Près de deux (2) mois après le début des délestages d’électricité les populations et les opérateurs économiques viennent d’entendre Monsieur Gbagbo Laurent sur ce grave problème, ses causes selon lui et les dispositions qu’il prend pour y remédier.
I-GESTION CALAMITEUSE D’UN SECTEUR STRATEGIQUE
1) Le téléspectateur attentif aura noté la lecture parfois laborieuse du texte, ce qui pourrait trahir une certaine gêne sur le sujet. Gêne certainement due au contenu d’un message emprunt de demi-vérités, de contradictions et d’insinuations malencontreuses sur les actions de ses prédécesseurs.
2) Il est désolant et bien regrettable que le Chef de l’Etat n’ait pas saisi cette belle occasion pour reconnaitre que depuis au moins 2006 la CIE et les opérateurs économiques ont attiré l’attention (par écrit) du Ministère des Mines et de l’Energie sur l’urgence de réaliser les investissements et les travaux de maintenance et d’extensions qui font partie des obligations de l’Etat depuis la restructuration qui a donné naissance à la CIE.
Qu’est donc devenu le programme de 1 000 milliards de FCFA d’investissement annoncés en 2005 par le Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie et des Finances d’alors ?
3) Dans sa tentative de nier les progrès réalisés par ses prédécesseurs, Monsieur Gbagbo prévoit d’investir dans l’acquisition de nouvelles centrales thermiques alors que de façon paradoxale, il dénonce la politique de centrales thermiques réalisées par ceux-ci.
4) Monsieur Gbagbo annonce que l’Etat ne répercutera pas les surcoûts sur le consommateur, comme si la famille Ivoirienne moyenne et l’opérateur économique, utilisateur professionnel de l’électricité, n’avaient pas noté l’évolution du montant de leurs factures d’électricité ces 8 à 10 dernières années.
5) Enfin, Monsieur Gbagbo reste silencieux sur l’inquiétude du consommateur de l’électricité qui depuis bientôt trois (3) mois paie une facture constante (ou même en hausse) alors que le nombre de kWh fournit est en baisse en raison des coupures intempestives. En outre, par ces temps d’aggravation de la pauvreté, la facture d’électricité pourrait être sensiblement allégée si elle ne servait pas de support pour la collecte de certaines taxes et redevances dont l’utilité reste à prouver notamment la redevance RTI (2 000F par facture).
II-LES CHOIX FAITS PAR SES PREDECESSEURS
1) Il est dommage que le message du Chef de l’Etat s’attarde à condamner indirectement les options techniques de ses prédécesseurs en critiquant le choix des centrales thermiques fait il y a 26 ans pour palier au délestage des années 1984. Vaine polémique quand on sait que le délestage de 1984 était dû essentiellement à la grande sécheresse qui avait très fortement fait baisser le niveau de l’eau dans les retenues des barrages. Ces choix stratégiques répondaient tout simplement à un besoin de diversification des sources de production pour pouvoir bénéficier en même temps des bas coûts de production liés à l’hydraulique et faire face aux aléas climatiques grâce à la production thermique.
Ainsi en 2000 (date d’accession de Laurent Gbagbo au pouvoir), le parc de production se présentait comme suit : 600 MW de thermique et 600 MW d’hydraulique. Aucune capacité de production additionnelle n’a été enregistrée jusqu’à « l’incident » du 22 décembre 2009.
2) Les ivoiriens ne sont pas prêts d’oublier les acquits de la privatisation savamment conduite sous le Président Félix Houphouët Boigny, par le Docteur Alassane Dramane Ouattara et son équipe en 1990. Cette restructuration salvatrice aura permis, entre autre, de mettre un terme aux coupures intempestives, d’améliorer le taux de recouvrement des factures, de réduire les délais de dépannage et d’améliorer la capacité de mobilisation de financements préparant ainsi l’arrivée de producteurs privés d’électricité dans le secteur (CIPREL et AZITO)…
3) Il faut rappeler que le Docteur Alassane Dramane OUATTARA avait à l’époque opté pour un schéma de privatisation de type affermage dans lequel :
• L’Etat demeure propriétaire des infrastructures, oriente la politique d’investissements et la politique tarifaire et exerce un droit de contrôle général sur la CIE ;
• La CIE, quant à elle, assure la gestion opérationnelle du secteur moyennant une rémunération mensuelle.
4) En ce qui concerne le régime FPI, alors que la fin de la convention Etat/CIE (1990 – 2005) devait offrir l’opportunité au secteur électrique de corriger les imperfections éventuelles observées dans son exécution de 1990 à 2005, le nouveau pouvoir a tout simplement, pris la décision « historique » de la prolonger par un simple avenant, pour une autre durée de 15 ans, en l’épurant de toutes les clauses contraignantes pour la Compagnie Ivoirienne de l’Electricité (CIE), fragilisant ainsi l’exercice du contrôle de l’Etat sur cette structure.
On sait aujourd’hui qui a bradé le secteur « stratégique » de l’électricité.
Le message à la nation du Chef de l’Etat, ce 13 mars 2010, est marqué par tant de contrevérités, de contradictions et de vaine tentative de polémiques, que l’on est en droit de se demander à quand la fin du calvaire des ivoiriens ? Est-ce pour cette semaine (le 20 mars 2010) comme annoncé par Monsieur Gbagbo ? Ou plutôt à la fin Mai comme annoncé par la Direction Générale de l’Energie lors de sa conférence de presse au Novotel, le 1er Février 2010 ? Ou encore plus tard au regard des solutions proposées par les tenants du pouvoir?
Enfin, il importe de rappeler que la survenue des délestages n’est pas due au seul « incident technique » sur la turbine d’AZITO. Il s’agit bien des conséquences de la non exécution des obligations de l’Etat dans le secteur de l’électricité. C’est tout simplement une des nombreuses conséquences de la mauvaise gestion et de la mauvaise gouvernance.
Les Ivoiriens ont besoin de véritables gestionnaires, d’hommes et de femmes compétents et intègres qui ont une vision pour leur pays. Dieu merci, ceux et celles qui ont sauvé le secteur de l’électricité depuis les premières crises des années 1984, sont encore là et ne demandent qu’à apporter leur concours au bien être de leurs concitoyens.
Abidjan le 17 mars 2010
Pour la Commission Technique Mines et Energie
La Présidente
Touré Maférima
I-GESTION CALAMITEUSE D’UN SECTEUR STRATEGIQUE
1) Le téléspectateur attentif aura noté la lecture parfois laborieuse du texte, ce qui pourrait trahir une certaine gêne sur le sujet. Gêne certainement due au contenu d’un message emprunt de demi-vérités, de contradictions et d’insinuations malencontreuses sur les actions de ses prédécesseurs.
2) Il est désolant et bien regrettable que le Chef de l’Etat n’ait pas saisi cette belle occasion pour reconnaitre que depuis au moins 2006 la CIE et les opérateurs économiques ont attiré l’attention (par écrit) du Ministère des Mines et de l’Energie sur l’urgence de réaliser les investissements et les travaux de maintenance et d’extensions qui font partie des obligations de l’Etat depuis la restructuration qui a donné naissance à la CIE.
Qu’est donc devenu le programme de 1 000 milliards de FCFA d’investissement annoncés en 2005 par le Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie et des Finances d’alors ?
3) Dans sa tentative de nier les progrès réalisés par ses prédécesseurs, Monsieur Gbagbo prévoit d’investir dans l’acquisition de nouvelles centrales thermiques alors que de façon paradoxale, il dénonce la politique de centrales thermiques réalisées par ceux-ci.
4) Monsieur Gbagbo annonce que l’Etat ne répercutera pas les surcoûts sur le consommateur, comme si la famille Ivoirienne moyenne et l’opérateur économique, utilisateur professionnel de l’électricité, n’avaient pas noté l’évolution du montant de leurs factures d’électricité ces 8 à 10 dernières années.
5) Enfin, Monsieur Gbagbo reste silencieux sur l’inquiétude du consommateur de l’électricité qui depuis bientôt trois (3) mois paie une facture constante (ou même en hausse) alors que le nombre de kWh fournit est en baisse en raison des coupures intempestives. En outre, par ces temps d’aggravation de la pauvreté, la facture d’électricité pourrait être sensiblement allégée si elle ne servait pas de support pour la collecte de certaines taxes et redevances dont l’utilité reste à prouver notamment la redevance RTI (2 000F par facture).
II-LES CHOIX FAITS PAR SES PREDECESSEURS
1) Il est dommage que le message du Chef de l’Etat s’attarde à condamner indirectement les options techniques de ses prédécesseurs en critiquant le choix des centrales thermiques fait il y a 26 ans pour palier au délestage des années 1984. Vaine polémique quand on sait que le délestage de 1984 était dû essentiellement à la grande sécheresse qui avait très fortement fait baisser le niveau de l’eau dans les retenues des barrages. Ces choix stratégiques répondaient tout simplement à un besoin de diversification des sources de production pour pouvoir bénéficier en même temps des bas coûts de production liés à l’hydraulique et faire face aux aléas climatiques grâce à la production thermique.
Ainsi en 2000 (date d’accession de Laurent Gbagbo au pouvoir), le parc de production se présentait comme suit : 600 MW de thermique et 600 MW d’hydraulique. Aucune capacité de production additionnelle n’a été enregistrée jusqu’à « l’incident » du 22 décembre 2009.
2) Les ivoiriens ne sont pas prêts d’oublier les acquits de la privatisation savamment conduite sous le Président Félix Houphouët Boigny, par le Docteur Alassane Dramane Ouattara et son équipe en 1990. Cette restructuration salvatrice aura permis, entre autre, de mettre un terme aux coupures intempestives, d’améliorer le taux de recouvrement des factures, de réduire les délais de dépannage et d’améliorer la capacité de mobilisation de financements préparant ainsi l’arrivée de producteurs privés d’électricité dans le secteur (CIPREL et AZITO)…
3) Il faut rappeler que le Docteur Alassane Dramane OUATTARA avait à l’époque opté pour un schéma de privatisation de type affermage dans lequel :
• L’Etat demeure propriétaire des infrastructures, oriente la politique d’investissements et la politique tarifaire et exerce un droit de contrôle général sur la CIE ;
• La CIE, quant à elle, assure la gestion opérationnelle du secteur moyennant une rémunération mensuelle.
4) En ce qui concerne le régime FPI, alors que la fin de la convention Etat/CIE (1990 – 2005) devait offrir l’opportunité au secteur électrique de corriger les imperfections éventuelles observées dans son exécution de 1990 à 2005, le nouveau pouvoir a tout simplement, pris la décision « historique » de la prolonger par un simple avenant, pour une autre durée de 15 ans, en l’épurant de toutes les clauses contraignantes pour la Compagnie Ivoirienne de l’Electricité (CIE), fragilisant ainsi l’exercice du contrôle de l’Etat sur cette structure.
On sait aujourd’hui qui a bradé le secteur « stratégique » de l’électricité.
Le message à la nation du Chef de l’Etat, ce 13 mars 2010, est marqué par tant de contrevérités, de contradictions et de vaine tentative de polémiques, que l’on est en droit de se demander à quand la fin du calvaire des ivoiriens ? Est-ce pour cette semaine (le 20 mars 2010) comme annoncé par Monsieur Gbagbo ? Ou plutôt à la fin Mai comme annoncé par la Direction Générale de l’Energie lors de sa conférence de presse au Novotel, le 1er Février 2010 ? Ou encore plus tard au regard des solutions proposées par les tenants du pouvoir?
Enfin, il importe de rappeler que la survenue des délestages n’est pas due au seul « incident technique » sur la turbine d’AZITO. Il s’agit bien des conséquences de la non exécution des obligations de l’Etat dans le secteur de l’électricité. C’est tout simplement une des nombreuses conséquences de la mauvaise gestion et de la mauvaise gouvernance.
Les Ivoiriens ont besoin de véritables gestionnaires, d’hommes et de femmes compétents et intègres qui ont une vision pour leur pays. Dieu merci, ceux et celles qui ont sauvé le secteur de l’électricité depuis les premières crises des années 1984, sont encore là et ne demandent qu’à apporter leur concours au bien être de leurs concitoyens.
Abidjan le 17 mars 2010
Pour la Commission Technique Mines et Energie
La Présidente
Touré Maférima