son rôle. Ceux qui les identifient aux personnages qu’ils interprètent, ne comprennent rien de la profession», s’insurge M. Guédé, manager de Doh Kanon et Jimmy Danger. Pour Doh Kanon, lui-même, penser qu’il est un homosexuel, c’est ignorer le principe même de l’art, du théâtre. « C’est confondre le personnage et la personne », pense-t-il. Des situations que certains proches n’ignorent pas. «Je me sens bien quand il monte sur scène. Chaque fois qu’il passe à la télé, ça me fait plaisir. Je peux même dire que nous sommes parfois des complices. Car, lorsque qu’il doit confectionner ses tenues, je l’accompagne et je choisis même le modèle », explique Marina une jeune fille proche de l’Ambassadeur Agalawal. « C’est son métier. Donc, je fais avec », se console Emmanuela, la femme de Djimmy Danger.
Au-delà de tout ce que ressentent leurs proches, à tord ou à raison, les artistes comédiens savent qu’ils ont plusieurs vies. Et, cette analyse de la fille de Guéi Veh est évocatrice. Pendant que son père jouait le rôle de fou dans un épisode de ‘’Faux pas fâcher’’, la fillette de 5 ans, qui n’a pas reconnu son père lance : « Oh, Guéi Veh est trop bête », en se jetant dans les bras de son père, rapporte le comédien. Faisant ainsi la différence entre Guéi Veh son père et le comédien. Une approche que doit avoir les proches des comédiens. Car, ils ont choisi cela comme leur métier. Un métier qui use de trucs pour critiquer la société.
Sanou Amadou (stagiaire)
Il est difficile de démarquer un artiste comédien de son personnage. Surtout, lorsque le personnage qu’il interprète est le même dans tous ses jeux scéniques. De nombreux observateurs, bien que conscients de la supercherie, ont du mal à voir l’artiste sous sa vraie personnalité. Sans son costume de scène, en train de vivre normalement. Si ce qui est une mise en scène au départ, devient un problème, ce sont pour la plupart du temps, les proches des créateurs qui en souffrent le plus. Comment s’accommoder au fait que son mari se transforme-t-il en travesti en tout genre ? Où encore voir sa fille devenir folle, pour le besoin d’une scène ? Comment marcher tranquillement dans la rue avec son homme ou sa femme, sans que quelqu’un ne voie en lui l’amuseur public ? Des situations qui, loin des rires en sanglot, décontenancent les proches de ces personnes..
Quand ça ne fait pas rire
«Je ne savais pas qu’il allait jouer. Sinon, je ne l’aurai pas suivi », a déclaré S., une jeune fille venue accompagner un humoriste à un spectacle. En effet, au moment où le monde accourait pour suivre la prestation de l’artiste après que le maître de cérémonie l’a annoncé, elle se frayait un chemin pour se tenir à l’écart. «Je ne sais pas. Mais ça me fait bizarre. Ça fait rire les autres mais pas moi», explique-t-elle. Cette tristesse de la jeune fille, nombreux sont les parents de comédiens qui la partagent. Ils n’arrivent pas à supporter la bouffonnerie de leurs proches. Les sketchs de Manan Kampess (Doh Kanon) et Félicia (Jimmy Danger de son vrai nom Ibo Laurent), sont, en la matière, les plus controversés. Les deux jeunes acteurs, miment les rôles de deux camarades (filles) à la recherche d’un lendemain meilleur. Leur dada, les hommes. De ce fait, les garçons devenus ‘’copines’’ se déguisent en femmes pour mieux coller à leurs personnages. Ensemble pagne, chaussures haut-talons pour Doh Kanon. Et, une robe moulante pour Jimmy Danger. Sans oublier maquillage et accessoires féminins. Les images qu’ils projettent, peinent souvent leurs attenants. Pour M. Guédé, manager et ami des comédiens, ce qu’ils font, bien que rencontrant beaucoup de succès, lui fait parfois sourire. « Souvent je leur dit : de grands garçons comme vous, des pères de famille qui imitent des femmes », reconnaît-il, avant d’ajouter que, ce que réalisent les « copines » est excentrique. « Le plus choquant, c’est lorsque dans la rue en leur compagnie, certaines personnes leur lancent : les deux pédés là », avoue-t-il. Les artistes eux-mêmes sont souvent acculés par leurs amis ou parents. Et, c’est ce qui leur ôte la joie qu’ils expriment par leur mécontentement. « Faut pas jouer les pédés», ou, «ça m’énerve quand tu fais ça », admet Doh Kanon, qui entend souvent ces mots, des moins courtois, de ses proches.
Un rôle est un rôle
« Certains comédiens traînent le pas dans leurs rôles. Et cela devient de la bouffonnerie », explique Oméga David, artiste comédien du téléfilm satirique ‘’Faut pas fâcher’’. Pour lui, il n’est pas intéressant pour un acteur de toujours jouer un rôle de méchant. Car, c’est à partir de cela que le public juge l’acteur. « Ce n’est pas toujours le rôle qui gêne les proches. Mais, c’est l’environnement. Surtout l’attitude du public après qu’on a été identifié à un personnage lors d’un tournage », justifie Oméga. Le public est-il capable de faire la différence entre Ibo Laurent et Félicia ? Ou encore départir Kouman Ignace de l’ambassadeur Agalawal ? De toute façon, le public, lui, voit toujours le comédien en face de lui, sur scène et hors de la scène. « C’est le comédien lui-même qui peut amener son proche à se gêner. Moi, avant de sortir, j’explique la situation à ma femme. A savoir, qu’en tant qu’homme public, il faut parler à tout le monde. Et très souvent, ces personnes ont affaire au comédien et non au mari que je suis », explique Kôrô Abou, célèbre humoriste. Mais, c’est souvent d’autres comédiens qui sont à l’origine de la souffrance du proche. « Quand je me suis nouvellement marié, relate Kôrô Abou, une collègue comédienne moins connue, est allée demander après moi à ma femme. Lorsqu’elle lui a fait savoir que j’étais sorti, elle lui a sorti ceci : c’est donc toi qu’il est allé chercher au village là ? Retourne d’où tu viens parce que c’est mon mari. A mon arrivée à la maison le soir, j’ai trouvé ma femme presque en larme. Elle était tellement peinée, qu’elle voulait retourner chez ses parents ».
Difficile de comprendre
Comme s’il n’était pas déjà difficile de passer inaperçu, les parents des comédiens doivent faire face à la raillerie populaire. Une chose qui n’est pas toujours facile à accepter. A ce niveau, ce sont les enfants qui sont le plus souvent concernés : « Ton papa est bête deh ! » « Il fait trop rire », sont entre autres des remarques que reçoivent de nombreux enfants d’acteurs. « Ce sont les enfants qui tombent le plus souvent dans le jeu. Quand ils nous rencontrent dans la rue, ils nous disent : vilain là », explique Guéi veh, humoriste et comédien de ‘’Faut pas fâcher’’. « Lorsque la Radio télévision ivoirienne (Rti) a diffusé, pour la première fois, la pièce de théâtre ‘’L’os de Mor Lam’’, une mise en scène du conte écrit par Birago Diop, écrivain sénégalais, dans lequel j’ai participé, j’ai été surpris en rentrant chez moi, de voir toute ma famille en pleure. Pour la seule raison que, dans la pièce, je meurs à la fin. Donc, mes enfants ont cru que j’étais réellement mort», se souvient David Oméga. Pour lui, rien ne doit arrêter un comédien professionnel malgré les difficultés qu’il rencontre.
Plusieurs visages
« Un acteur, c’est sa capacité à incarner un et mille rôles. C’est un être arc-en-ciel. Il doit avoir la capacité de se fondre dans plusieurs rôles », peint le comédien. « Le propre d’un artiste, c’est de bien rendre son rôle. Ceux qui les identifient aux personnages qu’ils interprètent, ne comprennent rien de la profession», s’insurge M. Guédé, manager de Doh Kanon et Jimmy Danger. Pour Doh Kanon, lui-même, penser qu’il est un homosexuel, c’est ignorer le principe même de l’art, du théâtre. « C’est confondre le personnage et la personne », pense-t-il. Des situations que certains proches n’ignorent pas. «Je me sens bien quand il monte sur scène. Chaque fois qu’il passe à la télé, ça me fait plaisir. Je peux même dire que nous sommes parfois des complices. Car, lorsque qu’il doit confectionner ses tenues, je l’accompagne et je choisis même le modèle », explique Marina une jeune fille proche de l’Ambassadeur Agalawal. « C’est son métier. Donc, je fais avec », se console Emmanuela, la femme de Djimmy Danger.
Au-delà de tout ce que ressentent leurs proches, à tord ou à raison, les artistes comédiens savent qu’ils ont plusieurs vies. Et, cette analyse de la fille de Guéi Veh est évocatrice. Pendant que son père jouait le rôle de fou dans un épisode de ‘’Faux pas fâcher’’, la fillette de 5 ans, qui n’a pas reconnu son père lance : « Oh, Guéi Veh est trop bête », en se jetant dans les bras de son père, rapporte le comédien. Faisant ainsi la différence entre Guéi Veh son père et le comédien. Une approche que doit avoir les proches des comédiens. Car, ils ont choisi cela comme leur métier. Un métier qui use de trucs pour critiquer la société.
Sanou Amadou (stagiaire)
