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Politique Publié le lundi 15 mars 2010 | Le Temps

Délestage : Voici les vrais coupables

Comme ses précédentes adresses à la nation, le chef de l'Etat était très attendu des Ivoiriens qui, depuis quelques semaines, font face à une crise aiguë d'électricité. Laurent Gbagbo a parlé, samedi dernier. Il a été précis, concis, sans verser dans la polémique. Le mal, lui en filigrane livre ses coupables. Décryptage !

“Personne ne peut se réjouir du manque d'eau et d'électricité aux Ivoiriens", confiait récemment le Président du directoire du Rhdp, Alphonse Djédjé Mady. Les gants, il en a portés, parlant du délestage. Le reste de la troupe houphouétiste qui a, jusque-là, gardé le profil bas sur le sujet (à raison d'ailleurs) est sorti brusquement de son silence lourd pour pointer le doigt accusateur sur un coupable : Laurent Gbagbo. Du reste, pour le porte-voix de Ouattara, Gbagbo est le "seul" coupable. Pour n'avoir pas investi dans le secteur, ayant préféré acheter des Drones, des Mi-24, des chars chenilles, etc. Voilà en un trait, le chef d'accusation. Dans son adresse à la Nation, le chef de l'Etat plaide non coupable. Même s'il reconnait que la consommation d'énergie a fortement augmenté. Surtout, ces dernières années, pendant lesquelles sa politique d'électrification rurale, l'une des missions du secteur, a permis de raccorder au réseau national de nombreux villages de Côte d'Ivoire. En la matière, le Burkina Faso qui est aujourd'hui, cité en exemple, en production d'électricité, a fait mieux que la Côte d'Ivoire. Sans connaître un délestage.

L'échec de la privatisation de Ouattara

La bourgeoisie “Pdci” qui a fait de la complaisance un mode de gestion a ruiné les ressorts économiques du pays dans les années 1990. Sous la poussée des institutions de Bretton Woods, Houphouët a nommé Ouattara, président du Conseil interministériel. La confiance rompue entre l'Etat et les cadres a laissé les mains libres à Ouattara pour brader les sociétés d'Etat, parfois à 1 franc symbolique. Ouattara qui confiait à feu Djeni Kobenan qu'il n'a pas "d'avenir politique dans ce pays" n'a pas fait les choses au hasard. Tordant le coup aux règles des appels d'offres, il a concentré entre les mains des Français, les secteurs stratégiques du pays, dont l'eau et l'électricité. Cela, dans le secret espoir, qu'au moment venu (l'après Houphouët), il pouvait compter sur l'appui de la France pour coiffer Bédié au poteau du fauteuil présidentiel. Echec et mat ! Malheureusement, la France officielle, a toujours vu en Laurent Gbagbo, une " indocilité " périlleuse pour ses intérêts en Côte d'Ivoire. Elle ne se privera jamais de la moindre occasion pour avoir le chef de l'Etat à l'usure. Comme une " guerre " énergétique. La compagnie ivoirienne d'électricité (Cie) dont le Pca, Zady Kesy, évoque un problème "tribal", a pour mission de recouvrer les factures. Or, depuis le déclenchement de la crise militaro-politique, les zones Centre, nord et ouest ont gracieusement consommé l'énergie, sans débourser un centime. Le manque à gagner pour l'Etat se chiffre à des centaines de milliards de Fcfa. Si l'unanimité se fait autour de la non rupture de l'électricité et de l'eau dans ces zones, vu les conséquences dramatiques qu”elle aurait sur les populations, qu'ont fait les responsables de la Cie, pour, ne serait-ce, minimiser le manque à gagner ? En discutant, par exemple, avec les autorités des Forces nouvelles ? Rien n'a été fait. Tant que ça peut étouffer Gbagbo, on ferme les yeux. Espérant qu'il va commettre l'erreur de couper l'électricité dans ces zones. Peine perdue. Toutefois, il y a une leçon à tirer : les secteurs d'eau et d'électricité sont vitaux pour un pays. On comprend aisément pourquoi le Burkina Faso a dit non à la privatisation. Aujourd'hui, ce pays se porte bien, dans ce domaine. Donc, même si la privatisation de l'Eeci a rapporté de l'argent à l'Etat, on voit aujourd'hui qu'elle n'était pas nécessaire, vu les prouesses du Burkina Faso.

Bédié, Ouattara et la pénurie d'électricité

Les hagiographes du Rhdp nous trouveront peut-être ridicules de vouloir rendre Ouattara et Bédié responsables du délestage. Mais à y voir de près, la guerre de succession qui a crispé la vie politique pour aboutir au coup d'Etat de 1999, a fortement contribué à la situation qui prévaut en Côte d'Ivoire aujourd'hui. Puisque, les financements du barrage de Soubré étaient bouclés lorsque le coup de force des militaires, conséquence du duel à mort, entre Bédié et Ouattara, est survenu. Ce barrage, même s'il ne pouvait pas résorber totalement le déficit, aurait contribué à réduire son impact. Et puis, peut-on faire le procès à Laurent Gbagbo, d'avoir orienté les investissements vers l'achat d'armes, sans se poser la question de savoir " qui a porté le glaive dans le sein de la mère patrie ". On n'aurait voulu que Laurent Gbagbo se contente de quelques vieux " Kalashs ", en investissant massivement dans la production de l'énergie. Ce qui n'est pas en soi une mauvaise chose. Mais sans pays, il n'y a pas d'électricité. Il fallait sauver les fondements de la République que menaçaient les pourfendeurs du numéro 1 ivoirien. En clair, les priorités d'un Etat sont toujours guidées par la situation du moment. La preuve, le Président de la République, vient de prendre des mesures qui, à court termes, enverront le délestage dans les oubliettes de l'Histoire. Comme celui de 1984.

Au demeurant, le délestage que connait la Côte d'Ivoire depuis des semaines tire sa source certes, dans la panne survenue à la centrale thermique d'Azito. Mais des causes lointaines inscrites dans la gestion de Bédié et Ouattara, n'ont pas permis de réduire ses effets. Il n'est pas moralement hygiénique de rendre Laurent Gbagbo, unique responsable, même s'il doit assumer sa part de responsabilité, parce qu'au pouvoir au moment des faits.

Tché Bi Tché
zanbi05641405@yahoo.fr
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