Séjournant aux états - Unis depuis un peu plus de deux ans, le cinéaste ivoirien dévoile ses projets.
Que devient Jean -Louis Koula?
Je me porte bien, merci. Depuis 2011, je vis aux USA, précisément dans l’État du Maryland. Je collabore avec la télévision du Montgomery County college. J’ai réalisé quelques films documentaires et encadré des étudiants en réalisation. J’ai eu l’avantage d’être assistant sur un film qui a remporté l’academy Oscar en 1976 à Hollywood (La victoire en chantant) réalisé par le Français Jean Jacques Annaud. Je ne savais pas que cela avait une importance ici. Grâce à ce prix, on m’a proposé d’enseigner le cinéma, mais je n’ai pas accepté l’offre, parce que j’avais encore des problèmes en anglais. L’Américain est assez difficile. En dehors de cela, je prends des cours dans cette langue à Montgomery College. Je suis en train de préparer mon prochain retour au pays.
Quel est le but de votre voyage aux États-Unis ?
C’est un voyage que j’avais programmé depuis longtemps. J’étais déjà aux Etats-Unis en 2010 et j’avais décidé d’y revenir, en 2011, pour travailler avec le professeur Amadou Koné, qui enseigne ici depuis des années, à l’adaptation de son roman «Les frasques d’Ebinto».
Selon nos informations, vous voulez porter ce roman à l’écran. Où en êtes-vous avec ce projet ?
Nous avons terminé l’adaptation du roman et la traduction en anglais du scénario. Cela, pour permettre la recherche de financement auprès des maisons de production américaines.
Qu’est-ce qui a motivé le choix de cet ouvrage?
Trois principales raisons sont à la base de mon choix. D’abord, je me reconnais dans l’environnement décrit par l’auteur. Pr Amadou Koné a, avec force détails, dans un français simple, restitué un problème récurrent dans les lycées et collèges et autres milieux jeunes. Ensuite, à la lecture de ce roman, l’on constate avec joie qu’il a mis un accent particulier sur la promotion des valeurs africaines dont le respect des parents et des aînés. La dernière motivation est personnelle. L’histoire d’Ebinto ressemble étrangement à la mienne. J’ai eu une déception amoureuse qui m’a obligé à l’exil à l’âge de 19 ans en France.
Avez-vous des contacts avec de potentiels producteurs ?
J’ai trouvé une maison de production en France qui veut apporter le matériel technique, et payer le salaire du personnel technique français et du laboratoire.
Aux États-Unis, je suis en contact avec un distributeur qui dispose de salles de cinéma dans 20 États. En contrepartie de la distribution, il va financer la copie double en anglais et intervenir dans la postproduction. Pour lui, cette collaboration est une première expérience avec un Africain. Il a promis de l’étendre à d’autres films du continent si tout se passe bien. Dans les deux cas de figure, ce sont des financements indirects, il n’y a pas de sortie d’argent. Pour démarrer la production, il me demande de financer la partie ivoirienne du projet, c’est-à-dire tous les frais de régie, le salaire des comédiens et techniciens ivoiriens.
Que pensez-vous de la création de l’Office national du cinéma par les autorités ?
Je pense que c’est une très bonne chose, car il y a plusieurs décennies que les cinéastes ont demandé cette structure. Maintenant qu’elle est fonctionnelle, elle permettra de donner un coup d’accélérateur au cinéma ivoirien afin qu’il retrouve la place qui est la sienne sur le continent.
Qu’attendez-vous de cette structure relativement à la réalisation de votre film ?
Mon souhait est de voir l’Office financer les dépenses de régie, les salaires des comédiens et techniciens ivoiriens. À ce propos, j’ai déjà adressé un dossier dans ce sens au directeur général de cette structure. Après la longue crise que le pays a traversée, je suis obligé d’attendre que les choses se mettent en place.
Le cinéaste Fadika Kramo a été nommé à la tête de cet Office après le décès de Kitia Touré. Pensez-vous qu’il pourra relever les nombreux défis qui l’attendent ?
Permettez, avant tout propos, que je rende un hommage mérité à un ami, un collègue, Dr Kitia Touré, pour tout ce qu’il a fait pour le rayonnement de notre cinéma. Que son âme repose en paix ! Pour en revenir au changement à la tête de la structure, je dois avouer qu’après le décès de Kitia, j’ai eu beaucoup d’appréhensions. J’avais peur que l’Office soit confié à un administrateur qui n’aurait pas la compétence pour le gérer. Quand j’ai appris la nomination de Fadika Kramo, j’ai été très heureux et j’en ai félicité le ministre de la Culture et de la Francophonie. Je connais ce cinéastre depuis de longues années, il est très compétent. Il faut se rappeler qu’il a été le premier à remporter l’Étalon du Yennenga, la plus haute distinction du Fespaco, en 1981. Il est d’ ailleurs le secrétaire général de la fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci). Il connaît les nombreuses difficultés de production. En plus, il est honnête. Maintenant que la structure est fonctionnelle, il faut aider tous les projets qui le méritent afin que notre cinéma aille de l’avant. Il est inimaginable que la Côte d’Ivoire ait été absente au dernier Fespaco dans la rubrique des longs métrages en compétition. J’en ai été peiné.
Que pensez-vous du cinéma ivoirien?
Le cinéma ivoirien est l’un des meilleurs du continent à cause de sa diversité. S’il a sombré, à un moment donné, cela est dû à un manque réel de volonté politique qui a conduit à un manque total de structure. Aujourd’hui, avec l’Office, on peut espérer des lendemains meilleurs, pourvu qu’il ne soit pas une coquille vide.
Avez-vous des conseils à donner à la nouvelle génération de cinéastes ?
Je demande à la jeune génération de faire preuve de beaucoup d’humilité et de se former car le cinéma est un métier très sérieux qui fait appel à des connaissances techniques et artistiques pointues. Autrefois, il ne s’apprenait que dans les écoles, cela continue d’ailleurs. Mais avec l’avènement du numérique, beaucoup s’improvisent très vite réalisateurs. S’ils veulent faire sérieusement ce métier, ils peuvent l’apprendre sur le tas auprès de réalisateurs confirmés en commençant par tenir le rôle d’assistant. Ce qui leur permettra d’acquérir des connaissances techniques qui feront d’eux des réalisateurs à part entière.
À quand le tournage de votre film et quels sont les lieux choisis ?
Le tournage est prévu pour fin décembre- début janvier 2014, si tout se passe bien. Concernant les lieux ce seront les villes de Grand-Bassam et de Grand-Lahou.
Entretien réalisé par Séry Pouamon
correspondant particulier à Washington, DC (Source Fraternite Matin)
Que devient Jean -Louis Koula?
Je me porte bien, merci. Depuis 2011, je vis aux USA, précisément dans l’État du Maryland. Je collabore avec la télévision du Montgomery County college. J’ai réalisé quelques films documentaires et encadré des étudiants en réalisation. J’ai eu l’avantage d’être assistant sur un film qui a remporté l’academy Oscar en 1976 à Hollywood (La victoire en chantant) réalisé par le Français Jean Jacques Annaud. Je ne savais pas que cela avait une importance ici. Grâce à ce prix, on m’a proposé d’enseigner le cinéma, mais je n’ai pas accepté l’offre, parce que j’avais encore des problèmes en anglais. L’Américain est assez difficile. En dehors de cela, je prends des cours dans cette langue à Montgomery College. Je suis en train de préparer mon prochain retour au pays.
Quel est le but de votre voyage aux États-Unis ?
C’est un voyage que j’avais programmé depuis longtemps. J’étais déjà aux Etats-Unis en 2010 et j’avais décidé d’y revenir, en 2011, pour travailler avec le professeur Amadou Koné, qui enseigne ici depuis des années, à l’adaptation de son roman «Les frasques d’Ebinto».
Selon nos informations, vous voulez porter ce roman à l’écran. Où en êtes-vous avec ce projet ?
Nous avons terminé l’adaptation du roman et la traduction en anglais du scénario. Cela, pour permettre la recherche de financement auprès des maisons de production américaines.
Qu’est-ce qui a motivé le choix de cet ouvrage?
Trois principales raisons sont à la base de mon choix. D’abord, je me reconnais dans l’environnement décrit par l’auteur. Pr Amadou Koné a, avec force détails, dans un français simple, restitué un problème récurrent dans les lycées et collèges et autres milieux jeunes. Ensuite, à la lecture de ce roman, l’on constate avec joie qu’il a mis un accent particulier sur la promotion des valeurs africaines dont le respect des parents et des aînés. La dernière motivation est personnelle. L’histoire d’Ebinto ressemble étrangement à la mienne. J’ai eu une déception amoureuse qui m’a obligé à l’exil à l’âge de 19 ans en France.
Avez-vous des contacts avec de potentiels producteurs ?
J’ai trouvé une maison de production en France qui veut apporter le matériel technique, et payer le salaire du personnel technique français et du laboratoire.
Aux États-Unis, je suis en contact avec un distributeur qui dispose de salles de cinéma dans 20 États. En contrepartie de la distribution, il va financer la copie double en anglais et intervenir dans la postproduction. Pour lui, cette collaboration est une première expérience avec un Africain. Il a promis de l’étendre à d’autres films du continent si tout se passe bien. Dans les deux cas de figure, ce sont des financements indirects, il n’y a pas de sortie d’argent. Pour démarrer la production, il me demande de financer la partie ivoirienne du projet, c’est-à-dire tous les frais de régie, le salaire des comédiens et techniciens ivoiriens.
Que pensez-vous de la création de l’Office national du cinéma par les autorités ?
Je pense que c’est une très bonne chose, car il y a plusieurs décennies que les cinéastes ont demandé cette structure. Maintenant qu’elle est fonctionnelle, elle permettra de donner un coup d’accélérateur au cinéma ivoirien afin qu’il retrouve la place qui est la sienne sur le continent.
Qu’attendez-vous de cette structure relativement à la réalisation de votre film ?
Mon souhait est de voir l’Office financer les dépenses de régie, les salaires des comédiens et techniciens ivoiriens. À ce propos, j’ai déjà adressé un dossier dans ce sens au directeur général de cette structure. Après la longue crise que le pays a traversée, je suis obligé d’attendre que les choses se mettent en place.
Le cinéaste Fadika Kramo a été nommé à la tête de cet Office après le décès de Kitia Touré. Pensez-vous qu’il pourra relever les nombreux défis qui l’attendent ?
Permettez, avant tout propos, que je rende un hommage mérité à un ami, un collègue, Dr Kitia Touré, pour tout ce qu’il a fait pour le rayonnement de notre cinéma. Que son âme repose en paix ! Pour en revenir au changement à la tête de la structure, je dois avouer qu’après le décès de Kitia, j’ai eu beaucoup d’appréhensions. J’avais peur que l’Office soit confié à un administrateur qui n’aurait pas la compétence pour le gérer. Quand j’ai appris la nomination de Fadika Kramo, j’ai été très heureux et j’en ai félicité le ministre de la Culture et de la Francophonie. Je connais ce cinéastre depuis de longues années, il est très compétent. Il faut se rappeler qu’il a été le premier à remporter l’Étalon du Yennenga, la plus haute distinction du Fespaco, en 1981. Il est d’ ailleurs le secrétaire général de la fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci). Il connaît les nombreuses difficultés de production. En plus, il est honnête. Maintenant que la structure est fonctionnelle, il faut aider tous les projets qui le méritent afin que notre cinéma aille de l’avant. Il est inimaginable que la Côte d’Ivoire ait été absente au dernier Fespaco dans la rubrique des longs métrages en compétition. J’en ai été peiné.
Que pensez-vous du cinéma ivoirien?
Le cinéma ivoirien est l’un des meilleurs du continent à cause de sa diversité. S’il a sombré, à un moment donné, cela est dû à un manque réel de volonté politique qui a conduit à un manque total de structure. Aujourd’hui, avec l’Office, on peut espérer des lendemains meilleurs, pourvu qu’il ne soit pas une coquille vide.
Avez-vous des conseils à donner à la nouvelle génération de cinéastes ?
Je demande à la jeune génération de faire preuve de beaucoup d’humilité et de se former car le cinéma est un métier très sérieux qui fait appel à des connaissances techniques et artistiques pointues. Autrefois, il ne s’apprenait que dans les écoles, cela continue d’ailleurs. Mais avec l’avènement du numérique, beaucoup s’improvisent très vite réalisateurs. S’ils veulent faire sérieusement ce métier, ils peuvent l’apprendre sur le tas auprès de réalisateurs confirmés en commençant par tenir le rôle d’assistant. Ce qui leur permettra d’acquérir des connaissances techniques qui feront d’eux des réalisateurs à part entière.
À quand le tournage de votre film et quels sont les lieux choisis ?
Le tournage est prévu pour fin décembre- début janvier 2014, si tout se passe bien. Concernant les lieux ce seront les villes de Grand-Bassam et de Grand-Lahou.
Entretien réalisé par Séry Pouamon
correspondant particulier à Washington, DC (Source Fraternite Matin)