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Politique Publié le mardi 16 mars 2010 | Le Patriote

Contribution - Délestage en Côte d`Ivoire : L’intoxication ne passera pas!

Le mal engendre le mal. Cette vérité est collée à la réalité sociopolitique ivoirienne depuis le coup d’Etat de décembre 1999. Après les déchets toxiques, la population doit vivre le mal du délestage et des coupures d’eau. A tous ces maux vécus, s’ajoutent toutes les presses d’intoxication, quelles soient bleues, vertes, rouge, etc. Que dire de cette presse passée maître dans l’art de l’intoxication, et disputant le trône de la démagogie avec les hommes politiques ? « La première liberté de la presse, c’est de ne pas être un métier. » Cette vérité de Karl Marx sera toujours d’actualité tant que le journaliste restera dans son esclavage salarié. Marx n’ignorait pas qu’il soit nécessaire que le journaliste ait des ressources pour vivre et écrire. Mais il faisait remarquer tout simplement que le journaliste cesse d’être libre, quand il se trouve dans la nécessité de vivre et écrire pour gagner de l’argent. A la suite de Marx, il faut aussi dire que le journaliste sera libre, quand il aura mis fin à son militantisme politique. Trop souvent, sur le qui-vive pour protéger jalousement ce qu’il appelle sa « liberté » ou la « liberté de la presse », contre un pouvoir politique toujours prompt à museler le journaliste, qui ne fait pas ses éloges, qui ne le caresse pas dans le sens du poil, le journaliste oublie ou refuse de faire son introspection. Il ne cherche pas à combattre l’ennemi intérieur de sa liberté, à savoir son angoisse existentielle, celle de mourir de faim. Il enjolive sa servitude par ce qu’il appelle « ligne éditoriale ». Il faut plutôt dire ligne de l’auto-musèlement, ligne de la servitude volontaire. Le journaliste-militant politique et le journaliste-affamé restent nécessairement prisonniers de leur subjectivité, ce qui met continuellement en doute leur crédibilité. Ils ont du mal à servir la vérité, quand celle-ci menace de leur ôter leur pain quotidien. Si la liberté de la presse n’est pas de dire la vérité, de façon impudique, en la présentant dans toute sa nudité, en faisant fi des contraintes du ventre et du conformisme aveugle à une quelconque idéologie politique ou à un quelconque mot d’ordre de parti, elle est condamnée à rester une utopie. Car le journaliste peut obtenir du pouvoir sa liberté toujours revendiquée et proclamée, mais aucun pouvoir ne peut contraindre un journaliste de se libérer des chaînes qu’il s’est lui-même imposées. Un tel journaliste est comparable à ces esclaves, dont parle Rousseau, qui « perdent tout dans leurs fers, jusqu’au désir d’en sortir ». Après cette brève observation générale, nous pouvons aborder la question d’actualité.
Il faut s’insurger contre le journalisme-affamé et le journalisme-militant, qui sont passés maîtres dans l’art de dire des demi-vérités, de désinformer et d’intoxiquer le peuple, qui rivalisent le trône de la démagogie avec les politiciens « bon teint ». Quand de la plume du journaliste coule l’encre de l’homme politique ou de l’affamé, l’objectivité et la vérité sont très souvent congédiées. Il faut donc toujours opter pour une distance critique, quand on cherche la vérité à travers la presse. Notre tâche ici n’est pas de défendre la cause d’un individu, mais la cause de l’objectivité et de la vérité.
Sous la plume de Boga Sivori dans le quotidien « Notre voie » N° 3525 du jeudi 11 mars 2010, l’on pouvait lire un article titré « Délestage-Ouattara, l’origine du mal ». Dans cet article, l’avocat-journaliste de la Refondation présente Ouattara comme l’origine du délestage, mal actuel de la majorité de la population ivoirienne. Que le délestage soit un mal, c’est une évidence, mais que Ouattara en soit l’origine, cela n’est pas incontestable, tant que la preuve ne sera pas péremptoirement établie. Le journaliste-avocat-militant aurait remarquablement dit sa « vérité », s’il ne se bornait pas à montrer aux populations l’origine du mal. Après avoir montré ce qu’il considère comme l’origine du mal, il devait dire courageusement que le Président Gbagbo est le promoteur de ce mal. Partons de l’hypothèse que Ouattara soit l’origine du mal. Si cela est avéré, Boga Sivori, loin de disculper son client à travers ce titre choc, fait de lui, par les arguments de sa thèse, le promoteur du mal. Boga Sivori nous dit que l’ex-Premier ministre Ouattara a vendu à Bouygues une partie de notre souveraineté, dont l’eau et l’électricité sont, selon lui, des symboles. En le disant, il n’ignore sans doute pas qu’il nous dit indirectement que le Président Gbagbo est aussi un marchand d’une partie de notre souveraineté. Gbagbo s’est donc fondamentalement inscrit dans la continuité de l’œuvre de « marchandage d’une partie de notre souveraineté ». Le père du mal a un héritier qui le gère bien. Mais pourquoi après s’être opposé par principe socialiste à la privatisation de la CIE (Compagnie Ivoirienne d’Electricité), pendant qu’il était dans l’opposition, Gbagbo a-t-il renouvelé ce contrat de privatisation le 12 octobre 2005? Le fait que l’Etat entre dans le capital et le Conseil d’administration de la CIE et que celle-ci s’engage dans la promotion des programmes de l’électrification villageoise, suffisait-il pour renouveler le contrat de privatisation ?
La population devra être située sur les responsabilités de chacune des parties signataires des contrats de privatisations. L’heure serait venue de rendre public ces contrats, afin que les particuliers et les entreprises ayant subit des préjudices par ce délestage sachent réellement contre qui porter plainte. Cela fait partie des principes de l’Etat de droit : la possibilité pour le consommateur d’intenter un procès en justice contre le commerçant ou tout prestataire de service, fût-il l’Etat, qui ne respecte pas ses engagements et dont les actes sont préjudiciables. En attendant, l’Etat ivoirien semble lui-même avoir déjà fait son aveu de responsabilité, en ne pointant pas le doigt accusateur sur l’actionnaire Bouygues. Cela pourrait être attesté par ce que dit la CIE sur son site internet au sujet de la responsabilité de l’Etat ivoirien et de la sienne dans la gestion de l’Electricité : « Il (L’Etat ivoirien) garde la responsabilité de la gestion du patrimoine et à ce titre, décide, finance et fait réaliser tous les investissements de développement et de renouvellement des ouvrages. Il est donc propriétaire des ouvrages de production, de transport et de distribution d’énergie et fixe les tarifs de vente de l’électricité. Toutes les décisions stratégiques ainsi que l’arbitrage des conflits et la gestion de la dette du secteur, sont également de la responsabilité de l’Etat ivoirien (...) » Quant à la CIE, « Elle assure la responsabilité de l’exploitation et de l’entretien des ouvrages de production, transport et distribution d’électricité composant le patrimoine de l’Etat ainsi que la gestion du portefeuille clientèle. »
D’où vient le problème de délestage ? Vient-il d’un manque de financement des investissements de développement et de renouvellement des ouvrages, ce qui relève de la responsabilité de l’Etat ivoirien, où d’un déficit d’entretien des ouvrages de productions, ce qui relève de la responsabilité de la CIE ? Il faut que ce contrat de privatisation soit rendu public dans ses moindres détails pour que nous puissions y voir clair. Cela est nécessaire d’autant plus que cette privatisation de la CIE s’apparente à un contrat de dupe entre l’Etat de Côte-d’Ivoire et les autres actionnaires. Officiellement, l’origine du délestage est expliquée par une insuffisance de production due au non-développement des ouvrages, aggravée par une panne survenue dans la centrale d’Azito. D’où la nécessité des ces interrogations : Comment l’Etat qui ne détient que 15% du capital, donc qui logiquement toucherait 15% des bénéfices de la CIE, peut-il prendre sur lui la responsabilité « de financer et de réaliser tous les investissements de développement et de renouvellement des ouvrages » ? L’Etat contrôle -t-il effectivement les travaux d’entretien que doit réaliser la CIE ? Pourquoi l’Etat doit-il financer le renouvellement d’un ouvrage dont la détérioration ou la panne serait occasionnée par un manque d’entretien de la part de la CIE ? Pourquoi les autres actionnaires dont Bouygues possédant 54% du capital, le FCP (Fonds Commun de Placement) CIE 5% et les Divers porteurs 26 %, sont-ils exemptés de contribuer au financement des investissements de développement et de renouvellement des ouvrages dont tous tirent profit ? Quelle est la part de contribution financière du FCP CIE et des Divers porteurs dans l’entretien, le développement et le renouvellement des ouvrages ? Pourquoi dans ce contrat n’a-t-on pas défini la part de contribution de chaque actionnaire au financement de l’entretien, de développement et de renouvellement des ouvrages, équitablement et proportionnellement à son gain ? Tout cela est bizarre et a une forte odeur de contrat de dupe. Il faudra peut-être faire de la « bizarrologie » et de la « dupérologie » pour comprendre ces choses que l’Etat se doit d’expliquer clairement aux ivoiriens.

ZEKA TOGUI,
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