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Art et Culture Publié le mardi 16 mars 2010 | Le Mandat

Dossier/ La fête des ignames chez les Toura - Fidélité à une tradition

L’une des ethnies composantes du groupe Dan (région des montagnes), les Toura sont fidèles à leur traditionnelle fête d’igname. Cette fête qui revêt un sens si profond que, ni le temps, ni le modernisme, ne sont parvenus à altérer est appelé en Toura, ‘’yabreu’’.

La fête des ignames ou ‘’yabreu’’ se déroule chaque année dans tous les villages Toura. Le peuple Toura ou ‘’win-minh’’, occupe le territoire compris entre les départements de Man, Touba et Séguéla. Ce peuple partage le département de Biankouma avec ses frères Yacouba. Jusqu’en 2000, le département de Biankouma créé en 1974 était composé trois sous-préfectures : la sous-préfecture centrale, celle de Sipilou et de Gbonné. Petit peuple de plus de 100.000 âmes, les Toura occupent la partie la plus montagneuse de la région des montagnes.

Une fête d’igname annuelle
Chaque année, pendant l’hivernage ou l’été, se déroulent les cérémonies du ‘’yabreu’’ en pays Toura. Au cours de cette cérémonie, cadres, travailleurs, élèves et étudiants, se donnent rendez-vous. La présence à la cérémonie des filles et fils de chaque village Toura, de plusieurs générations, traduit bien le sens de l’attachement de ceux-ci à leurs us et coutumes. Dans la mesure où cette cérémonie est considérée comme le cadre unique de rencontre des vivants et des mânes. Ainsi, compte tenu de l’importance de cette manifestation populaire, personne ne veut se la faire raconter. C’est pourquoi, tous les fils et filles des différentes localités se donnent rendez-vous pour commémorer ce moment. La fête des ignames des Toura est différente de celle des autres localités de la Côte d’Ivoire. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce sont plutôt les masques ou les ‘’gôh-oh’’ qui sont célébrés et magnifiés et auxquels la nouvelle igname est dédiée sans partage.

Les masques, les êtres divins
Ce sont donc les masques qui polarisent l’attention tout le long de la cérémonie de la fête d’igname en pays Toura. A l’instar de leurs frères yacouba, wè, voire mahouka, les masques chez les Toura sont des êtres divins incarnant des esprits qui habitent généralement dans les montagnes et dans les forêts. Ils sont du monde d’ici bas mais aussi du monde de l’au-delà. Ce peuple croit alors que le masque est un élément qui sert d’intermédiaire entre le créateur Dieu et les humains. A cet effet, le masque veille à l’équilibre social et cosmique. Il est une institution qui garantie la paix, la justice, l’éducation, le culte, les soins médicaux, la médiation et la stabilité sociale.

Les masques et la protection humaine
Les Toura ont une forte conviction que les masques contribuent à l’équilibre social. C’est pourquoi, pendant les cérémonies de fête d’igname, ils leur confient tous les problèmes que rencontrent le village et les habitants. Généralement, ce sont les masques détecteurs de sorciers ou exorciseurs qui sont sollicités. En outre, les masques sont considérés par ce peuple, comme les premiers protecteurs des être humains. On entend souvent dire dans certains villages qu’un tel enfant est venu au monde après que l’on ait imploré les masques pendant les cérémonies de fête d’igname passées ou qu’un tel cadre a pu accéder à ce poste important grâce au grand masque du village ou de la contrée. C’est pourquoi, dit-on au pays Toura que, quiconque désobéit aux masques court un risque. C’est comprendre tout l’attachement indéfectible du peuple Toura aux masques, surtout aux cérémonies de fête d’igname.
Tia Grahoua Nestor
(Correspondant à Man)
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